2 Déc, 2014
Ma difficile conciliation de ma qualité de fondateur d’un parti politique d’opposition à celle de mandataire d’une Entreprise Publique
Dans ce volume sera abordée la manière dont j’avais concilié ma qualité de Fondateur d’un Parti politique d’opposition à celle d’Administrateur Délégué Général Adjoint d’une entreprise publique, au moment où le parti avait connu sa restructuration, après la libéralisation du 24 avril 1990, dans une atmosphère de la guerre de leadership, qui l’avait amené petit à petit à sa dislocation.
Paragraphe 8. LES PRISES DE POSITION ET LES CONFERENCES DE PRESSE,
L’UDPS, principalement par la bouche de son membre de directoire KIBASSA MALIBA avait tenu beaucoup de conférences de presse et avait prit régulièrement position devant certains problèmes.
D’ordinaire les journalistes étaient invités à la permanence du parti où ils trouvaient aussi beaucoup de combattants. Si le Président KIBASSA lisait le document préparé, en ce qui concerne le jeu de question réponse, tous les autres membres de directoire, les fondateurs ou autres hauts cadres du parti y participaient. Ci-dessous le contenu de cinq conférences de presse et prises de position qui avaient eu un impact significatif à savoir :
1° la prise de position de l’UDPS sur quelques problèmes du moment au lendemain de la conférence de presse du candidat MOBUTU, le 14 septembre 1990 à Goma ;
2° la conférence de presse tenue le 18/02/1991 pour protester contre l’arrestation du membre de directoire Etienne TSHISEKEDI à Bruxelles.
3° la conférence de presse tenue le 9/03/1991 pour dénoncer la rencontre de Nsele entre le Président Mobutu et les partis d’opposition.
4° la conférence de presse du jeudi 27 juin 1991 sur l’attentat du 17 juin 1991 contre le directoire de l’UDPS – répression violente et barbare de la marche des combattants de l’opposition à Lubumbashi et à Kinshasa.
5° la conférence de presse tenue le 30 août 1991.
La prise de position de l’UDPS sur quelques problèmes du moment au lendemain de la conférence de presse du candidat Mobutu, du 14 septembre 1990 à Goma.
1.– S’agissant de l’occupation militaire du Shaba suivie des tueries des citoyens innocents en date du 11 septembre 1990 :
1) l’UDPS exige le retrait immédiat et inconditionnel de toutes les troupes envoyées au Shaba depuis le 24 avril 1990, et dont la mission est de terroriser la population en perpétrant des enlèvements et des tueries en plein jour.
2) l’UDPS exige en outre un châtiment exemplaire pour KOYAGIALO et pour tous ceux qui ont participé aux massacres des étudiants du Campus Universitaire de la KASAPA y compris le commanditaire de ces massacres et ceux qui viennent d’assassiner plusieurs personnes dans la zone de Kenya, en date du 11 septembre 1990.
2.- S’agissant de la situation générale du pays caractérisée par des grèves de tous genres accompagnés des violences perpétrées sur les petits écoliers de l’enseignement maternel, primaire et secondaire par la police politique de monsieur MOBUTU.
1°Grèves :
L’UDPS est indigné de constater que le pouvoir est incapable d’appréhender les causes réelles de toutes ces grèves qui sont :
1) La non concrétisation de la liquidation effective du reste des organes du défunt parti-Etat : (la Présidence, le Conseil Législatif, les organes délibérants et politico-administratifs de la territoriale)
2) Le fait de ne pas réaliser que nos militaires, nos professeurs, nos enseignants, nos médecins et nos fonctionnaires travaillent, pratiquement, pour rien.
3) Quant aux sociétés étatiques et paraétatiques, la cause des grèves réside dans le fait que le candidat MOBUTU, ayant déjà vidé les caisses de l’Etat pour sa campagne, se rabat sur les caisses de ces sociétés pour trouver les 5 milliards avec lesquels financer le prochain congrès de son parti le MPR les rendant ainsi incapables de payer leurs fournisseurs et leur personnel. C’est le cas de la MIBA, la GECAMINES, l’OFIDA, KILO-MOTO, la SNEL, la REGIDESO, AIR-ZAIRE etc.
2° L’UDPS s’indigne de voir que, pendant que les massacres de nos étudiants dans les campus universitaires, sont encore frais dans la mémoire de tout le peuple zaïrois, le pouvoir se lance maintenant, sans vergogne, à l’assaut de petits écoliers du maternel, du primaire et secondaire dont le seul tort est d’avoir réclamé, tout simplement leur droit d’étudier.
3° L’UDPS s’indigne du déroulement des prix des produits pétroliers qui entraîneront -à coup sur- une hausse vertigineuse des prix des produits de première nécessité, ce qui portera un coup fatal au pouvoir d’achat du peuple, en cette période des revendications salariales.
L’UDPS pose au pouvoir la question de savoir ce qu’il fait de notre pétrole produit à Moanda.
3.- S’agissant de la position de l’UDPS sur certains points traités dans la conférence de presse, tenue à Goma en date du 14 septembre 1990 par Monsieur Joseph Désiré MOBUTU candidat aux élections présidentielles :
1°.- la « loi » sur les partis politiques
Le 15 février 1982, l’UDPS a été créée pendant que la Constitution du parti unique INTERDISAIT le multipartisme,
L’UDPS rappelle sa position prise dès le lendemain du 24 avril.
Nous refusons à tout organe du MPR le droit de légiférer.
Le Conseil Législatif a été dissout le 24 avril 1990 en tant que 5ème organe du parti-Etat au même titre que :
– La Présidence du MPR et de droit président de la République ;
– Le Congrès du MPR ;
– Le Comité Central du MPR ;
– Le Bureau Politique du MPR ;
– L e Conseil Exécutif du MPR et le Conseil Judiciaire.
Cela étant : pas de parlement, pas de loi votée.
L’UDPS considère comme une PROVOCATION du pouvoir le fait d’appeler loi un document rédigé avec rage et précipitation, adopté par des gens dont les votes ont été achetés à coup de billets de banque.
Quant à ceux que la propagande de MOBUTU (Radio et Télévision) avait induit en erreur en croyant qu’il s’agit là d’une loi ; qu’ils se tranquillisent car MOBUTU lui-même ne prend pas ce document au sérieux. Il l’a par ailleurs abrogé à Goma devant les journalistes, en soulignant qu’il était militaire et Candidat aux élections présidentielles.
a) Il a mis des militaires au gouvernement de LUNDA alors que la soi-disante loi les déclare apolitiques ;
b) ENGULU utilise avec des écrits, les fonctionnaires et agents de la territoriale pour l’implantation du MPR alors que la soi-disante loi les déclare apolitiques également.
2°- Du processus de démocratisation
Le Pouvoir Colonial a proclamé l’indépendance du Congo le 30 juin 1960 et il s’en est allé avec TOUS SES AGENTS TERRITORIAUX. Le pouvoir dictatorial a proclamé la Démocratie le 24 avril 1990. Il doit partir avec tous ses territoriaux.
Le candidat MOBUTU n’a pas à gérer le processus de Démocratisation.
Aux problèmes politiques, solutions politiques. Il doit remettre le pouvoir entre les mains du peuple. C’est-à-dire : un vrai gouvernement de transition formé par l’UDPS et dont le 1er travail sera de mettre sur pied la commission constitutionnelle.
3°- De la limitation des partis politiques
La loi électorale conforme à la constitution de la 3èmeRépublique sera seule compétente pour statuer sur cette matière.
4°-Y-a-t-il un parti politique gagnant
qui puisse réclamer de former le gouvernement de transition ? Oui
L’UDPS a mis dix ans pour déboulonner le MPR , parti Etat au pouvoir depuis plus de deux décennies.
Il est donc parti gagnant pouvant former le gouvernement
5°- De la liberté de la presse.
Félicitations pour la presse écrite.
La Radio et Télévision doivent cesser d’être des instruments privés du MPR et de son candidat en ouvrant leurs portes aux autres partis politiques.
6°-De l’Economie
a) Un quart de siècle de régime de parti unique a précipité le Zaïre à l’avant-dernière place des pays africains après le Tchad.
b) La monnaie « Zaïre » est passée de 100FB pour 1 zaïre à 0,04 FB pour un Zaïre ; soit 2.500 fois plus faible !
c) Les accords entre la banque Mondiale et le Fonds Monétaire international d’une part et le Zaïre d’autre part sont rompus.
L’ UDPS félicite ces deux institutions et leur demande de ne renouer les accords qu’au lendemain de l’établissement à Kinshasa d’un véritable gouvernement démocratique.
7°- Des bateaux de guerre plein de mercenaires et d’armes dans nos eaux territoriales :
Le Zaïre n’est en guerre avec aucun pays. Quant même nous serions en guerre, cet acte est une injure grave, un signe de mépris et de méfiance du pouvoir à l’égard de notre vaillante armée nationale.
8°- Du Sommet de la francophonie à Kinshasa.
L’UDPS dit non à la tenue de ce sommet à Kinshasa et invite les Français, les Belges, les Canadiens et tous les citoyens des pays francophones du Monde de se rappeler que la première Déclaration Universelle de Droits de l’Homme a été rédigée en français.
Ce genre de sommet ne pourra se tenir au Zaïre que quand il y aura un gouvernement démocratique.
9°-De la Femme
Pour le MPR parti-Etat la femme était :
a) Un instrument de parade pour l’animation fruit d’une animalisation permanente.
b) Mère d’esclave, la femme zaïroise-« alinga, alinga te –ses enfants, à peine conçus, étaient esclaves du parti-Etat ». La femme zaïroise a voulu se libérer de ce joug. Le MPR, parti-Etat, seule institution de la IIème République du Zaïre a ordonné aux enfants…. Femme zaïroise, à vos propres enfants …. de vous mettre hors d’état de nuire à coups de KAMO.
c) L’ UDPS refuse au candidat de ce parti- là de donner des leçons sur le respect de droits de la femme aux partis nés après le 24 avril 1990 et en tout cas pas à l’ UDPS qui, dès 1982 dans son projet de société, proclame l’égalité de tous les citoyens, SANS CONSIDERATION DE SEXES.
Pour l’UDPS
Se/ V.MBWANKIEM N. Se/ F.KIBASSA –MALIBA
Se /E . TSHISEKEDI – wa M. Se/ BIRINDWA
B. Texte de la conférence de presse de l’UDPS sur l’incident de Bruxelles.
18/02/1991
Mesdames et Monsieur de la Presse,
Ainsi que vous le savez, l’ UDPS faisait sa première sortie officielle hier 17/02/1991 au stade Tata Raphaël.
Merci pour les échos que nous avons lu dans vos différents journaux en dépit des estimations peu objectives faites par certains d’entre vous.
Arrivons-en au sujet du jour :
En effet, vous avez tous remarqué l’absence parmi nous de notre collège Etienne TSHISEKEDI-wa-MULUMBA ; membre du Directoire National de l’UDPS qui n’a pas pu nous rejoindre indépendamment de sa bonne volonté à la grande déception de toute la foule massée à l’aéroport comme tout au long du parcours menant au stade Tata Raphaël.
Vous avez certes appris des supputations, des rumeurs, certaines allégations, même des radios étrangères autour de cette affaire grave qui l’UDPS dans une position embarrassante en raison de relations d’amitié qui nous unissent à la Belgique.
Le témoin oculaire de ces événements étant parmi nous j’ai cité Omer NKAMBA, Secrétaire National aux Relations Extérieures, va vous briffer sur l’ensemble de la situation y compris la suite des informations reçues de Bruxelles. Il répondra à toutes nos attentes.
Mais avant qu’il ne prenne la parole nous tenons à vous signaler qu’hier même l’UDPS a pris contact avec l’ambassade de Belgique qui n’était pas encore au courant de l’incident.
Conséquence que l’UDPS tire de cette situation :
L’incident de Bruxelles est lié directement à la tenue du meeting au stade Tata Raphaël.
Le pouvoir a cherché à empêcher la tenue de ce meeting à tout prix, au pays comme à l’extérieur.
I) Au pays vendredi et samedi, le pouvoir fait courir le bruit selon lequel le Stade est soudé.
Dimanche matin, jusqu’à 10 heures, le même pouvoir avait largué des gens pour accréditer qu’au Stade, il y avait bagarres sanglantes.
Entre qui et qui ?
En plus de cela ; il a empêché la circulation de bus pour que nos combattants de différentes zones ne puissent atteindre le lieu du meeting.
Et pendant le meeting, par deux fois, L’hélicoptère de MOBUTU survolait le Stade.
Tout ceci dans le but d’intimider les militants.
Il faut noter l’exhibition des militaires dans les alentours du Stade, à l’aéroport de Ndjili, jamais on a vécu un tel dispositif militaire. L’accès au tarmac, déjà accordé, a été annulé en dernier minute.
II) A l’extérieur
Le pouvoir agit à travers sa cliente habituelle enclin au statu quo et qui a toujours été à la base du soutien de MOBUTU en Belgique et en Europe.
En effet, incapable d’agir au grand jour et officiellement, les délégués du pouvoir, à savoir l’Ambassade du Zaïre à Bruxelles, a recouru aux méthodes habituelles du mobutisme de connivence avec la clientèle mobutiste, aujourd’hui minoritaire en Belgique nous avons cité : l’aile conservatrice du parti libéral belge, l’aile dirigée par Jean GOOL. Celui-là même qui était Ministre de la justice en 1987 et s’était illustré comme grand ami de MOBUTU et, s’était par conséquent chargé personnellement de combattre toute opposition à Monsieur MOBUTU en Belgique et à travers l’Europe. C’est ce même Monsieur qui avait ordonné l’arrestation humiliante de Monsieur TSHISEKEDI toujours pour l’empêcher de tenir une conférence de presse avant son retour à Kinshasa.
Il faut signaler que ce même monsieur Jean GOOL, député et Président de la commission libérale au parlement belge est l’ennemi n°1 du gouvernement en place en Belgique , lequel gouvernement a une position ferme et précise à l’ égard du régime MOBUTU : à savoir pas de dégel de la crise belgo-zaïroise avant le départ de Monsieur MOBUTU.
Cette position a été révélée à maintes reprises a Monsieur TSHISEKEDI lors de ses rencontres avec les différents officiels du gouvernement, du Parlement et des partis politiques belge, sans parler de ceux des organisations non-gouvernementales.
Vous comprenez pourquoi le pouvoir en place à Kinshasa a dû recourir à sa clientèle dont nous venons de vous parler pour empêcher monsieur TSHISEKEDI de participer au meeting d’hier. Et pour ce faire, ils ont recouru à l’arme habituelle ; le mobutisme que vous connaissez : la corruption.
Les exécutions de cette sale besogne n’étaient autres que les agents fidèles que monsieur Jean GOOL avait laissé à SAVENTEM. Ces derniers utilisant la deuxième arme du mobutisme, le mensonge ont inventé une soi-disante mesure d’expulsion qui frappait monsieur TSHISEKEDI, l’empêchant ainsi de prendre son avion à destination de son pays.
Or cette mesure si réellement elle existait, on ne pouvait pas l’empêcher de partir de Bruxelles.
La preuve de ce mensonge est que monsieur TSHISEKEDI est encore à Bruxelles où d’ailleurs ce matin, il a tenu une conférence de presse pour confondre les détracteurs de l’UDPS
C) La conférence de presse de vendredi 7 mars 1991 (texte de Potentiel n° 73 du 12 mars 1991reportage de Mulumba Kandolo)
Cette conférence de presse avait été tenue principalement par le membre de directoire ETIENNE TSHISEKEDI à la permanence du parti.
Après avoir rappelé les trois piliers sur lesquels reposait le régime à savoir la désinformation, la répression et la corruption, monsieur TSHISEKEDI avait déclaré qu’à l’UDPS. Nous ignorons monsieur Mobutu depuis le 24 avril 1990 car il est toujours démissionnaire. En ce moment il expédie les affaires courantes jusqu’à ce que le peuple l’amènera à un gouvernement de transition indépendante.
L’UDPS ignore la conférence constitutionnelle et la dernière rencontre de Nsele ne contenait rien de nouveau qui puisse modifier la position traditionnelle du parti.
Lançant une mise en demeure à Monsieur Mobutu, le fondateur Tshisekedi avait dit, s’il est sage, il partira de lui-même, dans le cas contraire, nous le livrerons au peuple qui se chargera de lui.
