25 Nov, 2015
Texte tiré de l’ouvrage : PROTAIS LUMBU 4. «Mon apport dans le Triomphe de la démocratie multipartiste’ »
Après avoir parcouru les douze kilomètres séparant Mbulula de Kayanza, le véhicule s’arrêta devant la maison du chef de localité, le citoyen MUKALAMUSI qui fut invité par le Commissaire de zone d’y embarquer pour se diriger à la maison de Mbundu, chef de la famille élargie des Bagana Mbele. Il faisait déjà sombre en ses débuts du mois de décembre 1983.
S’adressant au chef de mon quartier d’origine, le citoyen MUPATSH lui informa qu’il m’avait ramené chez lui avec ma famille sur recommandation des hautes autorités de Kinshasa.
Les jeunes du quartier retirèrent mes malles du véhicule pour les entreposer dans la maison qui appartenait au citoyen MUYUMBA Adrien, marié et père d’un bébé. J’y avais occupé trois pièces soit une chambre, un salon et une cuisine. La quatrième pièce avec porte donnant à l’extérieur resta à la disposition du propriétaire.
Mon séjour avait été caractérisé par mon accueil par les différentes familles du village, les fêtes de Noël 1983 et de nouvel an 1984, l’adaptation difficile de mes enfants, les travaux de champs, la construction de ma maison, la violation par le pouvoir de droits de ma famille aux soins médicaux, mes visiteurs et mes promenades dans le village, l’affaire Buya, le baptême et la première communion de mes enfants et enfin mon apport dans la réorganisation du football local.
Dès le lendemain de mon arrivée à Kayanza, différentes familles vinrent me saluer. Je m’intéressais à connaitre leur composition et plus particulièrement, celle de ma famille élargie qui comprenait les enfants de Kahinga, de Lukonzola, de Nyembo ya Muteba, de Lusoni et d’Abulu Mbwizya.
Il n’y avait plus à Kayanza les enfants de mon grand père LUMBU PILIPILI, qui était mbundu à l’accession du pays à l’indépendance en 1960. A son décès le 05 novembre 1960 il avait été remplacé par son frère LUKONZOLA. Ce dernier mourut suite à un accident de voiture sur la route de Likasi-Lubumbashi en juillet 1971 et avait été remplacé par MUHEMELI MUGANZA, décédé peu de temps seulement après, pour laisser la charge de la famille élargie à son petit frère Simon KALUNGA qui devint Mbundu Kabangila.
La famille Kahinga comprenait Kalunga Simon, Mwehu Lengalenga, Kahozi, Nyota et leurs enfants, auxquels s’ajoutaient, les enfants de leurs frères décédés Mwemeli et Sunzu.
Papa Kalunga Simon avait une épouse qui s’appelait Chungu ya Mbwizya Makili. Il vivait avec sa belle mère répondant au nom de Ngeleya, à laquelle ses belles sœurs Kaya, qui habitait à Mazyombo et Kiuna, mère de Maangaiko Kipete qui résidait aussi à Kayanza, venaient régulièrement visiter. Sous son toit étaient aussi ses enfants en bas âge tel que Jeunesse et ses petits enfants Kusema et Kakubwa nés de leur fille Salima, mariée à Ilunga Mwenge. Il y avait aussi Munyanya, l’enfant du feu Mwalimu Seba, petit frère de mama Chungu
Les enfants majeurs de Papa Simon s’appelaient Fidèle Sangwa Kahinga et Pacifique Yogo. Ils étaient mariés respectivement à Sido et Bernadette et avaient plusieurs enfants dont ceux de Fidèle Ngeleya et Muchapa étaient les plus connus. Pacifique était enseignant à l’école du lieu.
Mwehu et Kahozi vivaient avec leur maman répondant au nom de Muswa Bandu. Papa Mwehu avait son épouse Bimuloko Muneme et ses enfants mineurs Mbuya, Bienvenu, Olivier et Muganza. Ses enfants majeurs, Godefroid Pataule, surnommé Kapipi, Michel Bulongomoto et Muyumba Adrien étaient mariés respectivement à Tupende, Christine et Agathe. Protais et Muneme étaient les enfants de Godé, Adalbert de Michel et Kapipi d’ Adrien.
