7 Nov, 2015
Texte tiré de l’ouvrage : PROTAIS LUMBU 4. «Mon apport dans le Triomphe de la démocratie multipartiste’ »
Mon Déplacement de Luiza à Kinshasa via Kananga avait été caractérisé par la chaleur de l’accueil me réservé. A Kananga le pasteur Tshimanga avait logé ma famille et m’avait accompagné au dîner offert par le professeur Kalala tandis que la communauté shabienne de Kananga m’avait accordée une aide financière pour l’achat de mes billets d’avion pendant que le pouvoir hésitait encore sur ma destination. A Kinshasa, Maître Nyembo avait logé ma famille et avait accepté ma collaboration dans un cabinet d’avocat qu’il tenait avec Maître Lukamba au moment où l’UDPS par ses fondateurs et les membres du groupe de 8 avait contribué à faciliter les conditions de la maternité de mon épouse et m’avait attribué un logement sur avenue Lufira à Lemba/Foire.
Chargé d’organiser mon voyage vers Kananga, le Commissaire de zone de Luiza m’apprit que le Gouverneur lui avait demandé de m’amener auprès de lui. Le jour du voyage, il m’offrit une place dans la cabine et demanda à mon épouse de prendre place derrière. Je lui proposai de rester pour que mon épouse ait une place dans la cabine ou alors de conduire lui-même le véhicule et ainsi libérer le chauffeur. Le Commissaire de zone ne l’entendait pas de cette oreille et nous renvoyant chacun à prendre place derrière, nous ne nous étions pas entendus. Je refusai de voyager dans ces conditions et me mis à chercher d’autres moyens de locomotion.
Le docteur Bongeli qui voyageait le même jour pour Kananga abord du véhicule de l’office des routes ayant appris ce qui nous était arrivé proposa sa place dans la cabine à mon épouse et se mit derrière. Je laissai partir mon épouse et mes enfants et me mis à l’attente du véhicule de l’evêque programmé pour la même semaine.
Le jour venu, je quittai la maison, après avoir encouragé Joseph et Pacifique à bien terminer l’année scolaire. Monseigneur pria le “ Notre Père ” avant de donner l’ordre à son chauffeur de démarrer.
A notre arrivée à la mission de Nguena, il était midi. Nous entrâmes au couvent des sœurs où nous déjeunâmes. Il faisait déjà noir lorsque nous atteignîmes Kananga. Après l’avoir déposé, le véhicule me conduisit chez le pasteur Tshimanga où je rejoignis mon épouse. Avec le pasteur j’entrepris les démarches pour rencontrer les autorités régionales.
Le Gouverneur me reçut en présence de plusieurs notabilités de Kananga dont le citoyen Kabongo, membre du comité central qui y séjournait,
Il m’avait été dit que la région allait prendre en charge les frais de mon voyage de Kananga vers ma région d’origine le Shaba et plus précisément comme j’avais ma famille, ce voyage j’allais le faire par train. Je répondis que je comptais plutôt rejoindre Kinshasa avec ma famille et comme le pouvoir n’était pas en mesure de m’octroyer les billets de transport par avion, je demanderais à mon épouse de vendre ses bijoux et ses pagnes pour nous en procurer.
Le vice-Gouverneur SWANA me confia que “ la région allait finalement me procurer des billets par avion pour moi-même et ma famille pour rejoindre Lubumbashi mon chef lieu de région. Comme il n’y avait pas de vol direct, c’est via Kinshasa que je devais passer ! ” En outre, ordre fut donné au protocole pour me faire loger dans un hôtel et me nourrir. J’acceptais d’être logé dans un hôtel autre que l’Atlanta où les bruits selon lesquels quelqu’un avait reçu mission de m’empoisonner m’étaient parvenus.
Le pasteur Tshimanga continua à veiller sur ma nourriture et m’accompagnait répondre aux invitations. Je fus reçu par le professeur Kalala Constantin, mon ancien professeur des mathématiques à la propédeutique de l’université officielle du Congo à Luluabourg en 1969-1970 et homme très acquis au changement. Il s’entretint longuement avec moi sur le parti et ses dirigeants dont ceux originaires du Kasaï occidental. Il chercha à s’assurer sur l’appartenance du citoyen Lwakabwanga dans le parti, étant donné que chaque fois qu’il avait tenté d’aborder les sujets du parti avec ce dernier, il semblait remarquer qu’il n’était pas intéressé.
