Chapitre 20.  De mes activités pendant les quelques mois de liberté

Chapitre 20.  De mes activités pendant les quelques mois de liberté

13 Déc, 2015

 

Protais-Lumbu

Texte tiré de l’ouvrage : PROTAIS LUMBU 4. «Mon apport dans le Triomphe de la démocratie multipartiste’ »

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Protais LUMBU MALOBA NDIBA, Président de l’UDPS. Ph. « femmefortes.com »

Après ma libération par l’agence nationale de documentation, j’avais  séjourné  à Lubumbashi, Likasi, Kongolo et Kayanza pendant près de trois mois en liberté et  avais mené quelques activités avant d’être de nouveau arrêté à Kayanza et amené au cachot de l’and à Kalemie.

A Lubumbashi, je participai au deuil de maman Eulalie, répondis aux invitations et obtins le certificat d’enregistrement de ma maison de Kongolo.

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En effet, le décès de maman Eulalie intervint quelques jours seulement après ma libération. Le deuil avait été organisé au quartier Kampemba à la résidence de mon grand frère Raphaël. Pour avoir constaté  son état de maladie grave  lors de mon passage à Kamina en décembre 1985,  je n’avais pas été surpris par cette nouvelle. Certains membres de famille qui ne m’avaient pas salué après ma libération, se confondirent en excuses en me voyant.

Après le deuil, j’avais répondu avec mon épouse aux invitations à dîner de papa Evariste Mali ya Butoto 1er à sa résidence du chaussé de Kasenga  près de l’hôtel Mubindu et de citoyens Dieudonné Kalande et Jules Mukulumoya, anciennes connaissances du campus de Kinshasa.

L’invitation surprise avait été celle du citoyen Mutombo Christophe, proche du fondateur Joseph Ngalula et une des rares personnes du parti qui avaient visité mon épouse pendant ma détention à l’and. J’avais rencontré chez lui un groupe de l’élite kasaïenne de Lubumbashi dont le citoyen KALONZO André.

Interrompant mon séjour à Lubumbashi, je m’étais rendu à Likasi sur invitation du fondateur Lusanga qui était venu me prendre avec mon épouse, nos trois plus jeunes enfants et mon petit frère Sixte, alias Kapala, pour passer deux jours à son hôtel.

M’ayant fait visiter ses activités commerciales, il m’avait aussi accompagné à la résidence de ma petite sœur Marie où à son grand étonnement, il avait vu l’ex codétenu de la prison de Makala, le citoyen Kitenge-bin-Makengo  François,  qu’il n’avait pas l’habitude de rencontrer à Likasi. D’autres codétenus Tshiala Kaleng et Katempa Mulume wa Nsimba  avaient partagé avec nous une soirée.

Avant de quitter son hôtel Dodo, nous avions dîné à la résidence de la sœur cadette du fondateur Tshisekedi dont le mari travaillait à Swanepoel.

Une pose aux côtés de mon épouse, mes enfants Pitchou, Victoire, encadrés  par ma petite sœur Marie portant le bébé UDPS, son époux, mon petit frère Sixte à droite et à gauche le cofondateur de l’UDPS, TSHIALA KALENG immortalisa la fin de ce séjour.

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De retour à Lubumbashi, plusieurs membres de famille et connaissances continuèrent à nous visiter. Il en était ainsi de ma tante Béatrice et quelques uns de ses enfants qui restèrent avec nous pendant quelques jours.

Marie nous avait rejoint à Lubumbashi et me demanda la nuit si réellement ce que les gens racontaient, que j’étais à la base du décès de notre père à cause des fétiches que j’avais acquises  pour avoir des promotions en politique était fondé.

Je lui répondis par la négative en insistant sur l’attention que la famille devait faire après la disparition de notre chef de notre père, parce que ce temps était tellement mauvais et propice à l’éclatement de la famille. Que la politique, je la faisais en groupe et me trouvais en détention ou en liberté aux côtés de mes collègues qui ont aussi leurs familles. Que je ne comptais pas sur les fétiches et jamais dans mon esprit, il n’y avait l’idée de livrer mon père où un membre de famille pour être promu. Je conclus  par lui signifier que mes ennemis politiques pouvaient répandre de tels bruits pour m’affaiblir et affaiblir ma famille en nous opposant les uns contre les autres.