Au sujet du projet de constitution, après avoir dirigé le pays d’une manière archaïque pendant vingt cinq ans. Un dictateur n e peut élaborer une constitution constructive. Cela doit être une cogitation du peuple et non l’affaire d’un seul homme.
En ce qui concerne la sort à réserver aux pilleurs de la 2ème République, l’UDPS se refuse de parler au nom de la justice, les juridictions qui seront indépendantes trancheront pour tous ceux qui se complaisent dans l’impunité.
Au plan politique, le pardon est déjà acquis. Tout au long de notre lutte, nous nous sommes souvent rencontrés avec monsieur Mobutu et avons mangé avec lui, c’est un signe de pardon. Etienne Tshisekedi avait affirmé qu’il n’y avait plus une seule concession à faire à Mobutu.
Mobutu sait qu’il n’est même pas en mesure de régner sans gouverner. Avant il était favorisé par les rapports des forces, à présent, il est totalement renversé.
D. La conférence de presse du 27 juin 1991 à l’Hôtel Intercontinental sur l’attentat contre le directoire national de l’UDPS,
Pour mieux s’approcher du corps diplomatique qui se rendait de moins en moins à la Permanence du Parti jugé trop encombrée, la conférence de presse avait été tenue au salon Zaïre de l’Hôtel Intercontinental .
Il y avait énormément du monde à l’Hôtel, qu’on pouvait croire qu’il s’agissait d’un meeting.
Le secrétaire national à la défense monsieur KAPITA, faisait l’intérim à l’information et avait pris place à la tribune aux côtés de membres de directoire.
Si le texte même de la conférence, avait été lu par le membre de directoire KIBASSA, au jeu de questions et réponses tous les membres de directoire y avaient prit part.
Le Directoire de l’UDPS, avait abordé des points dont le contenu ci-dessous :
CONFERENCE DE PRESSE DE L’UDPS
DU JEUDI 27 JUIN 1991
(Salon Zaïre d’Hôtel Intercontinental de Kinshasa).
Excellences,
Messieurs les Journalistes,
Mesdames et Messieurs,
Au nom des combattants qui nous ont fait confiance dès le début de notre engagement et qui depuis la saint sylvestre de 1980, sont tombés sous les coups des forces de répression, et au nom de toute la direction politique de notre Parti, nous vous saluons et vous souhaitons la bienvenue à cette Conférence de Presse.
Comme vous l’avez lu dans notre communiqué ainsi que dans notre invitation vous annonçant cette conférence, notre propos du jour s’articulera autour des points ci-après :
La non-violence qui a toujours été et restera la seule arme de l’UDPS
a) la dénonciation de l’attentat perpétré par Mr. MOBUTU contre le directoire de l’UDPS
b) la dénonciation de la répression barbare et sanglante de la marche pacifique organisée par l’opposition dans la journée du lundi 17 juin 1991 à Kinshasa et à Lubumbashi, répression toujours ordonnée par Mr. MOBUTU et exécutée par sa milice personnelle.
La dernière mise en garde aux agents d’exécution du terrorisme urbain à savoir les généraux BOLOZI, NZIMBI, Commandant Circonscription Militaire de Kinshasa et du CCO (Commandement Coordination des Opérations) Commandant de la Division Spéciale Présidentielle, BARAMOTO et MAHELE, Commandant Service d’Action et des Renseignements Militaires auxquels s’ajoute le Gouverneur FUNDU NKOTA.
La dénonciation des demi-mesures prises par Mr. MOBUTU dans l’affaire BINDO et consorts et des tueries de la population par sa milice personnelle.
La dénonciation des manœuvres de Mr. MOBUTU tendant à transformer la Conférence Nationale en un simple Congrès du défunt Parti-Etat et cela en contradiction flagrante avec le processus de démocratisation et de changement voulu et soutenu par notre peuple.
Avertissement à Mr. MOBUTU pour :
a) La réouverture de l’Université et des Instituts Supérieurs de Kinshasa,
b) La signature de l’Ordonnance portant convocation de la Conférence Nationale Souveraine et l’abrogation des ordonnances n°61-010 du 06.03.1991 et n°916097 du 11.04.1991.
Les précisions sur notre doctrine de la non-violence.
Enfin l’appel que nous adressons à tous ceux qui veulent établir dans ce grand pays un ETAT de DROIT.
I. DE LA NON-VIOLENCE
Mesdames et messieurs les journalistes,
Distingués invités,
Partisans de la non-violence, l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS), non seulement proclame sa foi et son attachement indéfectible à la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, mais pratique sans relâche la non-violence ; elle s’engage en outre à promouvoir, à protéger et à défendre par tous les moyens les libertés et les droits fondamentaux du Citoyen.
Notre Parti, qui a inscrit en lettres indélébiles la non-violence comme méthode de lutte politique, milite pour l’instauration dans ce pays d’une culture politique basée sur la démocratie, la transparence et l’alternance pacifique dans la direction des Affaires de l’Etat.
Depuis le 30 décembre 1980 et surtout depuis sa création le 15 février 1982, l’UDPS a subi les violences plus barbares de la part de Mr. MOBUTU : tous les organes de répression que celui-ci a créée ont rivalisé d’ardeur et de zèle pour réprimer toutes les tentatives faites par notre Parti pour faire jouir notre peuple des droits les plus élémentaires reconnus par les textes juridiques des Instances Internationales auxquelles le Zaïre a librement adhéré.
1° Le 30 décembre 1980
Après avoir tenté sans succès de faire respecter les principes d’un Etat de droit par Mr. MOBUTU, nous avons adressé à ce dernier le 1er novembre 1980 notre lettre ouverte. Cette lettre n’est qu’une critique objective de la situation politique et économico-sociale grave que traverse le pays et une invitation à en débattre franchement. Le régime nous répondit par des exactions offensantes pour la dignité humaine. Le 30 décembre 1980, Mr. MOBUTU décida l’arrestation, la déchéance de leurs droits politiques et la relégation, dans leurs villages d’origine des 13 parlementaires signataires de la « Lettre » ainsi que de Mr. Fréderic KIBASSA MALIBA alors Commissaire Politique élu qui lui, fut assigné en résidence à Kinshasa.
2° Le 15 février 1982
A cette date nous avons écrit à Mr. MOBUTU pour lui annoncer la création de l’UDPS et sollicité une rencontre afin d’harmoniser les points de vue. La répression s’est de nouveau abattue sur nous et notre calvaire s’est poursuivi. Nous avons été déchirés dans nos cœurs et dans nos chairs.
Nos femmes, nos enfants, nos amis ainsi que nos parents à divers degrés n’ont pas été épargnés.
3° Le 1er juillet 1982
Pour avoir créé l’UDPS, nous sommes jugés et condamnés à 15 ans de Servitude Pénale Principale sur injonction de Mr. MOBUTU.
4° Le 12 août 1983
Deux mois après notre libération suite à la loi d’amnistie promulguée le 21 mai 1983, nous rencontrons 7 heures durant une délégation de parlementaires américains conduite par l’honorable HOWARD WOLPE à l’Hôtel Intercontinental de Kinshasa le 12 août 1983. A la sortie de ces entretiens, Mr. MOBUTU nous fera tabasser ainsi que certains Parlementaires Américains devant l’Hôtel Intercontinentale ; nous serons ensuite arrêtés et jetés dans les cachots souterrains de l’OUA II. N’eut été la prompte intervention du Président REAGEN, nous aurions été mis à morts par Mr. NZIMBI alors commandant de la BSP.
5° Le 13 novembre 1983
Non seulement nous avons été pour la 3ème fois exilés à l’intérieur, mais nos femmes et nos enfants ont subi eux aussi le même sort conformément à l’arrêté n°83-0338 du 10 novembre 1983 portant mesure de surveillance, bannissement non seulement des dirigeants de l’UDPS mais aussi de leurs épouses, leurs enfants et leurs conjoints ainsi que de leurs petits-enfants et leurs proches. Au cas où nous aurions été coupables, les infractions ne sont-elles pas personnelles et les condamnations individuelles ?
Pendant cinq ans, mesdames et messieurs, comme vous pouvez vous en rappeler, nous avons connu arrestations, enlèvements, tentatives d’empoisonnements et d’assassinats.
Durant cette période l’UDPS a perdu un de ses fondateurs et vaillant combattant, Mr. MAKANDA SHAMBUYI Anaclet, succombé le 06.03.1987 des suites de mauvais traitements lui infligés.
6° Le 17 janvier 1988
Un meeting pacifique de l’UDPS au pont KASA-VUBU a été réprimé dans le sang et a coûté la vie à de nombreux combattants. Mr. Etienne TSHISEKEDI, membre de notre directoire n’a eu la vie sauve qu’à la bravoure de nos combattants.
7° Le 30 avril 1990
Une semaine après le discours du 24 avril 1990, à l’occasion de l’installation des bureaux provisoire de notre Parti sur le boulevard du 30 juin, la répression la plus sauvage sous le commandant du général MAHELE s’est abattue sur nos combattants. Certains combattants ont été blessés par baïonnettes, cordelettes et poignards ; trois leaders de notre Direction politique dont un membre du directoire, Mr. Etienne TSHISEKEDI, n’ont eu la vie sauve, que grâce au dévouement de nos vaillants combattants. Certains de ceux-ci sont handicapés à vie à la suite de ces atrocités, il y a eu des dégâts matériels importants.
A propos du discours du 24 avril 1990, l’UDPS tient à rappeler solennellement que celui-ci ainsi que ses implications ne sont nullement des cadeaux du prince. Au contraire ce discours et ses résultats sont le fruit du combat inlassable dix ans durant de notre Parti. Les manifestations et le déferlement du peuple, notamment de la jeunesse, dans toutes les rues de Kinshasa ainsi qu’à travers tout le territoire national sont des preuves éclatantes de ce profond désir de changement.
8° Le 12 mai 1990
Dans la nuit du 11 au 12 mai 1990, un commando parti de Kinshasa agresse nuitamment les étudiants de l’Université de Lubumbashi. Les raisons invoquées pour cette agression ont été débattues lors de la réunion de sécurité présidée par le gouverneur local. Il s’agissait d’une part d’une vengeance tribalo-clanique et d’autre part de se saisir des « combattants de l’UDPS dont l’étudiant MWELA ».
La même vague de répressions sanglantes s’est déferlée sur les autres Universités et Instituts Supérieurs du Pays, à Kinshasa, à Mbanza-Ngungu, à Mbuji Mayi, à Bukavu, à Buta et à Kisangani, faisant également plusieurs morts et de nombreux blessés parmi les étudiants, nos enfants subissant la pression tant nationale qu’internationale, le pouvoir minoritaire a organisé un simulacre de procès.
Voilà des dossiers sur lesquels la Conférence Nationale Souveraine devra apporter la lumière.
9° Le 4 novembre 1990
Le meeting programmé à la FIKIN par l’UDPS a donné lieu à un déploiement des forces armées qu’on aurait cru à un affrontement avec une armée ennemie alors qu’elles n’avaient en face que des paisibles citoyens sans armes.
Ce jour là, il y a eu encore des blessés graves ; la DSP et la Garde civile, milices privées de Mr. MOBUTU dont la triste réputation n’est plus à démontrer se sont honteusement livrés aux vols des montres, bijoux et argent de paisibles citoyens. Les résidences de MM TSHISEKEDI et BIRINDWA ont été attaquées par les mêmes éléments.
A la 12ème rue, résidence de monsieur Fréderic KIBASSA MALIBA, Permanence provisoire de notre Parti, a été attaquée par balles de guerre et bombes asphyxiantes dirigées contre les membres de la direction politique qui s’y trouvaient.
10° Les 13, 14, 15, 16 et 17 avril 1991
Prenant prétexte sur la tenue d’une réunion de l’UDPS dans une résidence privée à Mbuji Mayi, réunion qui s’est tenue et terminée depuis plusieurs heures dans le calme et la sérénité, Mr. MOBUTU ordonne une action répressive de 5 jours consécutifs dont le bilan s’est soldé par 46 morts ainsi que d’importants dégâts matériels.
Les exécutants locaux de ces crimes, M. KAKULE et le colonel BOSEMBO courent toujours en liberté. C’est encore un cas à verser dans le dossier des crimes et assassinats de la dictature mobutienne à la Conférence Nationale.
11° Le 24 avril 1991
A l’occasion du premier anniversaire de l’annonce de l’ère du multipartisme, devant les atermoiements et manœuvres du pouvoir qui bloque le processus de démocratisation, l’UDPS a initié une marche pacifique de protestation à Kinshasa. Cette marche a été étouffée et réprimée dans le sang avec une barbarie indescriptible. Des bombes ont été lancées sur les résidences des membres de notre Direction Politique à Limete.
Excellence, Mesdames et Messieurs les journalistes, Distingués invités, nous avons évoqué là, quelques exemples-types d’actes de violences dont est systématiquement victime un Parti qui prône toujours la non-violence. Et c’est ce même Parti que le régime, par une propagande grossière et mensongère, calomnie à longueur de journées, abusant des médias officiels pour intoxiquer et duper les esprits crédules et naïfs.
Nous en arrivons ainsi à l’attentat auquel nous avons miraculeusement échappé tous les quatre.
II. L’ATTENTAT DU 17 JUIN 1991 CONTRE LE DIRECTOIRE DE L’UDPS REPRESSION VIOLENTE ET BARBARE DE LA MARCHE DES COMBATTANTS DE L’OPPOSITION A LUBUMBASHI ET A KINSHASA,
L’ultimatum lancé au pouvoir lors du meeting populaire du 09 juin 1991 n’ayant pas obtenu une réponse satisfaisante, l’UDPS avec les autres partis de la véritable opposition dont le PDSC et l’UFERI a appliqué la décision de marcher pacifiquement.
Il avait été demandé aux combattants de partir des localités vers les quartiers et de ceux-ci vers les zones.
Les éléments de la police de Mr MOBUTU, armés jusqu’aux dents, ont sauvagement tenté d’empêcher ces regroupement.
Ces éléments sont formés à KIBOMANGO après un recrutement sur base du seul critère tribal. Ils sont sous le commandement des généraux tous issus de la tribu NGBANDI, et assimilée.
A Lemba les combattants de l’UDPS en route pour ce grand rendez-vous ont été dispersés avec des grenades et des balles au niveau de l’Echangeur, au Rond-point Ngaba , les combattants de Livulu, Kindele et Mont-Ngafula, l’ont été mêmement , y compris ceux qui venaient de Kimbanseke, Masina, N’djili, au niveau des eucalyptus de Njili…..Le groupe en provenance de Ngaliema rejoint par tous ceux venant de Binza, Kintambo, Bandale et Selembao ont été sauvagement attaqués au niveau du rond-point KasaVubu et victimes de la Rébellion. Ceux de Kasa-vubu et Ngiri-Ngiri ont été en proie aux mêmes forces à la hauteur des avenues Saïo et Bongolo.
L’arrestation de deux premieres victimes de la journée en l’occurrence le Président et le Vice-président de la cellule de l’UDPS FUNDU à Ngaliema a été l’œuvre personnelle d’un général en uniforme escaladant le mur, deux revolvers en mains. Il mettra ses proies dans le coffre de sa voiture pour les emmener au SNIP.
Le commandant de la garde civile organisera un vol qualifié de la mallette de Mr LIHAU, mallette recherchée et mise à prix parce qu’elle contiendrait le discours que l’ UDPS se proposerait de prononcer à la conférence nationale.
Une véritable chasse à l’homme inversée c-à-dire civils poursuivant les militaires s’est terminée à la grade civile par la récupération de la fameuse mallette qui ne contenait d’ailleurs pas le discours de l’UDPS.
A la Permanence du Parti où se tenait un ultime conseil, un messager vient annoncer que les agents de Garde-civile, de Circo, de la D.S.P et le SARM étaient un train de tirer sur les combattants au pont Kasa-vubu, qu’il y avait déjà beaucoup d’arrêtés et surtout de blessés graves, le récit pathétique de crânes défoncés, des jambes brisées, des mâchoires déplacées, a poussé le directoire de l’UDPS à rejoindre immédiatement le pont Kasa-Vubu.