La communauté shabienne de Kananga m’avait rencontré. Elle m’avait offert son aide financière dans mes difficultés de transport. Son Président, le citoyen Kitenge, un Yashi de la zone de Kongolo m’apprit que le vice-Gouverneur était originaire du shaba et se joignait à la communauté pour me souhaiter un bon retour au Shaba.
Le jour anniversaire de mon épouse, le 5/06/1983, qui était la veille de notre départ de Kananga toute ma famille déjeuna à l’hôtel Atlanta.
A l’aéroport j’avais été accompagné par le pasteur Tshimanga et par le dirigeant régional de la JMPR, le citoyen Mulimbi Tshikontwe Esrom.
Je choisis à mon arrivée à Kinshasa, de rejoindre la résidence de Nicostrate. Ayant été mon avocat, je considérais qu’il serait plus compréhensif de m’accueillir sous son toit par rapport à d’autres dont ma qualité d’opposant leur effrayait.
Effectivement Me Nyembo Nicostrate me logea chez lui à Lemba/Terminus, juste derrière le marché. Il y vivait avec son amie Astrid, leur fille Karin et son petit frère Polycarpe.
Deux préoccupations auxquelles je devais trouver solutions dès mon arrivée furent ma survie par l’exercice de profession d’avocat et la santé de mon épouse qui était à terme.
En ce qui concernait ma situation professionnelle, le Cabinet Lukamba et Nyembo me réouvrit ses portes et sans tarder, je me mis en contact avec l’ordre, d’abord avec le bâtonnier et ensuite avec le conseiller chargé des finances à qui j’écrivis en date du 14 juin 1983, la lettre dont le contenu suit :
Maîtres Kinshasa, le 14 juin 1983.
– NYEMBO
– LUKAMBA
Avocats près la Cour d’Appel Au conseiller de l’ordre Chargé
B.P. 177 Kinshasa/Limete des finances et cher confrère
Résidence Rwindi Kinshasa/Gombe.
Rez de chaussée Kinshasa/Gombe
Réf : CAB/00235/NYA/NS/83
Concerne : cotisation. Mon Cher confrère,
Revenu à Kinshasa le 6 juin 1983, je me suis rendu compte que mon nom ne figurait pas au tableau de l’ordre du barreau de Kinshasa pour l’année judiciaire 1982-1983.
Ayant pris rendez-vous avec le bâtonnier pour savoir la cause, il m’a été informé ce 13/06/1983 que c’est parce que je n’avais pas versé la cotisation pour l’année en question et aussitôt que je le ferai mon dossier sera remis en ordre.
En effet, faisant partie du groupe de 13 parlementaires condamnés en juin 1982 pour atteinte à la sûreté de l’Etat, j’avais été placé dans l’impossibilité de verser ma cotisation et c’est par suite de l’amnistie décrétée le 19 juin 1983 que je me retrouve libre. (voir en annexe la photocopie de la fiche de libération)
Je vous prierais dès lors de recevoir ma cotisation (750 zaïres) pour l’année judiciaire 1982-1983 et vous informe par ailleurs que je suis au Cabinet NYEMBO AMUMBA et LUKAMBA OM’OKOKO.
Dans l’attente d’une suite favorable, je vous prie d’agréer, cher confrère, l’expression de mes sentiments distingués.
Maître LUMBU MALOBA NDIBA
Avocat près la Cour d’Appel.
Signé
Le Trésorier de l’ordre me répondit dès le 14 juin 1983 par la note suivante :
ORDRE DES AVOCATS Kinshasa, le 15/06/1983.
PRES LA COUR D’APPEL
Barreau de Kinshasa
Secrétariat
N/Réf : 83/D.ORDRE/1.767/KN/MM Maître LUMBU MALOBA
Avocat à la Cour
Objet : votre cotisation. Kinshasa/Gombe
Mon cher confrère,
J’ai reçu votre lettre du 14 juin 1983 ainsi que la somme de Z 750 en règlement de votre cotisation et votre participation à la caisse de solidarité pour l’année 1982-1983.
Je vous informe qu’en sus de Z 750 vous devez verser Z 250 de droit de réinscription étant donné que vous ne figurer plus sur la liste des stagiaires.
Votre bien dévoué.
Le Trésorier de l’Ordre
KISIMBA NGOY
signé
Une quittance me fut délivrée.
N° 35 BP Z……750………
Reçu de Maître LUMBU MALOBA
La somme de sept cent cinquante zaïres, pour cotisation et participation à la caisse de solidarité pour l’année judiciaire 1982-1983.
Kinshasa, le 14 juin 1983.
Signé.
A la lettre du Trésorier de l’Ordre, je réservais la réponse suivante en date du 21 juin 1983.