Papa Kahozi avait son épouse répondant au nom de Muhiya Tubyangalie. Ses enfants majeurs Jamais et Kamulete étaient mariés respectivement à Sikuzani et à Twikaze. Mashauri, Taratibu et Maganga encore mineurs vivaient sous son toit. Sa fille Amnaso était mariée à Ramazani de la famille de Bagana Kitungwa toujours à Kayanza. Mbombo et Edith étaient les enfants de Jamais
Il y avait aussi Nyota, la fille de Kahinga et Abezya. Mère de Roger fils de Katanda Ngoy, elle avait sous son toit ses petits enfants Sangwa Kazimoto et Suzanne dont leur père Emmanuel était militaire à Lubmbashi.
Les enfants majeurs de frères décédés de Mbundu Simon étaient Léandre Nyembo Kanyunya, Mbayo Espérance, Bienfait Lwamba, Kichele et Nyota.
Léandre était le fils du précédent Mbundu, Muganza Mwemeli. C’est lui qui exerçait le rôle administratif de Mbundu. Marié à Tupende Chantal, il était père de Symphorien, Dina, Pélagie et Patrick qui jouaient régulièrement avec mes enfants.
Mbayo Espérance, Bienfait, Kichele et Nyota, mariés respectivement à Tubiache, Luvungu, Musangu et Kahenga étaient les enfants majeurs de Sunzu, fils cadet de Kahinga. Charmi et Katumbwe étaient les enfants de Mbayo tandis que Nzaina, Kaya et Chungu étaient ceux de Kichele. Auprès de leur veuve maman Nzaina étaient les enfants mineurs Sagali et Lumbu.
En dehors des enfants de Kahinga, il y avait les enfants de Lukonzola, qu’étaient Kachoma et Kilonda, les enfants de Nyembo ya Muteba qu’étaient Felix, Chalo, Ngeleza, l’enfant de Lusoni qu’était Faustin Ambogobogo et Tengeneza, l’enfant d’Abul Mbwizya.
Kachoma était marié à Nzaina, mère d’Elisa et Mbundu. Il était fils de Mutondo Bongo, frère de Lukonzola, tandis que Kilonda était le fils de Lumbu Kilikili Kitambala, le petit frère de Lukonzola, décédé à la même période que Mbundu Mwemeli et enterré expressément à Magunda près de Bigobo, où habitent aussi les bagambele de la famille mbundu.
Félix, était marié à Faila. Il avait des enfants majeurs qui répondaient aux noms de Prosper, Sidonie et Benoît et des enfants mineurs s’appelant Pierre et Donat Lumbu Pilipili.
L’épouse de Charles Chupa, communément appelé Chalo, petit frère de Félix s’appelait aussi Faila. Leurs enfants étaient les filles jumelles Kaya et Chungu et leur fils Kayumba.
Ngelezya qui n’avait ni femme ni enfant et se distinguait par le port de culotte était le cadet de Felix et Chalo.
Faustin Ambogobogo était le fils de Lusoni, père de Norbert Kiteba. Il était en train de quitter Kayanza pour habiter à Kongolo.
Enfin Tengeneza, l’enfant d’Abulu Mbuizya était marié à Salima et Sumbukeni. Olivier, Martin et Emerance étaient leurs enfants.
Papa Simon Kalunga Mbundu veillait aussi sur Apendaki, la maman de Kahozi- a- Mulonda alias capabule et Kitumaini fils de Mbuya ya Kilamb, le muzila nyoka ayant ses palmiers à Ifufu et proche parent de Kahinga.
Toute la famille Mbundu m’avait accueilli dans la joie et m’entourait de tous les soins possibles. Pendant mes premiers jours, elle m’apportait ses produits de champs.
Originaire de Kayanza, mon épouse y avait aussi sa famille, celle des bagana Kilumba dont Honoré Kilonda était le grand frère de son papa. Notre arrivée à Kayanza fut précédée de près, du décès de son grand-père paternel Sindano Kayumba.
Tout le village était sensible à notre sort. Nous avions reçus beaucoup de visites d’encouragement dont celles de la famille Tulilwa, le muzilanyoka, dirigée par l’enseignant pensionné Philippe Nyembo, la famille Tchubula de bagana Kilumba, composée de Bonaventure Mabenga, Zacharie Ndambwe et Amedée Sakania et tant d’autres.