Au-delà des contacts, je m’occupai de mon dossier sur l’acquisition du certificat d’enregistrement de mon immeuble de Kongolo, qu’Etienne n’avait pas retiré  alors que je lui avais envoyé de l’argent d’abord avec Ilunga Mukubo et ensuite avec Martin. Quelques rencontres avec lui et les cadres de la division des affaires foncières aboutirent au retrait de mon certificat d’enregistrement d’une concession perpétuelle dont mentions ci-dessous :

REPUBLIQUE DU ZAIRE

-KA.KI.KA._

 Certificat d’enregistrement d’une concession : PERPETUELLE  KA KI KA

                                                                               SOUS REGION DE TANGANIKA

Livre d’enregistrement   

Vol  215  Folio 45                                                Zone de  KONGOLO

 Citoyen LUMBU MALOBA NDIBA, Avocat de nationalité zaïroise, né à Kayanza, le vingt deux avril mil neuf cent quarante huit  SD 217.290/Lubumbashi, marié coutumièrement à la citoyenne Lumbu Sagali, résident au Boulevard du 30 juin à Kinshasa.

 Est enregistré comme étant en vertu d’un contrat de concession perpétuelle conclu avec la République du Zaïre en date du trente et un décembre mil neuf cent quatre vingt trois, reçu ce jour au registre journal sous les numéros d’ordre général 28.111 et spécial D8/C.P.  01162

 

CONCESSIONNAIRE PERPETUEL du fonds indiqué ci-après :

Une parcelle de terre, destinée à usage commercial, situé à Kongolo, zone de même nom, portant le numéro 49 du plan cadastral, d’une superficie de douze ares quatre vingt dix neuf centiares, vingt et un centièmes d’après le procès verbal de mesurage et de bornage numéro 57 dressé le trois juillet mil neuf cent cinquante sept.

Propriété de l’Etat

Sur cette parcelle est édifié l’immeuble indiqué ci-après

Un bâtiment à usage commercial et d’habitation construit en matériaux durables

Les limites tenants et aboutissants de la parcelle susdits sont renseignés au croquis ci-dessous, fait à l’échelle de 1 à 1000.

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  Les charges qui grèvent cette propriété sont indiquées d’autre part

 Délivré à Lubumbashi,  le vingt neuf  août mil neuf cent quatre vingt quatre

                                                           Le Conservateur de Titres immobiliers

 

(signé)KAYEMBE KAKING

Après cette démarche, je pris le train en vue d’aller m’incliner à la tombe de mon père à Kayanza et communiquer aux membres de ma famille mon intention de m’installer à Lubumbashi où désormais mes enfants étudiaient.

Le voyage par train fut aussi harassant comme par le passé. A peine arrivé à Kongolo, je me procurais un petit poste de radio et un matelas couvert du cuir et fit voyager au retour du même train pour Lubumbashi, mon fils Baby et mon petit frère cadet, Sixte Benjamin.

De Kongolo à Kayanza, je me décidai de suivre à pied l’itinéraire qu’avait emprunté mon grand-père LUMBU PILIPILI, lorsqu’il avait quitté avec sa famille Chala-Kilubi pour s’installer à Kayanza vers l’année 1936.

Informé sur ce projet, le combattant Faustin Kasambi qui partit de Kayanza et mon petit frère Martin de Mbulula  me rejoignirent pour marcher à mes côtés. Martin m’avait appris que ma petite sœur Marthe avait tenté en vain de le dissuader parce que mystiquement il serait chargé de me transporter.

En quittant Kongolo, un autre volontaire nommé François s’ajouta à ma suite. Après avoir dépassé le pont de Lualaba, l’évêque Nday qui abord de sa voiture s’était arrêté apprit ma décision de rejoindre mon village à pied comme le fait d’ordinaire notre population.

Pendant que je me reposai à Keba chez papa Kamwanga Michel, objet de curiosité, j’entendis une femme s’étonner de ma  jeunesse par rapport à ma réputation, en s’exclamant si j’allais être capable de protéger la population au lieu de la faire tuer.

Arrivés à CHALA, ex KILUBI, je fus installé à la résidence de papa PUNGWE LUHINDI, fils de MUNYANE et ma grande tante paternelle MUSOGA. Je me déplaçai à un moment pour  saluer à sa maison son grand frère ainé, papa MAZULI, qui pour raison de maladie gardait en permanence son lit.

Après avoir beaucoup bu le lumaymay et le 500, mon petit frère Martin tenta la nuit d’entrer dans ma chambre. A ma question de savoir ce qu’il cherchait, il me répondit qu’il cherchait le pouvoir. Ahuri, je donnais ordre à Faustin Kasambi de veiller à la sécurité de ma porte.