Au croisement des avenues SENDWE et KASA-VUBU, la land Cruiser dans laquelle avait pris place le directoire est stoppée et cernée par les agents de la garde civile qui seront aussitôt entourés par nos combattants. Consulté dan la langue Ngbandi, l’état-major circonstanciel donne l’ordre de charger et de disperser les combattants. Les balles crépitent, les crosses, les baïonnettes, les cordelettes et les poignards entrent en œuvre. Le sang coule de toutes parts, des cris de détresse fusent…..
La land cruiser du Directoire et la voiture à bord de laquelle sont les secrétaires nationaux BIRINDWA, BELANGANAYI et SALUMU démarrent en direction du Rond-point de la Victoire sur le boulevard Kasa-Vubu. Elles sont immédiatement prises en chasse par de véhicules de la D.S.P. et de la Garde civile.
A La vue de ceci, les combattants des vrais partis d’opposition s’érigent en boucliers pour gêner la marche des véhicules de la milice privée de Mr MOBUTU qui sans égard, foncent dans la foule.
Les véhicules de C.C.O et consorts finissent par rattraper la land Cruiser du Directoire qu’ils prennent en sandwich, cassent les vitres latérales et y larguent des grenades asphyxiantes. Dieu merci, les gardes corps du Directoire parviennent à intercepter ces grenades et à les rejeter en dehors du véhicule avant qu’elles n’explosent.
Au niveau de l’imprimerie de la cité, la voiture à bord de laquelle se trouvaient Mme BIRINDWA BELANGNAYI et SALUMU est victime de la même attaque et cette fois les grenades explosent dans l’habitacle.
Les combattants extrairont les infortunés de la voiture et leur prodigueront de soins élémentaires. Un camion militaire s’arrêtera, déversera quelques éléments de la garde civile en training qui passeront copieusement à tabac les trois secrétaires nationaux et ceux qui osaient leur porter secours. Un autre véhicule d’un combattant a chargé les secrétaires nationaux pour les sauver des griffes des bourreaux.
Pendant ce temps, la land Cruiser du Directoire était soumise à une charge impitoyable. Elle parvint au rond-point de la victoire et prit la direction de Limete.
Un des véhicules de la milice privée de Mr MOBUTU qui talonnait la land cruiser, fit un mouvement de dépassement et doubla sur la droite. La land cruiser toujours prise en sandwich par deux jeeps de la garde civile, fonça vers l’avenue de l’Université d’où, au niveau de l’entrée de la cité KAUKA, elle tourna et rebroussa chemin sur l’avenue de la Victoire en fonçant à folle allure.
Pendant tout ce temps, les agents du pouvoir continuaient à lancer des grenades asphyxiantes dans la land Cruiser d’où elles étaient aussitôt rejetées par les gardes de corps. C’est au niveau de la maison communale de Kalamu que l’acte final de l’attentant devait se réaliser.
Le véhicule de la milice privée de Mr MOBUTU, fonce donc à vive allure, tous phares allumés et percute de front la land cruiser. C’est un véritable miracle que les leaders du parti ainsi que leurs gardes de corps en sont sortis vivants. Il est vrai aussi que le pare-choc du land Cruiser était fortement renforcé par des barres en acier qui contribuèrent à amortir le choc subi.
Nous rendons grâce à Dieu
Dans cette échauffourée, notre doyen Vincent
MBWANKIEM, 71 ans d’âge, a été sauvagement battu, ses habits déchirés ; le Président Mbwankiem, nous vous le rappelons, a vu sa cécité s’aggraver par les tortures, les sevices et manque de soins dans les cachots mobutiens. De son côté, le Président KIBASSA a été blessé par des boucles en fer des cordelettes. Quand aux Présidents TSHISEKEDI et LIHAU, ils ont également subi des exactions.
Constatant avec étonnement l’échec de leur plan
diabolique, les assassins se sont emparés alors des dirigeants du parti et de Mr NGUZ, qui les suivait pour marquer sa solidarité, les ont jetés dans leurs véhicules qui ont démarré en trombe en direction de la Garde Civile.
A la Garde Civile ils seront interrogés d’abord par
BARAMOTO, mais refuseront de lui répondre et ensuite par BOLOZI au CCO. Ce dernier se confondra dans des excuses en condamnant ses hommes qui auraient agi selon lui sans instructions et sans ordres. Comme quoi l’autorité serait inexistante au sein des forces armées ! Nous en prenons acte.
Excellences, mesdames et messieurs, cet odieux attentat, comme vous le savez, n’est pas le premier. Mais il revêt une gravité extrême du fait qu’il se produit dans les circonstances présentes de la longue agonie de la dictature. C’est une tentative désespérée de la dictature de récupérer la situation qui, inexorablement, lui échappe. Plus que jamais, nous devons être sur nos gardes et quant à vous, mesdames et messieurs, chevaliers de la plume, cette situation vous interpelle en tant que 4ème pouvoir, pour aider notre peuple à satisfaire rapidement ses aspirations à la liberté pour lesquelles nous menons, à l’UDPS, une lutte héroïque, autant risquée que déterminante.
Passons maintenant au point suivant de notre entretien.
III. MISE EN GARDE AUX BOURREAUX DE NOTRE PEUPLE
Compte tenu de ce qui précède, et considérant les crimes commandités par MOBUTU et exécutés par ses agents sanguinaires, auxquels nous ajoutons le Gouverneur FUNDU NKOTA, l’UDPS tient à souligner que toute patience a ses limites.
Nous leur disons donc : « un homme averti en vaut deux »
Les combattants de l’UDPS leurs familles et leurs dirigeants ont subi humiliations, atrocités depuis 1980 jusqu’à ce jour. Nous nous posons dès lors la question de savoir jusqu’à quand vont continuer les vexations et les tortures ?
Précisions sur notre doctrine de la non-violence,
La non-violence que nous prônons et appliquerons ne devra plus être comprise comme synonyme de résignation devant la barbarie et l’agression. Notre doctrine nous interdit d’user de la force physique ou des armes. La loi par ailleurs, nous autorise à user du droit de la légitime défense en cas d’agression ou de danger.
Désormais donc, lorsque nos combattants seront agressés, ils seront en droit de se défendre contre les forces du mal.
Le quatrième point de notre entretien concerne l’escroquerie BINDO et Consorts.
IV. LES DEMI-MESURES SUR LES MAISONS DE PLACEMENT
Mesdames et Messieurs,
Distingués invités,
Lors du grand meeting populaire du 09.06.1991 sur la maison de placement d’argent, nous avions dénoncé avec vigueur l’escroquerie du pouvoir qui s’apparente ni plus ni moins au gangstérisme. Comment peut-on accepter l’inacceptable, tout notre peuple sait que le pouvoir a été le commanditaire de ces jeux criminels dans le vain espoir de démobiliser le peuple, de l’anesthésier pour l’empêcher de voir la misère noire dans laquelle l’a plongé le régime mobutien. Il y a mis à cet effet tous les moyens.
Tout tremblant devant l’ultimatum que l’opposion lui a lancé, le pouvoir a orchestré une campagne médiatique fracassante pour duper, une fois de plus, notre peuple. Il a initié un faux calendrier de remboursement de mise des souscripteurs faisant éclater au grand jour sa mauvaise foi.
Le pouvoir a prétendu avoir saisi les biens des promoteurs de ces jeux sataniques et les a vendus. Vous n’ignorez pas qu’une telle opération est réglementée par une loi. Quelle est donc la procédure que ces Messieurs de la minorité au pouvoir ont suivie ? Mme le Ministre de la Justice est-elle en mesure de faire la lumière sur ce cas concret ?
Le Gouvernement peut-il nous éclairer en publiant la liste des biens saisis et vendus, la liste des acheteurs et les prix d’acquisition de ces biens ? Le Gouvernement, peut-il nous renseigner sur l’identité complète de NGUMA PROMOTION et autres MADOVA, Super Trésor qui visiblement cache les noms proches du pouvoir ? Malheureseusement le ridicule ne tue plus. Hélas, c’est plutôt ce même Gouvernement, incapable de gérer la chose publique et débordé de toutes parts qui tue. Il a tué à Lubumbashi, à Mbuji Mayi et comme on l’avait prédit, il tue maintenant à Kinshasa.
Ont été tués, assassinés froidement (liste provisoire) à Kinshasa, Zone de Matete :
– MENGA MUNOFUNZA, de la collectivité de Kasongo-Lunda, Bandundu;
– MUNZEYA LUMBUSA dit Néné (28-30 ans) il laisse une veuve et 2 orphelins, originaire de l’Equateur ;
– MUJINYA, habitant Q. Kinsuka n° 36 D à Matete-Atteinte d’une balle en plein front ;
– Deux autres femmes sont décédées, après observation rapide à la polyclinique de la Gare à Matete, aux cliniques Universitaires : l’une était touchée à l’abdomen, l’autre au thorax.
– Le 22.O6.1991, un garçon à été abattu à bout portant au niveau de l’Institut MOLENDE de Matete.
Nous noterons que toutes les fois où nous avons appelé nos combattants à marcher et à manifester pacifiquement, tout s’est toujours terminé dans le calme. Au contraire, le pouvoir, lui, a toujours eu à retardement des réactions provocatrices et sanglantes. Jugez vous–même : de quel côté se trouve donc la violence ?
Souvenez–vous enfin de cette phrase prémonitoire : « Je vendrai très cher ma tête ». vous savez qui l’a prononcée. Nous y voila. Le peuple paie TRES CHER cette tête–là ; alors qu’il n’en veut pas, on la lui vend TRES CHER.
Toujours lors de notre meeting du 09.06.91, nous avions réclamé la réouverture immédiate de l’Université et des Instituts Supérieurs arbitrairement et injustement fermés. Le Gouvernement a fait la sourde-oreille sur cette exigence.
Une troisième exigence que nous avions posée concernant la SOUVERAINETE de la Conférence Nationale.
Abordons donc ce point.
V. DES MANOEUVRES POUR CONTOURNER LA CONFERENCE NATIONALE SOUVERAINE.
Nous l’avons déjà dit plus haut. Dans la « Lettre ouverte » nous demandions, en 1980, une large concertation des hommes politiques et des représentants des diverses couches de notre société pour débattre des graves problèmes que nous dénoncions.
Durant notre lutte nous n’avons cessé d’appeler le pouvoir au dialogue.
Après le 24 avril 1990, de Bruxelles où il se trouvait, notre collègue le Professeur Marcel LIHAU, précisément le 25avril, lançait un vibrant appel pour la tenue urgente d’une table ronde.
Vous connaissez par contre les tergiversations et reculades du régime pour éviter ce forum. C’est ainsi qu’on nous a dit d’abord qu’une commission constitutionnelle équivalait à une Conférence Nationale. Devant l’opposition catégorique et ferme de notre peuple, et singulièrement de notre Jeunesse, le pouvoir essaya de tricher en proclamant qu’il était d’accord pour une Conférence Nationale dont les conclusions seraient destinées à Mr. MOBUTU. On revenait presque à la situation de janvier-février-mars 1990 avec les « consultations populaires » ! On était donc devant une vieille marchandise sous un nouvel emballage. C’était la veille des journées du 21, 22, et 24 avril 1991. La presse, Mesdames et Messieurs, la presse écrite Indépendante a joué durant ces journées et dans ces événements un rôle qui l‘honore. Le pouvoir a fini donc par reculer mais ne s’est pas avoué pour autant vaincu.
Passé maître en diversions, le pouvoir changea de Premier Ministre mais reconduit pratiquement l’équipe gouvernementale. On avait lancé à la population un os pour la distraire. BINDO et les autres marchands de rêves étaient également actionnés pour le même but : détourner le peuple de sa misère et l’empêcher de continuer à réclamer une Conférence Nationale SOUVERAINE.
La dernière manœuvre du pouvoir consiste à proclamer haut et fort que cette Conférence sera souveraine mais ses conclusions seront soumises à un référendum ! Mais pourquoi toutes ces diversions.
Bien que nous n’ayons pas assisté à la Commission Préparatoire de Ia Conférence Nationale, nous suivions de près tout ce qui s’y passait. La question fondamentale qui se pose à ce niveau est celle de la souveraineté de la Conférence. Pour nous, les choses sont claires : la souveraineté réside dans le peuple et nulle part ailleurs.
Recourons à quelques exemples historiques pour illustrer notre position.
Premier exemple : les Etats–Unis d’Amérique. En 1788, les Délégués de différentes colonies se sont réunis et proclamé l’Indépendance de celles–ci à l’égard de l’Angleterre, puissance coloniale. Cette décision, prise par des représentants de la nouvelle Nation Américaine fut une décision souveraine et reconnue comme telle par la communauté internationale.
Deuxième exemple : les délégués français aux Etats Généraux de 1789 ont prêté serment pour se séparer seulement après qu’ils aient doté la France d’une Constitution. Ce fut le fameux Serment de la Salle du jeu de la Poule. C’est ce qui fut fait et ainsi naquit la Révolution Française dont la légitimité n’est mise en doute par personne.
Troisième exemple : A la Table ronde politique de Bruxelles, en 1959, les Délégués congolais ont pris des décisions qui ont engagé SOUVERAINEMENT le peuple congolais. La date de l’accession du Pays à l’Indépendance ainsi que les options fondamentales du futur Etat ont été décidées lors de ce forum : le pouvoir colonial n’a eu qu’à les appliquer dans leur intégralité. C’est cela la souveraineté d’une Conférence
Quatrième exemple, africain : La Conférence Nationale du Bénin, celle du Congo ont été des conférences souveraines.
Depuis leurs tenues, la situation politique, économique et sociale a connu une accalmie bienfaisante et les peuples de ces pays frères vaquent désormais à la reconstruction de leurs pays dans la paix et l’union des cœurs.
Dès lors, pourquoi s’acharne–t-on à compliquer les choses quand le bon sens et l’honnêteté intellectuelle la plus élémentaire doivent impérativement être de mise.
Analysons, si vous le voulez bien ce qui s’est passé à cette Commission préparatoire.
Comme vous le savez, l’U.D.P.S. n’a pas pris part aux travaux de cette commission. La raison en est simple et nous l’avons déjà exposée, mais nous y revenons : pour avoir «affronté» Mr. MOBUTU plus que quiconque en tant qu’opposants, nous le connaissons mieux que personne. C’est vraiment l’homme pour qui la parole donnée n’a aucune, mais alors aucune valeur.
Dès lors compte tenu du fait que l’ordonnance instituant la Conférence Constitutionnelle, complétée et modifiée par celle sur la Conférence Nationale est encore en vigueur, nous exigeons :
a.– l’abrogation de ladite ordonnance,
b.- la promulgation d’une ordonnance convoquant la Conférence Nationale Souveraine et dont les décisions seront immédiatement exécutoires.
Avec l’échec actuel de la Commission préparatoire caractérisé notamment par le retrait de certains partis politiques, les désaveux de représentants de Société Civile et de la prise de position des Evêques, l’UDPS avait parfaitement raison de rester sur ses positions.
Nous vous faisons grâce ces rumeurs selon lesquelles le courant ne passe plus entre les duettistes MOBUTU et MULUMBA LUKOJI. Vous êtes mIeux placés, Mesdames et Messieurs les journalistes, pour gérer ce genre d’information et nous en dire plus. Mais il est curieux de noter l’insistance mise par Mr. MULUMBA LUKOJI pour présenter Mr. MOBUTU comme un homme plus intéressé et plus soucieux de la réussite de cette Conférence ainsi que de la démocratie dans notre pays que de la conservation du pouvoir. C’est pourtant le même homme qui a déclaré qu’il restera quoi qu’il en coûte au pouvoir jusqu’à l’épuisement total de ses forces à l’horizon de l’an 2.000 ! Ou bien Mr. MULUMBA nous prend pour des naïfs, ou bien il provoque méchamment son maître. Bref passons.
En outre la Commission préparatoire s’est heurtée sur la solution des problèmes réels relatifs à la souveraineté et à la représentativité.
Sur la souveraineté
Disons tout de suite que ce problème est le fondement, la raison d’être de la Conférence. Sans la souveraineté de Ia Conférence, pourquoi nous y rendrions–nous `?
Nous vous faisons grâce des digressions théoriques relatives à cette question. Nous soulignerons toutefois le fait qu’on invoque à propos de la souveraineté le problème de la légitimité ; c’est fort juste. En effet, depuis le Coup d’Etat (le 3è de Mr. M0BUTU) du 24 avril 1990, personne ne détient la légitimité. Mr. MOBUTU a déclaré lui-même la mort de la IIè République, donc la nullité de la Constitution sur laquelle cette IIè République était assise. Mr. MOBUTU a démissionné de son poste de Président du MPR qui faisait de lui Président de la République. Cet acte était expressément évoqué dans cette Constitution-là, comme l’un des trois modes de vacance de la Présidence de la République.
