27 Juin, 2014
Dans cet ouvrage aussi autobiographique que le précédent est retracé en cinq chapitres, la personnalisation de l’auteur en « yeux, oreilles et bouche de la population » tant pendant ses vacances parlementaires de décembre 1975 et janvier 1976, qu’en sa défense de la jeunesse lors de l’audience accordé par le Président de la République à la JMPR/CVK le 05/02/1976 et enfin en l’exigence avec ses collègues parlementaire du bon comportement des autorités des forces armées dans le district de Tanganyika.
Sous Section 14.MA VISITE A KASANGA, GROUPEMENT DU SECTEUR BALUBA.
Accueil par les chefs KASANGA, KIBELE et KAHAMBO a l’entrée du village. – Animation par le groupe choc Kasanga.
Paragraphe 1er LE RASSEMBLEMENT POPULAIRE
a) MA PRESENTATION ET QUELQUES INTERVENTIONS
DIRIGEANT/ZONE ADJ/JMPR : Nous vous remercions pour votre accueil très chaleureux. Les uns se posent la question de savoir qui vous recevez, eh bien, nous vous présentons le Citoyen LUMBU MALOBA NDIBA, Commissaire du Peuple. Il est l’envoyé du Président de la République, il est venu pour se rendre personnellement compte de vos problèmes, vos difficultés et votre joie. Dites-lui clairement vos difficultés et vos suggestions.
LUNGWE LWA KAHAMBO : (Sec de la S/Localité Kunguru). Citoyen Commissaire du Peuple, c’est pour nous une très grande joie de recevoir la visite d’une autorité aussi supérieure que vous dans la localité de Kasanga. C’est la toute première fois qu’une autorité vient visiter la collectivité des Baluba qui rassemble plusieurs villages. Dans cette collectivité, il n’y a aucune école primaire, ensuite il n’y a aucun dispensaire. Les prix de nos récoltes sont négligés et les commerçants nous roulent.
KASANGA : (Chef de groupement) C’est toujours ce même problème, nous n’avons pas d’école, il y a trois groupements et plusieurs sous-localité. Nous mourrons aussi des maladies parce que nous ne sommes pas soignés. Pour expliquer tout cela, il remet une lettre dont le contenu repris ci-dessous.
Kasanga, le 25 janvier 1976.
Citoyen Commissaire du Peuple,
Nous sommes très contents de votre arrivée ici à Kasanga. Par votre arrivée, nous nous rendons compte que c’est pou rla toute première fois qu’une autorité de votre rang arrive dans la collectivité des Baluba qu’il puisse connaître nos idées, nos suggestions et nos difficultés. Nos difficultés sont les suivantes :
1°) Dans notre collectivité, il y a beaucoup de villages tels que Kasanga, Kibele, Kunguru, Mukoli Malembo et nous citons ces villages à titre exemplatif mais ces villages sont occupés par beaucoup d’habitants et ils manquent même une seule classe. Nos enfants ne vont pas à l’école par manque d’enseignants
2°) Nous manquons aussi des soins médicaux. Il y a beaucoup de maladies et les gens meurent par manque de soins.
3°) Nous les cultivateurs, nous souffrons par ce travail, nos produits ne connaissent pas une hausse de prix mais de baisse tandis que du côté des commercçants, leurs articles ne connaissent que la hausse des prix. Nous vous demandons de régler aussi le problème de prix de nos produits vivriers. Nous espérons, Citoyen Commissaire du Peuple, que vous serez notre inteprète et que nos doléances seront écoutées, et nous vous souhaitons une meilleure réussite dans votre travail. Merci.
Le Chef de Groupement,
Sé/KASANGA BENDERA.
NYEMBO MULOKO : (Dirigeant JMPR. J’étais chef de cellule depuis 1967 et je suis resté impayé. Nous éprouvons des difficultés pour beaucoup des travaux, c’est seulement KASEYA qui en tire les bénéfices, il nous exploite. Nous ne voulons plus comme Kasanga est maintenant autorisé de faire payer la contribution personnelle minimum « CPM » et de juger les litiges, dépendre de Kaseya, que Kaseya ne vienne plus faire le contrôle ici. Nous avons fait cultiver le champ du parti. Tout l’argent que nous avons eu a été emporté et nous-mêmes nous n’en avons pas profité. Aussi, ils nous ont envoyé des graines pourries. (Remettant aussi une lettre dont le contenu suit).
Kasanga, le 25 janvier 1976.
Citoyen Commissaire du Peuple,
Nous les éléments de la JMPR du groupement de Kasanga, nous voulons vous informer de nos difficultés. Nous travaillons beaucoup avec un esprit de militantisme mais n’en tirons aucun profit. Plusieurs de nos collègues sont payés et d’autres ne payent pas l’impôt mais ici chez-nous, nous souffrons seulement. Les éléments de la JMPR de Kaseya sont payés et d’autres ne payent pas l’impôt
Nous vous demandons de nous aider pour trouver des solutions à nos problèmes.
Le Dirigeant,
Sé/NYEMBO MULOKO.
SANGWA MUNUNGU
GWANGOY : (Enseignant bénévole). Les enseignants manquent partout, je suis venu travailler pour être engagé et être mieux payé. J’ai fait trois ans pédagogiques jusqu’à présent, je travaille bénévolement. On achète le coton avec beaucoup de retard et à 8K seulement, le kilo. Le maïs n’est pas non plus bien acheté. (Me remettant une lettre dont la teneur ci-dessous).
Kasanga, le 25 janvier 1976.
Citoyen Commissaire du Peuple,
Je suis très content d’avoir appris que vous êtes l’un des représentants. Et voyant que vous êtes un originaire de la zone de Kongolo et plus encore de notre collectivité de Nyembo, vous aurez réellement l’occasion de mettre un terme aux difficultés que nous éprouvons. J’ai un problème à vous exposer et j’espère y trouver une solution, le problème est le suivant : je suis originaire de Mbulula et me trouve ici à Kasanga pour enseigner depuis une année. C’est le directeur SANGWA LAYLAY, de l’école primaire Mbulula qui m’avait envoyé comme enseignant bénévole par manque d’enseignants.
Je travaille donc uniquement pour le progrès de notre pays.
Je constate que c’est très difficile de travailler ainsi, je vous implore pour que vous puissiez m’aider dans les difficultés de la manière que vous voudrez.
J’espère que mes doléances seront écoutées par vous notre père de famille.
Et pour terminer, je vous souhaite un bon travail, que Dieu vous protège, qu’Il vous donne la force pour faire progresser le travail et de diriger les enfants du Zaïre jusqu’à votre mort.
Sé/SANGWA MUNUNGU GWA NGOY
Enseignant bénévole.
Après le rassemblement populaire, je me retirais dans une maison pour accorder audience à ceux qui le souhaitaient et cela suite au climat que j’ai constaté dans la foule et de la suspicion dont étaient victimes ceux qui voulaient s’adresser à moi.
b) LES AUDIENCES ACCORDEES
Au citoyen MULIMBI MASHINI : (Dirigeant Kibele). Nos difficultés remontent depuis l’année 1960 à ce jour. Nous payons la CPM mais les routes ne sont pas entretenues. Il y a un pont à réparer sur le tronçon de la route de Kibele à Ngole. En plus, le dirigeant de la collectivité Kaseya est venu récupérer 80 Zaïres plus tous les livrets relatifs aux opérations de la C.P.M.
Au citoyen LUBWE BWANACHUI : (Dirigeant adjt/Kahambo). Nous nous trouvons de l’autre côté de deux rivières. Depuis 1961, les ponts sont abîmés et ne sont pas réparés de façon à permettre le passage de véhicules. Nous chargeons le coton dans des pirogues pour aller le vendre de l’autre côté de deux rivières. Nous ne voulons plus que KASEYA vienne contrôler ici chez-nous, nous avons déjà été autorisés de percevoir les C.P.M. et de rendre certains jugements de la compétence du groupement. On nous fait trop travailler dans le cadre de la JMPR mais nous n’avons jamais été payés.
Aux citoyens MUKEBU KISANGA (Chef de localité Kibele) et KISUMBA FATAKI (Chef de localité Kasanga) : Nous avons commencé à travailler comme chefs de localités depuis 1943, maintenant nous disons que ce travail que nous sommes en train de faire, entretenir les routes, cultiver les champs du Parti, construire les maisons publiques, sans que nous soyons nous-mêmes payés, est-ce bien cela ?
COMPEUPLE : Est-ce que pendant la colonisation belge, on vous payait ?
CHEFS DE LOC. : Non, nous n’étions pas payés. Seul le chef de collectivité est payé par l’Etat.
Au citoyen KASANGA BENDERA : (Chef de groupement). Je n’ai pas quant à moi beaucoup de problèmes à vous exposer. J’ai travaillé avec les belges comme policier, je suis maintenant chef de groupement mais ma véritable profession est de chasser, je voduais obtenir l’autorisation d’acheter un fusil de chasse pour oiseaux (KIMOKOLO), je vous demande de faire le nécessaire pour que je puisse avoir un permis de port d’armes. Depuis que nous avons commencé à veiller sur les hangars de coton on ne nous paie pas, nous vous demandons si on nous payera. Ceux qui ont fait ce travail : NGOMBE MWANAMULONGO (Kasawa), en 1973, KISAKI KIBAYA DIUBA en 1973, KASANGA MUSUMULA (Secrétaire MPR/ Kasanga 1974), et puis on achète avec beaucoup de retard en janvier au lieu de juillet.
Aux citoyens KASANGA NYEMBO et KAKUWA MWENGE : (Cantonniers). En 1973 le chef de secteur MULANGI est venu nous demander de commencer à travailler, mais nous ne sommes pas payés. C’est alors qu’il nous avait affirmé que comme il n’y avait pas d’argent pour nous payer nous serons exemptés d’impôt. Malheureusement, quand il est venu pour faire payer l’impôt il nous a aussi obligé de payer. C’est cela que nous venons vous demander s’il est normal de faire travailler les gens sans les payer. Nous étions au nombre de sept cantonniers.
Au citoyen MUYUMBA PILIPILI : (Chef de localité Bakwakyazi). J’éprouve des difficultés du fait qu’il manque le pont de Luvukuta pour aller à Kahambwe. J’ai fait tous mes efforts de jeter un pont en borhassus mais sans succès. Nous cutltivons pourtant beaucoup mais nous ne savons pas comment vendre nos produits vivriers, que le gouvernement nous aide à construire ce pont. Puis il manque une école à Ngombo.
Au citoyen LUHANGA MBAYO : Ici chez-nous à Kasanga, nos parents âgés de 60 à 70 ans continuent à payer l’impôt, cela est-il normal ?
Après avoir accordé ces audiences, je regagnais ma place devant l’assemblée et m’adressais à elle en ces termes :
c) MON ADRESSE A LA POPULATION.
Comme on vous dit que j’étais votre bouche, vos yeux et vos oreilles, je suis parti de Kinshasa, il y a plus de 25 jours, et je suis passé dans des villages différents pour m’enquérir de la situation de la population.
J’ai enregistré tout ce que vous m’aviez dit en ce qui concerne le mauvais état des routes, le manque d’écoles, le manque de ponts, la hausse des prix et la distance qui vous sépare de votre chef-lieu de collectivité Kaseya. Je suis cependant content de remarquer qu’il ne se pose pas ici le problème d’extorsion de vos biens par les militaires et les éléments de la JMPR. Mon attention est retenue par votre problème d’éloignement de Kaseya je constate que cela est vrai. Je ferai mes rapports auprès des autorités afin qu’il soit examiné et que des solutions interviennent. Je vous remercie beaucoup de l’accueil que vous m’avez réservé.
De Kasanga, j’avais continué ma mission à Mwanangoy et Ilunga, localités de la Collectivité des Bena Nyembo, groupement de Honga avant de rejoindre Kongolo.
Sous Section 15. MA VISITE DE LA CITE DE KONGOLO DU 26 AU 28 JANVIER 1976.
Le 26 janvier 1976, alors que le programme prévoyait la visite des écoles de la Cité de Kongolo et la conférence à l’intention de la jeunesse pionnière, trop fatigué nous préférâmes nous reposer à la résidence. Cependant, nous accordâmes quelques audiences entre autres à la citoyenne TSHEUSI POMBO, juge du tribunal de la cité et Présidente des femmes de Kongolo.
Paragraphe 1er L’AUDIENCE ACCORDEE A LA CITOYENNE TSHEUSI POMBO.
Citoyenne TSHEUSI : Je suis très abattue de recevoir les visiteurs. Mais l’on dit toujours qu’un visiteur de marque arrive le jour où vous êtes mal habillé. J’ai commencé depuis la création du corps des colontaires de la République « C.V.R », actuellement je suis présidente des femmes à Kongolo dans le M.P.R. Les députés tels que KATOMBE etc.me connaissent tous.
J’étais élue dans le conseil, j’allais encore être élue chef de Cité, mais j’ai préféré céder. Le conseil m’a de même élue juge, mais le salaire estt insuffisant. D’autres femmes ont échoué dans les fonctions de présidente, on n’attendait que moi, maintenant j’ai double emploi, c’est pourquoi je me suis dit qu’il fallait, comme j’ai appris que vous êtes venu, que je vous contacte afin de vous prier de demander aux autres femmes qui sont mes collaboratrices de travailler en collaboration
COMPEUPLE : Je suis très content que vous soyez venue me voir. J’ai été informé de votre désir de me voir, mais j’ai estimé opportun de vous recevoir chez le citoyen MUYUMBA KABEMBE car à la zone on pouvait vous refuser l’audience.
TSHEUSI POMBO : Nous sommes dans une brousse ici. Pour bien dire, notre propre travail ne s’exécute pas. Nous avons placé tout notre espoir dans le citoyen Député KATOMBE, mais ce dernier ne fit rien Il nous faut des maisons de fonds d’avance. Nos espoirs ce sont vous qui êtes des autorités et qui occupent des positions favorables, améliorez les conditions de vie de votre population, suivez l’exemple de TSHOMBE qui a construit chez eux.
Les mamans zaïroises n’ont pas un foyer pour leur instruction, les Commissaires de zone qu’on nous envoie ne sont pas originaires d’ici, par conséquent, ils ne peuvent rien faire pour le bien-être, parce qu’ils savent que quelques jours après, ils ne seront plus ici. Il y a trop de maladies, nous transportons nos morts dans des couvertures. Nous n’avons pas de médecins, nous tombons fréquemment malades et quand on trouve des microbes, après un examen médical, on vous demande d’aller acheter des médicaments.
COMPEUPLE : C’est vraiment une honte. A Sola par contre, il y a des médicaments mais ici il y a un médecin mais il n’y a pas de médicaments. En plus pourquoi demande-t-on ici de permis de séjour ?
TSHEUSI P. : Ce sont les agents qu’on envoie au contrôle qui ne travaillent pas bien, ils arrêtent même des gens qui viennent d’arriver aujourd’hui même ici à Kongolo. Il y avait aussi des quittances pour l’électricité, nous demandons la supression de ces quittances.
Le 27 janvier 1976 devait avoir lieu le rassemblement populaire ainsi que tous les points du programme non exécutés le 26 janvier.
Le programme se présenta alors de la manière suivante :
Paragraphe 2 LE PROGRAMME
MOUVEMENT POPULAIRE
DE LA REVOLUTION
ZONE DE KONGOLO
CL. DE KONGOLO
PROGRAMME ELABORE A L’ISSUE DE LA VISITE DU CITOYEN LUMBU MALOBA, COMMISSAIRE DU PEUPLE DANS LA COLLECTIVITE DE KONGOLO.
Mardi 27 janvier 1976
07h30’ : Arrivée du commissaire du Peuple dans la collectivité de Kongolo
De 7h30’ à 7h45’ : Visites des bureaux
De 7h45’ à 12h00 : Visite des différentes écoles de la place.
– E.P. AMANI KANGOY
– ECOLE MATERNELLE KANGOY
– CHAMP DU PARTI
– ECOLE MATERNELLE KANDOLO
– E.P. CHEMCHEM
– LYCEE MWAMINI
– E.P. KITUMAINI avec regroupmement des écoles MUUNGANO et APPLICATION
– ECOLES PRIMAIRES MAPEMA ET CENTRALE
– ECOLE MATERNELLE VILLE
– E.P. UMEME
– REGIDESO
– MWAMBA.
De 12h00 à 13h00 : Repos à la résidence et raffraîchissement
De 13h00 à 14h00 : Conférence avec la jeunesse pionnière au tribunal de collectivité
De 14h00 à 14h45 : Animation politique du groupe choc et mot d’ordre de bienvenue.
De 14h15 à 14h30 : Présentation par le Chef de collectivité Kongolo
De 14h30 à 14h45 : Hymne national
De 14h45 à 16h00 : Rassemblement populaire
De 16h00 à 16h30 : Audience publique
De 16h30 à 17h00 : Audience avec les chefs de localité (notables)
De 17h00 à 18h00 : Séance de tavail avec la notabilité administrative de la collectivité.
Fait à Kinshasa, le 26 janvier 1976.
Le Chef de collectivité de Kongolo
Sé/MASANGALA MUSEBA.
Paragraphe 3. MA VISITE DES BUREAUX, ECOLES ET AUTRES INFRASTRUCTURES DE LA CITE DE KONGOLO
a) LE BUREAU DE LA CITE
Le Chef de collectivité me montra les différents services de la Cité : un bureau de chef de cité, secrétariat, comptabilité, bureau de recensement.
COMPEUPLE : A combien s’élève la population actuellement à Kongolo ?
CHEF DE CITE : 23.192 habitants.
Constat du bureau de l’agronome de rayon, du bureau de dirigeant de la collectivité J.M.P.R. et le secrétariat permanent du M.P.R.
COMPEUPLE : Le M.P.R. s’est implanté complètement ici ?
SEC. M.P.R. : Oui, nous portons très haut le flambeau de la révolution.
Accueil par la brigade agricole dirigée par le citoyen KATUMBU wa MALONDA.
Au tribunal de la Cité : La juge MBOMBO TSHEUSI et le greffier.
COMPEUPLE : Combien de jugements y a-t-il par mois ?
JUGE : 20 à 30 jugements.
COMPEUPLE : Vous avez combien de policiers ?
CHEF DE CITE : Nous avons 16 policiers.
Constat la permanence : Une salle de deux cachots.
b) L’ECOLE PRIMAIRE AMANI DE KANGOY
COMPEUPLE : Combien d’élèves ?
DIRECTEUR : Plus de 1.200 élèves avec 30 classes
COMPEUPLE : Il y a des filles ? Combien à peu près ?
DIRECTEUR : Oui, il y a plus de 500 filles.
COMPEUPLE : Selon vous, quelles sont les causes du nombre des filles qui est inférieur à celui des garçons ?
DIRECTEUR : Les parents n’attachent pas une importance à l’éducation de leurs filles.
COMPEUPLE : Combien des candidats avez-vous présenté l’année passée ?
DIRECTEUR : Nous avons présenté 56 et il y a eu 46 réussites.
Notre école manque de bâtiments. Nous avons double vacation. Notre bureau est une salle de classe.
Si les missionnaires nous cédaient la maison qui servait de bureau on pouvait mettre une classe ici.
c) L’ECOLE MATERNELLE KANGOY
Il n’y a pas de bancs. Pavement non cimenté, le toit en paille. Les maîtresses enseignent dans des conditions lamentables.