Le matin, je m’étais incliné au cimetière familial de Munyane se trouvant derrière la résidence de Papa Mazuli, à la tombe de ma grand-tante paternelle FATAYAKO KABEYA-A-BAELE, petite sœur de Musoga.

SANGWA MAYALIWA, le fils de Mazuli, m’expliqua les circonstances dans lesquelles, dernièrement était décédée cette grande tante qui avait une grande plaie au pied depuis son départ de Mbulula.  Lors de mon entretien avec papa Mazuli, celui-ci me demanda de draps de lits que je lui fis parvenir le lendemain par le gérant du guest house BFB.

De village voisin de Mundula vint Victor CHEKO MUYUMBWILO, fils de MUNDULA et de MALAMU, la grande sœur de mon père. Il  me tint compagnie pendant tout mon séjour dans ce village que j’avais quitté avec l’ajout dans ma suite de Sangwa Mayaliwa et papa Pungwe. Ce dernier s’était arrêté à l’autre Chala.

A Mundula, un attroupement des gens nous attendait. En effet, alertés, les sages du village tenaient à me saluer. Ils nous offrirent à boire et à manger et je leur avais parlé du projet de société de l’UDPS.

A la tombée du jour, nous avions atteint la localité de Nkulula. Quand Sangwa Mayaliwa me présentait chez maman ANZILANI, la fille de Musoga, à la résidence de laquelle nous allions passer la nuit, la parcelle avait été envahie par la population.

Quelqu’un dans le groupe prit la parole pour dire «qu’ils avaient appris la triste nouvelle du décès de mon père, de mon arrestation et  de mon enlèvement pendant le deuil. Pourquoi avais-je été arrêté jusqu’à être empêché de pleurer mon père ? ”

Je pris la parole et expliquai de long et en large mon état de parlementaire déchu à cause de la défense de la population et la poursuite de la lutte en faveur de cette population par la création du second parti politique nommé UDPS dont j’expliquai le projet de société. La population m’écouta en silence avant de se disperser.

Le matin, je dis au revoir à maman Anjelani, à son mari et à sa fille et pris la direction de Nonge, où je voulais rencontrer le directeur d’école mais fus dirigé au bureau de collectivité et fus reçu par le chef de collectivité Mutunda en compagnie de certains de ses notables et du public intéressé. Je parlai de l’UDPS et sur son projet de société et répondis aux diverses questions me posées. Le public intéressé forma le comité UDPS et acheta les cartes du parti.

A l’issue de la rencontre, je m’installai chez papa Léonard, grand-oncle paternel de mon épouse, où j’avais accordé les audiences pendant que la boisson et à manger étaient mis à ma disposition.

Ne voulant pas traverser le village de Kahenga pendant la journée, j’avais  quitté Nonge pendant la nuit. Y ayant oublié les poules qui m’avaient été offertes, celles-ci furent emportées par Sangwa qui de cette localité rentra au chevet de son père.

A Lubinga, j’étais logé à la résidence de Shindano et Médard, enfants de KIBERITI avec lesquels, j’échangeais quelques points de vue avant de me mettre au lit. Le matin, j’accordai quelques audiences puis me remis sur la route.

Shindano et les enfants de Médard m’aidèrent à traverser la rivière Luvilu dont le pont était un tronc d’arbre. Je trouvai à la localité de Zimba, un attroupement à l’école, dû à une messe que célébrait un abbé. Après une petite pause, nous poursuivîmes notre trajet et atteignîmes Kayanza.

La population m’accueillit à la hauteur de l’école. La joie de revoir les miens  brandissant des rameaux était grande surtout quand dans la foule, j’aperçus maman Chungu ya Mbuizya Makili, épouse de mon chef de clan Mbundu  Simon Kabangila !

Tôt le matin, je me rendis à la forêt de Mbundu pour m’incliner à la tombe de mon père pendant que les bruits selon lesquels  je voulais de nouveau organiser le deuil se mirent à courir. Mon oncle paternel Sixte qui ne voulait pas entendre de cela fut irrité et le manifesta auprès de Léandre Kanyunya qui l’avait visité,  en se plaignant qu’avant de rejoindre Kayanza par une autre voie, je devais d’abord le voir à Mbulula.

