Protais LUMBU 2 (Sous Section 13. Ma visite dans la Collectivité de Nyembo (du 20 au 26 janvier 1976)

Protais LUMBU 2 (Sous Section 13. Ma visite dans la Collectivité de Nyembo (du 20 au 26 janvier 1976)

25 Juin, 2014

Protais-LUMBU3

Dans cet ouvrage aussi autobiographique que le précédent est retracé en cinq chapitres, la personnalisation de l’auteur en « yeux, oreilles et bouche de la population » tant pendant ses vacances parlementaires de décembre 1975 et janvier 1976, qu’en sa défense de la jeunesse lors de l’audience accordé par le Président de la République à la JMPR/CVK le 05/02/1976 et enfin en l’exigence avec ses collègues parlementaire du bon comportement des autorités des forces armées dans le district de Tanganyika.

Yeux, oreilles et bouche de la population de Tanganika (1975 – 1977)

Sous Section 13. MA VISITE DANS LA COLLECTIVITE DE NYEMBO (DU 20 AU 26 JANVIER 1976)

Paragraphe 1er MON PASSAGE OBLIGE A MBULULA.

Le 17 janvier 1976 alors que je me rendais à Makutano, le véhicule s’est trouvé pour raison d’état de routes de passer par Mbulula que nous avions atteint vers 12 heures.  Au rond point, où se situe la route vers Makutano, toutes les autorités de la place nous attendaient. Une dizaine d’enfants originaires de Muzyunda animait.

           Le chef de poste, le Citoyen MULIMBI nous présenta le chef de collectivité de Bena Nyembo, le citoyen MULOKO IBANDA MUYUMBA gua-MALUNGA avec lequel j’échangeais quelques mots  suivants:

COMPEUPLE : Comment  ça va à Makutano ?

CHEF DE COLL. : Oui, vous arriverez très bien.

DIRIGEANT : S’il y a des troubles, ce sont les originares de Makutano qui sont auteurs.

COMPEUPLE : Vous habitez toujours chez-vous là haut ?

CHEF DE COLL. : Oui, j’habite toujours là-bas, en tout cas c’est la première fois que je vous vois.

COMPEUPLE : Oui, moi aussi, ici nous arriverons le 20 janvier 1976. C’est seulement le 21 que le programme de Mbulula va débuter. J’ai besoin de votre concours pour faciliter ma tâche. Je suis la bouche, yeux et oreilles, pas seulement pour la population que vous administrez mais  pour vous les administrateurs aussi. Vous pouvez modifier mon programme si c’est nécessaire.

            Je me trouvais encore à la tribune pour assister à quelques minutes de la danse KITEBWE lorsque mon père suivi de ma mère, mes sœurs et mes frères vinrent m’embrasser très chaleureusement.

           Convaincu qu’à Makutano la population nous attendait depuis l’aube nous n’acceptâmes pas de traîner à Mbulula malgré l’insistance des notabilités de la place. Notre programme prévoyait en ce jour notre séjour à Makutano, Mbulula n’était qu’un passage obligé.

            Après la collectivité de Mambwe, je tins mon premier rassemblement populaire dans la collectivité de Nyembo à Kangunga, localité située sur la route Makutano/Mbulula. J’y avais rencontré le chef de poste et le représentant du chef de collectivité en provenance de Mbulula qui m’avaient présenté le programme suivant de mon séjour dans la collectivité de Nyembo :

 

Paragraphe 2  LE PROGRMME DE MON SEJOUR DANS LA COLLECTIVIT DES BENA NYEMBO.

 

Le 20/01/1976  -Retour de Makutano

                            -Arrivée à Kangunga, séance de travail avec la population et

                              passage à Mbulula,

Le 21/01/1976 –Présentation à la population par le chef de collectivité

                         -Visite des écoles

                            -Séances du travail avec la population de Mbulula

                            -Visite du champ du Parti.