Accueil par l’animation,
COMPEUPLE : Quelques questions de civisme.
Les enseignants de l’école maternelle dépendent-ils de la Cité ?
Animation par les élèves de l’école AMANI.
DIRZONE : Je vous présente le commissaire du Peuple, LUMBU MALOBA NDIBA. Comme il fait partie des dix parlementaires chargés de la jeunesse, il ne peut pas visiter l’école sans pourtant voir les élèves.
Aujourd’hui, il a tenu à voir l’école AMANI.
d) LE CHAMP DU PARTI
COMPEUPLE : Combien d’ha avez-vous cultivé ?
DIRECTEUR : Nous avons 10 ha.
COMPEUPLE : Pourquoi vous ne plantez pas les arbres fruitiers ?
DIRECTEUR : Les voleurs ne nous donnent pas l’occasion.
COMPEUPLE : Les voleurs, ce n’est pas une raison pour laisser cette culture, parce qu’ils ne vont tout de même pas vider le tout.
DIR/ADJT : On peut y penser, car nous sommes ici il y a à peine deux ans.
COMPEUPLE : Où sont les tracteurs qui étaient destinés à la Cité ?
DIRIGEANT : Il y a un seul tracteur qui est detenu par Papa LIPU.
COMPEUPLE : Le sarclage est assuré par qui ?
DIRIGEANT : Par les éléments de brigade agricole et la population qui nous aide aussi.
e) LE BUREAU DE QUARTIER KANDOLO
Présentation de chefs d’avenues.
f) L’ECOLE MATERNELLE.
Animation par les petits enfants ( théâtre…).
Le bâtiment en paille, les fenêtres non couvertes par les carreaux, les portes également (3 salles de classe). Les maîtres sont : SALIMA NONGA, NYEMBO MAUWA.
g) L’ECOLE PRIMAIRE CHEM-CHEM
COMPEUPLE : Vous avez aussi des religieuses qui travaillent ici ?
DIRECTEUR : Oui, elles ont accepté de collaborer avec l’Etat.
COMPEUPLE : C’est très bien, l’Etat ne refuse pas ceux qui veulent contribuer au développement. Les classes : 1ère = 60 élèves, 2ème, 3ème. Un beau bâtiment construit en 1972, un ancien bâtiment de temps colonial en bon état.
COMPEUPLE : Les frais de fonctionnement, l’Etat vous les accorde ?
DIRECTEUR : Non, ce n’est que les produits de champs qui font fonctionner l’école. C’est vraiment insuffisant pour une école de 600 élèves qui compte 16 classes.
COMPEUPLE : Il y a augmentation ou diminution d’élèves ?
DIRECTEUR : Avec la mutation des travailleurs C.F.L., il y a diminution.
COMPEUPLE : Cette salle de jeux est très importante.
DIRECTEUR : C’est maintenant le restaurant en attendant les possibilités.
COMPEUPLE : Soignez le matériel, ça coûte très cher maintenant.
DIRECTEUR : Ce bâtiment servait pour la nouvelle méthode, les matériels didactiques très modernes.
COMPEUPLE : C’est l’école la mieux équipée de la zone, est-ce parce qu’elle était tenue par les sœurs ?
DIRECTEUR : Présente le corps enseignant.
Visite de classes : 6ème A
COMPEUPLE : Constat du bâtiment qui n’est pas peint depuis l’indépendance, les carreaux sont brisés, les portes sont sans vitres.
COMPEUPLE : Que faites-vous des produits de champs ?
DIRECTEUR : C’est seulement maintenant que nous essayons de travailler dur pour construire d’abord.
L’ancien bureau est une maison reprise par les missionnaires, actuellement la maison est inoccupée.
COMPEUPLE : Constat du bâtiment construit par les produits de champs : 4 classes, les fenêtres non couvertes, les bancs insuffisants.
Qui a fait la remise et reprise entre l’Etat et les missionnaires ?
DIRECTEUR : Il n’y a pas eu une sérieuse remise-reprise
Animation par les élèves de l’école.
DIRECTEUIR : En soit, je tiens aussi à faire quelque chose pour cette école. Pourvu que nous restions très longtemps. Il paraït que l’Etat veut remettre les affaires.
h) L’INSTITUT MWAMINI
Constat du bureau du directeur et un secrétariat.
COMPEUPLE : Il y a combien d’élèves ?
PREFET : 300 à peu près et nous avons 8 classes. Une école secondaire avec C.O. Ecole normale et une section coupe et couture.
COMPEUPLE : Combien de professeurs ?
POREFET : Nous avons 12 professeurs.
COMPEUPLE : Combien d’élèves internes ?
PREFET : Il y a 43 depuis le début il y a eu dimunition à cause de maladies, grossesses, etc.
COMPEUPLE : Visite des classes : 4ème avec 38 élèves, 3ème et 2ème avec plus de 40 élèves, 1ère aussi.
COMPEUPLE : Les élèves de la première viennent directement de la 6ème primaire ?
PREFET : Oui, celles qui ont le pourcentage élevé.
COMPEUPLE : Avez-vous une carence alimentaire ici à l’internat ?
PREFET : Oui, d’ailleurs nous sommes déjà menacés.
COMPEUPLE : Combien avez-vous comme subsides de l’internat ?
PREFET : 65 zaïres seulement (C.O. 36 + 44, coupe et couture).
COMPEUPLE : Constat du château d’eau, salle des professeurs, un dortoir bien équipé avec 30 lits, un autre dortoir avec 31 lits, salle pour la vaisselle, réfectoire très propre.
PREFET : L’évêché a pris une partie de bâtiment qui appartenait à l’école, il a des bancs, de tableaux….etc.
COMPEUPLE : Vos professeurs sont-ils logés ?
PREFET : Non, ils ne le sont pas à part ce directeur qui a eu la chance d’être logé.
i) LE DISPENSAIRE MWAMINI (tenu par la Sœur ZAINA)
SŒUR : J’étais à Makutano dans le dispensaire.
COMPEUPLE : J’étais moi aussi à Makutano, la population se plaint de votre absence.
SŒUR : Nous avons peur de ces mulélistes.
COMPEUPLE : Non, il paraît que ces gens ont eu affaire avec une demoiselle blanche qui restait là. (L’affaire or).
SŒUR : Ça, ce sont de racontards. Qui a vu cela, et comment expliquer que les militaires sont au front et les mulélistes s’infiltrent dans la collectivité ? Cela veut dire que les militaires ne travaillent pas comme il se doit.
COMPEUPLE : Je voudrais vous voir toutes pendant une heure pour une séance de travail.
SŒUR : D’accord, nous vous attendons à l’heure qui vous conviendra.
j) LE REGROUPEMENT DE L’ E.P. KITUMAINI, MUUNGANO ET APPLICATION.
Animation et signature du livre d’or de l’école : LUMBU MALOBA NDIBA, Commissaire du Peuple, membre de la sous-commission chargée de la jeunesse au sein du conseil législatif, yeux, oreilles et bouche de la population, je suis passé à l’école primaire Kitumaini, voir, entendre et parler sur notre révolution amorcée depuis le 24 novembre 1965 par le Président MOBUTU.
L’E.P. MUUNGANO : Livre d’or de l’école, signature suivie du même texte.
COMPEUPLE : L’équipement de votre école est meilleur.
DIRECTEUR LUBENGA K : Oui, nous nous efforçons dans la mesure du possible.
L’.E.P. KITUMAINI
DIRECTEUR IHUNA AMUNDALA : Nous avons deux classes de double vacation, deux 5ème et deux 6èmeannées.
COMPEUPLE : Les événements n’ont pas causé trop de dégâts pour les écoles d’ici, vous avez le matériel qui ne se trouve pas à l’intérieur de la zone.
DIRECTEUR : Nous étions touchés aussi mais nous essayons d’améliorer.
Présentation des enseignants par leurs directeurs respectifs.
k) L’.INSTITUT MWAMBA
COMPEUPLE : Ici, vous me recevez tout seul, sans élèves ni professeurs ?
PREFET : Malheureusement, votre visite tombe au moment de correction d’examens puis le programme de tournée nous a été remis seulement hier à 18 heures.
COMPEUPLE : Les élèves sont au courant de la conférence ?
PREFET : J’étais moi-même hier à la Cité
COMPEUPLE : Vous avez combien d’élèves, combien de classes et combien de professeurs et sections
PREFET : J’ai 416 élèves, 14 classes, 25 professeurs, 3 sections : pédagogique, littéraire et scientifique (4 cl/1, 4 cl/Sc., 6 cl/péd.). Les professeurs sont enore insuffisants.
COMPEUPLE : Combien avez-vous de professeurs ainsi que le personnel ?
PREFET : 27 en tout, les professeurs temporaires 2, ingénieur ONACER et un licencié comptable à l’ONAFITEX.
COMPEUPLE : Vous manque-t-il combien de professeurs ?
PREFET : Les professeurs qualifiés, je manque 6 professeurs, nous avons même les D6 qui donnent en 6è année secondaire. Nous avons 4 professeurs français.
COMPEUPLE : Conscience professionnelle ?
PREFET : Pour les expatriés, là, nous voyons que la collaboration est franche. Ils s’excusent d’avance quand ils sont malades et ils préparent bien leurs cours. Les Zaïrois en grande partie sont inconscients.
COMPEUPLE : Il y a un secrétaire dirigeant de la J.M.P.R. ?
PREFET : Oui, je suis Président moi-même, mais pour cette année, on n’a pas encore installé le comité.
COMPEUPLE : La J.M.P.R. a son bureau ?
PREFET : Non, partout il n’existe pas un bureau au sein de l’école.
COMPEUPLE : Vos prédécesseurs trouvaient des professeurs ?
PREFET : Moi, je suis nouveau, entrer en fonction le 10 septembre 1975, je devrais m’occuper de l’organisation avant de faire de déplacements.
COMPEUPLE : Peut-on avoir des logements pour les nouveaux professeurs ?
PREFET : On a l’espoir que nous trouverons de logements au K.D.L.
COMPEUPLE : Au point de vue organisation comment voyez-vous ?
PREFET : Je ne peux pas comparer avec là où j’étais, car ici il y a plusieurs sections, là où j’étais une seule.
COMPEUPLE : Vous avez un laboratoire ici ?
PREFET : Non, le père avait déjà prévu ça, il y a même les papiers de commande et arrangement. Nous avons une menuiserie qui fabrique les bancs, les tables, etc.
COMPEUPLE : Alors le problème des maisons pour professeurs, K.D.L. fait payer combien par mois ?
PREFET : 25 Zaïres, l’Etat supporte 20 Zaïres et le professeur 5 Zaïres.
COMPEUPLE : Constat de l’internat dans un bâtiment destiné à une école, avec salles de classe.
PREFET : Les bâtiments ici en grande partie c’est retenu par les prêtres, l’évêché. Nous n’avons qu’un seul bâtiment, c’est celui qui sert d’internat. La maison d’en face était l’internat mais elle est occupée pour le moment par le petit séminaire.
COMPEUPLE : Quelles sont les distractions que vous donnez à ces internes ?
PREFET : Jeux de football, une petite bibliothèque à l’institut.
Après la visite des écoles, je rentrais à la résidence où la collectivité de Kongolo m’avait amené deux casiers de bière Simba et une chèvre. Après le repos de midi, nous devrions poursuivre notre programme au tribunal de la cité. la conférence n’avait pas eu lieu.
Paragraphe 4. LE RASSEMBLEMENT POPULAIRE
L’équipe choc n’était pas au grand complet, elle était composée de 12 personnes et 5 batteurs de tam-tam
ANIMATION : La mobilisation est presque générale. A Kongolo comme à l’intérieur de la zone, les chants révolutionnaires sont les mêmes, ce qui veut dire que le M.P.R. s’est implanté complètement à travers toute la zone. Après l’hymne national, le Commissaire de zone assistant, chargé des affaires politiques, le citoyen MWANAPANGA me présenta à la population en ces termes :
COMZONE ASS. : Tout d’abord, je présente les excuses du citoyen NDUA SHINDANO, Commissaire de zone titulaire, que je suis venu représenter. Vous vous souvenez encore que le 2 novembre 1975, nous étions à la même place pour élire nos représentants. Nous avons en ce jour l’honneur d’accueillir l’un de ces représentants en la personne du Citoyen LUMBU MALOBA NDIBA. Il était d’abord à l’intérieur, où il est allé voir sa population dans les collectivités. Après les collectivités, il a tenu à voir aussi la population de Kongolo. C’est un natif d’ici. Après cette présentation la parole me fut accordée.
COMPEUPLE : Depuis le 1er janvier 1976, je suis arrivé ici à Kongolo, plusieurs ne m’avaient pas vu, parce que je suis allé d’abord à l’intérieur où j’ai eu l’occasion de visiter la population de nos collectivités de LUBUNDA, YAMBULA, N’KUVU, MAMBWE, NYEMBO et BALUBA, j’ai enregistré les doléances de cette population que j’irais soumettre aux autorités à Kinshasa. Je pouvais dresser mon rapport en ne m’arrêtant qu’à Kalemie ou ici à Kongolo, mais j’avais tenu à visiter moi-même les villages même les plus réculés. En ce jour, je suis parmi vous, prêt à écouter vos doléances mais aussi vos suggestions. Je suis ici pour vous et je tavaille sans les autorités de l’excécutif auxquelles vous ne devrez pas avoir peur. Informez-moi sans aucune crainte.
DIRIGEANT JMPR/COL. : Je vous informe que celui qui voudrait parler doit venir se présenter d’abord ici.
KABONDE KIBERITI : (Représentant des cultivateurs). Je suis la bouche des cultivateurs, si vous avez entendu des paysans vous parler partout où vous avez été, c’est moi leur président. Les paysans voudraient avoir leur bureau et vendre eux-mêmes leurs articles. C’est pour cela comme vous êtes arrivé, veuillez nous aider à avoir un véhicule. Nous n’avons pas de dirigeant, nous voulons nous gouverner nous-mêmes. Voici, (présentant un papier dont le contenu est repris ci-dessous) le contenu de cette note, c’est bien ça les souhaits des paysans :
/NGON/EMS/
REPUBLIQUE DU ZAIRE
S/REGION DU TANGANIKA
ZONE DE KONGOLO
AUTORISATION
La présente autorisation est délivrée au Citoyen KABONDE KIBERITI de la localité Molakilwa, collectivité locale de Nyembo, l’autorisation à prendre contact avec tous les chefs des C.L. dela zone de Kongolo, en vue de leur soumettre son programme de coopérative des cultivateurs qu’il désire fonder avec tous les cultivateurs de la zone.
Les autorités tant civiles que militaires sont priées de lui laisser libre passage et lui porter secours en cas de besoin.
Fait à Kongolo, le 23 novembre 1973.
LE COMMISSAIRE DE ZONE, a.i.,
Sé/NGONPOS OLEN.
Cette autorisation avait été reconnue par les différents chefs de dix collectivités rurales qui y avaient d’ailleurs apposé leur sceau et signature.
COMPEUPLE : Papa, je ne sais pas encore ce que vous voulez me dire.
KABONDE : Tout ce que les cultivateurs vous ont dit, là où vous avez été de passage, c’est cela.
KABUNDI NJONGO : Pour soutenir Kiberiti, j’aimerais vous informer que les paysans n’ont pas de liberté, parce que les prix ont beaucoup monté au magasin, les paysans sont tristes parce qu’ils ont l’impression que le bonheur c’est seulement pour les dirigeants (applaudissements).
Vendre au marché, on nous arrête en prétendant que nous avons fait monter les prix. En ce qui concerne les soins médicaux, nous qui n’avons pas d’argent, nous devons être soignés gratuitement (applaudissements). Le gouvernement ne pense pas à parachever les travaux de construction de l’hôpital déjà commencés. Comment pouvons-nous avoir l’espoir d’être guéris alors que tous les infirmiers sont devenus trafiquants de médicaments volés dans les hôpitaux ? Qu’on nous envoie des véhicules
TAMBWE SAKINA wa TAMBWE : Je voudrais vous parler à propos de notre école maternelle. Nous avons débuté les travaux depuis septembre mais depuis, nous ne sommes pas payés. Nous travaillons très dur mais dans les coulisses on dit que nous ne faisons rien et c’est peut être cela qui justifie la position des responsables en ce qui concerne la question de nous payer. L’école est sans porte ni fenêtre et le pavement qui n’est pas cimenté est devenu le royaume de chiques, ensuite nous n’avons pas d’attestation de travail. Est-ce que ce n’est pas le Président de la République qui a voulu qu’on construise une maternelle ? Nos dossiers ne sont-ils pas encore parvenus à Kinshasa pour que l’on puisse penser à nous payer
POMBO TSHEUSI : (Juge Cité). Citoyen Commissaire du Peuple, nous voulons parler, c’est-à-dire que c’est la toute première fois qu’on nous accorde l’autorisation de nous adresser directement à une autorité de votre rang Nous n’avons jamais vu un Commissaire du Peuple qui s’est déjà rendu ici (applaudissements). Depuis 1960, nous sommes toujours dans des difficultés ici à Kongolo, mais ailleurs nos compatriotes vivent dans le bonheur. Est-ce que l’on connaît seulement l’existence de cette zone de Kongolo à Kinshasa ? (Applaudissements). Nous croyons que non. Nous femmes de Kongolo, nous sommes les premières à vous recevoir quand vous venez de Lubumbashi ou de Kinshasa. Nous restons des longs moments pour animer votre séjour et parfois nous rentrons tard à la maison et même sous la pluie. A Lubumbashi, il y a des taxis et des bus mobilisés pour le transport des animateurs dans de telles circonstances. Ensuite, pourquoi les médecins fuient-ils la zone de Kongolo ? Ils ne font l’espace de deux jours et ils rentrent. En plus, nous transportons nos morts sur des branches d’arbres et dans des couvertures, nous n’avons pas de corbillards. Nous vous avons élu dans l’espoir que vous n’allez pas travailler uniquement pour votre intérêt personnel ni celui de vos frères, mais pour l’intérêt général, pour le bonheur de tous ceux qui vons ont élu, il ne faut pas nous oublier.
SABITI MUSHAGALI : (Cultivateur dirigeant bloc). Nous regrettons beaucoup en ce qui concerne le permis de chasse, ici chez-nous à Kongolo nous ne sommes pas permis de chasser le gibier alors que partout ailleurs tel qu’à Kindu, Kivu et etc., la population chasse. Et quand même vous vous rendez à Kimbamba et achetez la viande boucanée que vous amenez ici pour la vente, on vous arrête par les agents de l’AGRI sous prétexte que vous avez abattu le gibier. C’est pour cela que nous vous demandons qu’on nous autorise à, si pas abattre, trafiquer la viande car seul le poisson n’est pas suffisant pour toute la population de Kongolo.
MWAMUSUYU SAIDI : (Cultivateur). Nous vous remerions beaucoup, depuis l’indépendance et la révolution, c’est seulement aujourd’hui que nous avons la preuve d’être indépendants, car on ne nous a jamais demandé de nous exprimer librement (applaudissements). Nous remercions également le Président MOBUTU pour avoir pris de telles mesures, encore nous sommes très fiers de votre présence parmi nous.