Mr. MOBUTU, DEPUIS LE 24 AVRIL 1990 N’EST PLUS PRÉSIDENT. IL ASSUME TOUT SIMPLEMENT LA GESTION DES AFFAIRES COURANTES ET C’EST A CE TITRE QUE NOUS, A L’UDPS, NOUS ACCEPTONS QU’IL PROMULGUE L’ORDONNACE DE CONVOCATION DE LA CONFERENCE SELON LE PRINCIPE DE LA CONTINUITE DE L’ETAT. LA S’ARRETE SON ROLE.
Ainsi il aura transmis à la Conférence Nationale SOUVERAINE l’autorité formelle de liquider officiellement la IIè République et d’assumer la transition pour la IIIème République. Le peuple SOUVERAIN pourra dès lors rentrer formellement en possession de ses prérogatives naturelles et organiser son devenir en assurant l’alternance pacifique de l’exercice du pouvoir.
Plus haut nous avons donné des exemples historiques de la pratique concrète de la souveraineté.
Sur la représentativité
La Souveraineté sur le plan pratique pose un autre problème fondamental: le problème de la représentativité ou de la légitimité. Celle-ci, dans toutes les démocraties précède des élections. Or il est exclu d’organiser, présentement, celles–ci, ne fût–ce que du fait de la main mise totale du régime actuel sur la territoriale, l’armée, les Services Spéciaux, les média officiels et les finances publiques. Ce régime, qui a justement fait l’objet de contestation, tel que l’ont montré les momoranda issus des consultations populaires.
Nous passons ainsi d’un problème juridique à un problème politique qu’il faut résoudre dans un esprit patriotique et démocratique fondé sur le bon sens, uniquement sur le bon sens.
L’UDPS note cependant que Mr. MOBUTU refuse obstinément de signer l’ordonnance portant convocation de la Conférence Nationale SOUVERAINE et abrogeant totalement les ordonnances précédentes. Que craint-il s’il a la confiance, donc la légitimité populaire comme il le prétend ? Pourquoi ses tergiversations et ses manœuvres qui sont si préjudiciables à notre peuple ? Voilà 11 mois que l’on tourne en rond et la situation économico–financière et sociale ne fait que s’empirer de jour en jour, est–ce, de la part de Mr. MOBUTU, du patriotisme ?
A propos toujours de la Conférence Nationale, nous tenons à dénoncer la manipulation qui consiste à faire des catégories tout à fait inacceptables de participants. En effet, en plus de la création de partis-–bidons MPR-bis, à la suite des infiltrations de taupes dans des partis de la vraie opposition ainsi que des opérations semblables au Watergate, voilà que le pouvoir s’affaire activement à la création d’associations écran telle que MOZIKI 100 kgs pour noyauter la Société Civile. Nous dénonçons avec fermeté ces manœuvres dont le but évident est d’empêcher l’expression de la vérité sur la volonté inébranlable de changement qui anime notre peuple. Ces manouvres n’honorent nullement leur commanditaire qui n’est autre que Mr. MOBUTU.
L’UDPS prévient dès à présent l’opinion publique tant nationale qu’internationale qu’elle s’y opposera avec détermination. L’UDPS prévient les quelques rares intellectuels traîtres complices du régime moribond qu’elle leur barrera la route afin de les empêcher de brader plus longtemps encore les intérêts du peuple.
L’UDPS dénonce enfin la supercherie qui consiste à présenter les Institutions publiques c’est–à–dire l’armée, la Territoriale et autres comme des entités indépendantes alors que tout le monde sait qu’elles sont l’émanation directe du MPR.
Venonsen au point suivant :
VI. MISE EN DEMEURE A MR. MOBUTU
Des trois conditions que nous avions exigées de Mr. MOBUTU pour débloquer le processus de démocratisation.
MR. MOBUTU, se moquant du peuple, n’en a rempli aucune. Etant donné la mauvaise foi manifeste de Mr. MOBUTU, son cynisme et son indifférence devant la misère du peuple dont il méprise ouvertement les justes et légitimes revendications, l’UDPS qui se bat pour instaurer dans ce Pays un Etat de droit, lance une dernière fois un avertissement solennel à Mr. MOBUTU pour :
*Payer les mises ainsi que les intérêts dus aux souscripteurs.
*Rouvrir, pour le plus grand bien de nos enfants, l’Université et les Instituts Supérieurs de Kinshasa arbitrairement fermés,
*Signer sans délai l’ordonnance convoquant la Conférence Nationale Souveraine dont les décisions seront opposables à tous sans distinction aucune et d’abroger expresis verbis, les ordonnances antérieures.
Faute de quoi, l’UDPS se réserve le droit d’initier en accord avec ses partenaires de l’UFERI et du PDSC ainsi qu’avec d’autres partis de la vraie opposition qui voudront se joindre à nous, une action d’envergure pour contraindre Mr. MOBUTU à se soumettre à la volonté largement majoritaire de notre peuple.
VII. 30 JUIN 1991 JOURNEE DE PAIX ET DE RESURRECTION DU PEUPLE CONGOLAIS SOUVERAIN.
Dans quelques jours nous allons tous fêter le 31è anniversaire de l’accession de notre Pays à la Souveraineté internationale. Cette date qui a ouvert une ère nouvelle de notre histoire fut longtemps occultée et faillit même être rayée de notre calendrier, car et l’indépendance de notre pays et la souveraineté de notre peuple ont été confisquées par Mr. MOBUTU. Depuis lors le peuple croupit dans la misère la plus exécrable.
C’est pourquoi, pour rendre ses lettres de noblesse à cette date, et suite aux nombreuses victoires de notre peuple depuis le 24 avril 1990, I’UDPS proclame solennellement ce 30 juin 1991, « journée de résurrection du peuple congolais ».
Elle convie le peuple à commémorer cet anniversaire dans la joie et le recueillement dû à nos martyrs tombés pour la cause de la liberté.
L’UDPS invite enfin notre peuple à ignorer tout programme officiel qui lui serait imposé par la dictature.
VIII. APPEL PATHETIQUE
Les dirigeants de l’U.D.P.S. n’ignorent pas les démarches entreprises ça et là par le pouvoir pour ternir la bonne image de notre Parti en vue de camoufler de façon ridicule ses innombrables scandales.
Nous voudrions, pour preuve, donner cet exemple du mensonge orchestré par Mr. TATENENE, Ambassadeur de Mr. MOBUTU aux Etats–Unis qui présentait les dirigeants de l’UDPS comme des « extrémistes » dont « les actes de provocation et l’attitude négative » pourraient perturber la paix et la tranquillité publiques. C’est ainsi que malheureusement, certains milieux diplomatiques se sont laissé abuser en se faisant l’écho de ces insinuations scabreuses pour soutenir que l’U.D.P.S. « joue un jeu dangereux de poule» et que les Zaïrois devraient « apprendre l’art du compromis ».
En dehors de toutes ces accusations fausses à notre endroit, l’UDPS tient à rassurer particulièrement la presse internationale et les milieux diplomatiques que nous recherchons le compromis par la Conférence Nationale SOUVERAINE tandis que notre philosophie repose sur la libre entreprise et la non-–violence.
Il ne paraît donc pas superflu de rappeler ici que ces notions impliquent la liberté existante et tant adorée ailleurs, cette liberté pour laquelle nous combattons et combattrons sans relâche pour asseoir notre développement. Il n’y a ici que le pouvoir qui tente de façon éhonté de nous prêter les intentions. C’est ce même Gouvernement qui a osé soutenir qu’un diplomate américain était à la base du soulèvement des masses populaires civile à Mbuji-Mayi. Il en est de même, l’usage fait par le régime en place de la lettre adressée par le Président BUSH à Mr. MOBUTU.
Compte tenu de ce qui précède, l’UDPS lance un appel pathétique :
– à notre peuple longtemps muselé de se libérer
– aux parents, pères et surtout mères de défendre les intérêts légitimes de leurs enfants, leur bien le plus précieux.
– aux élèves et étudiants victimes du régime sanguinaire de la IIè République, de persévérer dans la lutte jusqu’à la victoire finale.
– Aux fonctionnaires éternels laissés pour compte de ne pas baisser les bras et de poursuivre les revendications de leurs droits.
– Aux magistrats et aux auxiliaires de la Justice tant civile que militaire qui sont compétents, pleins de bonne volonté, pour une bonne distribution de la justice mais toujours empêchés par la mauvaise gestion de la chose publique due au totalitarisme du régime en place.
– Aux opérateurs économiques, constamment perturbés dans la conduite de leurs affaires, de ne pas se résigner et de faire preuve de nationalisme en apportant leur appui aux forces du changement ;
– aux paysans délaissés et abandonnés à leur triste sort de relever le défi du dépassement de l’obscurantisme dans lequel le régime dictatorial les a maintenus.
– aux confessions religieuses réputées pour leur dévouement, de contribuer avec objectivité et détermination à la transformation de notre société.
– A toutes et à tous de soutenir les efforts inlassables de l’UDPS en harmonie avec les autres vrais partis d’opposition pour faire de ce pays où il fait beau vivre dans le respect des droits de l’homme.
Nous vous remercions, Mesdames et Messieurs les journalistes, distingués invités, et nous sommes prêts à répondre à vos questions. Encore une fois, grand merci.
Fait à Kinshasa, le 27 juin 1991
F. Conférence de Presse tenue le 29 août 1991 par laquelle l’UDPS avait dénoncé les mesures monétaires du 17 août 1991 (texte tiré d’Elima du vendredi 30 août1991).
Aspects historiques
Les mesures monétaires du 17 août 1991 allonge la série du cynisme qui a caractérisé le mobutisme bientôt vingt-six ans durant.
En effet, ce phénomène est arrangé dans la catégorie des crimes économiques perpétrés par ce régime moribond. Pour mémoire, nous citerons entre autres :
La confiscation des biens des ouest-africains en 1967 et 1971 ;
Les mesures de :- zaïrianisation de 1973
– Radicalisation de 1975
– Rétrocession de 1976-1977
– Démonétisation en 1979
Les grandes dévaluations de 1983 et 1986
Le phénomène Bindo et la spoliation du portefeuille sou-couvert de la privatisation au profit de la mafia politico-financière en 1990 et 1991
Faits
En date du samedi 17 août 1991 dernier, le gouvernement, représenté par le premier ministre et le gouverneur de la banque du zaïre, a signé une convention avec l’Association Zaïroise des Banques représentée par les hauts responsables de banques commerciales au terme de laquelle la Banque du Zaïre renonce à sa mission traditionnelle de règlementer l’échange et charge les banques commerciales de faire office des bureaux de change tout en annonçant, la suspension du fixing.
Pour rappel, le régime monétaire instauré en 1967 avait permis entre autre la création d’une nouvelle unité monétaire appelée « zaïre », rattachée au dollar américain et était accompagnée de diverses mesures d’encadrement qui avait pour but de préserver le pouvoir d’achat de l’agent économique.
Le salaire de l’agent économique lui permettait non seulement d’acquérir des biens et des services, mais aussi de dégager des économies. Un zaïre équivalait à 2 dollars américains ou 100 FB.
Au terme du décret loi du 23 février 1961, modifié par l’ordonnance-loi n°67/264 du 23 juin 1967, la Banque du Zaïre a pour objet essentiel de maintenir la stabilité monétaire par une politique de crédit et de change favorable au développement équilibré de l’économie de la République Démocratique du Congo.
1. Illégalité
L’acte signé par le gouvernement par la voie de la Banque du Zaïre et les Banques Commerciales n’est qu’une convention de dupe où le dupé se trouve être celui qui aurait dû être en position de force parce que la personne qui signe le contrat sait qu’elle se trouvera en position de faible alors elle veut renforcer la position de son camp futur.
2. Spoliation
Aux termes de cette convention, la Banque du Zaïre a exige aux Banques Commerciales de lui remettre les écritures de clôture du vendredi 16 août à l’ouverture de lundi 19 août. Comme le cours des opérations de vendredi était de 7.780 zaïres pour 1 dollar et que les opérations de lundi 19 août étaient enregistrées au nouveau taux de 15.100 zaïres, il en est résulté une plus-value de change (tant en zaïre qu’en monnaie étrangère)
La destination de cette plus-value est jusqu’ici inconnue, alors qu’elle devait normalement revenir au Trésor public comme cela avait été le cas lors de l’opération antérieure. Il s’agit ici d’une spoliation de basse espèce et une de plus.
3. Absence de mesures d’encadrement.
Ces genres de réajustement sont obligatoirement accompagnés des mesures d’encadrement et notamment la réglementation de change a la mise à la disposition à la Banque Centrale des devises sur les marchés, en vue de soutenir la valeur de la monnaie et éviter les dérapages. Rien n’a été fait dans ce sens confirmant ainsi le dessein diabolique d’achever la destruction du pouvoir d’achat déjà dérisoire, qui se trouve d’ailleurs être les plus-bas du monde.
4. Cynisme politique
Il y a lieu de signaler à l’opinion que cette politique machiavélique a débuté depuis plusieurs mois. En effet, les recettes d’exportation enregistrées à la Banque du Zaïre n’ont cessé de chuter depuis les derniers mois. Pour en donner une illustration, les dites recettes qui étaient de 48.200 mille dollars en décembre 1990 sont tombées à 43.100 mille dollars en juin 1991. Pour le mois d’août en cours, la Banque du Zaïre a décidé de ne plus mettre les divises sur les marchés, déclarant ne plus en avoir. Quel cynisme !!!.
Le Zaïre a-t-il donc cessé brusquement d’exporter alors qu’il est de notoriété public que chaque mois des recettes importantes proviennent notamment des exportations ci-après :
Le cuivre (Gécamines Exploitation)
Le cobalt (Gécamines Exploitation)
Le diamant (la MIBA et les comptoirs)
L’or (SOMINKI, KILO-MOTO, comptoirs et même Banque du Zaïre)
La cassitérite (Gécamines/Sominki)
Le tungstène
Le café
Le quinquina
Le bois
Il y a lieu de signaler à ce sujet deux faits frappants. Le premier est qu’à l’exception de la Gécamines Exploitations, et les sociétés pétrolières productrices, tous les exportateurs n’ont pas rapatrié leurs devises… et même la Banque du Zaïre qui exporte l’or !.
Le deuxième, la discordance constatée chaque fois en ce qui concerne les exploitations de diamant et d’or, entre d’une part la valeur publiée par le centre national d’expertise et, d’autre part, celle déclarée par la Banque Zaïre concernant les mêmes matières précieuses au cours du même mois.
En effet, la valeur retenue à l’exportation par la Banque du Zaïre pour ces matières précieuses se trouve être inférieure à celle qui en est attribuée par la CNE.
Et lorsqu’on sait que la valeur déclarée par ce centre est généralement sous-évaluée, on se rend compte de l’ampleur de la fraude et le pillage organisé par la mafia politique financière.
Par ailleurs, au 27 juin 1991, les avances de la Banque du Zaïre au trésor ont été de l’ordre de 1.275 milliards de zaïres dont le financement monétaire de l’exercice en cours, à la date précitée s’élevaient à 730 milliards 758 millions alors que le plafond arrête au budget révisé était de 900 milliards pour toute l’année.
Ce financement qui a contribué à l’accélération de l’inflation sur le marché n’a servi qu’à financer les seules activités du MPR, à savoir le remboursement des mises aux souscripteurs de Bindo et consorts ; l’achat des véhicules Pajero et autres distribués aux dignitaires du MPR ; la liste des partis politiques alimentaires que des associations de la société civile parallèles telles que (Muziki cent kilos).
Après avoir ainsi utilisé abusivement la planche à billets, dont les conséquences néfastes sont incalculables, c’est le moment que Mobutu a choisi pour remettre le pouvoir à l’opposition, en nommant monsieur Tshisekedi Premier ministre, avec le folklore que l’on connait ( le 22 juillet 1991).
A cette carence des devises, il n’y a qu’une seule explication l’oligarchie politico-financière encore momentanément au pouvoir a décidé expressément de ne plus rapatrier les devises qu’elle réalise grâce aux richesses nationales vendues à l’étranger, privant ainsi notre peuple de ces derniers revenus en devises qui permettraient l’approvisionnement du pays en biens de première nécessité.