Le 22/01/1976 –Départ pour Lengwe ; séance de travail à Lengwe

                            -Séance de travail à Mahundu et retour à Bigobo y passer

                                   La nuit à Bigobo).

Le 23/01/1976 –Séance du travail à Bigobo et retour à Mbulula

Le 24/01/1976 –départ de Mbulula à Kayanza

                            -Séance du travail avec la population de Kayanza et retour à

                              Mbulula.

Le 25/01/1976 –Retour à Kongolo

                           -Séance de travail à Kasanga

                           -Retour de Kasanga pour Ilunga

                           -Séance de travail à Ilunga et retour à Kongolo.

 

N.B. : Chaque localité qui sera visitée doit préparer un accueil chaleureux, ne pas oublier un dîner à son honneur.

                                                Fait à Mbulula, le 18 janvier 1976

                                               Sé/Le Chef de collectivité des Bena-Nyembo

                                               IBAMBA MUYUMBA GWA MALUNGA M.W.S.

  Paragraphe 3. MON SEJOUR A KANGUNGA.

a)     LE RASSEMBLEMENT POPULAIRE

COMPEUPLE : Je regrette de rencontrer ici une vingtaine de personnes, pourtant j’ai demandé que le rassemblement de villages environnants se fasse ici à Kangunga.

CHEF DE POSTE  Il paraît que dans les villages voisins il y a un conflit, ces gens de là ne peuvent pas arriver dans ce village.

COMPEUPLE : Par rapport à d’autres endroits, je vois que vous blaguez ; depuis quand êtes-vous ici ?

CHEF DE POSTE : Nous sommes arrivés aujourd’hui dans la matinée. Les policiers sont envoyés dans les villages où vous passerez après, d’après votre programme.

Animation par le groupe choc de Kangunga, entretemps les gens vinrent plus nombreux.

–  L’ADRESSE DU CHEF DE POSTE.

 Ba Maman hoye ! Citoyens hoye !

C’est une très grande chance pour vous que d’être visité par un Commissaire du Peuple, venu vous voir en sa qualité de mandataire du Chef de l’Etat, Président de la République, le Citoyen MOBUTU SESE SEKO. Mais nous sommes très étonnés de constater que vous ne soyez pas venus très nombreux pour l’accueillir. A qui allez-vous encore soumettre vos doléances ?

Qui est-ce qui pourra prendre la défense de vos intérêts à Kinshasa ? Comment pouvez-vous vous cacher alors que le Commissaire du peuple est venu de Kinshasa uniquement dans le but de connaître vos difficultés et vos problèmes ? C’est lui qui doit connaître vos difficultés ainsi que vos problèmes et parler pour vous. Je vous présente Citoyen LUMBU MALOBA NDIBA, Commissaire du Peuple.

– MON ADRESSE

 MOBUTU OYE, KANGUNGA OYE !

Vous savez depuis le 2 novembre 1975 qu’il y a de nouveaux Commissaires du Peuple. Après la session, il a été décidé de visiter la population qui nous a élu, connaître ses conditions de vie et ses difficultés. Je suis arrivé à Kongolo et je me suis décidé de visiter toutes les collectivités de la zone. J’ai déjà été à Lubunda, Sola, Makutano et maintenant je suis ici. Je dois m’entretenir avec la population. Mais je constate que la première localité de Nyembo que j’ai à visiter, ne m’a pas bien accueilli. Voulez-vous que dans mon rapport je dise que la population de Kangunga n’est pas militante ?

POPULATION : Non !

COMPEUPLE : Alors je préfère amener à Kinshasa un rapport impressionnant. Chacun de vous doit me dire toutes ses difficultés. Celui qui a de suggestions peut aussi me les faire pour me faciliter la tâche de proposer des solutions aux autorités intéressées.

Venez me dire toutes vos difficultés. Je ne suis pas venu avec des militaires qui peuvent vous arrêter ni des policiers. Il n’y a donc personne que vous devez craindre. Je vous remercie.

