29 Nov, 2015
Texte tiré de l’ouvrage : PROTAIS LUMBU 4. «Mon apport dans le Triomphe de la démocratie multipartiste’ »
Il m’avait été rapporté à Kayanza que je devais arriver à Kinshasa avant la visite du roi Baudouin 1er à l’occasion du 25ème anniversaire de l’accession du Pays à l’indépendance, le 30 juin.
En effet, la presse étrangère ne s’empêchait pas de souligner que le parlement belge n’avait autorisé le déplacement du roi des belges pour le Zaïre que moyennant la levée de la mesure d’assignation à résidence qui frappait quelques parlementaires zaïrois que nous étions.
Le véhicule qui m’avait pris avec mon épouse s’arrêta à Mbulula à la résidence de mes parents pour embarquer nos enfants qui y habitaient depuis l’incident après le match Bouger et Faire Bouger contre Vijana et nous déposa à Kongolo à la résidence du Commissaire de zone où un verre de la bière simba nous avait été servi. De là, avec ma famille nous fûmes conduits à notre résidence au guest house Bouger et Faire Bouger.
Le lendemain, un petit porteur vint me chercher pour me déposer à Lubumbashi où j’avais été logé à l’hôtel Mbabu non loin de l’agence nationale de documentation. J’y fus rejoint peu de temps après par le fondateur Frédéric Kibassa Maliba en provenance de Kyenge.
Le matin non seulement nous deux qui depuis novembre 1983 avions été assignés à résidence dans nos villages d’origine avions embarqué abord du jet de la Gécamines, mais aussi les fondateurs Kyungu et Lusanga pris à leurs résidences respectives de Lubumbashi et de Likasi.
A Kinshasa nous avions été conduits à l’hôtel Phénix où j’avais été logé avec le collègue Kyungu tandis que les citoyens Kibassa et Lusanga avaient rejoint leurs résidences.
Ayant rencontré à l’hôtel le fondateur Kanana, c’est avec lui que nous allions prendre le repas au restaurant et recevions nos visiteurs. Mon collègue me reprocha de dire trop de vérités à nos militants. A son avis, cela pouvait les refroidir. Il fallait pour mieux les entretenir leur tenir un langage qui leur donne de l’espoir.
Nous visitions aussi ensemble les membres de nos familles et nos connaissances. Après avoir été reçus à Ndjili par son cousin Nestor Mutombo qui travaillait à la Banque du Zaïre, nous répondîmes aux invitations de mes amis Célestin Mwenge Mulaya et Nyembo Nicostrate. Ayant rencontré à la résidence de Me Nyembo, le citoyen Kyungu Ildesbad qui s’était mis à critiquer l’opposition, le fondateur Kanana très irrité avait rétorqué avec force. C’est encore avec lui que nous tînmes compagnie au Président Kibassa, lorsque le parti avait organisé une manifestation d’accueil de fondateurs à la permanence.
Après le retour du Roi en Belgique, nous avions été reçus au siège de l’And situé sur l’avenue de la Justice par l’Administrateur Général de la Sécurité Intérieure, le citoyen Ngbanda.
Etaient présents du côté de l’UDPS ; les fondateurs Ngalula, Makanda, Kibassa, Tshisekedi, Kanana, Lusanga et moi-même Lumbu. Au cours de la réunion nous avions affiché notre détermination à continuer la lutte pour la démocratisation et avions fustigé le pouvoir de son comportement violent à notre égard.
Chargé par mes collègues de faire le secrétariet, je fus retenu à la sortie, pour être dépouillé de toutes les notes que j’avais prises par le directeur de cabinet, qu’était le citoyen Eboma, mon ancien collègue à la faculté de droit.
Le fondateur Kyungu n’avait pas participé à cette réunion mais plutôt il prit ses distances vis-à-vis de l’UDPS. A l’hôtel, il semblait jouir d’un traitement de faveur par le pouvoir. En effet, n’ayant pas été en Belgique dans la suite présidentielle avec les collègues Dia, Kapita, Ngoy Mukendi et Kasala, le doute qui planait encore à son sujet sur sa continuation de la lutte au sein de l’UDPS se dissipa.
Les réunions du Collège des fondateurs continuèrent à se tenir à la résidence du Président Kibassa. Aux fondateurs parlementaires s’étaient joints d’abord les non parlementaires Bossasse, Lihau et Mbwankiem puis les cofondateurs qui avaient été désignés pour diriger le parti pendant les emprisonnements des membres du groupe des 13. Ainsi les BELENGANAY, KENGELE, KAKULU, MUKOKA, DIAYIKWA, KWEDI, MPASSI, SIMBA et autres furent leur apparition.