Notre zone de Kongolo n’avance pas à cause du mauvais esprit de certains commerçants qui font monter les prix comme ils veulent, tous les zaïrois commerçants sont des anti-révolutionnaires (applaudissements). Ils ne tiennent pas du tout compte des mesures que le Président prend pour la stabilisation de l’économie zaïroise, et quand on leur dit de baisser les prix, ils vous retorquent en vous demandant le jour, où vous aussi vous deviendrez commerçant ? Il y a aussi beaucoup de voleurs et quand on en a arrêté un, les autorités ne tardent pas à le relâcher moyennant une certaine corruption (applaudissements). Il y a aussi beaucoup de taxes dans notre zone, l’impôt est trop élevé, la taxe de parcelle 150 K., la taxe de séjour 80 K/par jour, d’où vient tout cela (applaudissements). En plus on nous exige de payer une taxe pour l’électricité publique alors que dans nos avenues il n’y a même pas d’éclairage, non, nous vous demandons que prennent fin toutes ces taxes
KANYOGE LIPU : Je me réfère à l’avis du Citoyen MWAMUSUYU, en ce qui concerne les commerçants. Ceux qui font monter les prix sont les acquéreurs, parce que l’acquéreur est une autorité, comment cette autorité peut-elle contrôler les prix ou les baisser du moment que dans son magasin les mêmes prix sont pratiqués ? Ce sont les autorités devenues acquéreurs qui font monter les prix. Les autorités de Kalemie, de Lubumbashi sont venues prendre des affaires ici, quand allons-nous progresser ? Où sont partis tous les véhicules qui étaient ici ? A propos des cultivateurs, pendant l’époque coloniale, les prix des produits agricoles étaient les mêmes partout. La population rurale voudrait être autorisée de vendre elle-même directement aux consommateurs, nous ne sommes pas si loin des usines intéressées par nos produits agricoles. Les prix de cotons diffèrent en ce qu’ils s’appliquent sur la1ère, 2ème et 3ème qualité. Mais ici chez-nous, c’est le même prix, nous n’avons pas d’intérêt.
TAMBWE SUMAHILI : (Pêcheur). On nous demande partout de baisser le prix de nos poissons sans tenir compte du prix des filets au magasin, cela est normal ? Pourquoi y a-t-il aussi si souvent coupure d’électricité ? Les agents de Cité passent dans les parcelles exiger les quittances de parcelle, cela est-il normal ?
BEYA KISHABONGO : (Cultivateur). Citoyen Commissaire du Peuple, la zone de Kongolo connaît beaucoup de problèmes au niveau du bureau de la collectivité. Quand vous allez vous y présenter, on vous demande 80 K pour le permis de séjour en prétendant que vous êtes étranger, y a-t-il un Zaïrois qui soit étranger au Zaïre ? Quand un cultivateur vend de l’huile, même une bouteille, les agents de l’agri sont là pour lui réclamer un permis de commerce, cela est-il normal ?
Une agitation se déclencha dans la foule et des informations recueillies, m’assuraient qu’on était en train de tabasser l’un de ceux qui venaient d’exposer les doléances. Je me rappelais sans doute qu’il était très dangereux de laisser parler la population devant les autorités de l’exécutif tant les abus commis par ces derniers étaient nombreux. Et après avoir demandé au Commissaire de zone assistant et au chef de Cité le pourquoi de leur réaction.
J’avais pris la parole en ces termes:
COMPEUPLE : La devise de notre pays, c’est la PAIX, JUSTICE et TRAVAIL.
Le M.P.R. a un programme contenu dans le Manifeste de la N’sele. Il n’est dit nulle part dans ce programme qu’on doit opprimer la population bien au contraire on préconise la discussion publique et c’est exactement ce que nous sommes en train de faire ici. Il est complètement ridicule que certaines autorités se sentant visées, donnent ordre en coulisse à certains de leurs collaborateurs pour frapper un militant quelconque. Je dénonce catégoriquement cet acte et le secrétaire permanent du M.P.R./Zone me garantit qu’une enquête est déjà ouverte. Tout ce mal qui est en train de se faire, il ne faut pas le mettre à charge du M.P.R. Le Président-Fondateur a beaucoup de collaborateurs et ses collaborateurs se situent à tous les rangs, c’est parmi eux que certains qui ne poursuivent que leurs intérêts propres, se conduisent mal et malmènent notre population que nous devrions pourtant protéger. Je vous demande d’être vigilants et de dénoncer ces cadres véreux afin qu’ils soient maîtrisés et mis hors d’état de nuire.
MUNDI WA YUMBA : (Secrétaire MPR/COLL. K.CLO). Moi j’ai l’impression que notre Région est basée seulement sur les cadres. Le M.P.R. commence dans la localité et monte jusqu’aux instances supérieures, nous avons l’impression que les instances supérieures ne connaissent pas les problèmes qui se posent à la base. Le régime est centralisé, nous aimerions que par le canal du Parti les problèmes soient canalisés par échelon. Nous avions un programme de tuyaux-mères pour que l’eau arrive partout, la population a cotisé 30 K par tête pendant le mandat de chef de cité KISILA, nous ne savons pas où est parti cet argent. Il y a aussi une faiblesse à la zone où on ne transmet pas aux instances supérieures les problèmes tels qu’ils se passent. On exécute tout ce qui vient de Kinshasa mais on néglige les doléances de la population. On ne fait jamais des rassemblements pour aborder les problèmes de la vie de la population. Nous n’avons pas même la documentation sur le Parti (Manifeste de la N’Sele, parole du Président). En ce qui concerne les biens zairianisés, malgré tout ce qui avait été dit auparavant, c’est justement ceux qui ont de fonction de responsabilité qui ont acquis ces biens. Comment les contrôleurs qui sont subalternes à ces cadres pourraient alors contrôler leurs chefs ?
KISIMBA WA NGOY : (Enseignant). Nous savons que vous êtes originaire d’ici. On nous a dit qu’on pouvait poser de candidatures pour devenir chef de collectivité, or maintenant pour soutenir sa candidature, il faut amener des chèvres au Comissaire de zone. Certains ont vendu leurs maisons, voilà que jusqu’à ce jour, il n’y a pas de suite. Est-ce que vous ne pouvez pas examiner quelles sont les candidatures qui avaient été retenues ? Et surtout ne voudriez-vous pas insister pour que nous puissions être affectés à nos postes ?
.BUYUME SISIYOTE : (Ancien combattant). Les anciens combattants s’adressent à moi et ils vivent loin, à 5 km d’ici parfois. Lorsqu’ils viennent ici plusieurs ne trouvent pas leur salaire. Nous demandons pourquoi cela ? On nous dit que c’est Kinshasa qui n’envoit pas ces salaires. Maintenant mes collègues me condamnent en prétendant que je n’expose pas leurs problèmes. Moi je n’ai pas la possibilité de me rendre à Kinshasa, c’est pour cela que je vous demande d’aller intervenir en notre faveur.
COMPEUPLE : Veuillez m’apporter les dossiers de vos collègues.
BUYUME SS. Il y a aussi un problème des veuves des militaires à qui on exige de payer l’impôt, nous réclamons aussi l’uniforme, qu’on nous donne l’uniforme même si on ne veut pas nous payer.
Après l’audience publique, je me retirais dans le tribunal de la Cité où j’avais accordé l’audience à ceux qui le souhaitaient
Paragraphe 5. LES AUDIENCES ACCORDEES.
a)Au citoyen MITITIMITI MUNKONKOLE : (Commis ONAFITEX, révoqué).
Citoyen Commissaire du Peuple, j’aimerais vous poser le problème de la localité Kayayi (Basonge). Depuis 1960 avec le désordre dû à la sécession katangaise, le pont de Mulongoy qui avait été cassé n’est toujours pas réparé. J’ai eu le courage de venir vous exposer ce cas parce que vous êtes le premier parlementaire à venir parler de vive voix à la population et lui demander ses opinions. Kayayi se trouve à 60 km de Lubunda et 70 de Katea, un bâtiment scolaire y a été construit mais on a manqué d’enseignants. Ce groupement doit dépendre totalement de la route Kongolo/Katea (107 kms) alors qu’avant l’indépendance c’est par Lubunda qu’on rejoignait Kongolo. Actuellement, l’école la plus proche de Kayayi ne se trouve qu’à Kilembi. Outre ces problèmes, un problème particulier me tient aussi à cœur, c’est celui de ma révocation non motivée de l’ONAFITEX. La cause a été une lettre anonyme écrite en swahili et adressée au Directeur régional dans laquelle on lui reproche l’utilisation abusive des véhicules, la construction d’une minoterie, le tribalisme, la perte des boîtes de vitesse et l’achat d’un véhicule. Comme les travailleurs qui avaient écrit cette lettre n’avaient pas donné leur adresse, on m’a soupçonné et on m’a suspendu malgré ma qualité du Délégué principal du syndicat. Une délégation syndicale était venue de Kalemie, nous avons fait une sorte de confrontation, la décision n’était pas prise.
Ensuite le directeur régional me présentait un peu partout que moi je voulais le remplacer, il m’a même menacé à la boîte un jour dans le temps. Un jour, nous nous sommes croisés, il m’a appelé chez son amie, là se trouvaient d’autres femmes, j’étais injurié devant celles-ci de toutes les injures du monde. C’est alors que j’ai fait une lettre à l’Inspection du travail, on m’a répondu et on lui a réservé une copie. J’ai passé au service, on m’a dit que j’ai corrompu. Dans une autre lettre on m’a demandé de reprendre le travail. Les derniers mois ne m’ont pas été payés. En dernier lieu, le syndicat a demandé au directeur de surseoir sa décision, mais le directeur n’a pas accepté. Le directeur administratif a passé mais il s’est excusé en prétendant que s’il allait revenir à la décision, il agirait contre l’autorité. Le directeur administrateur n’a donc pas examiné le dossier, dans son meeting, il a appuyé le directeur général.
Il y a 8 mois que je ne travaille pas, je n’étais pas payé, puis on m’a révoqué.
COMPEUPLE : Je poserai la question au Citoyen LUMBU à Kinshasa, introduisez un recours en bonne et due forme au Directeur administratif à Kinshasa.
MITIMITI : J’ai écrit une lettre au Ministère de l’Agriculture, vous pouvez me conseiller.
COMPEUPLE : Suivez la voie normale en passant par le directeur administratif.
b) Aux ETUDIANTS : KACHELEWA 4ème CCP, NGOY SAILE AMURI 5ème Péda, SALEH BUGUMBA 6ème S.A., SELEMANI KATONGOLA 6ème Litt.
SELEMANI : Si nous venons vous voir c’est en connaissance de cause. Pour l’avenir de nos petits, surtout. Le manque de professeurs, PALATA nous a promis depuis octobre, mais il n’a pas encore réalisé. La contribution, on nous a exigés de payer cash avec un montant exhorbitant. Nous payons nous-mêmes les cahiers, les feuilles des examens. Puis l’infirmerie, on nous fait également payer des frais pour soins médicaux. Le préfet ayant déjà ses assises, la zone ne réagit pas quand nous nous y adressons. A l’internat le montant a augmenté alors que notre zone est très riche en produits agricoles, moins chers d’ailleurs. L’internat est vraiment ridicule, vous l’avez vu vous-même. Les mésententes sont continuelles entre professeurs et élèves. Les filles sont freinées par les professeurs dont les tentatives de concubinage sont repoussées par celles-ci.
Les professeurs vont parfois jusqu’à former un groupe contre les filles de ce genre et ce, dans l’unique but de les briser. Les professeurs sont ramassés dans les sociétés de la place, tel celui de l’anglais est un agent ONACER, qui est très irrégulier aux cours.
NGOY SAILI : L’année passée, on avait tous les professeurs mais il n’y avait pas beaucoup de réussites. Sur 50 élèves, 19 seulement ont réussi et aucun d’eux n’a eu 60% des points. Ce qui fait qu’actuellement, ces jeunes pauvres ne sont pas aceptés à l’université. Où va nous conduire cette allure ?
Maintenant le préfet dit, cette année, réussite ou pas réussite, je m’enfous. Puis il y a une seule école secondaire importante, pourquoi est-ce qu’on refuse l’admission des élèves venus des écoles privées, telles Yenge et Tchondo maintenant ?
SALEH : En 4ème péda, une fille a quitté l’institut parce qu’elle a refusé les amours d’un professeur. Le préfet va toujours à la boîte, il est en train de puiser dans la caisse de l’internat.
c) Au citoyen MAYANDOMBE
Demande de pension de retraite n° 1322007-MOD.R.1 n° d’aff. 550.588 date d’introduction le 12 novembre 1974.
d) A la citoyenne MWAMVUA : (Commerçante à Kongolo).
Citoyen Commissaire du Peuple, j’arrive ici devant vous, avec beaucoup de plaintes de la population de Kongolo.
Dites-nous d’abord, l’ONACER est-il Office des Commerçants ou de l’Etat ? Car à cause de l’ONACER, la population de Kongolo souffre. L’ONACER achète les produits agricoles même dans les milieux les plus reculés de notre zone et envoie tous ces produits ailleurs, il n’a pas de dépôt de stockage ici. Le prix de la farine est passé de 480 K à 750 K, le verre de riz, lui, est passé de 5 à 10 K. Nous nous sommes déjà réunis à ce sujet et avons conclu que nos produits agricoles devaient être achetés par la Coopérative « MALIZA », car l’ONACER n’achète pas pour commercialiser ici. Maintenant les cultivateurs haussent les prix, à cause de la rareté de produits alimentaires. En ce qui concerne les maladies, c’est un autre fléau, vous pouvez mourir ici à Kongolo, suite à une moindre maladie par manque de médicaments. Tous les médicaments qui sont envoyés au bénéfice de notre hôpital ne tardent pas à s’épuiser. Les infirmiers sont approvisionnés en médicaments de première nécessité qu’ils revendent aux patients chez-eux et ces médicaments sont ceux-là même soustraits frauduleusement à l’hôpital.
e) Au citoyen SANGWA WA NYEMBO :
Il y a quelqu’un qui me doit une somme de 750 Z pour une statuette, et cela dure depuis 1972. Je me suis plaint à la zone mais il a corrompu le Commisaire de zone MWANA PANGA
f) Au citoyen EBONDO MOMAT :
(B.P. 18 L Kongolo). J’étais engagé à ONAFITEX depuis 1971 comme agent réceptionnaire. J’ai eu le malheur un jour, le véhicule est tombé en panne. Quand on m’a envoyé à Mukoko j’ai acheté le coton pendant deux jours. On m’a offert un canard, comme j’étais fatigué, j’étais rentré. Deux jours après, je suis rentré à Kongolo, avec le chef de secteur régional là on m’a accusé que j’ai laissé leur coton, directement j’étais licencié. C’était en 1973. On ne m’a pas payé. J’ai introduit un recours mais je ne suis pas répondu. Le jour de remise et reprise ma caisse était en ordre.
COMPEUPLE : Je vais demander au Directeur Administratif à Kinshasa.
g) Au citoyen KAHOZI LUMINA :
(Maçon). Nous sommes très contents aujourd’hui que ça soit pour la première fois depuis notre indépendance qu’on nous permette de nous exprimer librement avec un Commissaire du Peuple. Nous avons beaucoup de difficultés, surtout que depuis l’indépendance il n’y a pas de nouvelles constructions. Nous voudrions, si possible, que le fonds d’avance soit de nouveau installé.Moi, je suis maître maçon, la population cherche de maisons, n’y a-t-il pas moyen que l’Etat m’accorde un crédit qui me permettra d’amorcer ces travaux ?
COMPEUPLE : Depuis quand êtes-vous maçon ?
KAHOZI L. : J’aicommencé depuis 1959, je construis pour des personnes dont la chose intéresse, jusqu’à présent, j’ai construit la maison du citoyen MUPASSA, vous pouvez passer vous rendre compte de ces travaux.
COMPEUPLE : L’idée est bonne et il faut contacter les milieux financiers. Encore est-il qu’avant que la banque vous accorde un crédit, vous devez tout d’abord être à même de lui garantir une hypothèque. Quelle garantie pouvez-vous offrir à ce sujet ?
KAHOZI L. : En vérité, je serai incapable de faire des économies mais moi je m’engage à travailler avec quelqu’un capable de donner une garantie à la banque, nous pouvons travailler en collaboration. C’est ce qu’on fait à Kasongo.
.h) Au citoyen SHINDANO MUTANGALA :
(Cultivateur). Aujourd’hui, nous ne sommes plus esclaves car c’est la première fois que la population est autorisée à s’exprimer librement avec un Commissaire du Peuple depuis l’accession de notre pays à l’indépendance. Nous souffrons beaucoup à cause de la corruption qui bat son plein. Ce sont ceux-là qui sont dans l’exécutif qui font critiquer le régime de MOBUTU. Quand une partie a raison dans une affaire, elle risque de la perdre si la partie adverse était capable de corrompre les autorités. Les prisonniers ne sont pas nourris. Les frais encaissés pour des amendes les agents s’en approprient et les montants varient entre 5, 10, 25 voir 50 Z. Dans l’époque coloniale, il y avait exemption de C.P.M pour un père de 10 enfants, mais actuellement cela n’est plus le cas, en plus de cela nous devons payer le minerval pour nos enfants à l’école. Dans les villages, il y a des gens qui vont jusqu’à remettre 100 chèvres pour le problème foncier de palmeraies. Vraiment les autorités ne travaillent pas ici dans l’intérêt de la population mais elles sont plutôt venues commercialiser les chèvres. En plus quelqu’un est marié à trois femmes, en lui exige de payer l’impôt pour les deux dernières femmes prétendant que sa seule femme est la première et que les deux autres sont des femmes « NDUMBA » célibataires.
i) Au citoyen KIZIBA WA TAMBWE :
(Policier Cité Kangoy). Mes supérieurs craignent nos autorités, mais moi je me suis sacrifié et préfère prendre parole à leur place. La police de la Cité souffre beaucoup, depuis 8 mois elle n’est pas payée. Nous faisons pourtant beaucoup des entrées, les autorités ne contrôlent même pas les caisses. Quand la Cité expose 30 Z pour recevoir une autorité, on verra une sortie de 100 Z dans la caisse –pour cette même réception. Nos autorités ont beaucoup de femmes auxquelles elles louent des maisons. Nos autorités boivent tous les jours et mènent une vie de luxe pendant que nous autres nous souffrons- en passant la nuit à la belle étoile etc. et tout cela sans être payés.
j) A la citoyenne MANGAZA LWAMBA :
(Vendeuse de poissons). Je ne suis pas tranquille et je n’ai pas la paix depuis la mort de mon pauvre mari ici alors que mes frères se trouvent à Kisangani. Je trafique le poisson pour subvenir aux besoins scolaires de mes enfants. Citoyen POSHI et KASHAMA ont régularisé la situation en ce qui concerne les prix du poisson aux marchés publics, mais la JMPR nous dérange tellement pour la baisse du prix. Un autre jour les éléments de la JMPR m’ont trompé qu’il y avait une autorité pour laquelle tous les vendeurs de poisson devraient contribuer. J’ai remis ainsi 4 poissons d’une valeur de 780K mais je n’ai pas été remboursée à ce jour. En plus, un de mes enfants était accusé de vol d’un vélo mais ce vélo fut retrouvé entre les mains d’une autre personne. J’ai porté la chose à la connaissance du Commissaire de zone ILUNGA qui m’a répondu « allez attraper ce voleur vous-même ». Il y a trop de contrôleurs des prix au marché, J.M.P.R. qu’on nous mette une seule personne pour nous contrôler.
k) Au citoyen BWANA NYOKA MUHANDA :
(Elève Institut Mwamba 4è Péda). Ma famille a de difficultés. En se référant à la décision du Groupement des villages, ma famille est sortie de brousse et est venue construire au bord de la grand-route. Après avoir construit, ils ont été accusés. L’affaire est parvenue jusqu’au parquet où ma famille fut autorisée à construire au même endroit. La décision du parquet montrée au Commissaire de zone qui l’approuva mais les habitants de Mukoko nous menacent de quitter l’endroit et sont allés corrompre le Commissaire de zone Ilunga et ce dernier se retourna contre ma famille. C’est ainsi que mon père est souvent l’objet d’arrestation. A la zone, les juges ont déjà un jugement qui favorisait ma famille mais lui le Commissaire Ilunga n’est pas d’accord avec les juges qui ont rendu ce jugement.
