Chapitre 18. De mon arrestation à Mbulula et du décès à Kongolo de Kana Kange et de Mwalimu Martino Lumbu Maloba Kichwanyoka.

Chapitre 18. De mon arrestation à Mbulula et du décès à Kongolo de Kana Kange et de Mwalimu Martino Lumbu Maloba Kichwanyoka.

3 Déc, 2015

Protais-Lumbu

Texte tiré de l’ouvrage : PROTAIS LUMBU 4. «Mon apport dans le Triomphe de la démocratie multipartiste’ »

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Protais LUMBU MALOBA NDIBA, Président de l’UDPS. Ph. « femmefortes.com »

Pendant mon séjour à Kongolo, des responsables sous régionaux de l’environnement étaient venus  fermer l’hôtel Bouger et faire bouger dans le seul objectif de me priver de moyens de nourrir ma famille.

Avant que ne me soit signifiée officiellement la décision, je m’étais arrangé d’empêcher l’exécution de cette mesure en payant les frais et en effectuant les travaux recommandés.

  1. a) Le Payement des frais fut fait par le chèque Cadeza libellé de la manière ci-dessous :

 

B 0281775

Date  10/09/1985

Ordre  MOMA

LUMBU MALOBA

Montant  4038 zaïres  Quatre mille trente huit

Objet : Taxe fonds de tourisme et taxes rémunératoires.

 

Après l’exécution des travaux de réfection, un procès verbal de constat fut dressé et transmis au Commissaire de zone afin de suspendre la décision.

 

  1. b) Procès verbal de constat

MPR

REPUBLIQUE DU ZAIRE

REGION DU SHABA

 

 PROCES VERBAL DE CONSTAT DES TRAVAUX DE REFECTION DE     « L’HOTEL  BOUGER ET FAIRE BOUGER » SITUE SUR L’AVENUE VICTIMES DE LA REBELLION ZONE DE KONGOLO

 

L’an mil neuf cent quatre vingt cinq, le vingt-cinquième jour du mois de septembre, Nous, membres de la commission d’enquête sanitaire composée de citoyens : – Monga Munga : Superviseur de zone à l’environnement de et à Kongolo

– Bilari Kimpemba :                               Chef de Brigade d’assainissement.

– Ilunga Kafite       :                                 Chargé de l’hôtellerie.

– Kongolo Mwana Kyope :                    Inspecteur parcellaire.

 

Suivant la décision n° 5072/010/85 du 12/09/1985 portant mesure de la fermeture de l’hôtel “Bouger et faire bouger ”, décidée par le Président du comité populaire de la révolution et Commissaire de zone de Kongolo sur proposition du coordinateur sous régional de Tanganyika à l’environnement conservation de la nature et tourisme.

Au vu de l’état d’insalubrité et incommodité constaté par les techniciens s/régionaux du Tanganika et moi-même.

Après deux semaines avons procédé à l’enquête sanitaire de l’hôtel et avons constaté une amélioration de ce qui suit :

–  Etat des locaux                         :               Bon

–  Etat de chambres                      :              Bon

–  Etat des installations sanitaires :         Bon

–  Etat des salles de bain               :             Très bien

–  Etat de salon                                :             Bon avec

–  Etat de parcelle                           :             Très bon

–  Matériel de nettoyage               :              Existe

 

Que l’acquittement de toutes les taxes dues sur licence d’exploitation, taxes rémunératoires annuelles et les fonds de promotion sur le tourisme II trimestre ont été régularisés.

 

Que l’hôtel “ Bouger et faire bouger ” peut ouvrir ses portes.

 

                                                                    Fait à Kongolo, le 25 septembre 1985.

 

                   Les Membres de la Commission d’Enquête Sanitaire

 

MOMA MUNGA         BILAURI KIMPEMBA     ILUNGA KAFITE           KONGOLO WA KYOPE

    Signé.                                     Signé.                                Signé.                               Signé.

 

Copie :

– Commissaire Sous Régional

Coordinateur S/R ECNT

Commissaire de zone

Commandant GDN

Superviseur ECNT

Intéressé.

 

Ce Procès-verbal avait été transmis par la note dont le contenu ci-dessous.