Après le règlement de ma cotisation et participation à la caisse de solidarité pour l’année 1982-1983, vous m’informez par votre lettre du 15 juin que je dois verser encore 250 zaïres de droit de réinscription.
J’aimerais bien vous faire savoir que ce problème de payement d’une amende en vue de ma réinscription avait été abordé lors de l’audience que m’avait accordée le Bâtonnier en date du 13 juin 1983 et des assurances m’avaient été faites par lui, pour sa participation en ma faveur sur ce point. Je vous prierai donc de le contacter.
Le Cabinet Nyembo et Lukamba m’apporta tout l’encadrement nécessaire. Je mis à sa disposition le signataire que j’avais acheté en 1979 lors de mon passage à Paris et une table que je m’étais procurée auprès de FNMA et que j’utilisai dans le bureau de Me Nyembo.
L’Ordre des avocats ayant organisé une série des conférences auxquelles avaient participé plusieurs invités dont un avocat sénégalais de renom. Je me fis remarquer auprès des confrères tant à l’hôtel Invest, qu’à la salle Internationale des affaires étrangères ou à Matadi Mayo, à la résidence du Bâtonnier Mukendi Wa Mulumba.
J’avais eu aussi l’occasion de m’entretenir avec Mme PINGS de l’ambassade des Etats-Unis, ce qui ne plut pas au pouvoir, qui mit en collimateur le cabinet dont je faisais partie et se mit à faire pression sur Me Lukamba afin qu’il mette fin à notre collaboration.
Je posai au Bâtonnier mon problème d’inscription au tableau par ma lettre du 28/10/1983 dont le contenu suit :
Me référant à l’entretien que j’ai eu avec vous le 13/06/1983 au sujet de la régularisation de ma situation d’Avocat après la loi d’amnistie du 21/05/1983 dont j’ai été bénéficiaire, vous m’avez répondu en ce qui concerne ma réclamation d’inscription au tableau que je devais subir d’abord un test.
En effet, ayant prêté serment le 16/06/1978, j’ai eu, Me Yoka Mangonocomme patron de stage et vous ai indiqué par ma lettre n° CAB/0031/LM/MS/82 dont copie en annexe, de quelle manière j’ai passé mes deux années de stage.
Si l’ordonnance n° 68/247 du 10 juillet 1968 créant le barreau tout comme celle en vigueur exigent l’accomplissement de deux années de stage, le conseil de l’Ordre des avocats près la Cour d’appel de Kinshasa recommande aussi le passage d’un test avant d’être inscrit au tableau.
Ayant effectué régulièrement mon stage pendant deux ans soit du 16 juin 1978 au 16 juin 1980, je serais déjà inscrit si mon patron de stage s’était soucié de moi.
Je vous prierais dès lors d’appliquer la proposition que vous m’aviez faite le 13/06/1983, qui était de me faire subir un test sans attendre l’organisation des cours et une session qui se fait attendre.
Dans l’attente d’une suite favorable, je vous prie de croire, citoyen Bâtonnier, l’expression de mes sentiments distingués.
LUMBU MALOBA NDIBA
Avocat près la Cour d’appel.
Comme mon épouse était à terme, je ne tardai pas à me présenter avec elle aux cliniques universitaires où elle fut immédiatement admise en observation.
En effet, après ce trop long voyage de Luiza-Kinshasa via Kananga, sa tension était élevée et ses pieds gonflés ! Elle y séjourna jusqu’après qu’elle ait mis au monde un garçon en date du 16 juin 1983. Pendant son hospitalisation, elle avait bénéficié de l’encadrement de mesdames Mbayo et Mulefu qui avaient leurs résidences au Plateau de Professeurs.
Le nouveau né reçut les noms de LUMBU MALOBA NDIBA Protais. Il était mon homonyme et devint Junior à cause de ma crainte d’innombrables risques qui m’exposaient à un éventuel décès. Le surnom de Victoire lui avait été attribué en souvenir de mon emprisonnement à 15 ans auquel je n’étais pas arrivé à terme, parce que la dictature avait échoué de s’imposer sur les idées de la promotion de la démocratie. C’était donc la victoire de l’UDPS.
Les fondateurs Kibassa, Tshisekedi et Makanda venaient me visiter régulièrement. Le Groupe des huit « G 8 » constitué de Léon MUNTUNTU, EN FAVEUR DE QUI, MPAY etc…proche du fondateur Makanda m’avait apporté une demi-douzaine de couches pendant que le citoyen MPINDU BWABWA qui faisait le trésorier du parti m’avait versé des arriérés des dons.
A suivre