COMPEUPLE : Viens me voir après pour m’expliquer plus en détail ce problème.
l) Au citoyen LIPU KANYOGE :
L’Etat a demandé à l’ONACER de travailler en collaboration avec les commerçants de la place, mais lui, l’ONACER fait le tout, il est grossiste et détaillant. En plus, j’ai un dossier du sinsitre pour mes objets perdus depuis 1960, j’ai encore un dossier relatif à mes véhicules ainsi que le dossier Interfina-ZAKARIAS. L’ennemi du Zaïre est le zaïrois lui-même. La corruption tue l’économie du pays, il n’y a plus de justice. Les Zaïrois à la banque s’arrangent avec les blancs pour leur octroyer un crédit supérieur au montant initialement sollicité
Paragraphe 6. LA POURSUITE DE MA VISITE DES INFRASTRUCTURES.
a) L’ECOLE PRIMAIRE MAPEMA
Accueil par le Directeur de l’école MBAYO BIN KIBOKO.
Animation après la Zaïroise.
COMPEUPLE : Citoyen Directeur, combien avez-vous d’enseignants et d’élèves ?
DIRECTEUR : J’ai 9 enseignants et mon ami BIN BUSHIRI 6 en tout nous avons plus de 800 élèves.
DIRIGEANT JMPR/Zone : Je vous présente le Citoyen LUMBU MALOBA NDIBA, Commissaire du Peuple, il est parmi les 10 parlementaires de la sous-commission chargée de la jeunesse. En cette qualité, il a tenu à avoir un entretien avec la jeunesse. Vous pouvez lui exposer vos problèmes
COMPEUPLE : Mes chers enfants, au nom du père de la Nation Zaïroise authentique, je vous salue tous. Comme vient de vous le dire le Citoyen Dirigeant de la JMPR/Zone, je suis en effet parmi les 10 parlementaires de la sous-commission chargée de la jeunesse.
C’est pour cela que je dois voir et visiter les enfants, connaître vos progrès, connaître vos idées et vous instruire parce que les enfants sont le Zaïre de demain.
Constat d’un beau bâtiment qui devait être réfectionné. D’autres classes n’ont pas de bancs.
Les élèves payent-ils le minerval
DIRECTEUR : Oui, ils payent la contribution. Nous manquons de classes, les trottoirs sont transformés en salles de classe.
Outre la visite de l’école primaire MAPEMA, la journée du 28 janvier avait, à son ordre du jour, la visite du camp militaire, de l’ONAFITEX, la séance de travail avec les notables de la Cité Kongolo et la séance de travail avec le personnel de la Cité Kongolo.
b) LE CAMP MILITAIRE
-MON ENTRETIEN AVEC LES ADJUDANTS S2 TCHONI TCHANDA et S4.
ADJUDANT S.2. : Nous n’avions pas le programme, c’est à peine que le chef vient de me le remettre.
ADJUDANT S.4. : Même hier, nous n’avons pas su que vous tiendrez le meeting à la Cité, nous n’étions pas même invités.
ADJUDANT S.2. : Je n’ai même pas préparé le groupe choc et tout vous pouvez même visiter les écoles ainsi de suite. Je me suis entretenu hier avec le Commissaire de zone MWANAPANGA, il m’a dit que vous allez vous reposer aujourd’hui comme vous quittez déjà demain.
COMPEUPLE : J’ai transmis mon programme depuis le 05 janvier 1976 ; L’Administration est très lente. A part le S2 y a-t-il d’autres S chargés de quoi ?
ADJUDANT S.2. :
S.1. : est chargé du Personnel
S.3. : est chargé de l’administration
S.2. : est chargé de la justice
S.4. : est chargé de ravitaillement.
COMPEUPLE : En ce qui concerne le ravitaillement justement, les militaires au front vivent très mal, ils manquent même de munitions.
S.4. : Oui, ce problème est très épineux, vous voyez que les militaires sont obligés de payer à manger par leur propre argent. Vous avez vu, je crois que vous parlerez à Kinshasa à ce sujet. Nous sommes ravitaillés directement par lui. Le colonel est très content de votre arrivée là-bas. Vous avez vu nos militaires et entendu les doléances de nos militaires. Nous demandons à Kinshasa mais on ne répond pas.
COMPEUPLE : vous manquez ça à partir d’ici ?
S.4. : Oui, à l’intérieur nous sommes oubliés ; on nous a ravitaillé une seule fois en 1974 et on n’a classé. Nous travaillons quand nous avons les matériels, quand nous n’avons rien on devient inutile.
COMPEUPLE : Comment se fait-il que ce sont les mêmes militaires au front ?
S.4. : Vous savez, ils sont au front depuis 1973, ils ne sont pas remplacés et pourquoi, parce qu’il n’y a pas assez des militaires.
COMPEUPLE : J’ai tenu de venir vous voir, parce que la zone de Kongolo c’est la zone à partir de laquelle j’ai posé ma candidature. Après la session, nous avons comme mission voir la population. J’ai déjà eu le contact avec les civils, il me restait les militaires. Vous savez, nous sommes tous au sein d’une grande famille le M.P.R. Vous faites aussi partie du M.P.R. J’ai visité les positions, j’ai vu le colonel, j’ai constaté que l’armée n’est pas équipée, pas d’armes, pas de munitions, pas de tenues, même pas des souliers. La population se plaint parce qu’il y a longtemps qu’ils sont au front.
La population se voit écrasée en ce sens qu’elle supporte le poids des militaires.
Comme il y a de plaintes de deux côtés, il appartient à nous de chercher les méthodes pour améliorer cette situation, car certains habitants mal informés voudraient aller vivre même du côté de rebelles en paix. Dans la collectivité de Nyembo, un certain secrétaire du M.P.R. opère dans les villages avec les militaires avec la couverture de leurs chefs.
Ensuite vous savez bien que c’est le commissaire de zone qui réquisitionne les militaires. Mais les gens que vous envoyez au lieu d’aller chercher le fusil (car il est défendu qu’un civil garde une arme de guerre) ils cherchent les chèvres, ils arrachent même celles des innocents. Je crois avec des leçons de morale vous pouvez remédier à cette situation, car ces militaires ne vous donnent même pas le rapport de tout ce qu’ils font dans les villages. Dans la collectivité de Mambwe, il y a une mobilisation générale et la popuation civile voudrait aider les militaires à combattre les rebelles. En plus, Citoyen S.2., vous avez su peut-êtree que dans la collectivité de Nyembo, il y aurait encore un mortier. La population m’a confirmé avoir déjà remis cette arme et regrette encore que cette arme ait été cherchée dans la collectivité de Nyembo alors qu’elle ne savait même pas s’en servir. Je vous demanderais par conséquent, comme vous étiez mieux placé, de mener une petite enquête afin de conclure que réellement la population a remis l’arme en question. Ensuite, il paraît qu’il y a une bande, que certains officiers habillent en militaires pour chercher les statuettes.
S.4. : Vous savez bien, à part nos militaires qui sont au front, c’est peut-être notre faute mais surtout des instances supérieures. Nous sommes des Zaïrois et nous défendons nos frères. La population a déjà contribué largement surtout en 1974 à alimenter l’armée. Cette population espérait que la guerre finira mais nous voici encore au front. La population est finalement fatiguée. Nous, qu’est-ce que nous ferons ? Nous essayons quand même de prendre quelques chèvres tout en prenant soin de ne pas vider les villages quand on demande, on refuse, nous sommes obligés de choisir une chèvre, deux poules pour ravitailler nos hommes. Nous avons écrit à Kinshasa depuis des années maintenant on ne répond pas. Comme vous étiez au front vous pouvez aller raconter à Kinshasa pour qu’on nous ravitaille !
COMPEUPLE : La population ne refuse pas d’aider les militaires car ils travaillent pour la population, mais ils demandent à ce que ça se passe d’une façon ordonnée en passant par le chef de collectivité ou localité, car si on arrive directement d’une façon désordonnée, on attrape parfois trop pour un individu et rien pour un autre de ce fait la répartition des charges est inégale.
S.2. : Depuis le 16 octobre 1975, il y a un comité M.P.R/ FAZ qui regroupe tous les militaires et gendarmes dont le coordinateur est le S.2., adjudant TCHONI TCHANDA, 7 localités, un groupe choc et une jeunesse pionnière, présidée par une présidente, la citoyenne MUNGANGA qui vient après le coordinateur. Le comité fonctionne avec la collaboration du M.P.R. Lubumbashi et M.P.R./Zone. Les difficultés nous n’avons pas d’uniformes pour le groupe choc, nous achetons parfois nous-mêmes nos uniformes. Malheureusement, comme on n’a pas su, vous n’avez pas été accueilli comme il fallait. La population peut le témoigner, car nous sommes bien organisés. Nous regrettons du fait que nous n’étions pas avertis. Dans le cadre de notre service, tout malfaiteur n’est pas content de l’agent de l’ordre car les châtiments leur font peur. La population que nous avons est très turbulente, elle avait ramassé des armes après la rébellion. Ils s’entretuent avec ces armes quand ils sont ivres ou pour des problèmes de palmeraies. Il est de notre devoir de ramasser ces armes qu’ils détiennent illégalement. Le secrétaire du MPR a ses affaires avec le chef puis il est détesté par tout le monde et enfin c’est un civil, il ne peut pas commander les militaires. Il est venu un jour avec 4 fusils que la population elle-même avait apporté. Ensuite, aucune plainte de la part de la population disant que les militaires ont arraché les chèvres etc.
COMPEUPLE : J’ai compris, mais la population en voulant faire une doléance, elle se voit empêchée. Découragée, elle juge que les supérieurs sont des complices. La population dit qu’il est impossible de voir les autorités militaires surtout.
S.2. : Le problème de statuettes, vous pouvez bien voir, car ce problème a commencé depuis 1974 surtout avant même mon arrivée. Dire que les militaires arrivent dans les villages arracher les statuettes, j’ai déjà fait quatre mois, je n’ai pas encore entendu ça.
« Le chef de cité appuie aussi que les militaires n’arrachent plus les statuettes ».
S.4. : Il y a des anciens combattants, ils ont de tenues, comme la population civile se vole les statuettes entre elle, les enfants de ces anciens combattants se servent de tenues de leurs parents pour piller leurs amis.
S.2. : Il y a un ancien adjudant-chef NYEMBO MAFUTA qui porte la tenue militaire et se présente partout comme un officier du 8ème bataillon, il a même tenu meeting à Mbulula en qualité d’adjudant.
S.4. : Je lui ai défendu de porter cette tenue.
COMPEUPLE : N’y a-t-il pas la possibilité de rayer une fois pour toute la rébellion de Makutano avec l’aide des civils qui connaissent bien les pistes ?
Vous pourriez ainsi facilement aller détruire Rossa et Hewa Bora leurs bases. Que pensez-vous ?
S.4. : La situation à Makutano, un chef m’a donné la situation de Makutano. On dit que les fils mêmes de cette collectivité collaborent avec les rebelles, ils établissent un relai entre Kongolo et les rebelles. L’envoi des militaires qui devaient collaborer avec les civils est dans le domaine du S.2.
S.2. : Ce problème dépasse notre compétence, car actuellement le rôle de 8ème Bataillon est défensif, on ne fait pas les mouvements. Nous ne pouvons pas traverser la rivière Luika. C’est au moment où Kinshasa Q.G. donnera encore l’ordre offensif à ce moment là, nous pouvons traverser Luika.
COMPEUPLE : J’ai peur de sacrifier les innocents d’ailleurs très nombreux dans la collectivité de Mambwe, car après quelques années il y a risque d’appeler Mambwe une collectivité rebelle. Ce qu’il nous faut pour la situation actuelle c’est le mouvement offensif.
b) L’ONAFITEX
-MON ENTRETIEN AVEC LE DIRECTEUR REGIONAL
SECRETAIRE ONAFITEX : Nous croyions que vous arriverez à 11 heures, le programme ne nous a pas été transmis.
COMPEUPLE : Ça va, d’ailleurs nous avons un exemplaire ici. C’est un grand travail comme aussi c’est un petit travail, je pouvais rester à Kongolo, voire à Kinshasa faire mon rapport sur place mais je me suis donné la peine de venir ici me rendre personnellement compte de la situation et je crois que c’est bien ça le travail d’un Commissaire du Peuple. A Lubumbashi, on parle de la GECAMINES ici c’est l’ONAFITEX c’est une zone agricole, mais il paraît que le maïs concurrence le coton ?
DIRECTEUR REGIONAL : Comme vous l’avez déjà constaté, nous sommes en régression, cela vient du fait que le coton était acheté trop tard Car nous recevons les fonds en retard. Cela amène toutes les difficultés de tout genre, nous ne savons pas usiner à temps, le coton reste longtemps en stock, c’est ce qui fait que la distribution de graines intervient souvent avec un retard. Cela n’est pas de notre compétence, il est du domaine de notre délégué de remédier la situation. Nous avons acheté le coton à Kabumbulu, Malemba N’kulu et on doit évacuer par bateau.
COMPEUPLE : Rien n’empêche, mais les séances que j’ai tenues avec la population démontrent que le marché dépend de l’agent réceptionnaire qui demande d’abord la chèvre, voire une femme. Il paraît que les graines que vous distribuez sont pourries, à quoi est due cette situation ?
DIREGIONAL : Nous établissons un calendrier et l’agent réceptionnaire doit suivre ce calendrier. Mais les hommes sont tels qu’ils sont, peut-être ils le font mais ce n’est pas officiel. Mais l’agent réceptionnaire n’est pas seul, il a un agent de l’Etat voir un agent de l’ordre. Lui n’a que sa caisse à contrôler, le reste ne lui regarde pas. Et à la fin de chaque, marché, le chef de collectivité, l’agent des affaires économiques et l’agronome forment une commission qui contrôle les poids le prix, ainsi de suite. Le Commissaire de zone nomme lui-même un agent pour superviser le marché. Le vol des réceptionnaires ce n’est pas une affaire de l’ONAFITEX mais une clique de ces gens.
COMPEUPLE : L’on dit aussi que le prix de coton diffère d’une localité à l’autre
DIREGIONAL : Nous avons le prix officiel : 1ère qualité 8 K et 2ème qualité 5 K. Mais cette année, nous avons continué avec 8 K le kg, puis on nous a parlé dans une lettre que nous avons reçue que le prix était devenu 10 K le kg 1ère qualité et 5 K 2ème qualité, cette lettre est du Département mais notre directeur général nous a demandé de continuer avec le prix de l’année dernière.
COMPEUPLE : Quelle est la signature que vous prenez en considération, celle de l’arrêté interdépartemental ou la lettre du D.G. ?
DIREGIONAL : C’est le D.G. qui ordonne les dépenses, l’arrêté était là depuis juillet 1975, mais la lettre du D.G. fixe les prix à 8 K.
COMPEUPLE : Il y a des réceptionnaires très bons d’autres sont très mauvais, mais pourquoi ces mauvais réceptionnaires se comportent-ils de cette façon ?
En cas de rancune vis-à-vis d’un cultivateur, il achète le coton comme 2ème qualité au lieu de 1ère. Il y a dans d’autres villages où traîne encore le coton.
REGIONAL : Je ne crois pas, car nous avons clôturé la réception de coton, toutes les collectivités nous ont fait tenir leurs procès-verbaux. Puis en ce qui concerne les graines, nous avons un retard dans l’achat de coton pour des raisons que je vous ai dit bientôt. Ceci explique que nous usinons trop tard le coton pour avoir les graines à temps Cette année le problème de carburant se pose aussi avec acuité.
COMPEUPLE : Quelle amélioration envisagez-vous pour donner les graines qui peuvent germer
DIREGIONAL : Vous voyez que nous nous débattons pour préparer la campagne prochaine. Les graines qui sortent de l’usine sont acheminées directement aux planteurs.
COMPEUPLE : Vous avez un mot à me dire, Citoyen Directeur Régional ?
DIREGIONAL : Oui, enfin, je pouvais vous dire que la situation peut s’améliorer comme l’a dit notre délégué. Qu’on essaie de nous envoyer les fonds à temps. J’ai une brochure pour les difficultés que nous avons ici et il me remet un exemplaire de la brochure en question.
COMPEUPLE : Je vous remercie de tout ceci
.VISITE DE BUREAUX
COMPEUPLE : Toute la population de l’ONAFITEX est-elle logée dans le camp ?
CHEF PERSONNEL : Non, il y a ceux qui sont logés par la société et qui ne bénéficient pas d’indemnité de logement et ceux qui habitent la cité et en bénéficient.
VISITE DE L’USINE
Explications par le Directeur Régional sur le fonctionnement de l’usine.
Après notre visite à l’ONAFITEX, nous rentrâmes à la cité de Kongolo où devait avoir lieu une séance de travail avec les notables ainsi qu’avec le personnel de la cité.
Paragraphe 7 LA SEANCE DE TRAVAIL AVEC LES NOTABLES.
(Remise par les chefs de localité de Kongolo d’une lettre contenant leurs doléances et dont le contenu suit) :
LETTRE DE DOLEANCES DES CHEFS DE LOCALITES DE KONGOLO AUPRES DU COMMISSAIRE DU PEUPLE EN MISSION A KONGOLO.
1°) Nous avons le regret de constater que :
tous les cadres du M.P.R. depuis la présidence à la localité sont payés, mais nous de Kongolo depuis toujours nous ne le sommes pas
La population qui a toujours difficile à trouver de l’argent, est obligée de payer à l’hôpital :
– 100 K avant de voir le docteur
– 30 K pour le ticket ;
– 75 K pour l’examen de laboratoire
– les médicaments difficiles à trouver sont aussi à charge du malade
2°) Manque de véhicules servant d’ambulance pour le transport des malades et des morts.
3°) La construction de l’hôpital reste inachevée ;
4°) Manque d’eau et d’électricité, origine des maladies et insécurité pour la population ;
5°) Construction des maisons FONDS D’AVANCE et le marché pour l’amélioration de conditions sociales de la population ;
6°) Ensemble, tous les commerçants et cultivateurs de cette zone de Kongolo, n’ont jamais bénéficié un crédit financier et matériel depuis l’accession de notre pays à l’indépendance.Or ils sont le sommet et pilier de l’économie nationale du pays. La souffrance de ces deux groupes frappe directement toute la population sans distinction aucune. Dans le temps, les commerçants étrangers obtenaient facilement des crédits sans trop de conditions et des fermiers étrangers recevaient des tracteurs et autres matériels pour intensifier la production agricole ; pourquoi pas aujourd’hui où nous sommes restés nous-mêmes, ça ne se fait plus ?