 

  1. c) Décision autorisant l’ouverture de l’hôtel Bouger et Faire Bouger

 

                                                                Kongolo, le 25 septembre 1985.

                                                    Transmis copie pour information aux citoyens :

 

                                              -Président S/rég.du MPR et commissaire S/R de

                                                Tanganika à Kalemie

                                              – Coordinateur S/régional du Tanganika à

                                                l’Environnement Conservation de la Nature et Tourisme

                                                                B.P. 435 à Kalemie

                                              -Commandant de la Gendarmerie Nationale

                                                                     à Kongolo

 

                                                   Au citoyen Président du Comité Populaire

                                                   et Commissaire de zone de Kongolo

                                                                       à Kongolo

 

Citoyen Président,

 

Suite à votre décision n° 5072/010/85 du 12 septembre 1985 portant fermeture de l’hôtel “ Bouger et Faire Bouger ”, j’ai l’honneur de vous transmettre le procès verbal de constat des travaux de réfection de cet hôtel.

Avons procédé à l ‘enquête sanitaire et avons constaté une grande amélioration ; que cet hôtel peut ouvrir ses portes.

Veuillez agréer, citoyen Président du comité Populaire et Commissaire de zone, ma considération très distinguée.

 

                                                                      Le Superviseur de l’Environnement

                                                                    Conservation de la Nature et Tourisme

 

                                                                                        MOMA MUNGA

 

De Kongolo, je rejoignis Mbulula, où je restai quelques jours chez mes parents.

A toutes les personnes qui venaient me rencontrer, je leur expliquai les performances réalisées par l’UDPS dans son organisation.

Le soir, je sortais de la maison pour aller me promener à travers les différents quartiers. De temps à autre, je m’arrêtai dans des lieux des boissons.

Une fois, en compagnie d’Alphonse Muteba, étudiant à l’Université de Lubumbashi et un des professeurs de l’institut Muungano, le citoyen Kasongo alias Madjebele, ayant bu  l’alcool appelé « 500 » chez Marcelline Katuba, le groupe se mit à entonner les slogans de l’UDPS.

Le lendemain tout le monde en parlait. Mon oncle, le policier Mayani, commentait partout l’événement dans des termes menaçants à l’égard du fils Muteba César ! Les parents d’Alphonse, paniqués, organisèrent rapidement le retour à Lubumbashi de ce dernier.

Plusieurs jeunes commerçants firent partie des comités sous cellulaires de l’UDPS.

Avant de rejoindre Kayanza, j’acquis une ancienne batterie auprès du Projet Nord Shaba pour m’en servir à alimenter ma radio cassette.

Il faisait déjà noir lorsque je fus accueilli à Kayanza. Ayant mis en marche la radio cassette, les jeunes duvillage vinrent nombreux pour danser au rythme de la musique moderne jusque tard dans la nuit. Ils avaient à leur disposition le « « 500 ». Séraphine Ngunda, une femme bien introduite dans la sécurité me dit le matin qu’elle avait fait des mauvais songes à mon sujet !

Je mis à la disposition de la population les divers documents du parti que j’avais amené de Kinshasa, notamment le projet de société.

Il ne se passa pas beaucoup des jours que tout le village et ceux des environs virent des inscriptions “ UDPS ” sur les murs de maisons, les routes menant aux champs et rivières et mêmes  aux  branches d’arbres comme recommandé.

L’agronome “ Capable ” de son vrai nom Kahozi-a-Mulonda, prit la charge de la cellule pendant que Nyembo Kanyunya Léandre, Nyembo Kasamba Léopold, Nyembo Shaka Malengela Bertin alias Sinatra, Mbayo ya Ndakala, Mashangao, Patrice, Munganga et Vincent Mutami s’occupèrent respectivement des sous-cellules de Bagana Mbele, de Bazilanyoka, de Baganakilumba, de Bazilakoni, de Baganakitungwa, de Kiyombo, de Lwenye et de Kalwamba.

Nyembo Jean se confirma en qualité de secrétaire administratif et reproduisit grâce à la machine à écrire et le carbone, le projet de société de l’UDPS dont un exemplaire avait été remis à chaque responsable des cellules et sous cellules lors d’une manifestation.

