De mon arrestation et de ma détention(Chap. 6, 7 et 8)

De mon arrestation et de ma détention(Chap. 6, 7 et 8)

16 Oct, 2015

Texte tiré de l’ouvrage : PROTAIS LUMBU 4. «Mon apport dans le Triomphe de la démocratie multipartiste’ »

Protais-Lumbu21

Protais LUMBU MALOBA NDIBA, Président de l’UDPS. Ph. « femmefortes.com »

 

Chapitre 6. De mon arrestation, ma détention et la première goutte du sang versé par l’UDPS

Nous passâmes quelques heures à la région militaire avant d’être acheminés au T 2, cachots très célèbres à Lubumbashi  où on torture les détenus et même les tuer.

Le Président Kibassa fut amené à une cellule individuelle alors que moi-même,  les fondateurs Kyungu et Lusanga fûmes introduits dans une cellule collective, où, nous avions rencontré quatre détenus. Kyungu ne tarda pas à s’endormir et même à ronfler alors qu’avec Lusanga nous réfléchissions sur ce qui venait de nous arriver.

Le matin, les militaires avaient pris un à un  les quatre codétenus pour les fouetter d’abord puis  leur demander de cogner au mur jusqu’à ce que le sang commence à couler et enfin un soldat nommé LUAMBA qui se disait sergent originaire de Bandundu, celui-la même, qui la nuit avait tiré lors de notre arrestation alors qu’il était sous les ordres de SENGI qui disait être un adjudant chef m’interpella en disant, “ vous le barbu, c’est votre tour maintenant. Vous aviez trop parlé hier.” Il me pria de sortir de la cellule, ce que je refusais. Il ordonna alors aux autres détenus de sortir de cette cellule. Les collègues Kyungu et Lusanga par solidarité à moi refusèrent de s’exécuter.

Entretemps un capitaine s’appelant KOSSINGO entra dans la cellule. Je lui expliquai que j’étais objet de menaces par les militaires qui voulaient me torturer et porter ainsi atteinte à mon intégrité physique alors que j’étais Commissaire du peuple et Avocat. Le capitaine ne répondit pas. Quelques minutes seulement après sa sortie du cachot, les militaires s’y introduisirent pour me faire sortir de force tout en me frappant. Je me débattis et échangeai des coups avec eux, jusqu’à ce qu’ils aient emporté sur moi à cause de leur nombre et m’aient amené hors de la cellule. Ils me ligotèrent aux poings et aux pieds avec leurs cordelettes et se mirent à frapper tout mon corps pendant qu’un d’eux m’étouffait. Je pleurais de toute ma voix pour alerter tout le milieu environnant et me faire entendre par mes collègues. Un des soldats n’assenait ses coups de poings que dans mes yeux.

A un moment donné, ils me délièrent de leurs cordelettes et me placèrent seul dans une cellule où le sergent Lwamba m’apporta de l’eau pour me laver. Il ne se passa pas beaucoup de minutes quand ils vinrent me prendre pour m’amener dans un bureau où je trouvais le Président Kibassa entrain de parler de ma torture au Général Yoka Essale. Le capitaine Kossingo présentait au Général un soldat vêtu en civil en justifiant que je m’étais attaqué à lui et avais déchiré sa tenue militaire, raison pour laquelle ses collègues s’étaient pris à moi.

Le Général Yoka qui s’était écrié en me voyant « il est abîmé comme çà ? », dit avoir causé avec le Gouverneur qui lui avait dit de n’avoir reçu aucun ordre de nous arrêter et que par conséquent nous devrions être relâchés. Le Capitaine Kossingo voulait absolument verbaliser le Président Kibassa pendant que le Général insistait sur la libération qui devait être immédiate. Libérés, plusieurs militaires vinrent nous saluer à notre sortie. Personnellement je ne répondais pas, j’avais des blessures partout et mes yeux étaient pleins de sang.

Je vis à la sortie, ma cousine Générose Ilonda qui était avec l’épouse Kyungu et ensemble avec mes collègues, nous nous arrêtâmes à la résidence du citoyen Sambwa ou un repas nous avait été préparé.

Rentré à la maison au Bel air, je gardais le lit, le 9 et 10 mars 1982 pendant que mes collègues s’étaient rendus à Kipushi et continuaient à sensibiliser la population à adhérer à l’UDPS, à telle enseigne que les bruits s’étaient répandus dans tout Lubumbashi qu’un meeting allait être organisé à la place de la poste avant notre retour à Kinshasa.