Pour nous, l’UDPS, nous retenons tant d’autres, quatre objectifs poursuivis par les auteurs de cette superchérie, à savoir :
La préparation d’un exil politique doré à monsieur Mobutu et aux membres de sa clique
La politique de la terre brûlée, autrement dit, après Mobutu le déluge
Le sabotage de la Conférence Nationale Souveraine à laquelle ils ont toujours été particulièrement hostiles.
Pire encore, le contrôle du reste de la vie économique du pays sera assuré par ceux là même qui ont détruit ce pays.
Ainsi, ils pourront faire et defaire le pouvoir futur du pays parce qu’en fin de compte, ils auront ainsi arraché à l’Etat l’un des attributs de sa souveraineté par la privatisation du change.
L’UDPS, toujours décidé à défendre les intérêts de la population dénoncé avec la derniere énergie l’acte criminel commis à l’endroit de notre peuple déjà sinistré par un gouvernement de transition qui à outrepassé sa mission.
En effet, le gouvernement de transition n’est pas habilité à prendre de si graves décisions qui modifient profondément les structures économiques du pays au mépris de la loi et du peuple souverain réuni en conférence, pour justement jeter les bases d’une nouvelle politique économique, après le constat de faillite économique des 26 ans de mobutisme.
De ce qui précède, le peuple congolais ici représenté par l’UDPS, le parti d’avant-garde, décide :
De ce que l’acte signé par le gouvernement et les banques commerciales est un acte unilatéral de cession gratuit d’un important attribut de la souveraineté nationale,
De proclamer la nullité de la fameuse convention du 17 août 1991 ;
D’inviter la Conférence Nationale Souveraine à traduire en justice les acteurs de ces crimes ;
En même temps, de demander à la Conférence Nationale Souveraine de mettre sur pied une commission ad hoc chargée :
a) D’évaluer le volume et la valeur des exportations de 1960 à ce jour ;
b) D’examiner si toutes les réalisations en devises ont été effectivement rapatriées ;
c) De procéder au contrôle de la gestion des dévies au niveau de la Banque du Zaïre
d) De confronter les écritures du Centre National d’Expertise avec celles de la Banque du Zaïre, afin de dégager la différence non déclarée à cette derniere ;
e) Exiger à la Conférence Nationale Souveraine de changer le gouvernement de fixer le SMIG au niveau du panier de la ménagère, pour permettre aux salariés, non seulement de manger du 1èr au 30 du mois, mais aussi de dégager des économies pouvant ainsi inciter à produire d’avantage et à en obtenir une juste rémunération.
Voilà Excellences, Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs Mesdames, Mesdemoiselles et Messieurs, à quel degré le pays, son peuple et surtout la prospérité sont menacés.
Kinshasa, le 29 août 1991
Pour le directoire de l’UDPS
Sé/Kibassa Maliba
Chapitre 2. LA DESIGNATION D’ETIENNE TSHISEKEDI EN QUALITE DE PREMIER MINISTRE,
Paragraphe 1er. LE REJET DE L’OFFRE.
La première désignation d’Etienne TSHISEKEDI en qualité de 1èr Ministre intervint le dimanche 22 juillet 1991. Elle avait complètement surpris l’opinion. Certains journaux avaient affirmé que cette nomination avait été négociée par l’ambassade des Etats-Unis qui avait à sa tête Mme MELISA WEILLS et que Tshisekedi et Kibassa avaient été aperçus au lac de ma Vallée en conciliabules avec les diplomates américains le dimanche 22 juillet 1991.
Je faisais régulièrement partie du groupe des dirigeants de l’UDPS qui faisait la pique-nique au lac de Ma Valée, sur la route de Nsele ou ailleurs, autour des membres de directoire Kibassa et Tshisekedi et ne me souviens pas avoir été au courant de cette rencontre.
Le Président Kibassa disait ne rien savoir à ce sujet pendant que les journaux soutenaient qu’à un moment, monsieur Tshisekedi s’était retiré du groupe avec le diplomate américain qui lui avait annoncé la nouvelle de sa nomination prochaine.
De toutes les façons, n’importe quel membre de notre groupe pouvait s’entretenir avec une personne de son choix au cours de ces randonnées.
Intervenue juste pendant la période que l’UDPS avait accepté de lancer la plate-forme Union Sacrée, qui peaufinait ses stratégies pour sa participation à la Conférence Nationale Souveraine, cette désignation apparut comme une traitrise envers l’Union Sacrée qui réclamait la formation d’un gouvernement issu de la Conférence Nationale Souveraine.
Lors des assises de l’Union Sacrée à la salle de zoo, monsieur NGOMA Ferdinand, Président de la Démocratie Chrétienne Fédérale (DCF) présenta une motion qui s’en prenait au membre de directoire de l’UDPS Etienne TSHISEKEDI à qu’il était demandé de s’expliquer, alors que celui-ci soutenait de n’avoir pas été consulté pour cette nomination.
Le Comité National de l’UDPS débattit en une séance extraordinaire de la possibilité d’acceptation ou non par l’UDPS de cette désignation. Pendant ce temps, le devant de la permanence était envahi par une foule hostile à cette nomination qui chantait le « TOBOYI… TOBOYI ».
J’avais soutenu l’acceptation de ce poste et avais suggéré, le devoir de s’expliquer auprès des combattants qui devaient être guidés.
Parti d’avant-garde, l’UDPS n’avait pas à se préoccuper outre mesure de l’Union Sacrée qui était composée des partis concurrents à l’UDPS. Ces partis pouvaient par jalousie empêcher le sacre de l’UDPS.
En ce qui concerne la foule qui menaçait de saccager la permanence de l’UDPS et la maison d’Etienne Tshisekedi, j’avais insinué que cette foule pouvait avoir été constituée par les militants du MPR qui étaient pris au dépourvu, par cette désignation d’un opposant qui n’allait pas veiller à la sauvegarde de leurs intérêts.
Le vote intervenu avait soutenu le rejet de cette désignation et, monsieur Tshisekedi déclina l’offre sous prétexte de n’avoir pas été consulté.
Paragraphe 2. LE MARIAGE DE TSHISEKEDI ILUNGA Roger et BAUNA LOUMPANGOU Sylvie,
Le membre de directoire Etienne Tshisekedi au cours d’une visite à ma résidence m’avait informé de son désir de fêter pour une fois avec faste à l’occasion du mariage de son fils Roger et me désigna en qualité de parrain.
Je participais avec mon épouse aux côtés des couples Tshisekedi et Kibassa, à la réception organisée par la belle-famille de Roger à Lemba, à l’occasion du mariage coutumier.
Le 10 août 1991, après la cérémonie du mariage civil à l’Hôtel de Ville, mon couple joua son rôle de parrain au mariage religieux conclu à la Cathédrale Notre Dame du Zaïre devant un public impressionnant.
Alors que j’avais escorté la voiture des mariés qui se rendait à une maison de coiffure située près de la devinière dans les environs du Palais de Marbres, les hiboux nous prirent en chasse jusqu’à la destination.
Le dîner avait été organisé par le club de Réflexion « LE RAPIDE » de MUKENDI wa MULUMBA et PEPIN LE BREF au restaurant chinois du centre ville et la soirée dansante avait lieu au parc de la révolution (parc DE BOECK).
Je n’avais quitté les nouveaux mariés qu’après les avoir vus entrer dans leur chambre à l’hôtel au-delà de minuit.
Lorsque j’avais reçu à ma résidence les nouveaux mariés pour un dîner peu avant leur retour en Europe, je leur avais dit que je ne connaissais pas moi-même la cause de l’honneur que m’avait fait le tout-puissant membre de directoire de l’UDPS en me désignant comme leur Parrain.
Paragraphe 3. DE PLUS EN PLUS DE LA MEFIANCE AU SEIN DE L’UDPS,
La consultation éventuelle dont avait été bénéficiaire le membre de directoire Etienne Tshisekedi amplifia la méfiance au sein du Parti. On se soupçonnait mutuellement d’être approché par le pouvoir.
Le Président Kibassa en fit les frais le 30/08/1991 par l’intrusion à la permanence des mamans dirigées par MA INGALU qui l’accusait d’être en voie d’accepter en sa faveur le poste de 1èr Ministre.
En effet, on avait soupçonné le membre du directoire Kibassa d’avoir rencontré certaines personnes du milieu présidentiel.
Il était dommage de constater l’intolérance illimitée des fanatiques du fondateur Etienne Tshisekedi. Ce denier pouvait rencontrer BOMBOKO, recevoir MULUMBA LUKOJI, le PAD de MIBA et même accepter comme conseillers des personnes du milieu de la sécurité mobutienne sans irriter qui que ce soit.
Par contre, si un autre fondateur s’entretenait avec un cadre proche de Mobutu même s’il était son frère, il devenait un traître.
En réaction du geste posé par les mamans dirigées par MA ILUNGA, d’autres mamans de l’UDPS vinrent lire à la permanence en date du 4/9/91 la motion dont le contenu suit :
MOTION
Nous Femmes de l’UDPS, acquises à l’orthodoxie du Parti et à son essence même, qui évite l’opportunisme, le sentimentalisme, l’esprit sectaire et la facilité, avons appris avec indignation la manipulation zizaniste dont a été l’objet une fraction des mamans de la fédération de Kinshasa en date du 30 août 1991.
Tout en condamnant énergiquement cet acte, nous prions au directoire national et à toute la direction politique de pardonner cette action irréfléchie dont les mamans n’ont pas été conscientes suite à une désinformation et à l’intoxication délibérées deux ceux qui ont tiré les ficelles dans l’ombre.
Nous réitérons, au nom de toutes les mamans de l’UDPS, toutes Fédérations confondues, notre confiance au directoire de l’UDPS, Un, indivisible et indestructible.
Nous félicitons en effet, le Président Fréderic KIBASSA MALIBA, membre de ce directoire, premier victime de cette manœuvre, qui a eu, malgré les circonstances, la noble patience d’écouter, d’enseigner, d’informer et d’édifier les mamans de la Fédération de Kinshasa, du moins, celles qui ont été attirées dans ce guet-apens.
Nous demandons aux autorités de la Fédération de Kinshasa de prendre les mesures qui s’imposent afin de mettre fin définitivement à des telles tentatives.
Nous condamnons avec énergie des actes présents ou futur de la même famille et assurons le directoire national d’être les véhicules de la véritable culture politique et de la vraie information de notre Parti.
Fait à Kinshasa, le 04/09/1991
Sé/les mamans de l’UDPS
Paragraphe 4. LES ACCORDS DU PALAIS DE MARBRE I
A l’UDPS, tous les membres du directoire avaient le droit d’assister aux réunions de l’Union Sacrée.
Le secrétariat de l’Union Sacrée était tenu par quelques membres désignés, en provenance des partis créateurs qu’étaient l’UDPS, l’UFERI et le PDSC.
A l’UFERI, KOT AYOMB faisait la permanence. Il avait été demandé à BIRINDWA et à moi-même de prendre part à certaines réunions communes. Mon travail de mandataire dans une entreprise publique ne permettait pas ma présence régulière.
Aussitôt que le secrétariat de l’UDPS avait été élargi aux membres non-fondateurs, monsieur GISANGA qui avait été désigné Secrétaire national chargé d’autres partis politiques, prit cette charge aux côtés de Birindwa.
A la résidence de monsieur NGUZ, à Ma campagne, près de camp militaire Luano, où se tenaient les assises de l’Union Sacrée, il y avait une forte effervescence et pourtant la Conférence Nationale Souveraine siégeait au Palais du Peuple.
Tout semblait indiquer que l’Union Sacrée allait être désignée à former le gouvernement.
A l’Union Sacrée aussi, on se tournait vers l’UDPS qui par devoir de solidarité n’avait pas accepté à former le gouvernement en juillet.
L’UDPS, quant à lui, il avait les yeux braqués sur Tshisekedi, celui-là même, à qui le Comité National avait dernièrement demandé de rejeter sa désignation.
Au cours des tractations de Palais de Marbres I, le fondateur Birindwa m’avait informé une nuit, qu’il y avait à l’Union Sacrée un changement de position quant à la personne qui devait être désignée pour former le gouvernement et que plusieurs membres soutenaient KIBASSA au lieu de TSHISEKEDI.
Tôt le matin, je rejoignis la résidence de Kibassa pour m’informer des raisons de ce changement de position, qui n’étaient pas portées à la connaissance du Parti.
Le Président KIBASSA qui m’avait reçu en pyjama forma à son télécel le numéro de BIRINDWA pour lui reprocher de m’avoir mis au courant de ce projet puis s’adressant à moi, il dit : « Vous êtes venu chez moi, très tôt le matin comme ça, rien que pour cela » ?
A l’issue de leurs réunions, monsieur Etienne TSHISEKEDI fut désigné formateur du gouvernement. Le MPR et apparentés s’étaient en vain opposés à cette désignation préférant un autre membre du directoire de l’UDPS qui était KIBASSA MALIBA, mais ce dernier déclina l’offre et soutint malgré lui la candidature de son collègue !.
Après sa désignation par les accords du Palais des Marbres 1, Etienne Tshisekedi passa près de deux semaines en train de former son gouvernement. Le Front de démocrates unis (FDU) et le Président Mobutu avait chaque fois quelque chose à reprocher à la liste présentée, à telle enseigne qu’il commençait à y avoir une tension au sein de la population à cause de reports continuels de la publication de la liste des ministres.
Au niveau du Parti, le Premier Ministre choisit ses propres critères pour y puiser des ministrables. Les bruits couraient partout qu’il s’était adressé aux membres du directoire pour avoir des propositions.
Monsieur Kibassa devait donner les noms de ministrables pour le Katanga, le Nord, le Sud-Kivu et le Maniema. Monsieur Mbwankiem devait proposer pour le Bandundu et le Bas-zaïre. Le professeur Lihau ceux des Régions de l’Equateur et Haut-Zaïre pendant que le formateur allait décider pour les deux Kasaï.
Le principe soutenu au collège des fondateurs était qu’il fallait laisser l’entière liberté au formateur. Le fondateur Birindwa, chargé de l’organisation rassembla toutefois les souhaits des fondateurs. J’avais eu à postuler personnellement le ministère de la Justice, de l’Agriculture ou celui des Travaux Publics.
Au sein de la famille shabienne de l’UDPS, je passais partout pour ministrable à cause de ma position de fondateur aux côtés de l’autre shabien Kibassa qui allait s’occuper de la présidence du Parti.
Des intrigues virent cependant jour avec la multiplication des réunions tenues tantôt à la permanence, tantôt à Bandalungwa ou même à Maluku ! Réunions auxquelles je ne participais pas parce que non invité. J’appris cependant que certains shabiens soutenaient que Délégué Général Adjoint à la Banque de Crédit Agricole, il aurait été mieux que je laisse une autre personne représenter le Shaba, écartant ainsi mon droit à une promotion. Il m’avait été aussi rapporté que certaines mamans shabiennes avaient conseillé au Président KIBASSA de soutenir un candidat qui allait penser à partager avec lui et qui dépendait de lui au lieu d’un homme aussi indépendant que LUMBU qui se proclamait fondateur et égal à lui.
Le Président Kibassa m’informa peu avant la publication de la liste des ministres que je devais m’attendre à devenir Gouverneur de la Banque du Zaire. Lui ayant répondu que c’était plutôt le poste de ministre qui m’intéressait, il répondit qu’il avait été accordé à l’UDPS/Shaba, le ministère de Travail et Prévoyance sociale, qui était vraiment à la queue et ne devrait pas me convenir.
Après la publication de la liste des ministres, le Premier Ministre Tshisekedi me dit lui-même qu’il m’avait réservé le poste de Gouverneur de la Banque du Zaire. Je lui répondis que dans le cadre du partage de pouvoirs avec Mobutu, ce dernier avait rassuré au Gouverneur en poste qui était parent à mon épouse, qu’il n’avait pas cédé ce poste à l’UDPS.
Le Premier ministre balaya d’un geste de la main tout ce que je venais de dire. Pourtant, il se murmurait dans son milieu proche que le poste du gouverneur de la Banque du Zaire allait être confié à monsieur TSHISHIMBI.