Tenant à illustrer que le Président Mobutu ressemblait à un coupeur de régime de noix de palme qui avait grimpé au palmier, où, il se mit à manger seul les noix  et qu’il fallait que quelqu’un d’autre y grimpe  afin d’en cueillir pour les distribuer aux autres, j’avais  grimpé au palmier.

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Convaincu de l’efficacité du travail effectué, je quittai Kayanza et me rendit visiter mon gand père maternel à Kalwamba avant de regagner Mbulula.

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A Mbulula, invité par le chef de collectivité Muloko à sa résidence alors que je me trouvais chez mon grand oncle Mayani, ce dernier me tint compagnie. Le chef me supplia d’intervenir auprès de mon père à passer l’éponge sur un vieux litige qui les opposait depuis 1972 et m’offrit une chèvre.

J’avais parlé à mon père de ce passé  douloureux et lui avais prié d’envisager d’améliorer leurs mauvaises relations comme la demande lui avait été faite, ce que mon père accepta.

Le matin du 14 novembre 1985, le Commissaire de zone Mutshipay qui se rendait à Kayanza pour procéder à mon arrestation vint me trouver chez mes parents.

En effet, peu avant son arrivée, j’étais encore dans mon lit quand j’entendis quelqu’un dire à mon père qu’il y avait deux véhicules remplis des militaires qui allaient à Kayanza pour procéder à l’arrestation de Lumbu Maloba, mais mis au courant que ce dernier se trouverait ici à Mbulula chez son père, ils se sont arrêtés. Sans tarder quelqu’un d’autre passa dire que le village était dans une totale panique parce que les militaires s’apprêtaient à lancer un assaut à la maison pour m’arrêter et sans doute, il allait y avoir beaucoup de victimes.

Mon père m’en parla et je me mis à me préparer lorsque le Commissaire de zone Mutshipay Kambulu investit la maison et engagea une discussion avec lui.

Me rendant compte de l’évolution des éclats de voix, je sortis au salon pour dire au Commissaire de zone que j’étais à sa disposition.

Il avait cependant continuer à terroriser mes parents en demandant à ma mère de prier pour moi. J’entends encore dans mes oreilles la voix de mon père qui lui faisait observer que  « mon combat politique avait été caractérisé par la défense des faibles et par la proclamation de l’amour envers le prochain et que par conséquent celui qui voulait verser mon sang le paiera à son tour».

Mon père m’offrit un bouc avant mon embarquement dans le véhicule  et le cortège se dirigea à Kongolo.

Le véhicule me déposa la résidence du Commissaire de zone à qui j’avais demandé de me permettre à rejoindre mon épouse et mes enfants et attendre à leurs côtés l’avion annoncé pour m’amener à Lubumbashi. Réclamant sa part de la viande du bouc que j’avais amené, il m’autorisa de partir.

Je venais à peine de m’installer lorsque papa LIPU, chef du parti à Kongolo vint m’informer que depuis la veille, le train de voyageurs avait amené un cadre de l’UDPS nommé KANA KANGE qui était très malade et tenait à me rencontrer.

Arrêté à la résidence du Président  Kibassa, il avait été maltraité comme tout le monde qui s’y trouvait y compris maman Euphrasie Kibassa qui avait même été hospitalisée.

Assigné à résidence dans sa localité d’origine, le citoyen Kana Kange avait transité par le cachot de l’and/Lubumbashi puis l’and/ Kalemie et à Kongolo, d’où, il devait être conduit à Kaseya, chef lieu de son secteur et enfin dans sa localité d’origine.

Lipu ne tarda pas à revenir pour m’annoncer cette fois la triste nouvelle du décès du déporté et me conduisit à la cité Kangoy, où je m’inclinais devant sa dépouille mortelle tout en exigeant que l’enterrement ait lieu à Kongolo aux cimetières de la Mission pour la visibilité de la tombe et non à son village d’origine ou au quartier Kikotokoto.

Le lendemain 15 novembre 1985, je conduisis moi-même le corps du déporté au cimetière de la mission et prononçai l’oraison funèbre.