Au sujet du décès de mon père, les uns et les autres continuèrent à donner leurs avis : Si Mbundu en exercice me dit que «beaucoup de mauvaises langues m’avaient attribué cette mort alors que cela était tout à fait faux, étant donné que cette mort avait une provenance toute autre», mon grand-père maternel se réjouissait de mon retour à Kayanza car disait-il, “ par ce retour, j’apportais un démenti à ceux qui lui avaient attribué cette mort et à qu’ il avait dit que si c’était lui, la cause de cette mort, je n’allais plus retourner.”

Mon grand père dit avoir beaucoup regretté pendant le deuil, parce que ma petite sœur Marthe l’avait humilié en le désignant d’être le meurtrier de mwalimu Martin jusqu’à le pointer avec son doigt en disant «pourquoi n’était-il pas mort à la place de mwalimu, lui qui était déjà vieux ! Que d’autre part mon petit-frère Martin agissait comme une souris car tout en parlant mal de lui, il le voyait après pour le tranquilliser».

Dans tout cela, avait-t-­il ajouté « ils affirmaient que j’avais tué mwalimu Martin de concours avec vous alors que je me demandai comment et pourquoi cela ! »

Mon grand-père Mukunkutu insista qu’il était très fâché à cause d’une telle médisance et plus principalement contre ma petite sœur Marthe.

Je lui disais qu’avec la mort de mon père, je devenais le responsable de ma famille et protecteur de mes frères et sœurs et qu’il devait excuser ces enfants pour toutes leurs médisances parce que, se fâcher contre eux m’affectera aussi en tant que leur responsable. Je présentai en leur nom toutes les excuses possibles.

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En dehors des activités ayant trait à l’UDPS, je m’entretenais le soir avec des parents et des voisins tels que Tulia ou Bulelo, le directeur de l’école primaire.

C’est dans ce climat que m’avait été annoncée la nouvelle du décès de papa Mazuri à Chala et la nécessité pour moi de m’y rendre au deuil.

En dehors des enfants de Kahinga, d’autres amis du village furent disposés de m’accompagner. Ainsi notre groupe était composé de Fidèles, Léandre, Jamais, Mahangaiko Kipete, Faustin Kasambi, Martin (Petit Maloba), Michel et moi-même Lumbu Maloba Ndiba. Nous attendîmes toutefois papa Sixte en provenance de Mbulula avant de quitter Kayanza le soir pour passer la nuit à Lubinga.

Faustin Kasambi me prit au vélo pendant que tous les autres marchaient à pied. Avant la levée du jour nous partîmes de Lubinga. Faustin poussa le vélo jusqu’à Kahenga et lorsqu’il tenta de me porter le vélo tomba en panne, ce qui nous fit continuer à marcher à pied jusqu’au moment ou   Faustin Chuy, parent de mon épouse, s’apprêtant à nous dépasser me prit sur son vélo et me déposa à Chala. J’avais annoncé l’arrivée des autres qui conformément à nos coutumes bousculèrent à leur arrivée, Sangwa Mayaliwa et Victor Muyumbwila pour avoir enterré le decuyus en l’absence de ses oncles et n’avoir pas envoyé expressément un émissaire à Kayanza.

Pendant notre séjour de toute une semaine, je fis appel au gérant de BFB  pour le ravitaillement et me fit recevoir avec mon groupe au Rond point par Charles Lukama, agent de collectivité de Yambula et membre de l’UDPS et à Keba par Thérèse, la fille jumelle de papa Norbert Kiteba .

A la fin du deuil, papa Sixte rentra directement par véhicule pendant que les autres  m’accompagnèrent à Kongolo. Notre marche pendant la nuit fut l’objet d’une curiosité. Des mauvaises langues parlaient d’une milice que j’avais montée. Mes visiteurs munis de quelques cadeaux m’avaient précédé par véhicule.

A peine que j’étais arrivé à Mbulula, les bruits de plus en plus persistants étaient répandus au sujet de la présence à Kongolo des personnes venues pour une fois de plus m’arrêter. Je continuai quant à moi à prêcher le projet de société de l’UDPS. Mes fréquentations chez Marcelline Katuba et  à d’autres lieux des boissons, tels que chez Kinda, chez mwalimu Tamali ou au rond point alimentaient les conversations. Je rencontrais aussi la maîtresse Safi de Kayanza qui y passait ses vacances.

On parlait déjà de la présence des ceux qui me cherchaient lorsque j’avais regagné  Kayanza afin que mon arrestation se fasse à ma résidence. En attendant me pourchasseurs, je mettais de l’ordre dans ma maison.

A suivre