7°) Renouvellement de feuilles de route ;
-Pour faciliter le contröle des irréguliers dans de salongo (Services des Champs).
-Pour la sécurité de la population
-Pour diminuer la souffrance des voyageurs au bord des trains S.N.C.Z. et autres moyens de transport.
Fait à Kongolo, le 25 janvier 1976.
Sé/CHEF DE LOCALITES DE KONGOLO
TOUS.
COMPEUPLE : J’attache de l’importance à cette séance de travail, car vous êtes mieux placés pour connaître des problèmes que votre chef doit ignorer.
MAYAWELE NZUZI NYOKA : (Chef de localité Kongolo). Nous sommes très contents de votre arrivée et du travail que vous faites Toutes nos difficultés sont contenues dans la lettre que nous avons remise, en bref, la zone de Kongolo est peuplée par des jeunes nomades dont le travail principal est le banditisme. Ils sont dociles la journée, mais la nuit, ils se transforment en léopard. Il y a aussi trop de déplacements dans les trains, c’est la raison pour laquelle nous demandons la réinstauration du système de feuille de route.
COMPEUPLE : Vous ne trouvez pas qu’il serait mieux qu’on renforce les forces de l’ordre plutôt que la réinstauration du système des feuilles de route
KISELE KABANGU YA MAZIBA : (Dirigeant ville). Sans feuille de route, il sera difficile de savoir comment la population se déplace, il sera par conséquent difficile de localiser les malfaiteurs. Par exemple quand il est poursuivi, à Kongolo il se déplace sans feuille de route à Kongolo on le trouve à Kindu et ainsi de suite, c’est pourquoi nous insistons beaucoup sur le problème de la réinstauration de ce système de feuilles de route.
KIANA MANGONI : (Chef Bloc III). Autrefois, les autorités comme vous étaient appelées Députés, aujourd’hui nous vous appelons Commissaire du Peuple. Nous aimerions voir grandir notre zone en construisant d’avantage mais jusqu’à présent, la S.N.C.Z. est en train de détruire les maisons pour aller les reconstruire à Samba, la S.N.C.Z. veut tuer la zone de Kongolo.
COMPEUPLE : Pourquoi est-ce que la S.N.C.Z. démolit-elle les maisons, néglige-t-on l’importance de la gare de Kongolo
KISELE K. : C’est parce que la S.N.C.Z. constate que la gare de Kongolo n’est plus importante. Nous avons été très vigilents lorsque nous avons appris qu’on était sur le point de déplacer le garage ainsi que diverses machines et les placer à Samba. Nous voudrions qu’on ne démolisse pas ce qui est déjà sur place, nous pourrions en avoir besoin dans l’avenir. Qu’on aille construire à Samba au lieu de démolir Kongolo.
COMPEUPLE : Avez-vous un résultat des démarches que vous avez fait à ce sujet ?
CHEF DE CITE : La S.N.C.Z. avait envoyé une délégation des agents qui devaient démolir certaines maisons, mais lorsque nous avons appris la nouvelle nous sommes allés contacter le Commissaire de Zone qui est descendu sur les lieux et ordonna l’arrêt de cette entreprise.
COMPEUPLE : Comment est-ce que vous constatez des irrégularités dans vos localités ?
KISELE K. : La population se plaint de tout, même quand elle est bien protégée. Les habitants ne veulent pas avoir des agents de l’ordre et réclament souvent la liberté totale
COMPEUPLE : La corruption existe-t-elle aussi entre ces habitants et les agents de l’ordre ?
KISELE K. : Ou, cela ne manque pas, mais ils le font en cachette. Le chef fait tout de son mieux pour mettre fin à ce genre d’activité.
COMPEUPLE : Il y a autre chose ?
CHEF DE CITE : Ma population regrette beaucoup.
4.000 K/3 jours de maternité alors qu’il n’y a rien à manger, les malades se nourrissent, comment allons-nous vivre ? Nous ne voulons plus de ce docteur, il engrosse des filles même celles qui sont sur les bancs d’écoles. Quand un malade se présente, il ne peut pas être soigné avant de voir le médecin et les frais de consultation remontent à 100 K, cela nous décourage.
KISELE K. : En plus, pourquoi les jeunes qui terminent leurs études dans des grands centres, ne veulent-ils pas revenir ici, Le développement d’un pays commence par la localité, en ville, il n’y a rien, la ville dépend toujours d’une localité.
COMPEUPLE : Je sais qu’il existe une déontologie médicale très sévère. Quand un médecin se comporte d’une façon incivique envers la population, si on porte la chose à la connaissance du tribunal de la Sous-Région, il sera puni et peut-être même ne pourra-t-il plus donner les soins jusqu’à sa mort. Je comprends parfaitement votre position, la population est brimée parce qu’elle manque de soutien et quand elle veut tenter une démarche, elle est découragée d’avance. Je viendrai m’installer ici pour mieux soutenir ma population.
KISELE K. : Pourquoi les chefs de localité d’ici ne sont-ils pas payés alors que nos collègues le sont ?
COMPEUPLE : Avez-vous déjà constitué les dossiers ?
KISELE K. : Oui.
COMPEUPLE : Alors il y a une lenteur dans l’administration.
Paragraphe 8 LA SEANCE DE TRAVAIL AVEC LE PERSONNEL DE LA CITE
COMPEUPLE : C’est vous qui exécutez les mesures prises par les instances supérieures. Selon la loi, si vous, vous n’appliquez pas ces mesures, il n’y a rien qui va, parce que vous êtes la base du développement. Avant que nous prenions de mesures, nous devons d’abord nous rendre compte de la situation ici, s’assurer deleur exécution sur tout point de vue. Vous pouvez me faire vos suggestions.
SECRETAIRE COLL. : Nous n’avons pas beaucoup à vous dire, mais nous vous remercions sincèrement d’être venu nous voir. Les difficultés sont multiples, mais nous en avons préparé quelques-unes seulement dans la lettre que voici, dont le contenu est repris ci-dessous, nous vous en dirons davantage à votre prochaine tournée :
REPUBLIQUE DU ZAIRE
REGION DU SHABA
S/REGION DU TANGANIKA
COLLECTIVITE DE KONGOLO.
MOUVEMENT POPULAIRE DE LA REVOLUTION.
MEMORANDUM DE LA COLLECTIVITE DE KONGOLO (ex-CITE).
La population de la collectivité de Kongolo ex-Cité demande ce qui suit :
l’octroi par ONL des tôles pour la construction payable à long terme ;
Distribution d’eau courante, il manque le passage de tuyeau-mère pour servir la collectivité entière, trop peu de gens qui sont servis (problème intéressant toujours la REGIDESO) ;
Demande l’octroi d’un corbillard, les quartiers sont nombreux et il y a d’autres qui sont situés à 5 km de l’unique cimetière de Kongolo.
Le tracteur pour augmentation de produits agricoles
La collectivité demande une benne pour entretenir les routes sillonant son étendue, mais le prix imposé de verser d’abord 50 % à titre d’avance est plus supérieur par rapport aux recettes en possession, il faudrait nous accorder la benne moyennent un versement de 25% du prix global
Matériel pour les écoles maternelles ;
Sur le plan social, il est constaté que le personnel de la collectivité ne sont pas régulièrement rémunérés par manque de recettes suffisantes dans la caisse, ce dont nous demandons aux instances supérieures de revoir ce problème pour que ces derniers soient payés par Kinshasa.
Kongolo, le 28 janvier 1976.
Le Chef de la Collectivité
Sé/MWASANGALA MUSERA.
Le Secrétaire Dirigeant JMPR Comptable Collectivité
Sé/KALUME NYONGANI Sé/KIBWE KAZADI Sé/NGOY PIANALUPA
KABANGE.
Juges Brigadier de la Police Etat Civil
-Sé/MBUYU MULUME Sé/LUHEMBWE wa NDUBA Sé/MWANGE
-Sé/POMBO KYEUSI Greffier : NYUNGULU BIHANGO SAGALI.
Section 4. MA VISITE A LENGWE, GROUPEMENT DES BAGANA KAHELA, SECTEUR DU NORD LUKUGA, ZONE DE NYUNZU.
Parti de Mbulula, le matin du 22 janvier 1976, c’est seulement le soir, après avoir visité le village de Mahundu que je me rendis à Lengwe où mon programme prévoyait une séance de travail avec le Colonel, commandant le bataillon de Kongolo en opération contre la rebellion dans les zones de Kongolo et de Nyunzu.
La population sachant que j’allais passer à Lengwe, me barrait la route pour me saluer. Le soleil touchait à l’horizon lorsque j’atteignis ma destination. A ma descente du véhicule, je vis directement un géant habillé en culotte avec des airs d’un blanc colonialiste, que je n’avais pas tort d’identifier directement être le colonel.
Je me présentais et fus dirigé directement dans une paillotte où un verre de Tembo bien frais me fut servi. Illuminé par l’éclairage d’un groupe électrogène, le cadre était si magnifique que même Kongolo plongé dans l’obscurité pour manque de mazout pourrait en envier. La séance de travail débuta sans tarder. Le colonel était entouré de ses proches collaborateurs alors que je l’étais par ma suite.
Paragraphe 1er LA SEANCE DE TRAVAIL AVEC LE COLONEL MUNGANGA AU CANTONNEMENT DE LENGWE.
COMPEUPLE : C’est depuis la dernière session du Conseil Législatif que nous avons été envoyés voir notre population et pour cela j’ai entrepris une tournée qui m’a permis de visiter même les localités reculées. J’avais eu l’occasion de visiter même le bivouac de Massanza en compagnie du capitaine SWANA, là-bas par où les rebelles étaient passés et où l’armée s’est enlisée.
MAJOR : Est-ce dans la zone de Nyunzu ou de Kongolo ?
COMPEUPLE : Je vous informe que la zone de Nyunzu comme celle de Kongolo sont dans ma circonscription électorale et je peux travailler dans n’importe lesquels de ses villages, d’ailleurs après tout mon mandat n’est-il pas national ?
Cependant, Massanza se trouve dans la collectivité de Mambwe, zone de Kongolo.
Je voudrais aussi savoir si le travail de la construction du pont de Kabeya Mayi était terminé.
MAJOR : Non.
COMPEUPLE : Il y a plus d’officiers à Lengwe qu’à Kongolo.
ANGALI KYANA : (Adjudant). Nous sommes douze officiers ici, réellement plus qu’à Kongolo.
COMPEUPLE : On a annoncé certainement mon arrivée ici ?
COLONEL : Le chef qui devait nous donner une telle information est en tournée, il est allé à Tambwe et aujourd’hui il sera dans un autre village.
COMPEUPLE : C’est très bien, pour connaïtre sa population. Mais la grande difficulté pour faire des déplacements réside dans le manque du carburant.
COLONEL : Et la route c’est un grand problème. Elle est mauvaise mais nous avons fait le nécessaire pour qu’elle soit entretenue.
COMPEUPLE : Je vous remercie beaucoup. Si j’ai pu atteindre Lengwe avec mon véhicule c’est alors grâce à vous.
COLONEL : Oui, oui c’est grâce aux militaires.
MAJOR : Quelle est votre impression partout où vous avez passé ?
COMPEUPLE : J’ai contacté tout le monde, j’étais à Kasawa, finalement je me suis décidé de voir même les militaires parce que faisant aussi partie de ma population, ne sont-ils pas membres du M.P.R. ? Ne m’avaient-ils pas aussi élu ? J’ai en effet visité les militaires au bivouac de Massanza et ils étaient très contents.
Dans la collectivité de Mambwe il y a des jeunes gens qui appuient les militaires, connaissant mieux les pistes ils peuvent aider à empêcher l’infiltration des rebelles. Mais je ne sais pas, colonel, si vous avez une idée sur cette guerilla. Va-t-elle durer encore très longtemps ? Je vous le demande parce que la population de Mambwe voudrait contribuer à l’action des militaires pour anéantir les rebelles et nous sommes convaincus que c’est seulement après l’anéantissement de ces hors-la-loi que notre population pourra travailler sérieusement. On ne peut travailler que dans la paix. C’est seulement donc lorsqu’on mettra un terme au problème des rebelles que la devise de notre pays : Paix, Justice et Travail pourra être appliquée. Je vous propose donc d’armer aussi la population civile qui est prête de poursuivre les rebelles jusqu’à leur dernier retranchement.
MAJOR : Nous ne pouvons pas vous délivrer nos pensées clairement car nous ne savons pas si c’est tout le nord-lukuga qui est dans la rébellion. Personne ne nous donne les renseignements. Nous ne savons pas si ce sont les Bakalanga qui sont en brousse. Au niveau de collectivité, il doit y avoir un contrôle de tous ses habitants car nous avons des difficultés à identifier les rebelles.
COMPEUPLE : Je peux vous garantir que dans la collectivité de Mambwe il n’y a pas de rebelles et nos militaires sont prêts avec leur vigilance actuelle de faire quelque chose. Selon eux, les rebelles sont à Rossa, une fois donc Rossa détruite, la population vivra en paix. J’ai tout fait pour renforcer cette idée, demander qu’on dénonce les mauvais militants et ainsi de suite. Car avec la continuité de cette guerre, c’est ma population qui paie les pôts cassés. On enlève les chèvres, les poules et les canards. Le goût d’élever disparaît. On réquisitionne la population comme porteuse, le temps de se donner aux champs manque. C’est un problème d’une famille, j’ai compris, où il y a de bons et de mauvais enfants et dans ce cas précis, quelques éléments de forces armées zaIroises n’ayant pas peut-être reçus des ordres de leurs chefs, pillent nos villages et obligent ainsi notre population d’abandonner les villages pour les centres urbains. En ce qui concerne l’approvisionnement des militaires, je vous demanderais donc de passer par le canal du chef de collectivité.
MAJOR : Vous dites que ce sont quelques militaires…, il y a certains chefs des collectivités et la JMPR lors de passage des militaires, ils en profitent pour demander l’aide de ceux-ci et en connivence, ils pillent alors les villages. Les militaires agissent donc sous l’ordre des autorités civiles.
COMPEUPLE : Je sais que les militaires ne peuvent pas agir eux-mêmes sans une réqusition de l’autorité civile, cependant, de fait, il y a réellement des militaires qui pillent les villages sans être réquisitionnés.
MAJOR : Les habitants doivent dénoncer de tels militaires.
COMPEUPLE : La population a peur de dénoncer parce qu’après tout, c’est elle qui est normalement sanctionnée parce qu’incomprise.
COLONEL : Ce n’est pas vrai, la population ici n’a pas peur des militaires. D’ailleurs moi-même quand en véhicule je vais regagner Kongolo, les civils m’arrêtent partout pour me demander de prendre place à bord de mon véhicule. Ce sont donc des autorités civiles qui se servent des militaires pour enlever des biens à la population, c’est d’ailleurs la raison qui nous a poussés d’enlever nos militaires même au pont où ils étaient au service des autorités civiles.
COMPEUPLE : (S’adressant à TWITE, 1er ministre de la collectivité de Nyembo). C’est donc vous les autorités civiles qui réquisitionnez les militaires pour détruire les villages et prétendre par après que ce sont des militaires qui volent les biens de population ?
COLONEL : Dans ce village-ci, lorsque les militaires demandent les biens à la population, la population refuse.
ANGALI KYANA : (Adjudant). S’adressant au délégué du chef de Bena-Nyembo : Vous dites que pour que nous obtenions quelque chose chez-vous, nous devons d’abord arriver à Kongolo voir le Commissaire de Zone et que c’est seulement ce dernier qui peut vous contacter ?
TWITE : (Délégué du chef). Cela est vrai mais nous, nous avons donné de la farine et des aliments (chèvres) au colonel, mais quand il y a eu des troubles nous avons rencontré des militaires dans les villages.
COLONEL : Vous dites le problème de 1964, vous aviez demandé qu’au cas où le Gouvernement ne saurait pas nourrir les militaires, qu’il les enlève.
ANGALI K. : (Adjudant). Oui, nous, nous sommes dans la zone de Nyunzu mais ici au Nord-Lukuga nous sommes considérés être dans la zone de Kongolo, ceux de Mambwe sont aussi à part.
COLONEL : (S’adressant au Twite). Il faut dénoncer non seulement les militaires mais les civils aussi. Les militaires se sacrifient pour tout le Zaïre. Nous devons nous entraider, il ne faut pas dire que les troubles sont au Mambwe ou à Lengwe. Il y a 24 mois que nous sommes ici, nous n’avons jamais rien fait de mal à la population. Un jour la population a battu un militaire, nous n’avons rien fait mais il faut dire clairement. J’ai enlevé les militaires à Makutano à cause de ce dirigeant qui écrivait beaucoup et qui a affirmé être capable de faire seul la vigilance. Les militaires se sacrifient pour le pays, ils aiment la boisson, les femmes et le manger.
COMPEUPLE : Est-ce que c’est aussi bien quand un militaire viole une femme mariée ?
COLONEL : C’est impossible, un militaire qui ferait cela serait envoyé directement à l’auditorat à Kalemie.
COMPEUPLE : On le fait dans les villages, on m’a donné ce rapport.
ANGALI K. : Il y a combien de façons pour accuser quelqu’un ? Depuis que nous sommes ici, aucun habitant n’a encore accusé un militaire, il y a 37 mois
MAJOR : On a demandé l’intervention des militaires pour que la population entretienne la route de Kongolo-Lengwe. Etant une route d’intérêt national, nous avons accepté d’envoyer quelques militaires, mais ces quelques militaires avaient été accusés de tous les péchés du monde.
ANGALI K. : (Adjudant) s’adressant au Twite : Nous nous voyons souvent avec les capitas auxquels nous ne cessons de demander qu’ils affirment aux autorités qu’il n’y a plus de troubles pour que nous puissions partir d’ici.
COMPEUPLE : La population a trop peur des militaires.
COLONEL : Citoyen Commissaire du Peuple, tout cela n’est pas vrai, car depuis longtemps les civils n’autostoppaient pas les camions militaires, mais ils le font maintenant sans aucune crainte. En plus, nous avons demandé la construction d’une école de C .O. la population ne veut pas construire.
COMPEUPLE : A mon avis, il n’y a pas de rebelles dans la zone de Kongolo, les rebelles se trouvent de l’autre côté de la rivière Luika. Il y a une situation louche ici que je me vois obligé de dénoncer tout ce monde à Kinshasa car, à vrai dire, la recherche de l’or bat son plein.
MAJOR : Il y a des gens qui racontent des choses bizarres à une autorité ou à une autre. Ils se sont mobilisés pour leur vigilance, c’est parce que nous avons beaucoup tapé.
COMPEUPLE : Quand la guerre va-t-elle prendre fin ?
ANGALI K. : (Adjudant). Les rebelles ne sont pas du tout de l’autre côté de la rivière Luika, les rebelles se trouvent parmi la population. La véracité de nos rapports à ce sujet est indiscutable.
COLONEL : Nous savons qu’à Mambwe, quand un jeune se trouve dans le rang des mulélistes, ses parents aussi se trouvent là.