C’est pendant l’enterrement que j’avais reçu une note en provenance de diocèse qui m’informait de la réception d’un message phonique de la mission de Mbulula à ma destination, au sujet de mauvais état de santé de mon père.

Ayant mis au courant mon petit frère Martin, celui-ci se décida de se rendre à Mbulula afin de mieux s’enquérir de cette situation.

La nuit, je venais à peine de me mettre au lit quand j’entendis quelqu’un toquer à la porte de ma chambre. C’était mon petit frère Joseph qui m’annonça que le véhicule de la Paroisse de Mbulula venait de passer à l’hôpital avec mon père. Le Curé Musuyu s‘était chargé lui-même d’alerter à la mission le frère Christian, qui était médecin.

Je trouvai à l’hôpital mon père étendu à même le sol. Il ne pouvait plus se tenir débout. J’entrai voir le docteur dans son cabinet. Celui-ci l’avait reçu et conclut que la situation était grave ! Il prescrivit une ordonnance que je courus avec d’une pharmacie à une autre à la rechercher des médicaments.

Le docteur me dit que la tension de mon père était trop basse et que compte tenu de son âge qui avait déjà dépassé la cinquantaine, il était impossible de remonter la tension à la situation normale, nécessaire pour une intervention chirurgicale.

La lutte pour obtenir une tension normale fut ma préoccupation malgré le diagnostic du médecin.

Après avoir obtenu une chambre à la clinique et arrangé le lit, les membres de famille présents qu’étaient  moi-même, ma mère, mon oncle paternel Sixte, ma petite sœur Marthe et son mari Chungukuni, mes petits frères Martin et Joseph, nous nous mîmes autour du lit et entamâmes les prières.

A un moment, l’infirmier de garde nous dit que la tension avait commencé à monter. Cette information suscita notre ardeur à la prière, mais hélas, le matin au lieu de confirmer cela, la prise de tension attesta une poursuite de la baisse.

Le docteur m’appela pour me dire que mon père ne guérirait pas. Il dit cela aussi au curé Simon Kabezya qui était venu le visiter et qui le confessa avant de s’en aller.

D’autres personnes telles que mon épouse, papa Lipu, Evariste Mali ya Butoto, l’abbé Mashini nous avaient  rejoints à l’hôpital.

Toute la matinée du 16 novembre, nous interrogions plusieurs personnes pour savoir comment nous pouvions sauver notre père.

Dans la chambre voisine, il y avait mon collaborateur Ilunga Lubambula  qui était au chevet de sa petite sœur Zambiyabo dont l’état n’était pas grave. De temps à autre, je m’y installais pour méditer.  De là, j’avais envoyé le message au Commissaire de zone pour l’avertir que je n’allais pas quitter Kongolo en laissant mon père dans l’état où il se trouvait.

Dans l’après midi, le médecin m’appela de nouveau pour me demander s’il pouvait administrer à mon père des médicaments pour adoucir ses derniers instants ! Je lui demandai d’attendre. Il me donna quelques pilules à utiliser au moment opportun.  Je mis les autres membres de la famille au courant de cet entretien.

Constatant la lutte courageuse du malade contre la douleur et la mort et ne voulant pas qu’il décéda, sans dire ses dernières volontés,  je m’adressai à lui en ces termes : “ Papa, l’état de maladie dans lequel vous êtes est celui  dans lequel on guérit tout comme on peut mourir ! Avez-vous quelque chose à nous dire ? ”

Papa me regarda silencieux. Son petit frère Mwalimu Sixte enchaîna “ Avez-vous entendu ce que vous a dit l’enfant ? ” Papa répondit : “ C’est ça donc la mort ? ”  puis dit entre autre  ceci : “ Modesta(le nom de ma mère) est là.  J’ai vécu quarante trois ans avec elle, Marie, Elise et Marthe sont chez leurs époux. Martin va à Kindu dans ses affaires. Il ne faut pas l’abandonner.”   Puis regardant mon épouse, il dit “ vous êtes la mère de tous ces enfants.”   Il dit enfin comment il était membre d’une coopérative et qu’il n’avait pas d’argent.