Je fis inscrire mes enfants Baby et Maman à l’école et avais tenté en vain de m’occuper personnellement de Baby à qui je complétais la formation avec les livres de l’école Malula.
L’enseignement ayant été dispensé en kiswahili alors que la langue parlée était le kinanyembo, mes enfants qui parlaient français connurent des difficultés énormes d’adaptation.
Il m’arrivait de m’énerver et à me mettre à taper Baby, pendant que Papa Mwehu venait intervenir et me demandait si mon père me tapait autant pour les raisons d’études. Baby pleurait aussi beaucoup quand sa maman lui enlevait les chiques innombrables à ses orteils.
Ma fille maman, au lieu de se trouver en classe, faisait souvent l’école buissonnière avec les autres enfants de son âge non scolarisés. Il m’arrivait de la voir venir avec les feuilles de manioc à la tête alors que je pensais qu’elle était à l’école ! Que des frissons n’avais-je pas eu lorsqu’un jour, une de ses collègues avait été mordue par un serpent alors qu’elle cueillait les feuilles de manioc.
Toutes mes interventions pour l’en empêcher avaient échouées parce qu’au village, les enfants vivaient sous l’influence de tout le groupe et de tout le monde.
A peine arrivée à Kayanza, je profitai de la journée internationale de droits de l’homme pour adresser une note à l’amnesty international et à la fédération internationale des droits de l’homme, dans laquelle je dénonçais les conditions dans lesquelles le pouvoir m’avait placé avec mon épouse et mes enfants tout simplement parce que j’étais opposant.
A l’occasion des fêtes de Noël 1983 et nouvel an 1984, je participai en famille élargie aux repas et boissons. Plus particulièrement le jour de bonne année, je partageai la viande de mouton que j’avais fait égorger, avec ma famille élargie, celle de mon épouse et celle de mon grand père maternel qui habitait à près de Cinq kilomètres, à Kalwamba. Mon épouse se chargea elle-même le matin de cette journée d’apporter ces cadeaux en se servant du vélo que nous venions de nous procurer.
J’avais mangé ce jour avec les autres membres de la famille autour de Mbundu et puis nous nous mîmes à prendre le lumay may dans la maison de Munyanya.
Dans la grande joie, les différents groupes du village passèrent exprimer leur joie et réclamer le cadeau de bonne année. De temps à autre il pleuvait, mais la pluie et la boue n’empêchèrent pas la fête.
Alors que je m’étais retiré à un moment dans ma case, j’entendis d’abord des chansons puis un grand bruit à la case de Mbundu. Curieux, je sortis et vis la citoyenne Séraphine Ngunda qui tentait de renverser Kichele. Les deux personnes étaient complètement couvertes de la boue ! Oui, elles fêtaient la bonne année de leur manière.
Dès après le jour de nouvel an 1984, je me décidai à me donner aux travaux des champs et de construire une habitation personnelle.
En ce qui concerne les travaux des champs, j’avais acheté un champ de maïs auprès de citoyen Metraque. Il avait été question de récolter ce maïs et l’amener à la maison. Ayant fait appel au concours de la famille puis des écoles primaire et secondaire, finalement, c’est avec mon épouse que nous nous avions parachevé ce travail.
En dehors de ce champ, je fis cultiver un autre dans lequel nous plantâmes les arachides.
Nous avions bien voulu avoir des vastes champs mais hélas, tous ceux qui venaient travailler moyennant un paiement étaient objet de raillerie. Partout, les gens les considéraient comme nos travailleurs. Tout ce qu’ils achetaient était considéré comme résultant de l’argent gagné chez nous. Cela les décourageait.
Décidés à sarcler nous-mêmes notre champ d’arachides, tôt le matin, habillé en bleu jeans, ensemble avec mon épouse en super wax, son bébé « Victoire » au dos et un bassin à sa tête, nous nous rendions à la plaine de Kihonga. Plaçant l’enfant dans le bassin, nous nous mettions au travail. A un moment de la journée, beaucoup d’insectes nous envahissaient et la chaleur nous invitait à recourir vers le bidon d’eau pour étancher la soif ! Mais hélas, l’eau était chaude comme le bidon lui-même et nous laissait assoiffés !
La rosée avait vite déchiré nos habits. Avant de retourner au village, mon épouse rassemblait le bois et cueillait les feuilles de manioc qu’elle portait dans son bassin.