Des discussions portaient notamment sur l’organisation du parti en ce qui concerne les textes de base. En effet, le citoyen Dikonda venait d’envoyer d’innombrables plis contenant le Projet de société de l’UDPS. Le collège de fondateurs avait remarqué l’introduction dans ces textes de certaines notions qu’il n’avait pas lui-même énoncées et de ce fait certaines corrections s’imposaient.
Pendant ce temps il fut aussi enegistré des accusations contre le fondateur Dikonda sur les malversations financières. Les dénonciateurs n’étaient autres que ses collaborateurs Marie Claire Ngalula, Corneille Mulumba et le représentant de l’UDPS au Congo Brazaville, le citoyen Musampa Raphaël.
Entretemps la radio nationale annonça l’arrestation de Van den Bogaert à l’aéroport de Ndjili alors qu’il venait de Bruxelles, porteur des coupures des journaux, des cassettes et divers documents pour l’UDPS. Ce dernier était un sujet belge du parti socialiste qui travaillait au parlement européen. Très introduit dans les milieux de l’opposition zaïroise en Belgique, il rendait service à l’UDPS en collaborant d’abord avec Marie-Claire Ngalula puis avec Dikonda, dès la nomination de ce dernier en qualité de représentant de l’UDPS à l’extérieur.
Cette arrestation avait été une surprise pour les fondateurs qui n’avaient pas l’information sur son voyage au Zaïre !
Les documents dont il était accusé de détenir servirent de prétexte au pouvoir pour nous violenter à nouveau !
Il ne se passa pas beaucoup de jours que la Direction de l’hôtel Phénix m’apprit en compagnie de mon collègue Kanana que le pouvoir avait clôturé sa facture auprès de leur hôtel. En d’autres termes, nous étions invités de quitter l’hôtel. Ce que nous fûmes sans tarder.
La première nuit, nous la passâmes à Bandalungwa dans un petit hôtel d’une connaissance du collègue Kanana. Ayant posé notre problème aux fondateurs Ngalula, Tshisekedi, Makanda et Kibassa qui avaient chacun une propriété, ils acceptèrent tous de nous prendre en charge.
Afin d’être proche du lieu de la réunion et éviter d’être exposé au problème de transport, je logeai chez Kibassa pendant que Kanana alla chez Tshisekedi.
Il y avait à la résidence du Président Kibassa seulement ses petites sœurs Annie et Louise. Je l’accompagnais dans ses déplacements auprès de membres de sa famille tout comme auprès des collègues fondateurs et membres du parti. Ainsi j’étais à ses côtés au mont Ngafula, à la réception organisée en sa faveur par son cousin Kafwaya qui était Procureur Général tout comme à celle organisée à Lemba par Bijanu, vice-président de l’UDPS de la ville de Kinshasa. Chez Bijanu étaient aussi présents les fondateurs Tshisekedi, Makanda et quelques notables shabiens, tels que les citoyens Kafitwe wa Paboa, Kahozi Munyaga et Mwalimu Ngongo Joseph. Ces deux derniers affichèrent tellement leur conviction au parti qu’ils furent proposés cofondateurs.
L’évolution du dossier Van den Bogaert connut des ramifications qui conduisirent à l’arrestation des collègues Tshisekedi et Kanana. Il était clair que l’intermède de la liberté avait pris fin dès après le départ de sa Sainteté Jean Paul II du Zaïre et que l’opposition devait de nouveau reprendre sa place dans les geôles. Le tour de chacun de nous pour se faire arrêter devant venir, je me décidais à rejoindre ma famille à Kongolo pour éviter mon sort de mars 1982, d’être en détention en l’absence de mon épouse.
Ayant posé le problème de mon retour, le doyen Ngalula trouva auprès de ses connaissances un billet Kinshasa-Lubumbashi et le Président Kibassa m’offrit celui de Lubumbashi-Kongolo. Tout en me chargeant de prendre contact avec son épouse à Lubumbashi pour lui remettre un colis qui devait lui servir d’organiser son retour à Kinshasa avec les enfants.
Déposé à l’aéroport par le vice président Bijanu abord de sa Peugeot, aussitôt que j’avais rejoint Lubumbashi, j’avais pris contact avec maman Euphrasie à la zone Katuba, où elle logeait chez son beau-frère Raphaël Kibassa.
De Lubumbashi, je regagnai Kongolo. Après avoir organisé la rentrée scolaire de mes enfants dans les écoles de Kongolo, lieu que nous avions choisi avec mon épouse comme notre nouveau domicile, je partis à Kayanza pour rendre compte à ma famille de mon séjour à Kinshasa.
Déjà des tracasseries administratives à l’égard du guest house géré par mon épouse étaient expressément entretenues par le pouvoir pour masquer leur objectif politique de me nuire.
A suivre