Je n’allais pas quant à moi retourner à Kinshasa mais plutôt poursuivre  mon voyage à Kongolo pour rejoindre mon épouse et mes enfants.

Le soir du 11 mars 1982, je passai à la résidence du citoyen ILUNGA BINENE afin de rejoindre mes collègues avec lesquels je devais répondre à une invitation qui nous avait été adressée par les enfants KOMICHELO. J’arrivai un peu en retard car ils partaient déjà pour une autre invitation à la résidence de PUNGU MULENDA Gustave, un cadre de Gécamines, cousin du Président Kibassa chez qui nous devrions entrer en contact avec les dirigeants de la communauté de Kivu. J’appris là-bas que de Kinshasa un message était venu de nos collègues fondateurs pour la poursuite des négociations et que Freddy avait refusé de prendre place abord d’un avion qui lui était présenté préférant prendre le vol régulier. Peu après minuit, il se chuchotait entre nous qu’un message par lequel l’ordre était donné pour que le Président Kibassa soit acheminé à Kinshasa par le jet de la Gécamines était capté à Lubumbashi et que toutes les dispositions étaient déjà prises.

Le succès immense obtenu en un rien du temps au Shaba dans le cadre de la vulgarisation de l’UDPS tel qu’il avait été rapporté par la presse internationale dont l’associated press, avait effrayé le Pouvoir qui prit des mesures d’éloignement à l’encontre de nos interlocuteurs du pouvoir qui avaient accepté de négocier avec nous. Le citoyen Vunduawe perdit son poste de Vice Premier Commissaire d’Etat et Commissaire d’Etat aux Affaires Politiques et Décentralisation et fut accusé dans l’affaire des débits d’office pendant que le Conseiller diplomatique Ngbanda avait été nommé ambassadeur à Tel Aviv.

En outre, le Président Mobutu fut un meeting dans lequel, il rejeta la création du second parti politique  et imposa le monopartisme par les slogans «  Parti bo,  moko ; Mama bo, moko ; Tata bo, moko ; Bokonzi bo, moko » qui furent cités à la radio et à la télévision avant les informations.

Chapitre 7. De mon arrestation, ma détention et mon transfert à Kinshasa par l’Agence Nationale de Documentation/ Lubumbashi,

Rentré à la maison, j’arrangeai ma valise et informai la famille de l’évolution de la situation. Les doutes étaient énormes sur ma possibilité d’atteindre le lundi, jour où je devais prendre mon vol pour Kongolo.

Peu avant cinq heures du matin, on frappa à la grille et quelques minutes après ma José m’annonça qu’on était venu me chercher. En effet, je vis les soldats  avec mon collègue Kyungu. Me sachant bientôt en état d’arrestation, j’écrivis rapidement une note à mon épouse dans laquelle je lui expliquai ce qui m’était arrivé et lui demandai de s’occuper des enfants au lieu de se tracasser sur mon sort. Je laissai aussi à ma José un peu d’argent pour mon épouse et une pièce de wax hollandais que je lui avais acheté à Kinshasa.

Me présentant enfin devant les soldats, l’agent de l’AND me mit dans le véhicule qui nous conduisit droit au cachot de l’AND/Lubumbashi. Le soldat qui m’accueillit me brutalisa dans ses manières de faire la fouille corporelle pendant que Kyungu protestait.

Je vis les filles Kamichelo qui s’empressèrent de nous dire qu’elles étaient là pour un autre motif et que jamais nous ne devions parler de notre soirée chez elles. Peu de temps après Lusanga fut aussi amené.

Vers huit heures, maman Gabrielline Kyungu vint avec le thé. La nouvelle de notre transfert à Kinshasa par le régulier d’air Zaïre et de l’expédition tôt le matin par petit porteur du Président Kibassa circulait.  On nous apprit que la région militaire arrêtait aussi nos sympathisants dont le citoyen Kyungu Mukanke, le neveu de Kibassa et entretemps le citoyen Sambwa fut aussi introduit dans notre cachot.

Peu après midi, le véhicule nous amena à l’aéroport de Luano où nous fûmes embarqués dans le DC 10 d’air zaïre.

 A Kinshasa, nous fûmes cueillis dès les escaliers de l’avion et placés dans une jeep. Les gendarmes mobiles nous amenèrent au quartier général de l’AND à Gombe, Avenue de 3 Z, où nous fûmes accueillis par un lieutenant qui nous mit dans trois cellules collectives différentes. Le Président Kibassa était déjà là,  à la cellule de femmes.