COMPEUPLE : C’est vrai mais quand il y a une personne qui est fautive, c’est cette personne qu’il faut arrêter et non taper sur toute la population, ce n’est pas bien. ANGALI K. (Adjudant). Nous ne comprenons comment quelqu’un qui est allé tuer un animal aujourd’hui même, qu’il amène la viande boucanée y compris la peau.
COLONEL : Dans la collectivité des Mambwe ils sont tous rebelles, parce que si vous allez à Rossa vous trouverez des cartes délivrées à Makutano.
COMPEUPLE : Non, peut-être c’est le chargé de l’état civil qui livre les cartes de citoyen qui est en connivence avec les rebelles et non pas toute la population. N’incluez pas les innocents là dedans.
COLONEL : A Mbulula il y a des armes de guerre, qui a donné cette autorisation à la population ?
TWITE : Les fusils qu’on trouve à Mbulula, nous les avons eus en 1964 lorsque nous avons combattu les mulélistes.
MAJOR : Vous voyez ce cas là, un individu peut prendre son arme et aller faire des gaffes dans les villages pour prétendre enfin que ce sont les militaires
COMPEUPLE : Est-ce que les militaires ne reçoivent-ils pas l’indemnité de ration ? (la question est restée sans réponse).
Après cette séance du travail, je quittais le colonel MUNGANGA pour regagner Bigobo, lieu prévu pour passer la nuit, mais je rendis d’abord une visite de courtoisie au chef de localité Lengwe, celui-ci me reçut avec beaucoup de joie et m’offrit un canard.
Paragraphe 2 MON ENTRETIEN AVEC LE CITOYEN LENGWE CHEF DU GROUPEMENT DES BAGANA KAHELA.
CHEF DE LOCALITE : Nous avons des difficultés à cause des rebelles, mais maintenant avec la présence du commandant du 8è Bon, nous sommes un peu en paix.
COMPEUPLE : Les habitants cultivent-ils beaucoup ? Y a-t-il aussi beaucoup d’articles dans les magasins ?
CHEF DE LOCALITE : Nous avons des vastes champs mais nous regrettons beaucoup pour le coton parce que les graines qu’on nous a distribuées ne sont pas bonnes, ensuite aux magasins les articles coûtent très cher et cela décourage la population. En ce qui concerne l’enseignement, nous avons une 1ère année de cycle d’orientation mais nous n’avons pas une 2ème année par manque de professeurs et pourtant nous avons des maisons pour les loger.
En ce qui concerne la santé, nous avons ici un dispensaire de FOMETRO.
COMPEUPLE : Y a-t-il ici des habitants qui, de temps à autre, se rendent en brousse pour faire des réunions avec les rebelles ?
CHEF DE LOCALITE : Non, ici chez-nous, il n’y a pas des tels cas sauf chez les Bakalanga. La plupart des rebelles sont de l’autre côte de la rivière Luika.
COMPEUPLE : J’ai appris qu’on construit le pont de Lukuga, est-ce vrai ?
CHEF DELOCALITE : Non, ils n’ont pas encore commencé à construire. Le responsable de l’Office des Routes qui devait se charger de ce travail, a détruit le véhicule sans que nous ayons vu le travail qu’il a pu faire. Les Ets. KIBWE SAKINA aussi à qui on a confié les travaux d’entretien de la route, n’ont rien fait.
DIRIGEANT ADJ/JMPR : Il y a des militaires à Minanga qui font entretenir la route
COMPEUPLE : Les militaires vous arrachent-ils vos chèvres ?
CHEF DE LOCALITE : Ici à Lengwe même le colonel est très sévère ainsi il n’y a pas du désordre. Mais il y en a bien dans les localités environnantes
CHEF DE POSTE : Ce colonel est bon, grâce à sa présence il n’y a pas beaucoup de désordres.
Section 5. LE DEPOT DE MON RAPPORT DES VACANCES PARLEMENTAIRES
Après tout un mois de tournée dans ma circonscription électorale, je regagnai Kinshasa via Kalemie au début du mois de février et rédigeai mon rapport des vacances parlementaires que je déposai au bureau du Conseil Législatif en insistant sur les 12 points suivants :
1) Défense Nationale
Vu que la sous-région de Tanganika est appelée zone opérationnelle alors que les rebelles sont en grande partie au Kivu ;
Vu la grande souffrance qu’endure la population de la zone de Kongolo et de Nyunzu sur qui repose l’alimentation de notre armée depuis plus de trois ans maintenant.
Considérant que cette charge sur la population l’appauvrit de plus en plus, diminue, voire enlève en elle le goût de posséder le bien économique ;
Considérant que toutes les tracasseries exercées par certains éléments indisciplinés de notre force armée énervent la popuation, lui fait diminuer la confiance en l’armée nationale et risquent de la faire exploser un jour ;
Je propose le retrait des troupes cantonnées à Lengwe et Makutano dans le camp de Kongolo sitôt que la frontière Kivu-Shaba sera surveillée par les unités des forces armées ayant cette fois-ci, leurs bases dans la région du Kivu ;
Enfin, ayant constaté que nos éléments de la brigade disciplinaire dela collectivité de Mambwe ont reçu une très bonne formation civique et physique et que leur dirigeant SIMUKO BEYA SIMUGANZA, fils de l’ancien grand chef de Bena MAMBWE SIMUKO MUYUMBA est un élément actif, convaincu et révolutionnaire ;
Je propose l’armement de ces éléments de la brigade disciplinaire.
2) Agriculture
La Zone de Kongolo que j’ai eu l’honneur de visiter mieux est une zone très agricole. Sa production annuelle en riz ne fait que croître, mais la culture cotonnière commence à perdre le terrain.
La population félicite et remercie les autorités zaïroises et plus particulièrement le Président-Fondateur lui-même, d’avoir accepté les propositions de l’U.S.A.I.D. sur l’expansion agricole au Nord-Shaba. D’ores et déjà, elle est sûre et certaine qu’elle reconnaîtra l’agriculture mécanisée comme avant l’indépendance et l’écoulement aisé de ses produits à un prix qui lui profitera.
Quant à la baisse de la production cotonnière, la population de Kongolo a constaté avec amertume que la distribution tardive des graines par l’ONAFITEX qui d’ailleurs n’ont pas bien germé a été la plus grande cause.
La population se félicite des efforts fournis cette année-ci par l’ONAFITEX de diminuer des innombrables irrégularités, telles que le pésage truqué, l’obligation de corrompre les agents acheteurs des fibres textiles, acheteurs à un prix moindre que celui fixé par le Conseil Exécutif.
3) Education Nationale
La population de la Zone de Kongolo se félicite d’apprendre que les autorités de l’Education Nationale préconisent l’ouverture d’un cycle long à l’école agricole de Kaseya. En cette année où la priorité de l’agriculture n’est plus à mettre en doute, la formation d’encadreurs agricoles ne s’avère-t-elle pas indispensable ?
Toutefois la population de la zone de Kongolo regrette de constater qu’à part le chef-lieu même de la zone, aucune collectivité n’a un cycle complet des humanités.
La population formule ses souhaits de voir le Conseil Exécutif réfectionner les bâtiments de l’ancienne école normale de Lubunda, abandonnée depuis les tristes événements de 1960 à 1965, l’ouverture d’un cycle long des humanités pédagogiques et d’un internat.
La population espère que l’année en cours, le Département de l’Education Nationale veille à l’envoie réel des professeurs réquisitionnés dans les zones et au versement de leur salaire à temps pour éviter les abandons.
Enfin, la population souhaite la création d’un centre d’examen d’Etat à Kongolo, qui jusqu’à présent voit ses élèves parcourir 350 Km pour rejoindr Kalemie.
4) Santé Publique
Considérant que seuls les hommes pleins de santé fournissent un rendement meilleur.
Constatant que toute l’infrastructure coloniale en matière des hôpitaux et dispensaires n’a jusqu’ici connu aucune amélioration mais qu’elle s’est dégradée sur toute l’étendue de la zone ;
Vu que le personnel médical même fait défaut ;
La population prie le Conseil Exécutif de prendre ses responsabilités en ce domaine et il y a urgence.
5) Affaires Sociales
La population de la zone de Kongolo a salué avec joie la création des Oeuvres Maman Mobutu Sese Seko et espère qu’elle ne connaîtra pas longtemps ses œuvres que du nom, mais bien verra l’un ou l’autre jour certaines de ses réalisations dans la zone de Kongolo
6) Transport
La création de S.N.C.Z. au détriment de K.D.L. – C.F.L. – C.F.M.K. a entraîné pour Kongolo une perte.
La C.F.L. n’ayant repris que le chemin de fer et l’ONATRA n’ayant trouvé nécessaire que de s’occuper de la partie Kabalo/Bukama pour ce bief supérieur, les répercussions se sont fait sentir sur la Ville de Kongolo. Tous les ouvriers qui étaient employés pour la voie fluviale sont non pas seulement déplacés mais aussi les maisons qu’ils occupaient dans le camp SNCZ sont détruites. Les innombrables machines qui avaient un impact sur la vie et la situation sociale de toute la ville sont aussi déplacées, entraînant comme conséquence la réduction de l’importance même de cette vieille ville.
La population souhaiterait que la SNCZ ne détruise pas les maisons construites depuis très longtemps, une fois toutes ces maisons détruites Kongolo restera une brousse.
En matière des routes, la population de la zone de Kongolo prie les autorités compétentes de considérer aussi la route Kongolo/Lubunda qui va d’ailleurs jusqu’au Kivu comme une route d’intérêt général comme avant, de l’entretenir et de replacer les ponts sur les rivières Kietche, Mukusu et Muhofu pour permettre l’écoulement des produits agricoles.
7) Finances
Considérant que le projet AID entraînera l’augmentation de la production et par le fait l’accumulation dans la zone de plus de monnaie ;
Considérant que Kalemie où sont ouvertes les banques est située à 350 km.
Convaincu que ce trajet Kongolo/Kalemie exposera les agriculteurs dans beaucoup de difficultés et par ce fait ils ne voudront pas le faire.
La population a proposé l’ouverture de l’agence d’une banque quelconque ou d’une institution financière comme la C.N.E.C.I. ou la CADEZA à Kongolo.
8) Commerce
Considérant que le nombre des commerçants s’accroît de plus en plus et que le tribunal de première instance étant le seul compétent en matière d’immatriculation pour le registre de commerce, commence à être submergé.
Considérant que la décentralisation présente certains avantages et que dans ce cas précis elle permettra la bonne surveillance du commerçant.
La population de la zone de Kongolo propose que le tribunal de 1ère instance abandonne cette matière au tribunal de Sous-Région.
9) Economie
La population de Kongolo regrette de constater que le prix des produits importés est parfois exagéré et souhaite la fermeture définitive des magasins des commerçants malhonnêtes et cupides.
10) Jeunesse
Partout où nous sommes passés dans les collectivités, les éléments de la jeunesse du M.P.R. nous ont affirmé qu’ils n’étaient pas payés. Ce non-paiement est souvent la cause pour ces éléments d’un mauvais comportement envers les paisibles citoyens. Une solution adéquate pour leur sort s’avère indispensable.
11) Justice
Attendu que la partie du territoire considérée comme abritant encore les rebelles et juste la partie où l’or était exploité clandestinement depuis de longues dates.
Attendu que certains hommes d’affaires se sont vus confisqués leur matériel d’exploitation d’or par les autorités militaires ;
Attendu aussi que la clameur publique affirme que l’exploitation d’or continue et que l’échange entre l’or et les armes s’effectue des temps à autre entre les soit-disant rebelles et certains responsables militaires.
Par ces motifs, la population de la zone de Kongolo propose l’ouverture d’une enquête à charge des responsables de l’ armée qui sont considérés comme gélant l’opération de la jugulation de la rébellion.
Remarquant que la corruption bat son plein dans les tribunaux de zone et des collectivités ;
Constatant que ces dits tribunaux infligent parfois des amendes dépassant énormément les limites leurs imposées par le C.O.C.J.
La population souhaite qu’une sérieuse formation civique soit donnée aux juges et O.P.J. et qu’un contrôle soit exercé de temps à autre ;
Considérant que certaines infractions telles que l’assassinat demande l’instruction rapide et l’exécution du condamné dans le délai où cela peut encore jouer un rôle psychologique sur l’ordre public troublé.
Constatant que l’éloignement du parquet de la S/Région et la non mobilité des officiers du ministère public font penser à la population que les assassins ne sont plus poursuivis en priorité et qu’ils peuvent tout au plus corrompre le chef d’établissement de détention où ils sont détenus provisoirement et fuir.
La population de la zone de Kongolo propose l’ouverture rapide de tribunaux de paix et la connaissance de l’infraction d’assassinat par ceux-ci, car l’ordre public troublé étant celui de la zone, il faudrait que la population de la zone apprenne réellement qu’il y a une sanction et que l’Etat veille à la sécurité des biens et des personnes.
12) Administration
L’autonomie financière accordée aux collectivités ne profite pas à ses habitants.
Tous les agents de la collectivité se plaignent des mois impayés.
Le Département des affaires politiques envoie avec un très grand retard les acquits C.P.M., ce qui ne permet pas aux receveurs des collectivités d’atteindre tous les redevables pendant l’année.
Les paiements irréguliers des policiers et juges sont sans doute la cause de corruption de ceux-ci.
Pour les collectivités très viables comme celle de Nyembo, c’est plutôt le chef qui gère mal le patrimoine de la collectivité. Très combattu et contesté, il se sert des biens de la collectivité pour corrompre ses chefs hiérarchiques qui devront essayer de l’appuyer en dressant des rapports de complaisance. Les commissaires de zone chargés des collectivités m’ont été partout cités comme ayant énormément déséquilibré la collectivité à leur avantage.
Oui, le chef de collectivité MULOKO-MUYUMBA n’est pas porté à cœur par les habitants. Partout il est dénoncé pour ses vols, sa brutalité et son incapacité, le Département des Affaires Politiques ferait mieux d’envoyer de temps à autre ses fonctionnaires contrôler nos collectivités.
Tel est le rapport que nous avons rédigé, après un mois de vacances parlementaires dans notre circonscription électorale et invitons le Président-Fondateur de le soutenir et d’apporter des solutions aux problèmes posés.
Fait à Kinshasa, le 2 février 1976.
LE COMMISSAIRE DU PEUPLE,
Sé/LUMBU MALOBA NDIBA.
Chapitre 4. LA SEANCE DE TRAVAIL AVEC LE PRESIDENT FONDATEUR, PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE.
Ayant regagné la faculté pour réintégrer la vie académique après tout un mois d’absence à Kinshasa, je fus reçu par le nouveau Secrétaire Dirigeant de la JMPR/Campus Universitaire de Kinshasa « CUK », le Citoyen MUKANYA TCHIMBAU avec lequel nous nous entretîmes des divers sujets.
Le Secrétaire dirigeant me pria de l’aider à réorganiser le camp des étudiants mariés et m’ayant nommé conseiller, il m’invita de participer aux réunions du bureau sectionnaire.
L’après-midi du 5 février 1976, j’assistais au cours de droit aérien du Professeur LESSEDJINA quand je me vis inviter à sortir parce que je devais regagner en compagnie de tous les autres membres du comité JMPR/CUK, le Mont-Ngaliema où nous allions être reçus par le Président-Fondateur, Président de la République.
La Kombi du centre national de la documentation « C.N.D ». dans laquel j’avais pris place s’était dirigé d’abord au Quartier Général du C.N.D. près du Palais de la Nation, d’où nous fûmes conduits au Bureau Présidentiel.
Relié par Motorola avec sa hiérarchie, l’agent qui nous conduisait, recevait régulièrement les ordres et donnait des explications.
Le Secrétaire Dirigeant me plaça à la première rangée du côté droit du Citoyen NTUMBA LUABA, Commissaire à l’Orientation et porte-parole du Comité JMPR/Campus de Kinshasa alors que lui-même était à sa gauche.
Le Président-Fondateur avait à ses côtés les Citoyens BISSENGIMANA et SETI, respectivement, Directeur du Bureau du Président et Conseiller en matière de sécurité.
Après la lecture du texte préparé par le citoyen Ntumba Luaba, le Président-Fondateur nous rassura sur toute la ligne de son accord à nous satisfaire sur les problèmes sociaux que nous lui avons posés (restauration, transport, etc.) puis la causerie devint à bâtons rompus.
Nous invitant à visiter son jardin, il s’adressa à nous en ces termes : «Je vous invite à visiter les lieux, il se pourrait que parmi vous il y ait un futur Président de ce pays ». Saisissant une occasion, je me mis à parler au Président de l’étouffement dont la jeunesse était victime par son mauvais encadrement alors que les lois et les textes réglementaires lui étaient faforables. J’avais utilisé la métaphore selon laquelle, « qu’il y avait entre lui le (Soleil) et nous la jeunesse (les plantes) des nuages si sombres à telle enseigne que toute lumière nécessaire à notre développement nous manquait ! Le Secrétaire Dirigeant informa le Président de ma qualité de Commissaire du Peuple.
Visiblement ému, le Président MOBUTU s’exclama en s’adressant au citoyen SETI : « Un Commissaire du Peuple étudiant ? » Celui-ci répondit : « il nous avait dit qu’il n’était pas un étudiant régulier, à quoi je rétorquais que jamais je ne m’étais entretenu avec lui à ce sujet !
Le Secrétaire Dirigeant rappela ma qualité d’ancien dirigeant de la JMPR/Campus pendant que le Président-Fondateur recommandait à son directeur de bureau, le citoyen BISENGIMANA, de lui apporter mon dossier le lendemain, tout en déclarant : « Sans doute que c’est la qualité de dirigeant de la JMPR qui avait intéressé les membres du Bureau Politique, car au cas où ils allaient savoir qu’il était étudiant ils ne le prendraient pas. »
Cet incident effraya beaucoup des collègues étudiants qui crûrent même que je serais expulsé du Parlement à telle enseigne que d’aucuns se mirent à reprocher au Secrétaire Dirigeant de m’avoir présenté.
Après l’entretien avec le Président-Fondateur, nous fûmes amenés au Restaurant de l’O.U.A. Abordant le Citoyen SETI, je m’entendis dire qu’il ne connaît pas comment j’avais été retenu candidat Commissaire du peuple au bateau alors que mon dossier avait été jugé incomplet au niveau de son bureau.
Du restaurant, sous la direction du citoyen MBIYA du CND, nous rentrâmes au Campus d’où je regagnais tard ma maison meditant sur l’incident. Je ne comprenais pas d’une part, l’étonnement du Conseiller Spécial sur mon dossier qui s’était trouvé au bateau malgré sa note négative et d’autre part la déclaration du Président selon laquelle si les membres du Bureau Politique savaient que j’étais étudiatns, ils n’allaient pa retenir ma candidature.