Extenués nous regagnions notre case. Pendant que je commençai mon repos, certains visiteurs ou membres de famille m’apportaient le vin du palme « le lumay may » ou l’alcool appelé 500 que nous partagions. En ce moment, mon épouse se débattait pour préparer à manger et au cas où il n’y avait pas d’eau dans la maison, elle se rendait en chercher à la rivière située à plus de trois kilomètres ! C’était une véritable corvée !
Certaines filles de bonne volonté, telles que Bonve de feu Pambauka, Mbombo de Tulia, Kusema et Kufwata d’Emmanuel Katuluzi aidaient mon épouse à bercer l’enfant, piler le maïs ou le sombe et même à puiser de l’eau. Il nous est arrivé aussi de prendre en service Kaya et Kyungu de Ligali, Clothilde de Kiboko et Emérence de papa Tengeneza.
Pour la construction d’une maison, le concours de la population avait été appréciable. Je choisis comme emplacement, le lieu où mon grand-père Lumbu Pilipili Bwana Muyenga avait sa maison et où d’ailleurs la maison de mon père venait à peine de s’écrouler. Ce lieu était progressivement occupé par la famille Tulilwa dont les enfants de papa Philippe, papa Casimir et papa Théophile étaient à la recherche de l’espace. Pour que Kichele y construise sa maison, il avait fallu que toute la famille Mbundu convainque la famille Tulilwa. J’avais personnellement bénéficié de la grande compréhension de la famille Tulilwa.
La fabrication des briques à d’aube pendant la saison des pluies ne fut pas aisée. Alors que les élèves de l’école primaire en fabriquaient le matin, les pluies des après midi en détruisaient près de la moitié.
Ayant commencé la construction et ne voulant pas arrêter les travaux à cause de manque des briques, je me mis à acheter les constructions inhabitées pour y récupérer les briques.
Les maçons du village, Fidèle Sangwa, Kumbi, Mamba, Emmanuel, Delphin et Philippe avaient été mobilisés pour ce travail.
Il arrivait que des fortes pluies détruisent les murs à peine élevés. Sans découragement, les maçons recommençaient le travail. Pour les motiver, il fallait toujours acheter pour eux, le vin du palme le matin et l’alcool 500, les après midi.
Après l’élévation des murs, je fis venir de Kongolo les “ miama ”, troncs d’arbres du genre de famille des palmiers se trouvant le long du fleuve Congo, pour la fabrication de la charpente. Philippe fit ce travail avec le charpentier Théophile. Il en avait été de même de tôlage.
Michel Bulongomoto s’était rendu à Nyunzu pour acheter les tôles qu’il avait déposées à Mbulula, étant donné qu’il n’y avait pas de véhicule pour les amener à Kayanza. La population se déplaça bénévolement à leur recherche. Je me souviens toujours de ce geste combien noble posé par mon beau-père Munganga qui avait aussi transporté trois tôles de Mbulula à Kayanza, près de 12 km.
Philippe Nyembo Tulilwa, l’homme qui travaillait sans se fatiguer se chargea entièrement du bétonnage de la maison. L’école primaire et certaines femmes du village rémunérées à cet effet, se chargèrent de la recherche de la caillasse dans la rivière Kayanza. On chercha aussi du sable dans les champs de mbundu pour le crépissage des murs.
D’abord celles qui se donnaient à ce travail avaient peur des critiques, mais après nous eûmes difficile à les faire entendre que nous n’en avions plus besoin.
Le Père Antoine en avait manqué pour ses constructions au couvent des sœurs tout simplement parce que nous étions plus rémunérateurs.
Mbumbuluila, de son vrai nom Mukalamusi, divorcé de ma tente Atiya et oncle paternel de mon épouse, fabriqua des portes et fenêtres en bois et les posa. Coleman de Lwenye fit des chaises et même des tabourets-statuettes appelés “ Bihuna. ” Nous achetâmes deux lits en fer auprès de Mbayo ya Ndakala et d’autres en bois auprès de divers menuisiers.
Le pouvoir ne se contenta pas à m’assigner à résidence à Kayanza avec ma famille mais aussi à nous refuser le droit aux soins médicaux.
En effet, en avril 1984, mon épouse rejoignit Kongolo avec les enfants pour les faire soigner à l’hôpital pendant les vacances de Pâques. Dès que la nouvelle de sa présence à Kongolo fut connue, le Commissaire de zone dépêcha une équipe des militaires pour la ramener à Kayanza avec ses enfants, le jour des Pâques.
