Chapitre 15. De l’invasion de ma résidence par la garde présidentielle et de mon assignation à Kayanza via Lubumbashi/ cachot de l’AND

Chapitre 15. De l’invasion de ma résidence par la garde présidentielle et de mon assignation à Kayanza via Lubumbashi/ cachot de l’AND

17 Nov, 2015

Protais-Lumbu

Texte tiré de l’ouvrage : PROTAIS LUMBU 4. «Mon apport dans le Triomphe de la démocratie multipartiste’ »

 

Protais-Lumbu21

Protais LUMBU MALOBA NDIBA, Président de l’UDPS. Ph. « femmefortes.com »

De retour de la permanence, après avoir reçu quelques visiteurs à l’extérieur, j’entrai dans la maison pour mieux lire à l’abri des regards suspects, le livre que j’avais amené. Connaissant ma parcelle surveillée, j’étais très méfiant et suspectais mes voisins tout comme le coke du bateau qui se trouvait sur la voie publique devant ma parcelle comme un endroit pouvant abriter les indicateurs.

La nuit vers deux heures du matin, j’entendis un bruit en provenance de la chambre qu’occupait mon visiteur Jean Mali ya Butoto. Celui-ci dialoguait avec quelques personnes qui se trouvaient sur la voie publique et qui lui demandaient d’ouvrir la grille.

Trouvant cela bizarre, je pris le livre de Nguz « Mobutu incarnation du mal » et le cachai dans un trou sous la baignoire, car pour moi, le pouvoir devait être informé de la présence de ce livre chez moi et qu’il voulait de nouveau m’arrêter.

A peine que j’étais rentré dans ma chambre, les soldats de la brigade spécile présidentielle sautèrent à mon grand étonnement de la clôture de la parcelle à la porte de ma chambre à l’étage. Je criais à tue tête pour alerter le quartier de mon agression par les bandits et demandai à ma famille de faire autant. Les soldats envahirent mes chambres qu’ils se mirent à perquisitionner avant de me demander de descendre au salon avec toute ma famille.

Mon visiteur, Jean Mali ya Butoto, qui avait déjà acheté ses marchandises et n’attendait que le vol d’avion pour Kindu se fit spécialement intimidé.  Pris de panique, il leur avait remis divers articles qu’ils plaçaient directement chez mes voisins.

En outre, ces envahisseurs se mirent à vider du congélateur la boisson que mon épouse vendait, mais aussi des poulets et poissons appartenant à mon voisin. Devenus ivres, ils se mirent à tabasser Jean Mali Ya Butoto et mon petit frère Martin et m’empêchèrent de me déplacer du salon. Je n’avais plus droit d’écouter la radio ou de voir la télévision. Toute  visiteur était retenu et maltraité. Il en avait été ainsi même de la citoyenne Commissaire de zone de Lemba, venue s’enquérir de la situation.

Excédé, je demandai aux militaires de m’exhiber les ordres de mission leur permettant de me réserver un tel traitement et menaçais de me plaindre auprès de leurs chefs pour tous les vols qu’ils opéraient, ce qui diminua leur ardeur et les fit rassembler un peu d’argent qu’ils avaient remis à mon épouse comme prix de la boisson consommée.

L’épouse du collègue Lusanga, Marie Nkongolo, l’épouse de mon oncle Prosper, Jacquie Ngalula Ebambi, en compagnie de sa petite sœur José, le photographe Mecho Haya en provenance de Kalemie, Mateso, Nicolas le fils de ma tante Suzane, Jacques Kilongozi, Astuke et même Jean Mali ya Butoto ne quittèrent ma parcelle qu’après leur avoir donné de l’argent !

Je refusai à Jean Mali ya Butoto de partir avec sa valise de peur qu’elle ne soit  vidée et promis de la lui apporter au village étant donné qu’il m’était apporté l’information selon laquelle, j’y allais être relégué.

Après trois jours de siège, mes enfants furent amenés à l’aéroport de Ndjili pour prendre le Boeing se rendant à Lubumbashi. Je fis ce jour connaissance du fondateur  Bossassi qui avait été amené à ma résidence  pour prendre avec moi et mon épouse le véhicule qui nous conduisit à l’aéroport de Ndolo.