Voulant tenter le tout pour le tout, Papa Sixte invita encore mon père pour le lavement dans un local à côté. Je l’avais  aidé à transporter le malade étant donné que Martin et Joseph n’étaient pas là. Le résultat n’était pas non plus positif, parce que papa n’allait toujours pas aux selles ! Il suait beaucoup.

Ma petite sœur qui se servait de l’essuie-main pour ventiler en sa direction me dit que papa souhaitait qu’on l’amène à la maison, comme on n’était plus capable de faire quoi que ça soit à l’hôpital !  Je répondis qu’il ne me l’avait pas dit et entretemps, je partis voir le médecin pour lui  prier de nous autoriser à quitter l’hôpital !

Docteur Roberti refusa. Il me dit que j’allais donner un mauvais exemple en faisant sortir de l’hôpital quelqu’un qui passait ses derniers moments avec tous les risques qu’il décéda en cours de route.

Sentant certainement son dernier moment arrivé, mon père demanda qu’il soit couché au barza  de la chambre. Ce qui fut fait. Il nous pria aussi de lui faire venir un prêtre pour lui administrer le dernier sacrement. Joseph partit à la recherche d’un prêtre.  Le médecin s’approchant de nous le regarda et présenta ses condoléances à ma mère “mama pole”. Je brisais le silence en reprochant au docteur d’une voix tranchante «à laisser ma mère constater elle-même  l’évolution de la situation».

Mon père ouvrit les yeux et dit “ ni nini ? ” ; qu’est-ce qu’il y a ? Je lui répondis qu’il n’y avait rien ! Le docteur s’exclama ! “ Tiens, il est encore conscient ! ”  Mon père fit quelques renvois et s’endormit pour l’éternité.

Il était 16 heures cinq minutes soit quatorze heures cinq, temps universel du samedi 16 novembre 1985.

Après avoir placé le corps dans le brancard nous quittâmes la clinique. Ma mère très émue fut une chute. Je demandai qu’on la tienne à la main.

Longeant la route qui de la poste va à l’école Mapema, nous atteignîmes l’hôtel bouger et faire bouger. Ayant tenté sans succès de monter le corps  à l’étage par la porte de devant, nous le fîmes par la porte de derrière après avoir ouvert les portes de l’office, étant donné que le brancard ne passait pas non plus par le couloir.

C’est au salon que nous mîmes la dépouille sur un lit. Les visiteurs y pénétraient  pour prier ou pour pleurer. Tous mes enfants étaient là. Je me mis à écrire à tous mes parents, mes frères et sœurs se trouvant à Lubumbashi, Kolwezi, Likasi et Kamina pour leur annoncer la mauvaise nouvelle en ces termes :  “ Papa est mort de blocage des intestins  en terme médical ; de l’occlusion intestinale ». Un train des voyageurs qui devait passer ce soir ou le lendemain allait emporter mes lettres à leur destination.

Dans mon entendement, l’enterrement allait avoir lieu   à Kayanza et que je devais réunir l’argent nécessaire pour louer un véhicule le lendemain. Martin vint m’informer que le véhicule de Jean Mali ya Butoto était disponible dès ce soir. Ignorant mon arrestation, j’ordonnai le voyage vers la dernière demeure de mon père. Mon épouse prit son bébé Victoire et monta avec moi-même derrière le véhicule alors que papa Sixte était devant aux côtés du chauffeur et papa Jean. Nous quittâmes Kongolo pendant que les gens venaient nombreux nous présenter les condoléances.

A Keba, le véhicule s’arrêta pour prendre le groupe des enfants et petits enfants de mes défuntes grande tante Musoga et tante Malamu habitant respectivement à Chala et à Mundula qui étaient prêts tels que Michel Kamwanga Kampanda et tante Anzilani, mariée à Nkulula qui s’occupa de la dépouille pendant le voyage.

Marthe ma petite sœur ne se fatiguait pas à entonner le  “ Je vous salue Marie. ”  Elle se disputa à un moment avec maman Sikumbuke Marie Mugalu qui pleurait en poussant des cris.

Le véhicule connut une panne et s’arrêta près de la localité Mwanangoy. Le mécanicien s’acharnait à le réparer alors qu’il faisait déjà sombre. C’est à cet endroit   que le curé de Mbulula nous dépassa et répandit la triste nouvelle à tel point que nous trouvâmes énormément du monde à la maison.