Ayant assisté à la messe de la nuit, je me trouvais dans la maison pendant que se déroulait la messe pascale à l’église située non loin de mon habitation. Après avoir entendu le vrombissement d’un moteur, je fus surpris de voir descendre d’un véhicule, mon épouse, ses enfants et des militaires. Je n’avais pas accepté de recevoir le major qui voulait me rencontrer alors qu’il avait exécuté un ordre, violant les droits humains.
L’arrivée massive des chrétiens qui avaient quitté précipitamment l’église afin de s’enquérir de ce qu’allait m’arriver convainquit les militaires de s’en aller.
Cette violation se répéta deux mois plus tard lorsqu’en juillet, ayant envoyé mon épouse au dispensaire de Mbulula avec notre bébé dont la peau était couverte des boutons, sa famille l’ayant retenue, j’avais décidé de la rejoindre et l’accompagner moi-même.
Le Commissaire de zone m’y avait vite rejoint et chargea le chef de collectivité a.i. Bwanachui, Président du Conseil de collectivité de me convoyer en compagnie de Professeur Nyembo Kilonda Fernand, diplômé en sciences d’assainissement, enseignant dans une Université de Rwanda. Une épidémie de diarrhée sanguinolente sévissait pendant cette période dans ce milieu.
Je profitai de ma rencontre avec cette personnalité, originaire de la collectivité qui avait séjourné longtemps en Europe pour m’entretenir avec elle de l’UDPS et sur ses relations avec Jean Nguz Karl- I-bond.
A Mbulua, la citoyenne Véronique Mutumbe qui était en congé chez ses parents, dactylographia ma lettre de protestation, adressée aux organismes humanitaires sous mon surnom de KIRONGOZI KOWINE.
J’appris pendant cette période qu’Agathe Mulimbi et Gabrieline Muzinga (épouse du collègue Kyungu) logeaient au guest house. Elles étaient venues participer à la campagne de maïs. Les ayant envoyé mes salutations, j’avais reçu en retour une copie de la note de Kyungu wa ku Mwanza adressée à Kibassa, dans laquelle il se déclarait complètement indépendant et non capable de jouer le suiveur de qui que ce soit. Il séjournait lui aussi à Kongolo.
Interdit de quitter Kayanza, j’y recevais cependant divers visiteurs. Ainsi de Mbulula, j’avais reçu à plusieurs reprises mon père, ma mère, mon oncle paternel mwalimu Sixte, mon grand-oncle maternel Mayani. Ce dernier m’avait apporté une chèvre.
De Kalwamba, mes grands-parents maternels étaient venus en compagnie de mon oncle maternel Lukalanga Kibaya qui avait comme deuxième épouse, ma cousine Lalia, fille de Mbundu Kabangila.
De Zimba, je reçus Athanase et sa sœur, petits enfants de Zimba Kibakuma, frère de ma grand-mère paternelle Mwayuma Mutowe Gwa Mugambwa et neveux de papa Tengeneza.
De Kiyombo, les tantes de mon épouse, son oncle Kaya et son cousin Matthieu passaient à la maison chaque fois qu’ils en avaient l’occasion. Nous avions vécu à un moment à la maison avec sa cousine Tufanyaye.
D’Ambundu, je reçus Adrien Mwanavita, alias “ Salongo ” avec lequel je passais en revue la situation politique, économique et sociale de la partie de la collectivité de Nyembo Nord où il résidait avec sa famille.
De Kongolo, Georges Lwamba vint me dire qu’il allait voyager au Rwanda avec sa famille tandis que Dieudonné Muyumba et Lipu Kanyoge me voyaient chaque fois qu’ils séjournaient à Ilunga et Mazyombo.
Mon jeune frère Martin venait quant à lui à la fin de chaque mois pour faire le rapport des activités du guest house et répondre à mes demandes en argent ou fourniture quelconque. Souvent il atteignait Kayanza en état d’ébriété.
Après lui avoir adressé beaucoup des remarques sans qu’il n’ait changé de comportement, il fut remplacé à la gestion du guest house par Michel Bulongomoto peu après son retour de Lubumbashi. Son dernier voyage comme gérant fut celui pendant lequel il était venu avec quelques tôles dans le véhicule des prêtres en compagnie de Mamy Regina.