Avant de quitter Kinshasa, je fis parvenir une note à mon voisin et frère Célestin Mwenge Mulaya pour lui demander de prendre possession de ma résidence. L’épouse de mon oncle Prosper m’empêcha de partir avec ses enfants qui se trouvaient chez moi depuis l’arrestation à l’And de son mari. Elle avait prétexté que mon oncle aurait encore plus de soucis dans son cachot s’il apprenait que ses enfants n’étaient plus à Kinshasa.

A l’aéroport de Ndolo, je vis le Président Kibassa et son épouse mais aussi le professeur Lihau. Il fut demandé aux fondateurs Lihau et Bossassi de prendre place abord d’un petit porteur pendant qu’avec mon épouse, mon bébé, le Président Kibassa et son épouse avions occupé l’autre petit porteur.

A la montée dans l’avion, mon épouse et celle de Kibassa se débrouillèrent pendant la fouille pour cacher le livre “ Mobutu, Incarnation du mal ” dans les langes de l’enfant. Le frigo, quelques poulets, poissons et boissons que j’avais pris pour voyager avec ne furent pas embarqués dans l’avion ni remis à ma résidence. Il m’avait été dit qu’ils allaient être transportés par le boeing.

A notre arrivée à l’aéroport de Luano, un véhicule  nous avait pris pour nous déposer au cachot de l’And/Lubumbashi où nous fûmes rejoints par nos enfants. Le frigidaire et autres biens abandonnés à l’aéroport de Ndolo, qu’on nous avait promis de nous faire suivre par le Boeing n’étaient pas là et n’avaient pas été remis à ma résidence de Kinshasa.

Le Commissaire urbain Koyagialo vint nous voir au cachot et promis de s’occuper de notre voyage à la destination respective indiquée.

Le lendemain, les épouses de nos collègues Kyungu et Sambwe vinrent nous visiter et c’est en vain que nous avions attendu leurs maris.

Mes sœurs Elisabeth et Eudoxie et mes frères Faustin et Etienne informés de ma présence vinrent aussi  me voir. Etienne fut interpellé par le Président Kibassa au sujet du dossier de ma maison de Kongolo pour lequel, je lui avais laissé de l’argent en août passé alors qu’il n’avait pas envoyé des documents comme prévu !

Après une seconde nuit au cachot de Lubumbashi, le citoyen Koyagialo me permit avec ma famille de rejoindre la résidence de ma sœur Elisabeth à la cité Gécamines « GCM » en attendant de voyager par train à Kongolo. Le fondateur Kibassa et sa famille restèrent quant à eux àl’And, d’où ils allaient voyager par véhicule pour leur destination.

Officiellement logée à la résidence de ma sœur Elisabeth à la cité GCM, c’est pourtant dans la proximité à la résidence de sa cadette Eudoxie que ma famille passait ses nuits.

Le Commissaire urbain prit l’habitude de venir me visiter en compagnie du Commissaire de zone de Kenia, le citoyen Mastaki Nyembo wa Bazila Mpuku, qui était de la même tribu que moi.

M’étant rendu quelques jours après à l’And, j’ y avais trouvé encore le fondateur Kibassa avec sa famille toujours en train d’attendre le véhicule. D’autre part, moi-même et ma famille nous ne prîmes pas le train le jour programmé parce que nous n’avions pas reçu les titres de transport.

Pendant mon séjour à Lubumbashi, Etienne m’offrit un mouton et me rassura de continuer les démarches pour l’obtention de mon certificat d’enregistrement de ma maison de Kongolo.

Quelques tentatives de ma récupération furent entreprises par le citoyen Koyagialo qui me demanda d’écrire une note au Président de la République pour qu’il me permette de rester à Lubumbashi au lieu de rejoindre mon village d’origine. Je lui demandai de me laisser réfléchir pendant un temps et me rendis compte que je continuais à résider à Lubumbashi malgré les départs des trains à Kongolo.