Descendant le premier du véhicule, mon petit frère Prophil, n’apercevant pas encore la dépouille me demandait, où avions-nous laissé papa. La nouvelle de ma présence à Mbulula, d’où  j’étais arrêté deux jours auparavant se répandit  aussi.

Le corps avait été placé au salon, Je m’étais assis dehors avec les hommes pendant que les femmes étaient dans la maison. Toute la nuit du 16 au 17, nous l’avions passé en chantant et en priant.

Quelqu’un me mit au courant d’une chèvre qui gémissait dans l’étable exactement comme mon père le faisait avant son évacuation ! Cette chèvre mourut cette nuit. Etait-ce parce qu’elle était enfermée sans eau ni nourriture depuis la nuit du 14 au 15, où mon père, alerté par les cris de maman Mathilde avait couru en vain à la poursuite du voleur éventuel et devenu malade, il avait été amené à Kongolo ?

La même nuit nos frères de Kayanza arrivèrent pour prendre la dépouille mortelle.  Conformément à nos coutumes ils furent tranquillisés et repartirent parce qu’ayant été rassurés que le lieu de l’enterrement est Kayanza.

Le menuisier Théophile retira de la maison des planches que mon père gardait dans son salon en prévision de fabrication de son cercueil. L’enseignant retraité Théodose, son compagnon de longue date à Mahundu s’occupa de la toilette mortuaire.

J’interdis les entrées dans le salon en attendant la mise en bière du corps. Je vis un jeune commerçant remettre à papa Sixte un pantalon et un pull-over. Martin sortit de ses marchandises d’autres vêtements. La famille de mon épouse représentée par Barthelemy avait aussi apporté son linceul.

Je m’opposai à quelques enseignants qui voulaient amener à l’église à la première messe le corps non encore mis en bière et demandai au Curé de nous accueillir à la messe dominicale.

Le cercueil avait été amené à l’église dans la dignité en suivant la route passant devant le bâtiment de la paroisse au lieu de traverser le terrain de football.

Mon ami Donat Mbayo suggéra en vain son transport  par les enseignants retraités. Le Prêtre pria pour la famille autant que ma petite sœur Marthe.
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Après la messe,  moi-même, ma mère, mes petits frères, mon épouse,  mon fils Baby, papa Sixte et Margueritte Tambwe avions pris place dans le véhicule de la paroisse aux côtés du cercueil en chantant les chansons religieuses du milieu . Le véhicule de Mali ya Butoto prit d’autres personnes.

A ma résidence de Kayanza nous y trouvâmes  ma grand-mère maternelle ainsi que d’autres parents de Kalwamba. La population de Kayanza envahit aussi la maison pour rendre ses derniers hommages au défunt.

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Le cercueil était placé sur la table dans le local se trouvant entre les deux salons.

Je pensai que les gens allaient juste s’incliner et prendre place dans les salons mais hélas tout le monde se mettait aux côtés du corps.

Pendant ce temps arrivèrent de toutes les directions nos autres parents tels que les neveux de mon père Stambili et son grand frère Victor.

Lorsque le Curé nous rappela qu’il avait d’autres obligations à Mbulula et qu’il voulait rentrer, nous nous rendîmes à l’enterrement dans la forêt familiale de  Mbundu.

Le prêtre avait déjà récité les prières funèbres et que le cercueil allait être descendu dans la tombe lorsqu’un émissaire vint nous dire que Chekanabo, la nièce influente  était à Kagela et avait demandé de ne pas enterrer son oncle avant son arrivée.

Plusieurs personnes impatientes ne voulaient pas attendre surtout que la pluie menaçait aussi. Je n’autorisai la descente du cercueil qu’à l’arrivée de ce retardataire

et restai près de la tombe jusqu’à la pose de la croix puis invitai mon fils Baby à déposer une gerbe de fleurs à la tombe de son homonyme avant de répartir au village.