La liste des membres du gouvernement comprenait les noms de dirigeants de l’UDPS dont les noms suivent :
Les fondateurs BIRINDWA et KAPITA,
Le Secrétaire national GISANGA,
Les membres du Comité national, MBUMB MUSONG et BAZINGA et le membre du bureau d’étude BANDOMA.
D’aucuns avaient soutenu que le 1er Ministre avait choisi librement ses ministres tant au sein de l’UDPS qu’en dehors. Les plaintes avaient toutefois été multiples. Le professeur Lihau disait que des candidats qu’il avait présentés, notamment le membre du Comité national NGELEZI n’avait pas été pris et que pour le compte de la Région de l’Equateur, c’était un membre du bureau d’Etude « CEREPRO » de monsieur KABANGU Olivier qui avait été pris dans le quota de l’UDPS/Equateur. Au Haut-Zaïre, la personne qui avait été désignée était le beau-fils du fondateur SIMBA.
Il n’y avait pas un ministre du nord-shaba dans le 1er gouvernement formé par le 1er Ministre Tshisekedi.
La liste des Ministres était la suivante :
1.Ministre de l’Intérieur : Mathieu BOSUNGA LOMBE
2.Ministre des Relations
Extérieures : BUKETI BUKAY
3.Ministre de la Justice et
Garde des Sceaux : Roger GISANGA
4.Ministre de la Défense, Sécurité du Territoire et Anciens Combattants : NGBANDA NZAMBOKO ATUMBA
5.Ministre des finances et Portefeuille : Faustin BIRINDWA
6.Ministre du Plan et Ravitaillement : IFEFA MANDJI
7.Ministre de l’Economie et Moyennes Entreprises : Fernand TALA NGAI
8.Ministre du Budget : Baudouin KABISI
9.Ministre des Transports et Communications : Noël MBALA NKONDI
10.Ministre du Commerce Extérieur et Industrie : Paul KAPITA SHABANGI
11.Ministre de Travaux Publics, Urbanisme et Habitat: MUTOMBO Kia MAKOSA
12.Ministre des Terres et Mines : MUKENGE NDIBU
13. Ministre de l’Energie : Robert KAKWATA WA KAKWATA
14. Ministre de l’Agriculture, Elevage, Foresterie et Pêche : Paul BANDOMA
15. Ministre des Postes, Téléphone
16. Ministre de l’Environnement et Tourisme: Tharcisse LOSEKE NEMBA-LEMBA
17. Ministre de l’Education Nationale et Recherche Scientifique : Jean Claude BIE- BIE
18. Ministre de la Culture et des Arts : BULA PALUKU
19. Ministre de la Santé, Famille et Affaires Sociales
20.Ministre de le Fonction Publique : Denis BAZINGA
21.Ministre de Travail et de la Prévoyance Sociale : MBUMB MUSONG
22.Ministre des Sports et Loisirs : Joseph POMBOLINGY.
Le jour de prestation de serment tout se déroula normalement au Palais des Marbres. Les membres du gouvernement avaient été invités à signer seulement le procè-verbal de prestation de serment.
Le Premier ministre, tout en ayant apposé sa signature biffa les mots « constitution » et « garant » contenus dans le texte de serment.
Le Président de la République qui ne réagit pas directement envoya à la résidence du Premier Ministre un autre texte, afin qu’il le signe sans le raturer, ce que celui-ci refusa.
Plusieurs ministres de l’Union Sacrée avaient assiégé le Premier Ministre afin qu’il régularise la situation qui l’opposait au Président de la République mais en vain.
Le Porte-parole du Président de la République, monsieur KISIMBA NGOY fit son apparition à la télévision nationale pour dire à l’opinion que le 1er Ministre ayant raturé son serment, il ne pouvait pas entrer en fonction et effectivement le lendemain, les bureaux des ministres et hôtel du gouvernement étaient fermés par la garde présidentielle.
Dès la publication de l’ordonnance de déchéance du 1er Ministre en date du 21/11/1991, la garde présidentielle avait dispersé les manifestants qui avaient pris d’assaut l’hôtel du gouvernement.
L’UDPS resta solidaire avec son Premier Ministre parce qu’il avait trouvé anormal alors que durant toutes les années de la lutte on vilipendait la constitution et qu’on faisait tout pour chasser Mobutu que tout à coup l’on accepte cette constitution et qu’on érige Mobutu en garant.
Le Secrétaire national à l’organisation, monsieur BIRINDWA me dit personnellement que toute la nuit ayant précédé la prestation du serment, il avait en compagnie du directeur de cabinet du Président, Monsieur MUKONDA fait la navette entre le Président et le 1er Ministre.
L’objet de la navette avait été justement, celui de concilier leurs positions diamétralement opposées tant sur le fond que sur la forme. Le Président Mobutu avait accepté qu’il n’y ait pas pronociation du texte de serment comme par le passé, mais que seules les signatures soient posées. Au sujet du texte, les mots « constitution et garant » pour Mobutu, étaient indispensables.
Le 1er Ministre Tshisekedi ne voulait pas de ces mots mais accepta quand même que la cérémonie ait lieu. Tout le monde avait cru qu’il avait opté pour une autre démarche, celle de lutter dans le cadre de la Conférence Nationale contre cette constitution. Sa surprise avait été grande quand il avait vu le 1er Ministre en train de biffer les mots qu’il semblait avoir accepté la veille et provoquer ainsi une crise.
La pression exercée sur le Président Mobutu par l’opinion nationale et internationale au sujet de la révocation du 1er Ministre Tshisekedi et de la nomination de monsieur Bernadin MUNGUL DIAKA sans consulter l’opposition avait poussé monsieur Mobutu à revoir sa position.
Paragraphe 5. LES ACCORDS DU PALAIS DE MARBRES II,
A l’UDPS, on attendait une nouvelle nomination du membre de directoire de l’UDPS, Tshisekedi alors qu’il n’en avait pas été ainsi tant du côté des Forces Démocratiques Unies (FDU) proches du Président Mobutu que des certains membres de l’Union Sacrée dont le Président de l’UFERI, monsieur NGUZ KARL I BOND qui était devenu lui-même candidat 1er Ministre.
Comme aux accords du Palais de marbres (1), c’est à l’opposition que les accords du Palais de marbres (2) conclus en présence du médiateur sénégalais ABDOU DIOUF et son Ministre d’Etat ABDOULAYE WADE en date du 22 novembre 1991 avait confié la charge de former le gouvernement. Le 1er Ministre devait être désigné par ordonnance présidentielle.
Le Président Mobutu désigna monsieur NGUZ KARL I BOND, Président de l’UFERI, en qualité de 1er Ministre alors qu’il n’avait pas été recommandé par l’Union Sacrée.
Le mécontentement à l’UDPS était total. Il fallait dès lors tourner les regards vers la Conférence Nationale Souveraine pour espérer revenir au pouvoir. En effet, la déclaration commune du 22 novembre 1991 recommandait que les travaux de la Conférence Nationale Souveraine, dans l’ordre et la paix, devaient élaborer les nouvelles structures de l’Etat zairois.
Paragraphe 6 LA CONFERENCE NATIONALE SOUVERAINE
1. SON OUVERTURE ET SA SUSPENSION,
Dès le discours du Président Mobutu 24 avril 1990 pour la démocratisation du pays, plusieurs schémas furent prévus par différentes personnalités. Au niveau de l’UDPS, le professeur LIHAU se prononça sans tarder sur la nécessité de l’organisation d’une conférence nationale qui aurait la compétence de statuer sur le processus que devrait prendre le pays pour accéder à la 3ème République.
Si au niveau des partis d’opposition cette conférence nationale réclamée devait être souveraine, il n’en était pas de même pour le Président Mobutu, qui offrit d’abord une conférence constitutionnelle et ne céda qu’auprès des pressions exercées tant au niveau national qu’international.
Soutenue souveraine par la population, elle ne vida pas les matières qu’elle estimait examiner. Malgré sa durée la plus longue de l’Afrique, elle fut empêchée par le pouvoir d’examiner en plénière les matières ayant trait aux assassinats et aux biens mal acquis.
De temps à autre aussi, elle connut des interruptions pendant lesquelles des manifestations ayant entraîné même des morts d’hommes furent organisées. L’UDPS et sa plate-forme, l’Union Sacrée de l’Opposition pour le changement Radical (USOR) refusa de prendre part aux réunions préparatoires de la conférence constitutionnelle, pour n’accepter que la Conférence Nationale Souveraine.
Lors de sa réunion du 22 janvier 1991, le Comité National de l’UDPS avait décidé la création au sein de l’UDPS de la commission chargée de la conférence nationale et de la constitution. Cette commission avait été composée de membres dont les noms suivent :
BAKATUPINGANA TSHISUA-BANTU
BAL MAYEL E MURBAL
BETU KABAMBA MAWEJA Armand
BIRINDWA Faustin
Me BOKENG Athanase
KANDONI Célestin
Me KANTA Pierre Justin
LIHAU EBUA Marcel
KIMPIOB Yvon
KINGOTOLO LUNIANGA
MBUMB MUSONG Côme Robert
NTITA TSHIMBALANGA Henoc
Me LUMBU MALOBA NDIBA
DIA ONKEN AMBEL
GISANGA
KAPITA
Au cours de sa réunion du 19/1/1991, le bureau suivant avait été constitué :
Président : Prof. LIHAU EBUA Marcel
1er vice-Président : Me LUMBU MALOBA NDIBA
2è vice-Président : KIMPIOB Yvon
Secrétaire Rapporteur : BAKATUPINGANA
2è Secrétaire Rapporteur : Me KANTA
En principe à l’UDPS, nous ne nous étions pas préoccupés outre mesure du problème de l’importance du nombre de délégués à la Conférence Nationale Souveraine. De fois, nous nous disions que ceux de nos membres qui auraient le privilège de nous représenter à la Conférence Nationale Souveraine trouveraient, si nécessaire, des ouvertures par lesquelles ils pouvaient faire inviter d’autres membres en cas de nécessité.
Le gouvernement MULUMBA LUKOJI, certainement tenant compte de la présidence de l’UDPS qui était composée de quatre membres formant un directoire s’y inspira pour inviter notre directoire et quatre membres de chaque parti reconnu.
En avril 1992, à la reprise de la Conférence Nationale Souveraine, deux membres de directoire de l’UDPS, en l’occurrence l’ancien Premier Ministre TSHISEKEDI et l’ancien Premier Président de la Cour Suprême de Justice, LIHAU furent retenus en qualité d’invités du Gouvernement et avaient été remplacés par les collègues KAPITA et KWEDI, bénéficiaires de l’application du principe de géo-politique. Je me trouvais en ce moment en mission d’inspection du Parti dans ma zone d’origine de Kongolo.
Ouverte le 7 août 1991 par le 1er Ministre MULUMBA LUKOJI, le démarrage effectif de la Conférence Nationale Souveraine posa d’énormes problèmes à cause des manipulations exercées par le 1er Ministre, sans doute, pour la rendre favorable à lui, mais aussi à cause de la création sans respect de textes, d’innombrables partis politiques financés par lui, par Monsieur TSHIMBOMBO MUKUNA, conseiller du Président Mobutu et du manque de la maîtrise dans la direction des travaux de monsieur KALONJI MUTAMBAYI perché à la présidence provisoire.
Les délégués de l’Union Sacrée de l’Opposition Radicale mécontents de la manière dont était accordée la parole, exercèrent un jour, les voies de fait sur les agents de l’ordre qui tentaient d’empêcher à un de leurs de prendre la parole à la tribune.
Le désordre qui surgit dans la salle alors que la séance était radiotélévisée plongea la population dans le doute.
En effet, la conférence nationale avait fait naître à la population l’espoir de règlement de ses problèmes de tout ordre.
Les émeutes et pillages intervinrent dès après cette scène du 22 au 24 septembre et entraînèrent la chute du gouvernement Mulumba Lukoji.
Le gouvernement TSHISEKEDI qui naquit difficilement n’ayant pas fonctionné, il n’avait pas organisé la Conférence Nationale Souveraine.
Le 1er Ministre MUNGUL DIAKA, remplissant son rôle de pouvoir organisateur de la Conférence Nationale Souveraine, l’invita à se réunir mais c’est le gouvernement NGUZ par son ministre de l’intérieur MANDUNGU BULA NYATI qui organisa le bureau de la Conférence Nationale Souveraine par l’élection de Monseigneur MOSENGWO PASINYA en qualité de Président.
L’Union Sacrée de l’Opposition Radicale soutint la candidature de Monsieur ILEO à la première-vice présidence contre BANZA MUKALAY soutenu par la mouvance présidentielle. La victoire de monsieur ILEO, président du PDSC réjouit l’UDPS qui misa de nouveau sur l’élection d’Etienne Tshisekedi par la Conférence Nationale Souveraine en qualité de Premier ministre.
Malheureusement quelques jours après, en date du 6/1/92, un incident portant sur la géopolitique nationale avait entrainé la sortie de la salle du Congrès, des partisans de la mouvance présidentielle et fit suspendre la Conférence Nationale Souveraine.
En effet, la mouvance présidentielle, réclamait une CNS dont les délégués seraient désignés au prorata de la population de chaque région du pays. Le camp de l’opposition avait rejette cette thèse, alléguant que le pouvoir s’était laissé prendre à son propre piège. N’avait-il pas fait créer des partis politiques bidons dont la direction était confiée à des individus du Kasai qui ont vite fait de retrouver le camp régional ?
Le départ de Mulumba Lukoji de la primature avait eu pour effet de les jeter dans les bras tout naturel de Tshisekedi wa Mulumba, luba-kasaïen comme eux.
On avait aussi accusé le feu docteur NUMBI d’avoir gonflé délibérément le volume luba-kasaïen au Palais du Peuple par ses listes de la Société Civile.
Après le retrait de la mouvance présidentielle intervint progressivement celui du gouvernement Nguz, des délégués du Shaba puis de ceux de Bandundu et enfin pour soi-disant, raison de manque de moyens financiers, la Conférence Nationale Souveraine avait été suspendue, le 8 janvier 1992 par le gouvernement Nguz et les conférenciers des régions, invités de regagner leurs régions respectives dès le 9 janvier 1992.
La reprise des travaux de CNS était conditionnée par le pouvoir à :
- La réduction du nombre des délégués à 500
- Pas de 1er Ministre issu de la CNS
- Plébiscite du bureau définitif sur base de consensus
- Limitation de la souveraineté de la CNS aux prescrits de l’ordonnance la convoquant
- Négociations proposées au bureau provisoire de la CNS.
Ignorant l’ordre de fermeture, les conférenciers de l’USOR s’étaient présentés au Palais du Peuple le 20 janvier 1992, où, ils avaient été brutalisés par les forces de l’ordre.
Monseigneur Monsegwo s’investit dans la recherche de la réouverture de la CNS par des rencontres avec le Président Mobutu. Le 1er vice-président de la CNS, monsieur Iléo et l’Union Sacrée des forces de changement optèrent pour l’exercice des pressions par le peuple. Ainsi ne reconnaissant pas le gouvernement Nguz et ne croyant pas tirer quelque chose de bon auprès de Mobutu, ils s’investirent dans le peuple à qu’ ils avaient demandé d’organiser des marches. L’UDPS s’investit dans la mobilisation de ses combattants qui, dans le cadre des festivités de son deuxième anniversaire, devaient plutôt se placer derrière l’USOR et les chrétiens appelés à marcher le 16 février et le 1er mars.
Ainsi donc, il fut organisé le jeudi 23/01/92 et le mercredi 29/1/92 des journées ville morte et le mardi 4/02/92 la grève générale sur toute l’étendue du pays.
2. LES MARCHES DES CHRETIENS
a) La marche des chrétiens du 16/02/1992
Officiellement c’est l’Assemblées des Abbés Kinois et de la Conférence Episcopale du Zaïre qui s’étaient occupés de l’organisation de ces marches afin de forcer le gouvernement de revenir sur sa décision de suspension de la Conférence Nationale Souveraine.
Monsieur KANDOLO du comité des chrétiens laïcs et monsieur Pierre LUMBI de la société civile invitèrent les chrétiens de Kinshasa et même de tout le pays de marcher après les cultes du 16/02/ et 1er /03/1992.
Tout Kinshasa respecta le mot d’ordre et en dehors des églises catholiques, les fidèles tels que ceux de l’Eglise Kimbangu qui ne s’étaient pas soumis à ce mot d’ordre furent considérés comme étant contre le changement et par conséquent, attaqués par le peuple.