La cellule n° 3 dans laquelle j’étais placé était  moins grande que les autres. Pleine à craquer, le chef de cellule me montra un matelas que je devais partager avec un métis qu’on disait être parent de Seti. Ordre me fut donné pour que je me présente et m’explique devant les codétenus, de ce dont j’étais accusé. Le chef de cellule jouait lui-même le rôle de Procureur Général.

Les codétenus m’avaient écouté avec beaucoup d’admiration et me vouèrent du respect inconditionnel. Enfermés du dehors par le chef de poste, un vase servait à contenir nos besoins, grands et petits. Il faisait tellement chaud que nous n’avions sur nous que les sous culottes.

Le matin, les portes furent ouvertes pour nous permettre d’aller à la toilette et prendre bain. Tout était collectif à telle enseigne qu’il fallait faire vite pour laisser la place aux autres. Nous nous lavions dans les WC en piétinant  parfois les matières fécales qui se répandaient

Quelques minutes seulement nous étaient accordées pour prendre un peu d’air hors de la cellule. Je me mettais en contact avec mes collègues Lusanga et Kyungu. Le Président Kibassa ayant été gardé du côté de cellules des femmes pour y accéder, il fallait donner de l’argent aux surveillants. Kyungu le faisait souvent.

Deux jours après notre arrestation, le collègue Lusanga m’informa à notre rencontre matinale qu’il y avait un docteur qui venait d’être arrêté et qui se disait être de l’UDPS.

Nous décidâmes de le rencontrer. Il nous dit qu’il s’appelait BIRINDWA et que c’est à la résidence du citoyen Tshisekedi qu’il avait été arrêté après l’avoir rencontré et qu’à cette occasion, le document de recueil des signatures d’adhésion à l’UDPS qui lui avait été remis avait été saisi. Nous apprîmes ainsi que Tshisekedi était placé sous résidence surveillée.

Ce nouveau venu était plein d’initiatives. Il nous suggéra de ne pas perdre le temps et de profiter de ce temps où nous étions ensemble pour organiser le parti. Il griffonna sur un papier à faire sortir une proposition de la composition du Comité exécutif.

Marié à une italienne, il recevait régulièrement de son épouse des aliments qu’il prenait seul étant donné qu’il ne mangeait pas les nourritures zaïroises que nous recevions des épouses de nos collègues. C’est aussi auprès de nos collègues que nous avions reçus des matelas, draps, pyjamas et autres nécessaires.

En retournant les ustensiles de son épouse, Birindwa y avait mis une note. Cette correspondance fut saisie et ses propositions de la composition du comité furent considérées comme le projet de gouvernement. Il lui était demandé d’aller signer ce document versé dans son dossier pendant qu’il s‘acharnait à expliquer que ce n’était pas son problème individuel et qu’il s’agissait des propositions qui avaient été faites par tout le groupe UDPS se trouvant au cachot. Malgré quelques méfiances que nous avions à son égard, nous étions cependant obligés de garder contact avec lui à cause de sa sympathie vis-à-vis de nous.

Dans la même cellule que Birindwa il y avait un autre docteur, aussi sympathique que lui qui s’appelait Nawej Kandolo.

Avant qu’une semaine ne s’écoula le fondateur Tshisekedi fut amené à l’AND. Le lieutenant lui désigna son bureau pour passer la nuit pendant que les journées il restait dehors.

Extraits un jour de cachots, nous avions été amenés au bureau de l’AND, situé sur l’avenue de la Justice près du bureau de la zone de Gombe, où, nous avions été entendus séparément par une commission composée de citoyens Atenda, Pelendo, Bolozi, Ngbanda et Habarugira.

Plusieurs questions m’avaient été posées autour de notre séjour à Lubumbashi. Je répondis sans gêne surtout au sujet des informations que nous avions eu au sujet des tueries au T 2 et des cadavres jetés dans un trou sur la route de Kasumbalesa.

Certains parmi nous avaient été reçus à plusieurs reprises par la commission pour raison de confrontation.

Suite à mon état de santé, le citoyen Atenda avait donné les ordres nécessaires pour mon examen par un ophtalmologue, étant donné que mes yeux continuaient à saigner depuis ma torture du 8 mars au cachot du T2 à Lubumbashi.

Je ne fus pas autorisé d’être examiné en dehors du cachot de l’AND, c’était plutôt un médecin qui vint me consulter. Une partie des médicaments prescrits m’avaient été livrés et quelques piqûres d’antibiotiques m’avaient été injectées. Je ne finis cependant pas la cure parce qu’il m’avait été dit peu après qu’il n’y avait plus des produits pharmaceutique et qu’il fallait attendre qu’on m’en fournisse d’autres, ce qui n’avait pas été fait.