Il se posa le problème de transport des personnes pour Mbulula. Jean Mali ya Butoto voyant son véhicule surchargé se mit à faire descendre brutalement certaines personnes dont le neveu de mon père, Victor Cheko Muyumbwila. Il y eut une altercation que nous nous chargeâmes à maîtriser.

Au cours de l’entretien avec les membres de famille de Kayanza qui avaient présenté pour la circonstance le lumay may, papa Sixte leur expliqua que le deuil devait être organisé à Mbulula, à la maison du défunt.

Il faisait déjà sombre lorsque nous rentrâmes à Mbulula pour nous occuper de l’organisation de deuil.

Si moi même et mes frères et sœurs logions à côté de notre maman dans la maison du défunt tous les autres visiteurs étaient chez papa Sixte.

Il était convenu que le deuil chrétien fasse trois jours. Je demandai cependant qu’au niveau de famille le deuil aille jusqu’au samedi, soit une semaine.

Les avant midi nous nous préoccupions de l’alimentation de la journée et pour cela le gérant du guest house  m’envoyer régulièrement de l’argent qu’il récoltait. Plusieurs personnes venant des divers villages venaient nous consoler.

Les Baganambele de Muzyunda nous réprimandèrent pour ne leur avoir pas envoyé un message officiel leur annonçant la nouvelle du décès.

En guise de la préparation de la journée du retrait du deuil, je ne partageai pas le point de vue de ma petite sœur Marthe qui n’acceptait pas que son mari amène une chèvre. J’insistai auprès de ce dernier sur le respect de cette obligation.

A la fin de trois jours du deuil chrétien, moi-même comme plusieurs membres de la famille nous nous fîmes raser nos têtes et c’est le samedi 23/11/1985 que nous organisâmes les cérémonies de retrait de deuil.

En plein deuil, le Commissaire de zone de Kongolo accompagné du capitaine commandant du camp et l’inspecteur de l’And vinrent à Mbulula, prétendant d’abord pour nous présenter leurs condoléances et posèrent même un geste d’assistance auprès de papa Sixte.

A un moment donné le Commissaire de zone voulut prendre la parole pour s’adresser à l’assistance en entonnant le slogan du MPR. La réaction ne se fit pas attendre au sein de l’assistance irritée. Pour calmer les gens j’exigeais au Commissaire de renoncer à son adresse et au capitaine de se retirer de la foule car mon petit frère Prophil l’avait déjà tenu pour le bousculer.

Le Commissaire de zone exprima auprès de papa Sixte le but de son voyage qui était celui de m’amener. Certains sages le convainquirent de s’en aller pour me laisser poursuivre le deuil de mon père jusqu’à son retrait.

Le vendredi 22 novembre 1985, je fus informé qu’un véhicule ayant à son bord Papa Lipu était passé. Ce dernier demandait à ceux qui l’avaient vu de m’apporter l’information de son enlèvement à Kongolo.

Effectivement, de Kongolo plusieurs personnes confirmèrent que  Papa Lipu qui était assis devant son magasin avait été appelé par une personne abord d’un véhicule  et que s’étant approché il y avait été embarqué de force.

Le samedi connut une arrivée massive de gens de différents coins de la collectivité. Presque chaque délégation nous avait apportée de la boisson. Il y en avait ainsi en stock chez papa Sixte et autant sous ma garde.

La délégation de l’UDPS/Kayanza était déjà présente lorsque l’inspecteur de l’And/Kalemie s’installa chez papa Emile Katumbwe pour mener ses contacts en vue de mon évacuation pour Kalemie.

Les bruits selon lesquels les militaires allaient tirer sur les gens pendant les manifestations du retrait de deuil avaient été répandus. Voulant m’adresser à la population, il me fut déconseillé par les sages dont certains ne voulaient même pas que je dise au revoir à mes proches parents, ce qui me révolta.

Le citoyen Nyembo Malengela alias Sinatra de l’UDPS/Kayanza tenta d’obtenir de ma part l’ordre de s’opposer à mon déplacement ce jour et s’adressant avec témérité à l’inspecteur de l’And, il protesta contre l’enlèvement de Lipu qu’il disait être son père.

L’inspecteur qui avait nié d’abord le fait d’avoir enlevé papa Lipu promit  de le libérer le plus tôt possible.

A suivre