– LA REACTION DU CHEF DE LOCALITE ET L’INTERVENTION DE

PARTICIPANTS

KANGUNGA NYEMBO MUPENDA  (Chef de localité) : Nous vous remercions beaucoup, Citoyen Commissaire du Peuple. Toutes les difficultés que nous avons ici chez-nous, chacun vous les dira, mais je ne puis rien vous dire, tous nos problèmes sont contenus dans la lettre que voici. La lettre me remise contenait les doléances ci-dessous :

                                                                        Kangunga, le 20 janvier 1976.

 Citoyen Commissaire du Peuple,

Objet : Nos doléances.

1°) Notre richesse à nous cultivateurs vient des revenus de nos champs et en particulier de la culture du coton. Or dans l’achat de coton, les agents réceptionnaires ne cessent de nous voler le poid en truquant les pesons et balances.

2°) En ce qui concerne le maïs, nous avons également des difficultés du même genre, quand les autorités ont fixé le prix, les commerçants qui viennent acheter le maïs nous proposent d’autres prix et quand nous voulons protester et revendiquer, nous sommes arrêtés

3°) Une bouteille revient à 15 ou 20 kuta. Mais les autorités de la zone ne sont pas d’accord sur ce prix et l’ont rabaissé. Or tous les articles du magasin coûtent chers, 1 verre de sel 25 K, un savon 25 Kuta. Qu’allons-nous faire pour nous procurer tous ces articles du magasin ? C’est ça l’indépendance ?

N.B. : Regardez l’état de notre route qui mène vers Makutano, c’est vraiment impraticable.

4°)        a)    L’impôt est trop cher

        b) Le minerval des enfants à l’école, les fournitures scolaires nous coûtent aussi très chers. Surtout si vous avez six enfants, certains à l’école primaire et d’autres au secondaire, vous devez payer pour chaque enfant. Qu’est-ce que nous allons faire ? Pourtant notre revenu ne nous permet pas.

        c)Habiller une femme c’est aussi un problème, une pièce d’habit coûte 15 ou 20 Zaïres. Vous-même le mari, vous devez avoir un pantalon, le moins cher pantalon KAKI coûte 2 zaïres, TERGAL 20 zaïres, TISSORT 15 zaïres, alors pour habiller les enfants tout ça nous estimons que c’est une souffrance.

              d) Hôpital : c’est un problème très important. Si nous tenons compte de

       notre collectivité, elle est trop étendue. Le manque d’un hôpital tout près

      nous fait mourir comme des bêtes. Le taux de mortalité actuellement est trop

       élevé, tout ça à cause du manque d’un hôpital. Nous demandons au

        Gouvernement de nous aider en nous envoyant le médecin et nous

        construire un grand hôpital.

   e)Les difficultés : Nous nous regrettons ; au-dessus de nos tavaux champêtres le Gouvernement nous donne encore la charge d’entretenir les routes. Depuis longtemps, les routes étaient entretenues par les cantonniers qui étaient payés par l’Etat. Actuellement notre gouvernement est très riche, il ne paie pas de cantonniers, il se décharge de ses travaux au dos de la population. Pourtant les cantonniers ne manquent pas, ils attendent que l’Etat leur paye pour qu’ils entreprennent les travaux d’entretien de routes. Nous ne pouvons pas cultiver les champs et en même temps entretenir les routes, pourtant l’Etat ne nous paye pas. Nous payons l’impôt, nous sommes certains que notre devoir civique est rempli. Qu’est-ce que nous allons faire pour sortir de cet état d’esclavagisme ?

Nous les habitants nous regrettons de certains faits de notre Gouvernement parce que quand quelqu’un commet une infraction dans un village, les autorités de l’Etat qui représentent le gouvernement et qui ont les instructions de l’Etat envoient des militaires pour arrêter l’homme en infraction, ils arrivent dans ce village, ils prennent des chèvres en grande quantité même les chèvres de ceux qui sont innocents. Si vous-même vous discutez sur votre chèvre on vous tabasse et on ordonne les militaires d’attraper d’autres chèvres, poules et canards. Pourtant ils savent bien ça c’est notre richesse mais ils nous sacrifient comme des esclaves.