Peu avant les fêtes de fin d’année 1984, je me décidai à occuper ma maison et libérer. Malheureusement ce qu’allait devenir ma salle à manger n’avait pas encore ses fenêtres. Impatient et surtout déterminé à déménager, je dépêchais Sinatra à Mbulula chez mes parents pour prendre deux tôles.
Ce dernier vint me faire le rapport selon lequel, il lui était dit qu’il n’y avait pas de tôles. Pourtant lors de mon séjour du mois de juillet à Mbulula, j’avais vu ces tôles et que Martin en justifiant certaines dépenses les avait citées.
J’écrivis à mon père pour lui insister sur mon besoin urgent de ces tôles. Il me répondit que je devais régler ce problème avec mon petit frère Joseph. Il faisait déjà noir quand je me décidai à rejoindre moi-même Mbulula en compagnie du citoyen Nyembo Malengela, alias Sinatra.
Très indigné, je protestai auprès de mes parents pour leur manque d’emprise sur mes petits frères. Joseph continua à résister en me disant que les tôles ne m’appartenaient pas.
Notre discussion devenait de plus en plus chaude. Papa Sixte et maman Valériane tentèrent en vain de nous calmer. Mon frère cadet Sixte ayant soutenu Joseph, je me mis à le chasser alors que ma mère prenait sa défense. L’atmosphère était totalement confuse. Furieux, j’entrai dans la maison et pris moi-même deux tôles que je tendis à Sinatra qui apparemment ne voulait pas s’ingérer dans les problèmes de ma famille.
Quittant la maison, Maman Valériane m’accompagna jusqu’à la route allant vers Kayanza. Je vis Joseph nous suivre. Il nous aida à pousser le vélo et nous souhaita bonne route. Plus loin nous marchâmes côte à côte avec Sinatra qui poussait le vélo jusqu’à Ndubula Ilunga où très fatigués, nous nous arrêtâmes sur la route pour nous reposer avant d’atteindre Kayanza dans la nuit profonde.
Après la pose de ces tôles aux fenêtres, j’occupai la maison dès après sa bénédiction par le prêtre. Mon grand-père maternel vint de Kalwamba expressément pour la visiter.
Il était connu que je recevais beaucoup de gens à qui je faisais boire. Ainsi les personnes qui étaient très intéressées par la boisson improvisaient leurs visites chez moi.
Parfois, je me déplaçai pour prendre l’alcool indigène : lutuku ou 500, chez les Siaona de Mazuri ou de Kitumaini, chez la fille d’Agostino Sanduku, chez Monica, la fille de papa Kazyumba, chez la maîtresse Safi, chez Biadunia, épouse de Lamulo, chez Désiré de papa Gaspard et chez Marcelline.
Après avoir beaucoup bu mon groupe se mettait à entonner les slogans de l’UDPS.
Il m’arrivait aussi de visiter la famille de mon épouse et plus particulièrement le papa Kilonda Honoré, grand frère de son père, celui-là même qui avait reçu ma dot et Emmanuel, l’enfant de Katuluzi dont ses filles Kusema et Kufwata venaient de temps à autre aider mon épouse.
Dans la famille Kilumba, mon épouse est du groupe des Bagana Ayibi qui était dirigé en ce moment là par Mutembezi. Les deux autres groupes sont les bagana makobo et bagana Ajeba dirigés respectivement par Kihongola et Musema Kweli.
En dehors de mon clan des Bagana Mbele et celui de mon épouse des Baganakilumba, je rendais visite aussi aux autres clans de Kayanza qui sont les Bazila nyoka de Tulilwa et de Chenge, les Bagangoy, les Bazilakoni et les Baganakitungwa.
Un incident malheureux provoqué par Martin avait refroidi nos relations familiales. En effet, alors qu’il avait déjà été écarté de la gestion du guest house en faveur de Michel Bulongomoto, Martin avait violé une cousine de mon épouse, fille de mon beau-père Munganga. S’étant rendue à Kongolo, où elle était arrivée la nuit, elle avait été logé au guest house par Michel dans la chambre n° 7.
Devenue enceinte, sa famille décida de l’amener chez mes parents où elle avait été chassé par papa Sixte et ma mère qui soutinrent qu’elle avait menti pour profiter de mon argent. Mon épouse et moi même connaissant bien Martin n’avions pas douté.