Lorsque la commission finit de rédiger son rapport, nous fûmes de nouveau amenés à l’avenue de la Justice pour signer les procès verbaux. Le matin du 27 mars 1982, nous fûmes extraits du cachot de l’AND pour la prison de Makala via la Cour de Sûreté de l’Etat, situé sur l’avenue du 24 novembre, face au camp militaire Kokolo.

Chapitre 8. De ma détention à la prison centrale de Makala pour l’affaire Ministère Public contre Kibassa et consort

 Ma détention préventive à Makala avait été marqué par les conditions de détention au pavillon 8, le déroulement de l’instruction pré-juridictionnelle, l’internement  au pavillon 8 des sympathisants de l’UDPS arrêtés au Shaba et d’autres fondateurs, la comparution à la Cour de Sûreté de l’Etat et la condamnation.

Extraits du cachot de l’AND/Gombe le 27 mars 1982, nous avions comparu tous les cinq devant les avocats généraux près la Cour de sûreté de l’Etat qui avaient signés les mandats de dépôt avant notre internement à la prison centrale de Makala. Pour éviter les curieux le véhicule qui nous avait transportés entra dans le camp Kokolo pour ressortir à une autre issue plus loin.

A Makala, le directeur de la prison et ses collaborateurs nous accueillirent dans leurs bureaux où nous remplîmes les formalités nécessaires avant de nous conduire au pavillon 8 où nous fûmes placés au rez de chaussée chacun dans sa cellule équipée du lit sans matelas. Il y avait d’autres détenus tant au rez de chaussé qu’à l’étage. Je me servis du matelas et draps que j’avais reçus à l’AND auprès de nos collègues.

Les mois d’avril, mai et une partie du mois de juin avaient servi à l’instruction pré-juridictionnelle. Entre temps au Shaba les enquêtes préliminaires se poursuivaient et plusieurs sympathisants furent placés en état d’arrestation.

Si nous les quatre fondateurs arrêtés à Lubumbashi et transférés à Kinshasa l’avaient été à cause des meetings tenus, il avait été reproché au fondateur Tshisekedi, d’avoir détenu les documents constitutifs d’un parti politique non constitutionnel saisis dans les mains de son visiteur Birindwa.

L’instruction pré-juridictionnelle s’était déroulée à la prison centrale de Makala, il en avait été aussi de la confirmation de la détention préventive.

Je comparaissais personnellement auprès de l’Avocat Général Paluku dans cette affaire Ministère Public contre Kibassa Maliba et consort. Ce dernier au-delà de ses interrogations sur mon emploi du temps au Shaba, s’attardait sur le contenu de mes déclarations et notamment sur le sens que je donnais à la phrase   “ Le MPR est comme un moteur grippé ” que j’avais prononcée pendant les meetings.

M’ayant demandé de signer le procès verbal à la fin de l’instruction, je remarquais qu’il n’avait pas fait allusion à mes déclarations concernant les négociations qui avaient eu lieu avec les représentants du Pouvoir. Ayant refusé de signer ce procès verbal parce que ne contenant pas certaines de mes déclarations que je jugeais capitales, il s’irrita et me menaça avant de me laisser partir. M’ayant convoqué un autre jour pour la confrontation avec certains sympathisants venus du Shaba, il corrigea le procès verbal selon mon souhait et cette fois- là, J’acceptai de le signer.

Aussitôt que nous étions déplacés de l’AND/Gombe pour la prison centrale de Makala, nous y avions été remplacés par les sympathisants arrêtés à Lubumbashi qui après, nous avaient rejoints à Makala. Ils étaient venus par groupe. Le premier groupe était composé de citoyennes et citoyens Meta Mutombo Mudiay, Mangabu Fwamba, Sambwa Dianda, Kyungu Mukanke, Fataki, Mumba Kileya, Kasongo Numbi, Kabule Dimitri, Kabalu, Kalenga, Kayembe Mitonga, Pungu Mulenda Fabrizi, Mulanda, Mutombo, Tshipama, Kyoni, Tshiala en provenance de Lubumbashi, le deuxième groupe comprenait les citoyens Muta Mutaba, Musaka, Galao, Kitenge-bin-Makengo, Katompa, Katempa Mulume de Likasi et Kipushi enfin, nous avions été rejoints par des personnes que nous trouvions suspectes pouvant être des indicateurs, qu’étaient Prosper Kalonji et  Kitule Lumbwe.