Cultiver c’est un travail difficile, il faut que les cultivateurs soient soignés facilement quand ils sont malades. Pour multiplier les produits de champs, il faut qu’on mécanise l’agriculture, nous donner des tracteurs, le travail à la houe devient de plus en plus pénible. Les écoles, les enfants des cultivateurs comme tous les enfants des autres Zaïrois ont droit à une instruction. Donc pour terminer, à l’école primaire nos enfants font parfois dix kilomètres. Tout ça à cause des enseignants qui manquent dans nos villages. Nous voulons que dans notre village ici à Kangunga un cycle complet de l’école primaire soit installé.

Puis il y a le problème de bouclage, chacun de nous se couche avec un programme en tête pour le lendemain. A notre grande surprise avant de se réveiller le matin vers 4 heures du matin, les militaires, les policiers de la collectivité et les éléments de la J.M.P.R. arrivent, ils bouclent tout le village et opèrent les arrestations de maison en maison. Tous ceux qui sont arrêtés sont enfermés dans une maison, le matin vers 7 heures on fait sortir un à un, on contrôle des pièces d’identité comme si nous sommes dans un village rebelle, et cette opération dure parfois jusqu’à midi. Ainsi pour certains la journée est gâchée pour d’autres travaux. Cela se fait chaque fois sans raison. Nous vous demandons d’aller informer les instances supérieures sur ces agissements, nous ne voulons pas souffrir comme ça.

MAYOMBO SUNZU : J’ai travaillé depuis 1958 mais depuis les événements mulélistes, j’ai tout perdu. Nous avons fait des listes pour que nous soyons dédommagés par l’Etat, mais ça n’a pas été fait jusque maintenant. J’arrive ici dans mon village, je commence mon travail de cultiver les champs, regardez cet argent que j’ai gagné (il montre un petit sac plein de sengi) j’arrive partout avec cette somme on n’accepte pas ces pièces. Les commerçants, le bureau de la collectivité, que vais-je faire avec cet argent ?

ZAINA MATAMBO : Moi je suis déjà vieille. Si je cultive, je dois avoir l’argent mais les prix de nos produits sont très bas. Mais les articles du magasin nous coûtent très chers ; un cube de savon 25 K Nous souffrons beaucoup, il faut qu’on fasse quelque chose en ce qui concerne le prix du coton.

LWENGE MUKALAMUSI : (Cultivateur). Je suis cultivateur et j’ai hérité la femme de mon oncle ainsi que ses enfants. Je ne paye pas l’impôt depuis l’époque coloniale. Mais j’ai été arrêté et on exige à mes femmes de payer l’impôt. J’ai été déshabillé, je n’étais pas le seul déshabillé, les autres peuvent aussi vous confirmer la chose. Nous ne sommes tout de même pas esclaves ici dans notre collectivité.Si l’enfant a commis une infraction, c’est le père qu’on arrête, est-ce que le père peut envoyer son enfant à commettre certains délits ? Nous sommes très ridiculisés ici dans la collectivité, car en plus de nous déshabiller, on nous frappe et on nous fait danser en public.

COMPEUPLE : Est-ce vrai, ce que vous me dites là ?

MUNANGANANGA : Oui, c’est vrai. Ils avaient été déshabillés et font danser en public parce que leurs enfants ne payaient pas l’impôt.

COMPEUPLE : Ces militaires viennent ici avec quel ordre et de qui ?

NUNANGANANGA : C’est le chef lui-même qui les amène sous forme de renforcer les rangs de ses policiers en vue de demander à la population de s’aquitter de ses obligations civiques entre autres le C.P.M. etc.