Lorsque mon petit frère vint à Kayanza me poser le problème de sa préparation aux examens d’Etat, je ne voulais pas aborder ce cas, malgré le désir ardent de mon épouse de le poser. Voulant le laisser dans des meilleures dispositions avant l’examen, je ne pris pas part à la discussion très animée qu’ils eurent à deux.
Michel perdit à cette occasion sa qualité de gérant en faveur de Gilbert Ilunga qui vint à Kayanza recevoir des recommandations. Entre-temps Martin devint malade et alla habiter chez ma petite sœur Marthe.
A l’occasion du séjour du prêtre à Kayanza le 03/02/1985, le baptême fut organisé. Nos enfants Lumbu Mbombo Béatrice, Lumbu Tagamanga Patrice et Lumbu Maloba Ndiba Protais Victoire Junior furent baptisés. La Paroisse de Mbulula leurs délivra les livrets portant respectivement les n° 12655, 12656 et 12657.
Béatrice eut la citoyenne Lugoma Jacqueline Nyange en qualité de marraine tandis que Patrice et Victoire eurent comme parrains les citoyens Philippe Nyembo et Pacifique Siyogo. Pour la circonstance j’avais organisé une réception à laquelle avaient pris part plusieurs invités.
Chrétiens catholiques pratiquants nous assistions aux messes et enseignements. Mon épouse était lectrice. Une chanson pendant l’offrande attirait toute mon attention. Elle disait, qu’il fallait qu’on offre et que l’offrande était recueillie au ciel. Elle n’appartenait pas aux prêtres. « Toa sadaka, toa sadaka……Zaka zote zaenda mbinguni, zaka si za ma padri »
Lors d’un voyage du Pasteur Alexis à Kinshasa en formation, je lui avais confié les lettres adressées aux organisations internationales à déposer à la paroisse des missions à Sainte Anne. A son retour il nous demanda si l’aide en provenance de l’Europe nous arrivait. Mon épouse se présenta à la procure du diocèse de Kongolo en déclinant notre identité de Kirongozi Kowine. L’abbé Pierre qui était économe lui remit le montant envoyé à cette adresse, qu’il considérait naguère comme bien sans maître.
Dès le début de la nouvelle année, je m’étais donné à la réorganisation de la jeunesse par le football. Kayanza possédait des structures dirigées par papa Zacharie Ndambwe. Les maillots et même les ballons faisaient défaut et aucun mécène ne se présentait.
Après que les jeunes aient remis en bon état leur terrain, j’achetai une machine à coudre, deux ballons et des tissus. Daniel Nzuzi cousit les maillots.
Trois équipes de football avaient été constituées. Elles reçurent les noms de :
1° Bouger et Faire Bouger sous ma direction
2° Pamba (coton) sous la direction de “ capable ” Mawazo, l’agronome du lieu.
3° Vijana sous la direction du Préfet de l’institut Muungano
Les matches étaient programmés chaque dimanche et de ce fait le terrain de football devint un lieu de grande attraction. Le match entre Bouger et faire bouger contre Pamba connut la victoire de Bouger et Faire Bouger.
Pour la circonstance quelques fibres de coton furent brûlés à ma résidence sous les acclamations du public. Cela avait irrité “ Capable ” qui menaça de se retirer.
Le match Bouger et Faire Bouger contre l’institut Muungano connut le score de parité mais il y eut divers incidents.
Mes petits frères Joseph et Prophil qui étaient présents à Kayanza donnèrent des coups au Préfet de l’école et Président de l’équipe Vijana pendant que mon cousin Bienvenu qui soutenait l’équipe de l’institut m’avait énervé. Je menaçai de quitter Kayanza ce jour là. Joseph et Prophil rentrèrent la nuit à Mbulula avec les enfants.
Le lendemain, je vis le Préfet auquel j’offris du vin de palme que nous prîmes ensemble avec d’autres personnalités du village en guise de réconciliation.
Il ne se passa pas beaucoup des jours qu’à la veille du 30 juin 1985, le nouveau Commissaire de zone de Kongolo, le citoyen MUTSHIPAY KAMBULU vint me prendre pour m’amener avec ma famille à Kongolo, d’où un petit porteur me conduisit à Lubumbashi.