En effet, d’abord Il y avait au Bureau Politique certains professeurs du Campus qui étaient membres du comité MPR/Campus pendant le litige qui avait opposé mon comité JMPR au MPR et qui avaient été nommés juste pendant ce temps membres du Bureau Bureau Politique. Ensuite, il y avait le Commissaire Politique SAMPASSA KAWETA MILOMBE, qui, contrairement à son attitude lors de mon renvoi du Collère Saint François de Sales en 1966, en sa qualité du Secrétaire Général de la JMPR, m’avait pratiquement obligé de rentrer terminer mes études au Campus. Ne m’avait-il pas lui-même dicté les termes de ma lettre au Vice recteur pour passer l’éponge sur le passé ? Pour lui, la JMPR naguère rejeté au Campus avait été acceptée pendant mon mandat et qu’exclu par les autorités académiques, il avait obtenu mon retour au Campus comme étudiant, afin que mes collègues étudiants ne se refroidissent pas de la JMPR en se disant, qu’ils pouvaient aussi être renvoyés et n’avoir plus l’occasion de terminer leurs études à cause de leur engagement au Parti!
Designé, Commissaire du peuple alors que le Vice Recteur qui m’avait empêché d’exercer mon mandat de Secrétaire Dirigeant n’avait été retenu que comme Suppléant, je me réjouissais d’avoir pris ma revanche. Enfin, le membre du Bureau Politique KABIMBI NGOY, me recevant en compagnie d’autres élus du Nord Katanga, au début de la législature, m’avait affirmé avoir soutenu mon dossier à cause de mes études universitaires pour changer la physionomie des élus de ma circonscription généralement non universitaires ! Il n’y avait donc pas d’erreur possible au sujet de ma désignation, avais-je conclu !
A la télévision et à la radio tout comme dans les journaux, nos images étaient à la une sous l’intitulé «FACE A FACE MOBUTU-ETUDIANTS » et grandement visible, je me trouvais personnellement en face du Président-Fondateur. L’admiration vouée à notre égard était sans pareille et sans inquiétude quelconque, je me présentais à la session parlementaire convoqué tardivement en decembre au lieu d’avril ou septembre.
Chapitre 5. LA CONVOCATION TARDIVE DU CONSEIL LEGISLATIF EN SESSION
Il n’y avait pas eu convocation de session en avril et j’en avais profité pour mieux m’appliquer à mes études. En octobre alors que le Président-Fondateur n’avait pas fait appel aux Commissaires du Peuple pour examiner le budget 1977, voilà qu’en début du mois de décembre les appels à la radio annonçaient la convocation de la session parlementaire pour le 21 décembre 1976. Le lieu de la réunion n’était plus à la N’SELE mais plutôt au Palais de la Nation, à la zone de la Gombe, là-bas même où avait proclamé l’indépendance du Congo, le 30 juin1960.
Pour la circonstance, le Citoyen MOBUTU SESE SEKO KUKU NGBENDU WA ZABANGA, Président-Fondateur, Président de la République devait prononcer un discours. Parti de la maison avec mon épouse et mon fils jusqu’au studio de photo GUY, nous prîmes quelques poses à l’occasion du 1er anniveraire de notre fils ainé avant que je ne me rende au Palais de la Nation. Le discours du Président-Fondateur était axé sur le redressement de l’économie zaïroise et parmi les solutions préconisées, il annonça la suppression des indemnités parlementaires pendant les vacances parlementaires tout comme de la bourse d’études pendant les vacances académiques.
Nul doute que cette décision m’avait atteint doublement en ma qualité de Commissaire du Peuple et en celle d’étudiant.
A part le rapport individuel que j’avais déposé à l’issue de ma tournée parlementaire du mois de janvier, nous fûmes invités à rédiger un rapport par S/Région et par Région.
Désigné Rapporteur de la Sous-Commission spéciale de la Circonnscription de Tanganika, le rapport suivant avait été rédigé.
Section 1er LE RAPPORT DE LA SOUS COMMISSION SPECIALE DE LA CIRCONSCRIPTION DE TANGANIKA.
Chers Collègues,
Les membres de la Sous-commission spéciale de la S/Région de Tanganika se sont réunis ce mercredi 22 décembre 1976 de 11h à 14h15, sous la présidence de la Citoyenne MBUYU wa NGOIE, Vice-Présidente de la Sous-commission
La Composition du Bureau a été la suivante :
Président : Citoyen KENGO wa DONDO (excusé)
Vice-Présidente : Citoyenne MBUYU wa NGOIE,
Rapporteur, Citoyen LUMBU MALOBA.
Les autres membres de la sous-commission spéciale de la S/Région de Tanganika sont :
– SHABANI ; – MWENGE ; – KABWE ; – MALOBA (empêché).
L’ordre du jour comportait un seul point, à savoir :
-Examen des rapports des vacances parlementaires, présentés par les élus de la circonscription électorale de la S/Région de Tanganika
Inspirés par les rapports individuels des vacances parlementaires soumis à leur examen, les membres de la S/Commission ont examiné tous les problèmes se posant dans la S/Région.
Faisant l’autopsie de la situation Politico-Administrative, économique et socio-culturelle, les membres de la S/Commission ont souhaité que les autorités compétentes se penchent sur ces problèmes afin qu’une solution adéquate satisfaisant les aspirations légitimes des militantes et militants de cette partie de la République soit trouvée
1.- SITUATION POLITICO-ADMINISTRATIVE
Attendu que la Sous-Commission s’est réjouit de la bonne marche du Mouvement Populaire de la Révolution de l’exécution convenable du programme de Salongo et de l’enrichissement du répertoire du groupe choc d’animation de la S/Région. La Sous-Commission a souhaité que le bon esprit perdure.
Attendu que certains élements des F.A.Z. infligent des amendes exhorbitantes sans quittance en érigeant des barrages à travers la S/Région en accusant des paysans des rebelles, alors que les rebelles opèrent à partir de leur campement situé de l’autre côté de la rivière Luika au Maniema et Hewa-Bora au Kivu.
Attendu que certains responsables militaires se livrent allègrement à l’exploitation de l’or, voire se sont familiarisés avec les rebelles en échangeant des marchandises ou armes contre l’or.
Attendu que les portions du territoire dites habitées par les rebelles sont juste celles où l’or est exploité clandestinement depuis des longues dates.
Attendu que certains irresponsables entretiennent un climat d’insécurité autour de la ville de Kalemie en imputant cet état de fait à l’action des rebelles, cela pour persuader l’opinion publique de l’existence des rebelles
Attendu que tous les Commissaires du Peuple résidant à Kalemie et tous les dignitaires de l’Ordre National du Léopard ont été arrêtés arbitrairement et que jusqu’à présent, le Citoyen Commissaire du Peuple MALOBA KASONGO a été interdit de sortir de la ville de Kalemie, empêché ainsi de venir sièger au Conseil législatif, malgré l’existence de l’article 63 de la Constitution prévoyant l’inviolabilité de tout Commissaire du Peuple
Convaincu qu’il n’existe pas de foyers de rebelles sur l’étendue de toute la S/Région de Tanganika
Attendu que pour la S/Région du Tanganika, l’exécution de la loi de l’effort spécial pour le développement a vu renvoyer de Kalemie des tailleurs, coordonniers, menuisiers, coiffeurs, pousse-pousseurs et pêcheurs alors qu’effectivement ceux-ci exercent une fonction importante pour le bien-être de la population
Attendu que certains éléments de la F.A.Z. violent femmes et jeunes filles mineures les emportant même dans leur cantonnement et par-dessus tout ils arrachent à la population : chèvres, moutons, canards, poules, argent et tout bien de luxe
Attendu que les fouilleurs à l’arrivée comme au départ des bateaux, train déshabillent les femmes, voire même devant leurs enfants.
Considérant que la population remarque que dans la justice civile les détenus préventifs passent parfois plus d’une année dans les établissements pénitentiaires sans être entendus.
Considérant que les tribunax de collectivités tout comme ceux des zones possèdent actuellement des juges très corruptibles.
Considérant que les susbstituts du parquet de la S/Région les seuls possédant la formation juridique adéquate ne sont pas mobiles
Pour tous ces motifs, la Sous-Commission spéciale de la Sous-Région de Tanganika propose :
1°) Qu’il soit créé une région militaire dans la zone de Kabambare ou la zone de Fizi où se trouvent réellement les foyers de rebelles
2°) Que les éléments de la F.A.Z. cantonnés dans la Sous-Région de Tanganika soient mieux encadrés et contrôlés, afin que la population civile qui souffre depuis l’indépendance retrouve la paix.
3°) Que soient châtiés ceux qui ont arrêté les Commissaires du Peuple bafouant l’article 63 de la Constitution et que le Citoyen Commissaire du Peuple MALOBA KASONGO soit permis de regagner d’urgence Kinshasa.
4°) Que la fouille soit faite d’une manière humanitaire.
5°) Que le contrôle soit exercé au niveau des établissements de détention des collectivités, zones et sous-régions
Qu’il soit donné des possibilités matérielles et pécuniaires aux substituts du Procureur de la République, afin qu’ils puissent se rendre dans des zones, recycler les autres responsables de la Justice et procéder à une meilleure instruction préjuridictionnelle.
II. SITUATION SOCIO-CULTURELLE
Se penchant sur la situation socio-culturelle de la Sous-Région, la sous-commission spéciale du Tanganika a constaté que :
Dans l’ensemble de la Sous-Région des hôpitaux et des dispensaires construits depuis la période coloniale se trouvent actuellement dans un état déplorable ;
Le personnel qualifié est rare dans les divers centres médicaux : médecins, assistants médicaux, infirmiers diplômés ;
Les médicaments manquent ;
Les ambulances et les corbillards n’existent pas : les malades et les morts sont transportés aux épaules.
La plupart des écoles qui ont été détruites pendant les troubles n’ont pas encore été réfectionnées ;
Les matériels scolaires tout comme les professeurs qualifiés manquent dans beaucoup d’écoles secondaires et que ceux-là même qui sont réquisitionnés et qui se présentent sont impayés parfois pendant toute une année scolaire ;
La population de la Sous-Région du Tanganika est évaluée à près de 800.000 personnes dont les jeunes constituent plus de la moitié de cette population ;
Il n’existe des écoles secondaires que dans les chefs-lieux des zones ;
Les diplômes d’Etat des autodidactes n’ont pas été remis aux récipiendaires ;
Les finalistes de l’école secondaire de Kongolo doivent présenter leurs examens d’Etat à Kalemie, ville située à 350 Km et que devant faire face eux-mêmes aux problèmes d’ordre matériel les répercussions se font constater au niveau des résultats ;
L’éducation et la formation de la Citoyenne zaïroise sont indispensables ;
Les foyers sociaux existants dans les zones manquent les frais de fonctionnement ;
Les Œuvres Maman Mobutu n’ont pas encore concrétisé leur action dans la plupart des zones de la Sous-Région alors que la population de cette partie du pays a été affectée par beaucoup d’événements malheureux depuis l’indépendance ;
La Regideso n’est pas installée dans beaucoup de zones et que là même ou elle est installée, elle est butée à des graves problèmes : manque continuel de carburant, défectuosité de matériel ;
Les pensionnés tant militaires que civils perçoivent irrégulièrement leurs rentes de survie, voire même il y a des pensionnés civils qui n’ont pas encore perçu quelque chose ;
Pour toutes ces constatations :
La Sous-Commission Spéciale de la Sous-Région du Tanganika a souhaité :
la réfection des hôpitaux et des dispensaires ;
l‘équipement rapide de tous ces hôpitaux et dispensaires en personnel qualifié, médicaments, ambulances et corbillards ;
la réfection des écoles détruites pendant les troubles, notament école professionnelle de Manono et l’école normale de Lubunda ;
l’équipement des écoles et le paiement régulier des professeurs ;
la création de nouvelles écoles primaires et secondaires ;
la remise des diplômes aux autodidactes ayant droits ;
l’équipement des foyers sociaux ;
le renforcement des activités des Œuvres Maman Mobutu dans la S/Région ;
l’installation de la Regideso dans les zones où elle n’existe pas et là où elle existe son renouvellement d’équipement et l’alimentation continuelle en carburant ;
le versement régulier par l’I.N.S.S. des rentes aux ayant-droits.
III. SITUATION ECONOMIQUE
En ce qui concerne la situation économique, la Sous-Commission Spéciale a remarqué que :
Le projet d’agrandissement de l’aérodrome de Kalemie, le placement de balisage et l’asphaltage du boulevard principal reste en veilleuse ;
La mesure interdisant la pêche artisanale et la chasse affecte beaucoup la population ;
Les routes tant d’intérêt général que local ne sont pas entretenues et que cela nuit à l’écoulement facile des produits agricoles dans cette Sous-Région ;
La population riveraine du bief supérieur du fleuve Zaïre qui acheminait ses produits agricoles par cette voie fluviale est empêchée de le faire depuis la suppression de ce bief ;
L’équipement de Zaïre Etain n’est pas renouvellé depuis l’indépendance et cela entraîne la baisse de la production ;
La ville de Kalemie un centre très important de par sa situation géographique est dépourvue de moyens adéquats en matière de télécommunication et postes.
Après toutes ces constatations :
La Sous-Commission demande :
La réalisation du projet en veilleuse ;
La levée des mesures d’interdiction de la pêche et de la chasse ;
L’entretien de tronçons de routes Kongolo/Nyunzu/Kabalo/Kalemie/ Manono/ Lubumbashi
Kalemie/Moba/Pweto/Kasenga/Lubumbashi
Le rétablissement du trafic du bief supérieur ;
Le renouvellement de l’équipement du Zaïre Etain ;
Que soit installé un système téléphonique moderne à Kalemie et un télex ;
Que la recrudescence des vols des mandats et chèques postaux soit endigués !
Que le délai d’acheminement du courrier soit écourté;
Citoyen Président,
et Chers Collègues,
Voici grosso modo les conclusions que votre Sous-Commission soumet à votre approbation et vous prie de les adopter.
Le Rapporteur, La Vice-Présidente,
Sé/LUMBU MALOBA. Sé/MBUYU wa NGOIE
Après l’adoption du rapport de la S/Région, des discussions pour confectionner la rédaction du rapport régional eurent lieu. Je me souviens encore avec quelle chaleur la Citoyenne KIKONTWE désignée Rapporteur de la Commission avait échangé les mots avec le Citoyen MUHONA LUMBU, qui tenait coûte que coûte à faire mentionner certains détails ayant trait à la vie sociale de la S/Région de Lualaba. Je me souviens aussi de l’absence permanente du Citoyen KENGO wa DONDO pourtant désigné Président de la Commission.
Cependant, la Commission Régionale du Shaba confectionna quand même son rapport ci-dessous qui avait été approuvé massivement lors de sa lecture en séance plénière.
Section 2. LE RAPPORT DES VACANCES PARLEMENTAIRES DE LA COMMISSION SPECIALE DU SHABA
REPUBLIQUE DU ZAIRE
CONSEIL LEGISLATIF
DEUXIEME LEGISLATURE DE
LA DEUXIEME REPUBLIQUE
DIRECTION DU GREFFE
DIVISION DU SECRETARIAT DES
COMMISSIONS.
RAPPORT DES VACANCES PARLEMENTAIRES DE LA COMMISSION SPECIALE DU SHABA.
Citoyen Président du Bureau Permanent du
Conseil Législatif,
Citoyens Commissaires du Peuple et Chers Collègues,
La Commission Spéciale du Shaba s’est réunie le 24 décemvbre 1976, sous la présidence du Citoyen SHABANI, son Vice-Président, afin d’examiner, sur base des rapports des vacances parlementaires, la situation qui prévaut dans cette partie de la République. Cette Commission se compose de cinq sous-commissions spéciales ; à savoir : celle de la sous-région de Lubumbashi, des sous-régions du Haut-Shaba et Likasi, de la sous-région du Haut-Lomami, de la sous-région du Tanganika ainsi que des sous-régions de Kolwezi et Lualaba.
Des rapports présentés par les élus du Shaba, nous avons retenu les faits essentiels ci-après, comme le reflet fidèle de la situation.
I.- SITUATION ECONOMIQUE
La situation économique du Shaba est des plus préoccupantes. Que l’on considère le domaine des approvisionnements, en celui de la production et du commerce, l’on est frappé par l’ampleur de la crise et la complexité des problèmes y afférents. Nous passons en révue, ci-après, ces différents secteurs de l’économie :
1°) Crise des approvisionnements
L’effondrement de l’économie mondiale ainsi que les guerres angolaise et rhodesienne ont très profondement marqué l’infrastructure économique shabienne.
En effet, nous avons enregistré, depuis plus d’une année, une crise généralisée des approvisionnements tant en ce qui concerne les articles de première nécessité, comme les denrées alimentaires, les médicaments, les équipements industriels et agro-industriels, le carburant, le charroi automobile et les pièces de rechange, les matières premières, les matériaux de construction, les vêtements que des articles de luxe.
La crise du carburant a des effets particulièrement néfastes car elle jette la calamité là où règne déjà la désolation en immobilisant le rare charroi automobile en état de rouler, avec comme conséquence la paralysie du commerce de transport aussi bien de personne que de marchandises. Cette crise est ressentie très douloureusement à Kasenga où bateaux et installation frigorifique sont immobilisés.
Pour ce qui est des équipements industriels, signalons le cas de la Société Zaïre-Etain de Manono dont l’équipement totalement défectueux réclame un redressement dans le plus bref délai, sous peine de voir la production baisser considérablement.
2°) Spirale des prix
Il résulte de ce manque généralisé d’approvisionnement une hausse des prix qui défie les meilleures imaginations.
3°) Production
La mauvaise conjoncture n’a point épargné le domaine de la production tant industrielle qu’agricole
Citons pour l’industrie, le cas de la société KISENGE MANGANESE qui ne parvient pas à écouler ses énormes stocks de minerais accumulés depuis la fermeture de la voie angolaise.
Citons pour l’agriculture, le fait combien regrettable de l’abandon quasi total des fermes jadis si florissantes autour des grandes agglomérations urbaines ainsi que celles du plateau de Biano réputés les meilleures du pays pour l’élevage du cheptel, bovin et porcins.
4°) Commerce
Le commerce n’a pas échappé à la crise lui aussi. Il est à signaler que le manque d’importation faute de devises s’est trouvé accentué par la centralisation des licences d’importation à Kinshasa alors qu’il eût été plus rationnel de répartir les quotas de licence par région et d’autoriser leur validité par la succursale de la Banque du Zaïre à Lubumbashi.
En effet, la centralisation de la validation des licences à Kinshasa provoque des retards aussi considérables entre la commande de la marchandise et sa livraison, entraînant la rupture de stocks.
5°) La rétrocession
Dans l’espoir de relancer l’économie et de rassurer les investissements étrangers ont été prises les mesures de rétrocession. Saluée avec soulagement et enthousiasme par les anciens propriétaires, accueillies comme salutaires par la population, boudées par les acquéreurs, ces mesures sont aujourd’hui dans leur phase d’exécution. Mais celle-ci ne va pas sans heurt, malgré les précisions contenues dans la déclaration du 17/09/1976. Et cette fois, ce sont les anciens propriétaires qui se surpassent en abus, machinations peu honnêtes et mauvais traitement aux acquéreurs. Sans la maturité et la profonde sagesse du Commissaire de Région, nous aurions connu quelques éclats
A notre avis, sauf, en cas de facilité, ou d’apurement total de la dette, il eût été plus judicieux qu’acquéreurs et anciens propriétaires qui se sont séparés en bons termes ou qui ont continué à collaborer s’associent d’office. Et c’est dans ce sens que l’ANEZA devrait conseiller les anciens propriétaires. Ceci pour deux raisons :
a) Les acquéreurs, malgré la crise économique, ont pu continuer à tenir tant bien que mal jusqu’à ce jour, des affaires qu’ils ont reprises au pied levé auront prouvé d’aptitudes suffisantes à devenir hommes d’affaires.