NGINGO LUKALANGA : (Enseignant). Moi j’ai deux problèmes à vous soumettre

Pour le développement de notre collectivité, il faudrait qu’il y ait des écoles. Il nous faut un cycle complet de l’école primaire.

COMPEUPLE : Avez-vous combien d’élèves ?

NGINGO L. : 42 élèves et l’autre  38. Depuis Kasesa jusqu’à Mugila, au nord-Nyembo, il n’y a qu’une seule année pour tous les villages de ce côté là. Nous demandons que là aussi il y ait aussi l’école primaire cycle complet.

NGONGO KIHUYA : Il nous manque des manuels scolaires, les élèves n’ont rien comme livre, ils sont obligés de payer le minerval, carte d’élève, plusieurs d’entre eux n’ont qu’un seul cahier pour toutes les leçons.

COMPEUPLE : C’est bien noté tout cela. Mais à propos du C.P.M., il est vrai qu’on arrête et déshabille les hommes ?

ENSEIGNANTS : Oui nous avons vu cela, il y a des personnes auxquelles les militaires ont enlevé des chemises et les ont fait danser en public.

COMPEUPLE : Qui ordonne aux militaires d’attraper les chèvres de la population ?

ENSEIGNANTS : Les militaires viennent dans les villages attraper les chèvres même des chèvres de ceux qui n’ont commis aucune infraction. Ils sont d’ordinaire envoyés par le chef mais nous demandons toujours où ils amènent ces chèvres ?

SANGWA KILONDA : (Localité Ilunga Mwenge). Il y a douze ans depuis que je suis dans le M.P.R., et depuis nous ne sommes pas payés, pas d’uniformes, nous ne sommes pas exemptés de payer l’impôt. Les autres civils et nous, nous sommes arrêtés de la même manière par les policiers de la collectivité et les militaires qui nous déshabillent en nous laissant seulement avec des maillots, nous regrettons beaucoup. Notre collectivité a instauré une autre constitution en ce qui concerne les infractions. La corruption règne dans toute la collectivité, même quand vous n’avez pas raison, vous pouvez l’avoir si vous acceptez de corrompre, c’est ce qui fait que la population se soulève parfois et s’entre-tue.

Que feront les pauvres qui n’ont rien pour corrompre ?

COMPEUPLE : Le M.P.R. est créé depuis 1967 seulement, mais vous dites que vous faites partie du M.P.R. depuis 1964 ?

SANGWA KILONDA : Je me suis trompé de date.

SANGWA ABEYA : Moi je suis de la brigade disciplinaire, je suis autorisé à faire soigner ma femme traditionnellement. Mon père a été arrêté pour construire une maison. Je me suis sacrifié à sa place et j’ai travaillé pendant douze jours. Mais les militaires m’arrêtèrent prétextant que je n’ai pas travaillé et m’arrachèrent un canard plus 2 poules sous les ordres du policier FILENGENI.

KILONDA MASIMANGO : (Cultivateur). Dans nos chefferies, il se passe beaucoup de choses, mais quand vous portez n’importe quelle affaire à la connaissance du tribunal, le chef de collectivité vous demande 10 chèvres plus 25 zaïres quand on lui amène tous ces biens, il ne fait plus rien pour les jugements qui devaient intervenir. Et puis les articles du magasin coûtent très cher, nous ne savons quoi faire alors que nos produits agricoles ne sont pas achetés à temps ou le sont seulement d’une manière frauduleuse, les acheteurs nous volent les poids, etc.

SANGWA MBUTU : En ce qui concerne nos activités commerciales depuis 1956 jusqu’en 1960, j’avais 800 francs et j’avais commencé avec 20 francs, j’avais fais venir les marchandises de Lubumbashi jusqu’à Kamina et de là l’on me dit que les marchandises suivront et que je pouvais précéder. Depuis que je suis arrivé à Kongolo, les marchandises ne sont pas parvenues à leur destination. Cette affaire a été portée à la connaissance du Ministre mais ce dernier n’a rien fait à ce sujet.