Invité à l’hôtel de ville pour lui remettre la note me recommandée, je refusais de m’y rendre et lui fis parvenir l’information selon laquelle assigné à résidence à Kayanza, je ne voyais pas comment le Président Mobutu qui avait pris cette décision pouvait me demander de lui écrire pour rester à Lubumbashi. Cette réponse le fit organiser mon voyage, mais hélas les émissaires qu’il avait envoyés tôt le matin pour amener ma famille à la gare avaient trouvé les cadenas aux portes de la maison supposée me loger et crurent à ma fuite.

L’alerte pour me rechercher fut donnée au Commissaire de zone Mastaki réputé pour ces genres des missions. Quelle ne fut sa satisfaction lorsqu’il se rendit compte que je ne m’étais pas enfui mais plutôt que je dormais dans une résidence autre !

Je quittai Lubumbashi après le 24 novembre 1983 avec ma famille et mon escorte composée de deux gendarmes abord d’un wagon de 3è classe du train ordinaire reliant Lubumbashi à Kindu. J’eus l’occasion de trouver à la gare de Likasi ma petite sœur Marie, son époux, leurs enfants mais aussi le citoyen Kitenge bin Makengo, cofondateur de l’UDPS. Mon entretien avec eux était suivi non seulement par les gendarmes mais aussi par les indicateurs de la police politique.

Parmi les cadres de la SNCZ qui étaient abord de ce train, j’aperçus mon ami d’enfance au collège Saint François de Sales, Zacharie Kambulu. Il me visitait de temps à autre chez mon oncle Ilonda Ya Mbundu au Bel air lors de mon bannissement à Lubumbashi en 1981. Zacharie me dit, avoir demandé au personnel du restaurant  de me servir à ses frais pendant tout mon voyage. Je ne le vis plus au-delà de Likasi et n’obtins aucun service du restaurant.

A la gare de Kamina, je rencontrai mon grand frère Athanase avec lequel je m’entretins  malgré la présence à proximité du Responsable de l’And du lieu qui  l’interpella aussitôt que le train avait quitté.

Le train atteignit enfin Kongolo au début du mois de décembre 1983. Il n’y avait pas de chambre vacante au guest-house, ce qui me poussa d’aller loger chez Jean Mali ya Butoto à qui je remis sa valise que je lui avais gardée à Kinshasa.

Les militaires qui m’avaient escorté entrèrent en contact avec les autorités de Kongolo qui décidèrent de m’acheminer directement à Kayanza. Je posai au Commissaire de zone le problème des frais de loyers non honorés des chambres du m guest-house de mon épouse par le citoyen Yuma, le responsable de l’And du lieu et exigeai son déguerpissement avant mon départ de Kongolo. Le Citoyen Mupatch  Kambol usa de toute son autorité pour  me satisfaire.

Je profitais de ma présence à Kongolo pour charger le gérant Ilunga Mukubo à effectuer un voyage à Lubumbashi en vue d’apporter de l’argent à  mon frère Etienne pour l’obtention du certificat d’enregistrement et demandai mon petit frère Lumbu Maloba Kichwanyoka à étudier à Kongolo tout en s’occupant du guest-house pendant l’absence du gérant.

Le Commissaire de zone de Kongolo prit avec lui les gendarmes de la zone pour m’accompagner à ma destination. Le véhicule s’arrêta à Mbulula à la résidence de mes parents où je rencontrai mon père, ma mère, mes frères et la famille de papa Sixte, le petit frère de mon père.

Informés de mon passage à Kayanza où je devais être banni, mes parents s’y opposèrent, arguant que comme la décision était celle de me ramener chez mes parents, c’est auprès d’eux à Mbulula, où ils résidaient que je devais rester.

Le Commissaire de zone insista à m’amener à la localité recommandée. Je dis à mes parents de ne pas s’inquiéter et de me laisser partir. Ma mère décida de m’accompagner. Le véhicule nous conduisit à la maison du chef de collectivité ad intérim de Bena Niembo, le citoyen MAFUTA,  qui fut prié de prendre place abord et ensemble, nous rejoignîmes mon village d’origine.

A suivre