Aussi, dans le cadre de la formation des futurs hommes d’affaires zaïrois, ils seraient ainsi associés d’autorité à leurs anciens propriétaires pour leur permettre de parfaire leur expérience.
b) Les anciens propriétaires ont une tendance nette à contourner les mesures. En effet, leur acharnement à rentrer en possession de leurs affaires cache un fait qui risque d’échapper à l’autorité.
Ces messieurs sont enclins, soit de se trouver un partenaire irresponsable, simple prénom, afin de se garder les 100% de l’affaire, soit de retirer un gain inespéré en aliènant la totalité des actions à un prix dérisoire si un Zaïrois fortuné se présentait pour l’achat.
C’est la raison pour laquelle certains de ceux-là qui ont continué à travailler avec leurs acquéreurs sollicitent la reprise de leurs affaires au lieu de réaliser d’offices l’association.
Inutile de souligner que cette période de transition est un temps fervent pour les spéculations.
6°) L’infrastructure
Le bâtiment public, les égoûts, les routes tant urbaines que rurales sont dans un état très déplorable. Ainsi, la construction de l’hôtel de ville de Lubumbashi commmencé avant l’indépendance en est toujours au premier étage et aucun travail n’est en cours pour nous en faire espérer un jour l’achèvement. Quant aux égouts, les zones de Kamalondo et de Kenya à Lubumbashi sont devenues de véritables puanteurs promises à toutes les épidémies. Néanmoins des efforts louables ont été entrepris pour améliorer cette infrastructure
Ainsi le théâtre de la ville de Lubumbashi a été complètement réfectionné. Citons également l’exemple combien encourageant de la population du Lualaba, qui, constatent la défaillance de l’office des routes, construit elle-même, grâce au Salongo, une route raccourcie entre Kapanga et Kambuango ainsi que deux ponts sur ce même tronçon.
II.- SITUATION SOCIO-POLITIQUE
1°) Revendication des salaires
Cette année, le shabien fut la proie de violentes convulsions allant des revendications intempestives des salaires aux grèves sauvages.
Les raisons de cette situation regrettable ayant fait, en son temps, l’objet d’enquête approfondie et de mesures appropriées, il nous semble superflu d’y revenir.
2°) Rabattement des salaires
Voici plus d’une année que le Bureau Politique décidait le rabattement de tous les salaires dépassant le seuil de 150 Zaïres et ce dans le souci de réduire la tension salariale.
Si cette décision avait été accueillie avec beaucoup d’acclamation par la population, les intéressés, eux, l’avaient subi avec résignation. Actuellement, tandis que pour la population, elle appartient au passé, pour les personnes concernées, la basse conjoncture aidant, cette décision est devenue un poids et risque de déboucher sur une explosion. Nous attirons l’attention de l’autorité compétente sur ce danger encore latent mais imminente.
3°) Loi sur l’effort spécial de développement
Pour enrayer l’exode rural, le législateur ordinaire a promulgué la loi n° 16/011 du 21 mai 1976 relative à l’effort spécial de développement. Il est très tôt pour porter un jugement quant au succès de son exécution qui ne pourra prendre toute sa signification qu’avec le temps. Néanmoins, nous pouvons déjà dénoncer des abus quant à l’interprétation de la loi notamment à Kalemie où la ville s’est vidée de nombreux éléments, tel que tailleurs, cordonniers, coiffeurs, etc. En tout état de cause, il y a nécessité d’étudier plus profondément les mesures d’exécution
4°) La santé de populations
Comme il a été signalé plus haut, il y a pénurie grave de médicaments et d’installations médicales aussi bien dans les agglomérations urbaines que dans les collectivités et localités rurales où, de surcroît, la quasi-totalité de ces dispensaires sont fermés ou sur le point de l’être ; citons un exemple parmi tant d’autres ; la sous-région du Haut-Lomami qui compte cinq zones ne dispose que d’un seul médecin.
Signalons en outre que les hôpitaux et dispensaires détruits lors de troubles qui ont sécoué la sous-région du Tanganika durant les cinq premières années post-indépendance ne sont toujours pas reconstruits. La situation sanitaire de populations est donc très préoccupante et ce d’autant plus qu’il y a absence totale d’une médecine préventive, seules, les zones à très forte industrialisation échappe à cette calamité. En effet, la Gécamines et la S.N.C.Z. défient la crise. Leurs agents sont soignés dans les meilleures conditions. Le département médical de la Gécamines considéré comme le meilleur du Zaïre, aussi la population salue la décision combien salutaire du Guide du peuple de confier l’hôpital général de Lubumbashi à la diligence de la Gécamines. Nous transmettons également le vœu de la population de Kolwezi et du Lualaba de voir confier l’hôpital de l’Etat de Muangeji à la gestion de la Gécamines.
5°) L’enseignement
Dans le domaine de l’enseignement, il est à souligner la pénurie des bâtiments scolaires et du matériel didactique ainsi que l’insuffisance du personnel enseignant. En outre, dans les zones rurales, la paie des professeurs est très irrégulière.
6°) Les services judiciaires
Nous assistons à un inquiètant dépérissement du droit. Les magistrats, à qui l’Etat a confié la noble mission de dire le droit, se vautrent dans l’inconscience et la corruption. Et le dernier rassemblement populaire du Capitaine Général a donné le coup de grâce à ce qui était déjà moribond.
Néanmoins, la population s’inquiète de cette substitution des tribunaux militaires aux tribunaux civils. Car la justice civile toute corrompue qu’elle est représentait malgré tout, une garantie pour les justifiables. La population s’interroge sur le pourquoi de ces mesures exceptionnelles.
7°) Forces de l’ordre
Nous plaçons toute notre confiance dans l’armée dont la noble et haute mission est la défense de notre beau pays contre toute agression tant intérieure qu’extérieure.
Néanmoins, certains éléments des F.A.Z. adoptent un comportement indigne de leur qualité de défenseur de l’ordre et de la sécurité. Cette situation est particulièrement alarmante dans la sous-région du Tanganika où il a été constaté les faits suivants :
Certains responsables inconscients des F.A.Z. se livrent allègrement à l’exploitation de l’or, voire se familiariser avec les rebelles avec qui ils échangent des marchandises, armes et munitions contre l’or.
Certains éléments irresponsables des F.A.Z. font subir à la population les pires vexations : Ils violent femmes et jeunes filles mineures, les emportant même dans leur cantonnement. Ils arrachent aux paisibles citoyens chèvres, moutons, poules, argent et tout bien de luxe ;
Certains éléments irresponsables des F.A.Z. infligent des amendes exhorbitantes sans quittances en érigeant des barrages à travers la sous-région et en accusant les paisibles paysans d’être des rebelles, alors que les rebelles opèrent tranquillement à partir de leur campement situé de l’autre côté de la rivière Luika au Maniema et Hewa Bora.au Sud-Kivu. Devant tous ces faits, la population formule le souhait que soit créée une région militaire dans la zone de Kabambare ou de Fizi où se trouvent réellement les foyers des rebelles.
Que les éléments des F.A.Z. cantonnés dans la sous-région du Tanganika soient mieux encadrés et contrôlés afin que la population civile qui souffre depuis l’indépendance retrouve enfin la paix.
8°) Les services sociaux
Les Comités des Œuvres Mama Mobutu viennent d’être installés et ne sont pas encore opérationnels. Il est donc trop tôt d’en parler.
9°) La vie du Parti
En général, le Parti se porte très bien au Shaba. La crise économique n’a pas entamé l’attachement du shabien au Guide qui reste pour lui le suprême recours.
L’animation culturelle et politique est au beau fixe. Le groupe choc au Shaba est l’objet de toute la sollicitude du Commissaire de Région qui ne ménage ni so temps ni sa santé pour faire de l’animation le lieu où s’expriment et la richesse culturelle du territoire et l’esprit militant et révolutionnaire du shabien.
10°) La territoriale
La situation de la territoriale au Shaba est des plus déplorables. Sa désorganisation et son inefficacité sont d’autant plus flagrantes qu’elle administre une région fortement industrialisée où règnent l’ordre, la discipline et l’efficacité.
Certains de ces agents sont une véritable honte nationale : Citons le Commissaire de Zone de Kamina qui terrorise la population avec ses révolveurs et qui, au mépris de l’article 63 de la Constitution, arrête un Commissaire du Peuple qui le dissuadait de ses mauvaises actions.
Heureusement, il y a un commencement de solution à cette désespérante situation. Aussi, la population du Shaba exprime-t-elle toute sa gratitude au Guide d’avoir confié l’administration régionale au Commissaire de Région, le Citoyen ASSUMANI BUSANYA LUKILI.
III. LA SECURITE
Nous ne pouvons parler du Shaba et taire les problèmes de sécurité. En effet, la situation y est extrêmement grave. La population a remarqué.ces derniers temps un renforcement inhabituel et inquiétant des mesures de sécurité. Les arrestations spectaculaires n’épargnent même pas ceux qui sont protégés par l’art. 63 de la Constitution.
En effet, tous les Commissaires du Peuple résidant à Kalemie ains que tous les dignitaires de l’Ordre National du Léopard ont été arrêtés arbitrairement et ont dû endurer des souffrances inouïes. Et le collègue Commissaire du Peuple MALOBA KASONGO, toujours aux arrêts, n’a pu venir sièger au Conseil Législatif.
Toutes ces arrestations effectuées au mépris de la loi provoquent dans la population indignation, panique et colère et ne la disposent pas à subir les âffres de la conjoncture économique actuelle.
Suite à la gravité de cette situation, les Commissaires du Peuple, élus au Shaba, expriment le désir d’avoir un entretien particulier avec le Président-Fondateur du M.P.R.
Telle est, Citoyen Président et Chers Collègues, la situation qui prévaut actuellement au Shaba.
Fait à Kinshasa, le 27 décembre 1976.
Le Rapporteur, Le Président,
Sé/KIKONTWE TUMBWE AMANY Sé/SHABANI WA KALENGA.
Le problème de l’arrestation du Commissaire du Peuple MALOBA KASONGO chauffa l’atmosphère politique non pas seulement au Parlement mais aussi au Conseil Exécutif et surtout au sein de nos Forces Armées à telle enseigne que l’ordre avait été donné à Kalemie de transférer le détenu à Kinshasa.
J’avais eu l’occasion de recevoir à ma résidence situéé au Camp des Etudiants mariés, sis, 3O36, Avenue Mvuzi, Lemba 9, ce transféré et avais prononcé même un toast lors de la réception que j’avais organisée à son honneur ainsi que celui de ses anciens codétenus MUNGANGA et KABWA.
Section 3. LA CONSEQUENCE DE L’ARRESTATION DU COMMISSAIRE DU PEUPLE MALOBA KASONGO
Paragrahe 1er L’IMPLICATION TOTALE DU CONSEIL LEGISLATIF DANS LA RECHERCHE DE CONCILIATION ENTRE LES AUTORITES MILITAIRES ET LES COMMISSAIRES DU PEUPLE DE TANGANIKA
Outre, la lettre qu’il avait adressée au Capitaine Général des Forces Armées Zaïroises, le Président du Conseil Législatif avait programmée sous sa présidence une rencontre entre les élus de la circonscription électorale du Tanganika et le Citoyen BUMBA MOASSO, Capitaine Général des Forces Armées Zaïroises pour éviter la répétition d’un tel comportement des militaires vis-à-vis des élus. A l’issue de tous ces contacts, des lettres pour lesquelles nous avions reçus les copies dont le contenu ci-dessous avaient été envoyées par la haute hiérarchie militaire au responsable militaire et au Président du bureau permanent du Conseil Législatif..
Paragraphe 2. LA NOTE DU CAPITAINE GENERAL AU COMMANDANTSECTEUR. DU TANGANIKA
Kinshasa, le 11 février 1977.
CABINET DU PRESIDENT.
SECRETARIAT N° 1033/000272/Comdt.FAZ/77
Au COMDT. SECT. TANG (DIRECTEMENT VU URGENCE.
Objet : Vivre en Symbiose.
Référence : 1. Msg. N° 0038/Comdt.FAZ/RCG/77
2. Lettre n° 064/BUR.P/C.L./77 du 28 janv.77
1. Par sa lettre en référence, le Président du Bureau du Conseil Législatif stigmatise ce qu’il appelle « situation qui règne dans cette partie de la République » relativement à la conduite à tenir vis-à-vis des Commissaires du Peuple de la Circonsription électorale de Tanganika.
2. Eu égard à leurs rangs, en cas de toute incartade, je vous invite à me tenir préalablement au courant, à charge pour moi d’en informer le Commandant Suprême des FAZ.
3. A toute fin utile, j’annexe à la présente la liste reprenant les noms des élus.
Copie info : Citoyen Président du Bureau Permanent du Conseil Législatif à KIN/GOMBE.
BUMBA MOASO DJOGI
GEN CORPS D’ARMEE
MEMBRE PERMANENT DU
BUREAU POLITIQUE
CAPT GEN DES FAZ
Annexe : 1 au n° 000272/Comdt/FAZ/77
Du 11 Fév. 1977.
LES NOMS DES ELUS DU PEUPLE DE LA CIRCONSCRIPTION DU TANGANIKA.
a) Commissaire du Peuple c) Anciens Commissaires du Peuple
1. SHABANI wa KALENGA (dignitaires)
2. Citoyenne MBUYI wa NGOY 8. KABWA MUSINGA
3. MALOBA KASONGO
4. KABWE MUYENGA KANG’HOLI
5. LUMBU MALOBA NDIBA
6. MWENGE SANGO.
b) Commissaires du Peuple suppléants
7. MUNGANGA MAKANYAKA
Paragraphe 2. LA REPONSE DU CAPITAINE GENERAL A LA LETTRE DU PRESIDENT DU BUREAU PERMANENT DU CONSEIL LEGISLATIF.
REPUBLIQUE DU ZAIRE
DEPARTEMENT DE LA Kinshasa, le 11 février 1977
DEFENSE NATIONALE
COMMANDEMENT DES F.A.Z. N° 1033/000271/Comdt.FAZ/77
LE CAPITAINE GENERAL
: Lettre n° 064/BUR.P/
C.L./77 du 28 janvier 1977
: Harmonie Sociale Au Citoyen Président du Bureau
Permanent du Conseil Législatif
de et à KINSHASA/GOMBE.-
Citoyen Président,
Faisant suite à votre honorée lettre en référence, du 28 janvier de l’année en cours, l’honneur m’échoit de vous informer que le nécessaire est fait relativement à la conduite à tenir vis-à-vis des Commissaires du peuple de la circonscription.
Je persiste à croire que les autorités militaires du secteur concerné, trouveront un dénouement heureux, dans l’intérêt bien compris de toutes les parties en présence.
Veuillez agréer, Citoyen Président, l’expression de mes sentiments patriotiques et révolutionnaires.
Le Membre Permanent du Bureau Politique
et Capitaine Général des Forces Armées
Zaïroises
Sé/BUMBA MOASO DJOGI
GENERAL DE CORPS D’ARMEE.
Section 4. GRANDE SATISFACTION DE MES PROFESSEURS ET COLLEGUES PARLEMENTAIRES LORS DE MES INTERVENTIONS.
Au cours de cette session parlementaire, j’avais eu l’occasion d’intervenir à la tribune du Conseil Législatif à la grande satisfaction de mes Professeurs et Collègues Commissaires du Peuple.
En effet, les Citoyens KABANGE NTABALA et MULUMBA KATCHI, Commissaires du Peuple et professeurs à la Faculté de Droit me félicitaient à l’occasion de mes interventions. Défenseur de gagne-petits, une fois j’avais invoqué la célèbre phrase de LENINE définissant l’Etat comme étant un appareil d’oppression dans les mains d’un groupe d’individus et avais imploré que l’Etat Zaïrois par son comportement n’oblige pas les gens à le définir de cette façon là ! D’aucuns me prirent depuis ce jour pour un socialiste ou tout simplement pour un communiste.
Le professeur MULUMBA KATCHI touva même une occasion pour informer mes collègues de l’auditoire de ma brillante intervention.
A la fin de la session parlementaire, je ne me rendis pas dans ma circonscription électorale d’une part parce que je me donnais entièrement à mes études et d’autre part, à cause de la suppression de mes indemnités parlementaires pendant les vacances parlementaires suite à l’application du discours présidentiel du 21 décembre 1976. Ma vie quotidienne ne fut pas tellement bousculée parce que j’avais pris toutes les dispositions pour atteindre la fin de l’année qui correspondait à la fin de mes études.
Mon mandat parlementaire n’était pas arrivé à son terme qui était l’année 1980. Il avait été interrompu le 2 Juillet 1977 par le Président de la République qui avait dissous le Conseil Législatif ainsi que d’autres organes du Mpr en vue d’appliquer les conclusions tirées suite à la guerre de 80 jours qui venait de se dérouler au sud de la Région du Shaba.
CONCLUSION
Agé de 27 ans et encore aux études à la Faculté de Droit du Campus Universitaire de Kinshasa, j’avais eu l’honneur de voir ma candidature être retenue par le Bureau Politique et proclamé Commissaire du Peuple élu de la Circonscription électorale de Tanganyika pour la 2ème législature de la 2ème République de 1975 à 1980.
Respectueux de recommandations contenues dans le vade mecum du Commissaire du Peuple sur la nécessité de passer au moins un mois des vacances dans sa circonscription et rédiger le rapport à déposer au Bureau du Conseil Législatif, je m’étais rendu dans la mienne la veille du nouvel an, quelques jours seulement après la clôture de la session extraordinaire alors que mon épouse venait de donner naissance à notre fils aîné depuis une semaine sulement.
J’avais passé tout le mois de janvier 1976 dans ma circonscription de Tanganyika et plus particulièrement dans ma zone d’origine de Kongolo.
Me déplaçant d’une collectivité à une autre pour voir et m’entretenir avec la population afin de mieux saisir ses problèmes et les transmettre auprès des autorités de l’Exécutif, je m’en étais rendu compte de leur complexité.
Ma Circonscription électorale était principalement une zone opérationnelle où sévissait la rebellion Kabiliste. Dans plusieurs collectivités le droit de propriété était constamment violé et l’insécurité était totale.
Même les Commissaires du Peuple qui en principe étaient protégés par l’inviolabilité constitutionnelle n’étaient pas à l’abri à telle enseigne qu’il avait fallu le rapport de la commission spéciale du Shaba soutenue unanimement par les autres parlementaires pour que soient arrachés des griffes du Commandant secteur LUKELA à Kalemie, le Commissaire du Peuple MALOBA KASONGO, le Commissaire du Peuple suppléant MUNGANGA MAKANIAKA et l’ancien Commissaire du Peuple KABWA MUZINGA.
Bouche, yeux et oreilles de la population de ma Circonscription, je l’avais été aussi pour mes camarades de Campus Universitaire de Kinshasa et en ma qualité de Conseiller du Comité JMPR/Campus, j’avais fait partie de la délégation qui avait rencontré le Président de la République en février 1976.
Mon mandat parlementaire avait été malheureusement écourté par la dissolution du Conseil Législatif en juillet 1977 après la guerre de 80 jours au Shaba.