Les Abbés catholiques, passèrent pour des grands meneurs, car ils avaient occupé des places d’avant-garde et s’étaient soumis aux persécutions du pouvoir. Il y eut ce jour là, à travers la ville de Kinshasa, une répression sanglante qui était abattue sur les chrétiens et principalement à l’église Saint Joseph de Matonge, où plusieurs personnes succombèrent par les balles de la soldatesque. De dizaines des corps avaient été étendus dans l’église.
J’avais assisté personnellement à la messe à l’église Saint Sacrement de Ngaliema-Binza Delvaux. Dès après la masse de 10h, je suivis la colonne des chrétiens qui prit la direction de l’Institut Pédagogique Nationale (IPN). Après avoir dépassé la route de la maternité, quelques véhicules des militaires nous rejoignirent. La soldatesque se servant de cordelettes se mit à frapper d’abord les fidèles qui étaient derrière moi pendant que la colonne avançait toujours et avait dépassé l’avenue Okito. Jetté à terre par un militaire, je restai dans la position couchée pendant un temps comme plusieurs autres manifestants alors que le nombre de persécuteurs se mit à croître. Ils s’en prenaient plus particulièrement aux chrétiens qui étaient devant.
Dans la bousculade, je quittai le lieu et avais pénétré à peine dans la maison d’une connaissance lorsque j’entendis les tirs. Les militaires étaient aperçus dans les environs disait-on à la recherche d’un meneur de l’UDPS ! Je me rendis compte que le meneur recherché n’était autre que moi-même, heureusement non reconnu à l’endroit où je me trouvais.
Le 17 février 1992, Monsieur MUAMBA MUSHI-MPAKU Gode, de la sécurité à la Permanence de l’UDPS, avait rédigé le rapport ci-dessous :
A. LES DECES
- KABONGO MBUYI Jean de Dieu (22 ans)Etudiant en 1er Graduat en Médecine, Quartier de Marais, Av.Tolingana n°25/A(en dessous de pont Matete)
- MPONGO, Zone de Kalamu, Quartier Matonge, Avenue Bozene n°18.
- LUSANGWE, Zone de Selembao, Avenue Makiona, n°10
- MABIKA TSHIMANGA, Avenue Ngaliema, n°64, Quartier Mombele, Zone de Limete
- Un mort en face de l’école de Navigation à Kauka
- NZOKO MUKOKO, Avenue Ngamboko, n°9, Quartiet Kingasani 2.
- MPOYI KATUMBA, Avenue Yasa, n°177, Quartier Kasai, Zone e Bumbu
- Hypolite MPOYO KATUMBA(Etudiant), Avenue Yasa, n°175, Zone de Bumbu
- Dieudonné, Avenue Dibaya, Zone de Ksavubu
- Bona MANGALA, Avenue Inzia, n°8, Zone de Kasavubu
- Petit Bob, Avenue Wandu, n°2, Yolo-Sud, Zone de Kalamu
- MINA MATHI, Avenue Ecolier, n°9, Quartier Kauka, Zone de Kalamu
- MALABA, Avenue Busudjano, n°58, Zone de Kasavubu
- Crispin ABELAYINA, 55, Avenue Munene, Zone de Masina/Petro-Zaïre
- NGOMA François, Zone de Masina.
B. LES BLESSES
- MUETUKALA Edouard, 102,Avenue Air-Zaïre, Quartier 2, Zone de Masina
- ALIKOKO, 219, Avenue Movenda, Zone de Ngiri-Ngiri
- NZEBA MUYA, Avenue Kidami, n°104, Zone de Ngaba
- BUNGU, Avenue Kimbau, n°69, Zone de Lemba
- IZAKA, Avenue Fele, Zone de Limete
- MUBENGA, Avenue Kivu, n°18, Quartier Mikondo, Zone de Kingasani
- Abbé Léonard, Paroisse Sainte Marie des Pauvres
- Abbé Adolf, Zone de Kingasani/Mikondo
- Abbé NZITA de Saint François, arrêté au niveau du pont Kwete (Lunda)
- LEACE, Avenue Yonso, n°61, Quartier Maindombe, Zone de Bumbu
- ZOWA NGANDU, Avenue Luyeye, n°68, Quartier Mfimi, Zone de Bumbu
- KIMBANI KIBANDA, Avenue Yonsa, n°61/103, Quartier Mai-Ndombe, Zone de Bumbu
- MABIMBA MIZELE, Avenue Kulumba, n°118, Quartier Kwango, Zone de Bumbu
- NGUMU, Avenue Mukoso, n°103/7 Lukenie
- IWAWA Cyril, Avenue Yasa, n°191, Quartier Kasai, Zone de Bumbu
- MAMONA KULUMBA Pierre, Zone de Bumbu
- DIAMBILAYI Albert, Avenue Lulua, n°181, Zone de Ngiri-Ngiri,
- MATAMBA KALONJI, Avenue Igende, n°79, Zone de Ngiri-Ngiri
- MALUNDU KASONGO, n°80, Zone de Ngiri-Ngiri
C. LES ENLEVES
- Jean-François MUNOKO, Quartier Makala, Zone de Masina/Petro-Zaïre
- LUMBALA KABEYA, Quartier de Bonhomme, 5ème Rue, n°650, Zone de Matete
- Abbé KOLO Ives, Curé de la Paroisse Reine des Apôtres
- Abbé LUYEYE François, Recteur au Grand Séminaire Jean Paul 1er
- OMANGA François, Médecin Stagiaire à l’hôpital Yolo-Médical
D. FAITS DIVERS
1. A la Paroisse Saint Joseph à Matonge, la garde civile s’était acharné à vouloir amener 8 dépouilles mortelles.
2. A Bandalungwa, un militaire a poignardé une femme, celle-ci a été vangée par le collègue de ce militaire.
3. Les militaires sur une auto-blindée ont tués 2 personnes à Yolo Médical
4. 2 mamans catholiques ont étés tuées par balle par un commando protégeant la résidence de DIANGENDA et a été lui-même tué par son collègue.
5. Entre le croisement des avenues Birmanie et Shaba, un militaire de la division spéciale présidentielle(DSP) a été blessé au bras grièvement.
6. Au Policlinique Mama MWILU, il y avait 4 blessés.
7. Le fils du membre du Comité National BAZINGA a été gratté par une balle qui a tuée un de 8 morts de Saint Joseph
8. Au Centre radiologique Kimbanguiste, il y avait 2 hommes et une femme blessés
9. BIAYI Donatien de l’avenue Moboma, n°15 bis, Zone de Kingasani avait été arrêté
10. Le militaire qui avait tué l’étudiant KABONGO avait été tué au niveau de l’avenue Lubisi, n°57, Quartier de l’Ecole à Lemba.
Tenant compte d’autres sources 69 morts et 108 blessés avaient été comptabilisés.
Contre ce comportement du pouvoir, l’UDPS réagit conformément au communiqué ci-dessous du Comité National de Coordination des Manifestations marquant le 10ème anniversaire de la fondation de l’UDPS :
COMITE NATIONAL DE COORDINATION MARQUANT LE 10ème ANNIVERSAIRE DE LA FONDATION DE L’UDPS
COMMUNIQUE
Vu le nombre des morts, victimes de l’intolérance politique et de la répression sanglante du dimanche 16 février 1992 par la milice mobutienne.
Vu le deuil qui frappe la nation zairoise en général et la grande famille de l’opposition en particulier, le comité national de coordination des manifestations marquant le 10ème anniversaire de la fondation de l’UDPS, tient à informer l’opinion publique nationale et internationale que notre programme des manifestations prévu vient d’être modifié de la manière suivante :
Vendredi 20.02.1992 : culte d’action de grâce dans toutes les sections et cellules à 17h00’ NB : les officiels du Parti assisteront au culte catholique à la paroisse Saint Alphonse de Matete avec les membres des familles des victimes.
Samedi 22.02.1992 : visites des Membres des comités cellulaires et sectionnaires, du comité national et du mouvement féminin UDPS dans des hôpitaux ci-après :
- Hôpital Kimbanguiste à Kimbaseke
- Hôpital Roi Baudouin à Masina
- Hôpital Saint Joseph à Limete
- Hôpital Docteur Numbi (ex Mama Yemo)
- Hôpital de Kintambo
- Clinique Kinoise
- Clinique Ngaliema.
Par ailleurs, les Combattants et Combattantes s’organiseront dans des sous-cellules, cellules et sections pour effectuer des travaux d’assainissement de certains lieux publics (polycliniques, marchés, etc.).
Lundi 24.02.1992 : Journée de jeûne et de solidarité avec le Père Gustave LUBUNDA qui fait la grève de la faim pour que la CNS reprenne immédiatement ses travaux et sans conditions.
Mardi 25.02.1992 : Visite des mamans du mouvement féminin-UDPS :
a) A l’hôpital pédiatrique de Kalembe-Lembe à 12h00
b) Au home des vieillards de Kinshasa à 14h00
c) Au home des vieillards de Kitambo à 16h00
Mardi et Mercredi 26 et Jeudi 27/02/1992 : Journée d’autocritique à la base (sous-cellules, cellules, sections et fédération ainsi que dans chaque organe formel et informel du Parti (clubs de réflexion, mouvement féminin, membres d’honneur, JUDPS etc.)
Vendredi 28.02.1992 : A la Permanence du Parti (12ème Rue Limete) journée d’autocritique réunissant, d’une part, la Direction Politique du Parti et, d’autre part, les Combattants de la base (structures formelles et informelles du Parti).
Samedi 29.02.1992 :
a) Conférence du Ministre KAPITA ; Thème : « Quel avenir politique pour le Zaire ? »
b) Inauguration de l’exposition UDPS à 10h à la Permanence du Parti
c) Gala cinématographique au Palladium à 16h00.
NB : la suite du programme demeure inchangé (voir calendrier des manifestations).
Fait à Kinshasa, le 19/02/1992
Par ma note CABJDH/002/92 du 10 février 1992, j’avais au nom de l’UDPS protesté auprès du 1er Ministre qui avait arrêté les travaux de la Conférence Nationale Souveraine de tenir compte de l’état de santé critique du gréviste de la faim, le révérend père Gustave LOBUNDA NGEMBE à Kisangani.
b) La marche de l’Espoir du 1er mars 1992
Les forces de l’ordre avaient été déployées déjà le samedi la nuit dans les points stratégiques de la ville pour prévenir tout débordement. Le dimanche matin, les parages des églises avaient été encerclés. Malgré tout cela, quelques arrestations eurent lieu.
Par ma lettre CAB.JDH/UDPS/006/92 du 02/03/1992 à Monsieur le Ministre de la Justice, j’avais réclamée la libération des chrétiens arrêtés le 1er mars 1992 dont la liste provisoire mentionnait les noms de :
1. Abbé OKA (Paroisse Saint Paul/ Barumbu)
2. Abbé KAWAWA (Paroisse Saint Paul/Barumbu)
3. Abbé BIEVANGA (Paroisse Saint André/ Kinshasa
4. Abbé BOMBA (Paroisse Saint Pierre)
5. Abbé JHON (Paroisse Saint Dominique)
6. M. MATAKI AHUNDU, 19ème rue Duaru/Yolo-Sud/Kalamu
7. M. NDEMBE PABELE, Président sous-cellulaire UDPS Yolo-Sud III
3. La réouverture de la Conférence Nationale Souveraine et l’élection d’Etienne TSHISEKEDI,
a) Les efforts de l’UDPS et de l’Union Sacrée de l’Opposition Radicale,
A mon retour de mission d’inspection au Shaba le 6/6/1992, j’avais trouvée la Conférence Nationale réouverte et le collège des fondateurs préoccupé par la ferme volonté de faire élire son candidat Etienne Tshisekedi à la Conférence Nationale Souveraine en qualité de Premier Ministre.
L’Union Sacrée de l’Opposition Radicale avait joué un rôle prépondérant pour cette élection.
En effet, par sa rencontre du 17juillet 1992 avec le Président de la Conférence Nationale Souveraine, Monseigneur MONSENGWO PASINYA, ils s’entendirent sur les stratégies à prendre, ensuite elle s’engagea au compromis politique global du 30 juillet 92 auquel les délégués de l’UDPS ne prirent pas part à cause de leur refus d’avoir tout contact avec le Président Mobutu. Elle avait enfin voté massivement le 14 août 1992 en faveur d’Etienne TSHISEKEDI.
Pendant la période ayant précédée l’élection, le collège des Fondateurs avait été invité à la réception qu’avait organisé en date du 19 juillet 1992, en faveur du candidat Premier Ministre Etienne Tshisekedi, le fondateur et Secrétaire National aux Finances, Monsieur LUSANGA NGIELE.
A ce dîner de travail, où il y avait essentiellement l’élite SONGYE, le candidat 1er Ministre répondit aux diverses préoccupations de ses corégionnaires.
Il y avait malheureusement aussi à déplorer, la rébellion du fondateur BIRINDWA, Secrétaire national à l’organisation et la destruction du toit de la résidence du membre de directoire KIBASSA MALIBA, abritant la Permanence du Parti.
La rébellion du fondateur Birindwa, avait consisté à la déclaration de sa candidature au poste de 1er Ministre. En effet, se basant de la décision prise lors du Conclave de l’Union Sacrée de l’Opposition à Nganda du 12 au 22 mars 1992, il disait avoir été en règle, car il avait été décidé « que l’Union Sacrée de l’Opposition Radicale pouvait présenter des candidats autres que Tshisekedi pour éviter une transition conflictuelle ».
Il ne comprenait pas la cause du soutien permanent de l’UDPS à la seule candidature de Tshisekedi alors que ce dernier ne gérait pas comme il fallait la confiance placée en lui. Très conflictuel à l’égard du Président Mobutu, il était inutile de le hisser à une place qu’il allait occuper pendant quelques jours seulement.
A l’USOR, si la candidature d’Etienne Tshisekedi avait été massivement soutenue, d’autres candidats s’étaient aussi déclarées. Le Parti Démocratique Socialistes Chrétiens (PDSC) ne parvint pas à empêcher la candidature de monsieur Cléophas KAMITATU.
Certains fondateurs de l’UDPS, se montrèrent très hostiles au collège Birindwa et se mirent à le menacer. Tout en suppliant au collègue Birindwa de retirer sa candidature, je conseillai à mes collègues de ne pas dramatiser, parce que le candidat Tshisekedi, présenté par l’UDPS et l’USOR était très majoritairement soutenu.
Ma prise de position fut considérée par certains comme un soutien apporté à monsieur Birindwa à telle enseigne que lorsque je m’étais rendu la nuit du 13 août 1992 à la résidence du membre de directoire Tshisekedi pour lui apporter l’information du retrait de la candidature de Birindwa, j’avais été accueilli très froidement par ses proches collaborateurs !.
C’est au cours de cette nuit du 13 au 14 août 1992, une journée seulement avant la date prévue pour l’élection du 1er Ministre qu’il avait été lancée à la maison du Président Kibassa et Permanence du Parti, une bombe ! Il y avait eu des dégâts matériels énormes. Par la grâce de Dieu, le Président et sa famille s’en sortirent sains et saufs.
L’UDPS fournit énormément d’efforts pour contenir les combattants à ne pas manifester, parce qu’il ne fallait pas donner au pouvoir la raison de différer l’élection du 1er Ministre par la Conférence Nationale Souveraine. Ce bombardement avait été considéré comme une provocation délibérée du pouvoir pour interrompre l’évolution du processus démocratique.
Le Collège des Fondateurs avait recommandé dans le cadre de la campagne en faveur de l’élection de son candidat Etienne Tshisekedi, à tous les fondateurs de tout faire pour rencontrer les conférenciers à leurs résidences et leurs hôtels pour les convaincre.