Alors qu’avant nous avions occupé le hall du pavillon 8 et les autres détenus l’étage, l’arrivée de nos sympathisants du Shaba nous fit occuper entièrement le pavillon 8. Tous les prisonniers de conditions aisées qui y étaient détenus furent envoyés dans les autres pavillons. Le gouverneur du pavillon, le major Bakende avec lequel nous commencions à avoir beaucoup de démêlées  parce que nos sources de l’extérieur avaient annoncé qu’il était chargé d’empoisonner le collègue Tshisekedi s’en alla aussi. Il fut remplacé en qualité de gouverneur par Kyoni Kya Mukende.

Il ne resta au pavillon 8, en dehors des membres de l’UDPS que les membres de MNUR/Mbeka dont monsieur Kambu était à couteaux tirés avec  un papa qui avait ses deux enfants : Ceux-ci étaient déjà condamnés à 2 ans de SPP pour avoir créé un parti politique.

Toute l’alimentation reposait entièrement sur nous-mêmes. La direction de la prison avait mis à notre disposition quelques détenus du droit commun condamnés à longue durée pour s’occuper de la propreté de nos locaux et toilettes mais aussi pour préparer nos aliments. Le déjeuner était préparé dans la prison ; mais le repas du midi venait entièrement de l’extérieur.

Mon épouse n’ayant pas été à Kinshasa, c’est l’épouse du collègue Ngalula, la maman Georgette Ntota Laba qui m’amenait chaque jour le repas. Elle me demandait aussi régulièrement mon état de besoin.

Je reçus une fois, Louise, la fille de papa Benoît Tambwe et une autre fois la combattante Yuba… Je recevais de l’extérieur les produits pharmaceutiques que je demandais pour soigner mes yeux. De temps à autre, je me rendais au dispensaire de la prison que la Croix Rouge s’efforçait d’entretenir.

C’est entre midi et quinze heures que nous recevions les repas de nos visiteurs et en groupe nous nous mettions à table.

Les dimanches, nous assistions à la messe organisée dans notre pavillon avant de nous présenter auprès des visiteurs.

Lorsque nos sympathisants de Lubumbashi furent amenés et que plusieurs n’avaient pas de familles à Kinshasa, nos collègues à l’extérieur s’organisèrent pour nous envoyer plus d’aliments et plus de personnes pour nous visiter.

L’eau potable venait aussi de l’extérieur. L’épouse du collègue Tshisekedi amenait en même temps que l’eau, de la bière que nous appelions “ la penta sauvage.” Quelques fois de l’intérieur on envoyait des surveillants ou des militaires nous chercher la penta. Elle coûtait alors le double voir le triple de son prix normal à cause de payement des taxes de douane. L’argent envoyé était détourné souvent.

Je passai le plus de temps possible le matin en train de lire les livres et revues amenés par les visiteurs ou les religieuses et j’écoutais les informations et différents programme à la radio. Les après midi je jouais au dame, au jeu de 6 ou même au ping pong. Les soirs nous réfléchissions ensemble sur nos conditions et analysions les différentes informations recueillies. Nous prenions les décisions d’organisation que nous rédigions et formions nos sympathisants avant de nous livrer à la penta.

De la prison notre organisation permit la rédaction d’un journal qu’on faisait imprimer et diffuser à l’extérieur.

En prenant directement des décisions en prison nous voulions ainsi éviter tout blocage au niveau de l’implantation du parti qui pourrait être occasionné par la réduction au silence des fondateurs libres mais matraqués par le pouvoir.

De la prison, le voyage du professeur Dikonda pour l’Europe où il devait aller s’occuper du parti fut décidé. Le collègue Tshisekedi supporta le financement du billet pendant que la fille du doyen Ngalula s’appelant Marie Claire s’occupa de son installation.

Le pouvoir soupçonna les fondateurs Makanda et Ngalula de continuer à implanter le parti. Il arrêta d’abord Makanda qui s’estima heureux de nous rejoindre, étant donné qu’il se trouvait plus en insécurité à l’extérieur. Quelques jours après, le doyen Ngalula nous rejoignit. Il fut accueilli dans une grande joie à telle enseigne que le collègue Makanda demanda pourquoi il n’en était pas ainsi à son arrestation. Je pense quant à moi que la raison était que plusieurs sympathisants kasaïens arrêtés à Lubumbashi étaient de l’obédience de Ngalula. Le voyant en prison, ils se sont tranquillisés en se disant qu’ils ne s’étaient pas trompés en suivant les fondateurs katangais.

Lors de la coupe du monde, le collègue Makanda fit enter un post téléviseur qui nous permit de suivre les différents matches.

A suivre