Je me présentai principalement à l’hôtel Phoenix et à Shahumba où étaient logés plusieurs conférenciers shabiens. En général, le shabien était considéré comme étant de l’UFERI et par consequent hostile au candidat Kasaien Tshisekedi. Il y avait heureusement des conférenciers des partis autres que UFERI qui s’étaient investis dès les premières heures de leur participation à la Conférence Nationale Souveraine dans la logique de la recherche du changement et par conséquent, dans la promotion du candidat Etienne Tshisekedi.
b) La lettre ouverte de l’UDPS/KINSHASA aux Conférenciers
La Fédération de Kinshasa par son Président Provincial Marc KAPENDA adressa aux conférenciers la lettre ouverte dont le contenu suit :
LETTRE OUVERTE AUX CONFERENCIERS
Mesdames, messieurs les conférences,
Nous les combattants et combattantes de l’UDPS/Kinshasa, prenons la responsabilité de vous recommander la candidature de monsieur Etienne Tshisekedi, comme Premier Ministre de la Transition. Tous ceux qui ont eu l’occasion d’approcher monsieur TSHISEKEDI sont unanimes que c’est un homme simple, social et profondément humaniste.
Après avoir tenté en vain, d’amener le pouvoir de la 2ème République à respecter la constitution qui garantissait les libertés fondamentales et la philosophie du MPR qui proclamait le droit des tendances, la participation de chacun au débat politique et la confrontation des idées, Etienne TSHISEKEDI a opté pour l’opposition depuis 1980 et ce, à l’intérieur du pays.
Les relégations, les arrestations arbitraires, les emprisonnements et les tortures qui ont caractérisé sa vie d’opposant à l’intérieur du pays font de lui un homme éprouvé, responsable, respectueux des Droits de l’Homme et des valeurs morales.
Si, en dépit de toutes les vicissitudes et humiliations, Etienne TSHISEKEDI est encore parmi nous jusqu’aujourd’hui, il doit sa vie à deux amis : DIEU et le Peuple. Le premier lui a assuré sa bénédiction et sa protection ; le deuxième l’a adopté partout où il s’est trouvé en relégation comme un des siens.
Homme du peuple, Etienne TSHISEKEDI ne s’appartient pas, il n’appartient plus à sa seule famille ni à sa région. C’est un homme qui ne vit plus que pour libérer le Congolais de la dictature et lui donner la joie de vivre dans son pays.
Sa plus grande victoire est d’avoir amène même ses bourreaux à combattre la dictature.
Mesdames et Messieurs les Conférenciers, voyez le Congo comme une nation plutôt qu’un assemblage des régions et des tribus. Ne cédez pas à la politique de corruption, qui ne vise que la division pour régner, pratiquée autrefois par les colons, relayée par la dictature et dont la mélodie est balancée à la CNS, aujourd’hui. Plutôt que quelqu’un des vôtres, seul avec votre conscience, votez pour quelqu’un de bien.
En offrant à la nation Etienne TSHISEKEDI comme Premier Ministre de la Transition, vous aurez pris en compte les aspirations du peuple. Bien plus, vous pourrez compter sur un Premier Ministre capable, à une période délicate, d’appliquer les décisions et le programme de la CNS.
Comme Monseigneur Monsengwo, le Président, nous vous rappelons que votre responsabilité est grande dans le devenir du Congo.
Veuillez agréer, Mesdames, Messieurs, l’expression de nos sentiments patriotiques.
Pour l’UDPS/KINSHASA
Sé/Marc KAPENDA
PRESIDENT PROVINCIAL
c) L’élection d’Etienne TSHISEKEDI
La Conférence Nationale Souveraine élit le Premier Ministre la nuit du 14 au 15 août 1992. Le candidat Etienne TSHISEKEDI fut opposé à l’ancien Ministre des Affaires Etrangères de Patrice Lumumba, Monsieur Thomas KANZA, soutenu pour la circonstance par la mouvance présidentielle et par Monsieur BOPENDA. Il y avait une ambiance de tonnerre dans la salle du Congrès du Palais du Peuple. Il y avait aussi dans toute la ville de Kinshasa, la population qui suivait à la télévision le déroulement de cet événement.
Lorsque le dépouillement des urnes intervint ; le comptage des voix avait été suivi avec beaucoup d’attention et dès qu’il était indiqué que le nombre des voix d’Etienne Tshisekedi avait atteint le chiffre lui accordant la victoire, ce fut la fête dans toute la ville, le concert de Klaxons et l’envahissement par la population des abords du Palais du Peuple et la Permanence du Parti pour saluer le nouveau Premier Ministre. Le résultat était le suivant :
-Etienne Tshisekedi : 1878 voix soit 70,8 pourcent,
-Thomas Kanza : 734 voix soit 27,7 pourcent,
-Bopenda : 4 voix soit 0,2 pourcent.
A ma résidence, nous fûmes visités cette nuit même par les membres de l’UDPS du quartier et une marche fut organisée de notre quartier télécom vers l’IPN en passant par la maison du feu fondateur MAKANDA où sa veuve, la fondatrice Thérèse KANYEBA et les siens rejoignirent la colonne.
L’élection par les Conférenciers fut suivie de l’investiture solennelle par le Président de la Conférence Nationale Souveraine.
Pour qu’il exerce effectivement en qualité de 1er Ministre, Mobutu s’était arrogé le droit de signer une ordonnance présidentielle mais le Premier Ministre n’était pas soumis à la prestation du serment.
C’était une nomination par ordonnance ! Une ordonnance qui tirait sa force de la constitution au lieu de l’acte portant dispositions constitutionnelles relatives à la période de transition. L’acte n’était pas encore examiné par les Conférenciers !.
Pourquoi avait-on alors élu le Premier Ministre avant d’achever l’adoption de l’acte qui allait être signé conjointement par le Chef de l’Etat et le Président de la Conférence Nationale Souveraine et de ce fait, impliquer le Président Mobutu dans la dynamique de la Conférence Nationale Souveraine ?
La réponse était qu’il fallait vite un Premier Ministre FORT pour permettre la poursuite des travaux de la Conférence Nationale Souveraine qui étaient tous les temps menacés d’interruption par le Premier Ministre NGUZ ! L’ordonnance n°92-085 du 19 août 1992 portant nomination d’un Premier Ministre du Gouvernement de Transition était libellée de la manière suivante :
Le Président de la République ;
Vu la Constitution,
Vu l’ordonnance n°91-098 du 15 juillet 1991 portant organisation et convocation de la Conférence Nationale Souveraine ;
Considérant le compromis politique signé entre la Conférence Nationale Souveraine et les Experts de la Présidence de la République le 31 juillet 1992 ;
Vu le vote exprimé à la CNS le 15 août 1992 en vue de désigner un 1er Ministre du Gouvernement de Transition ;
ORDONNE :
Article 1er : Est nommé 1er Ministre, Mr TSHISEKEDI wa MULUMBA.
Article 2 :Sont abrogés toutes les dispositions antérieures contraires à la présente ordonnance, qui entre en vigueur à la date de sa signature.
Fait à Gbadolite, le 19 août 1992.
MOBUTU SESE SEKO KUKU NGBENDU WA ZA BANGA
Sé/Maréchal
Le 18 août 1992, je fus reçu par le 1er ministre, dans son bureau de sa résidence. Le fondateur Lusanga était avec moi. D’entrée de jeu, il nous informa de ce qu’allait être son équipe ministérielle. Il allait reconduire en grande partie les ministres qu’il avait nommés antérieurement et qui lui étaient fidèles, c’est-à-dire qui venaient participer aux réunions qu’il présidait. Il dit encore ceci : « les fondateurs de l’UDPS devaint s’occuper du Parti au lieu de songer à devenir ministres pour soi-disant avoir un bonheur qui n’est qu’éphémère. Les ministres de son gouvernement n’allaient pas faire de la politique. Ils avaient trop de travaux pour conduire le pays ». Prenant la parole, je lui indiquai « que sur le plan politique, sa victoire devait avoir un écho dans nos circonscriptions. En effet, nos combattants feront plus confiance à l’UDPS, en nous voyant évoluer dans son équipe. Il devait partager sa victoire avec le groupe de gens qui avaient souffert avec lui des années durant. »
Le Premier Ministre me répondit « qu’au Katanga, il reconduirait dans le cadre de l’UDPS, son ancien ministre MBUMB MUSONG et que monsieur Charles MWANDO ayant un peu une silhouette nationale, il prendra un de ses membres et non lui-même, car il ne voudrait pas avoir des gens qui se donneraient à la politique dans son équipe » Il ne me dit pas un mot sur la Banque du Zaïre comme il avait fait antérieurement.
La formation du gouvernement avait pris plus de dix jours à telle enseigne que les inquiétudes avaient commencé à voir le jour. En effet, le Premier Ministre avait soumis sa proposition de nomination au Président de la République qui avait bien voulu voir certains noms sur la liste. Finalement pour éviter une nouvelle crise, il avait signé le 29 août 1992 soit quatorze jours après l’élection du 1er Ministre, la liste suivante telle qu’elle lui avait été proposée :
L’ordonnance n°92-093 du 29 août 1992 portant nomination des Membres du Gouvernement de Transition
Le Président de la République ;
Vu la Constitution,
Vu l’ordonnance n°91-205 du 15 juillet 1991 portant organisation et convocation de la Conférence Nationale Souveraine ;
Considérant le compromis politique conclu entre les Experts de la Présidence de la République et la Conférence Nationale Souveraine en date du 31 juillet 1992 ;
Vu L’ordonnance n°92-085 du 19 août 1992 portant nomination d’un Premier Ministre de la Transition ;
Sur proposition du Premier Ministre,
ORDONNE :
Article 1er. – Sont nommés Ministres chargés des Ministères ci-après :
1.Intérieur et Sécurité du Territoire : Mr Mathieu BOSUNGA
2.Relations Extérieures : Mr Pierre LUMBI
3.Justice et Garde des Sceaux : Mr Roger GISANGA
4.Défense Nationale et Anciens Combattants : Mr Paul BANDOMA
5.Education Nationale : Mr LOKA ne KONGO
6. Recherche Scientifique et Technologie : Mr Théophile MBEMBA
7.Culture et Arts :Mr Gervais KABAMBA Wa KABAMBA
8.Finances, Budget et Portefeuille :Mr Benoît ATALE
9.Economie, Industrie et Commerce Extérieur : Mr Fernand TALA- NGAI
10.Plan,Reconstruction et Ravitaillement: Mr KIRARAHUMU ISENGOMA
11.Petites et Moyennes Entreprises et Artisanats :Mr Paul KAPITA SHABANGI
12.Travaux Publics et Aménagement du Territoire : Mr MWITABA KATEMWE
13.Agriculture et Développement Rural : Mr NKANGA BOONGO
14.Environnement et Tourisme : Mr Tharcisse LOSEKE
15.Santé Publique et Affaires Sociales : Madame Honorine NABUNYI
16.Transports et Communications : Mr Baudouin KABISI
17.Mines et Energie : Mr Jean SEKA BUHORO
18.Postes, Téléphones et Télégraphes : Mr KUMBU ki LUTETE
19.Fonction Publique : Mr LUBAGA WEND’ISOGA
20.Travail et Prévoyance Sociale : Mr MBUMB MUSONG
21.Jeunesse, Sports et Loisirs : Mr Charles GONGHADIKI
Article 2. – Sont abrogés toutes les dispositions antérieures contraires à la présente ordonnance, qui entre en vigueur à la date de sa signature.
Fait à Kinshasa, le 29 août 1992.
MOBUTU SESE SEKO KUKU NGBENDU WA ZA BANGA
Sé/Maréchal
Il n’y avait plus Birindwa Faustin dans l’équipe ministérielle, il n’y avait pas non plus des ministres issus de la mouvance. Les membres des différents bureaux d’études ou de réflexion s’accaparèrent des bureaux.
Messieurs Marcel MBAYO, TSHILOMBO et MUKENDI wa MULUMBA s’installèrent en qualité de conseiller politique, économique et juridique ! Ses autres proches collaborateurs s’e mparèrent de l’intendance
Il était dit que les fondateurs pouvaient recommander les conseillers ou les membres du personnel d’appoint. Effectivement des recommandés de MBWANKIEM avaient été acceptés, très peu, d’autres membres du directoire ou fondateurs et rien pour certains fondateurs dont moi-même.
Le Collège des Fondateurs avait été reçu en audience par le 1er Ministre à l’Hôtel du Gouvernement. Après la présentation des félicitations, le Collège s’était entretenu avec le 1er Ministre de sujets d’ordre divers. Abordant la question des recommandés et le comportement de certains conseillers à l’égard des fondateurs, le Premier Ministre avait prit la défense de ses collaborateurs. Au sujet de la situation au Katanga où le Gouverneur de région Kyungu avait déclaré ne pas reconnaitre le gouvernement de transition et persécutait les militants de l’UDPS et notamment les kasaïens, Etienne Tshisekedi refusa de prendre des mesures à son encontre sous prétexte qu’il ne voulait pas le rendre populaire en le laissant se présenter pour un martyr. Abordé sur la nécessité pour lui de porter des costumes au bureau au lieu de safari, il ne nous répondit pas.
Pour le fonctionnement du Parti, le Collège eut les assurances qu’un pourcentage serait défalqué au salaire des membres du cabinet. En effet, il existait les décisions n°031 et n°032 du 12 octobre 1991 portant cotisation mensuelle des membres dont le contenu suit :
DECISION N°031
LE COLLEGE DES FONDATEURS DE L’UNION POUR LA DEMOCRATIE ET LE PROGRES SOCIAL « UDPS ».
Vu les statuts du Parti,
Vu qu’il y a opportunité d’assurer au Parti le strict minimum pour son fonctionnement,
DECIDE
Article 1er : tous les membres de l’UDPS appelés à diriger des départements ministériels, gouvernorats des régions, ambassades, entreprises étatiques ainsi que leur personnel de cabinet, verseront une cotisation mensuelle de 15% de leurs émoluments à la caisse du Parti.
Il en sera de même pour tout le personnel qu’ils embaucheront dans l’administration de l’Etat comme des entreprises, au cours de leur mandat.
Article 2 : la présente décision sort ses effets à la date de sa signature.
Fait à Kinshasa, le 14/10/1991.
LE COLLEGE DES FONDATEURS,
Sé/E. TSHISEKEDI wa MULUMBASé/F. KIBASSA MALIBA
Sé/V. MBANKIEM NIAROLIEM Sé/M. LIHAU EBUA
J. TSHILEMB KOTE
DECISION N°32
LE COLLEGE DES FONDATEURS DE L’UNION POUR LA DEMOCRATIE ET LE PROGRES SOCIAL « UDPS ».
Vu les statuts du Parti,
Vu qu’il y a opportunité d’assurer au Parti le strict minimum pour son fonctionnement,
DECIDE
Article 1er : Tous les Ministres membres de l’UDPS, Gouverneurs de Province, Ambassadeurs et PDG des entreprise d’Etat devront réserver un quota de 30 pourcent de places dans leur cabinet à l’UDPS
Article 2 : la présente décision sort ses effets à la date de sa signature.
Fait à Kinshasa, le 14/10/1991.
LE COLLEGE DES FONDATEURS,
Sé/E. TSHISEKEDI wa MULUMBASé/F. KIBASSA MALIBA
Sé/V. MBANKIEM NIAROLIEM Sé/M. LIHAU EBUA
J. TSHILEMB KOTE
J’avais réagi personnellement positivement à cette décision, en ma qualité de Délégué Général Adjoint à la Banque de Crédit agricole (B.C.A.) jusqu’à la cessation de mon mandat en février 1992.
En effet, en dehors de mes cotisations mensuelles ordinaires et de la prise en charge du bon deroulement des activités de l’UDPS dans le district de TANGANIKA, j’avais déposé au compte intitulé UDPS/101-0118353-26 BCZ/Siège/Kinshasa.
Z. 4. 000.000 (quatre millions de Zaïres) en date du 30 octobre 1991, chèque NR 5367322-BIAZ/Lumbu Maloba Ndiba 345003.082P
Z. 6. 000. 000 (six millions de Zaïres) en date du 20 novembre 1991, chèque NR 5367337 BIAZ/Lumbu Maloba Ndiba 35003.082P
Z. 8. 000. 000 (huit millions de Zaïres) en date du 27 décembre 1991 chèque NR 5367355 BIAZ/ Lumbu Maloba Ndiba 35003082 P
Z. 10. 000. 000 (dix millions de Zaïres) en date du 28 janvier 1992 chèque NR 5367384 BIAZ/ Lumbu Maloba Ndiba 35003082 P
Le Secrétaire national aux Finances, le fondateur LUSANGA NGIELE m’avait livré respectivement les reçus datés du 30 octobre 1991 (n°000919), du 29 décembre 1991 (sans numéro), du 29 décembre 1991 (sans numéro) et du 31 janvier 1992 (sans numéro).