En 1964, je suis allé à Lubumbashi acheter des marchandises mais je suis arrivé à Mbulula avec toutes ces marchandises le jour où le rebelles (mulélistes) ont envahi la localité de Mbulula. Toutes les marchandises me furent volées. Nous avons écrit et dressé des listes en vue d’un dédommagement éventuel, mais nous n’avons aucune suite ni réponse jusqu’à ce jour.

             Pour terminer, veuillez accepter cette chèvre que nous vous présentons pour vous exprimer notre joie de vous voir parmi nous. Cette chèvre vous est offerte par les capitas des villages suivants : KANGUNGA, KILAMBA MUNANGANANGA, ILUNGA-MWENGE, KUNDU-KAVUYA, KINDENGA.

COMPEUPLE : Je vous remercie beaucoup de votre don. Si vous avez été forcé pour me l’offrir, je n’accepte pas mais dans le cas contraire c’est-à-dire si vous l’avez fait de votre propre gré, alors je suis très content.

             Je reçus comme dans d’autres villages les lettres de certains militants dont le contenu ci-dessous :

 b)     LES  LETTRES M’ADRESSEES :

-ParLUAMBA MUKALAMUSI

                                                             Ilunga-Mwenge, le 21 janvier 1976.

                Les difficultés que nous avons dans  notre localité à propos de l’Etat et des militaires :

ILUNGA MWENGE a remis 250 K

KINDENGA 250 K

KAVUYA 250 K

KASEGELYA 250 K

NYEMBO LUBUNDI 500 K + 1 poule + 1 canard.

              Tous ces biens avaient été exigés de la population parce que dans le village il y a eu deux personnes qui se sont battues (un civil contre un militaire) alors Twite est venu faire payer des amendes à toute la population de capita que je viens de citer en marge sans poursuivre celui qui a provoqué le désordre. D’autres difficultés proviennent du fait que le Centre de Rassemblement……..

Moi, ILUNGA MWENGE, j’ai fait construire un C.R. (Centre de Rassemblement), mais les autorités de la collectivité toujours le même TWITE qui a été envoyé par le chef est venu avec le chef de poste détruire le même C.R. par la force en précisant que  le C.R. aurait dû être construit en son nom mais non au nom de ILUNGA MWENGE parce que c’était sa terre alors que cette terre appartenait au chef ILUNGA MWENGE. Les seuls responsables de toutes ces difficultés sont le chef de collectivité ainsi que le chef de poste parce qu’ils reçoivent de l’argent et des chèvres à titre de corruption par MUNANGANANGA. Mais que ferais-je moi qui nepossède pas tous ces biens ? Argent, chèvres, etc. ? C’est-à-dire que maintenant pour avoir raison, il faut avoir de l’argent. Sans cela même quand vous avez raison, vous aurez toujours tort.

                                                           Sé/Le chef de localité de Ilunga Mwenge,

                                                                       LWAMBA MUKALAMUSI.

 -NOTE ANONYME

LISTE DES OBJETS REMIS AUX MILITAIRES

                                                             Ilunga Mwenge, le 12 décembre 1975.

 

1°) Capita ILUNGA MWENGE

 4 poules ; 3 bouteilles d’huile ; 2 chèvres ; 3 grands bassins de manioc, Les calebasses de vin de palme.

2°) KIYOMBO MAKAYABO

 1 chèvre ; 1 canard ; 2 poules ; 100 K (en espèces).

3°) KITUNGWA MASHINI : 1 poule

4°) SANGWA SABUNI : 1 poule

5°) MILINDITENGENEZA : 1 poule

6°) KUNDU KAVUYA : 1 canard ; 2 Poules ;; 3 bouteilles d’huile.

7°) MUYUMBA MALEKANI : 1 Poule ; 1 canard

8°) KILONDA SANGWA : 1 canard ; 3 poules.

9°) MAHALAKI MUSANGU : 1 canard

10°) MWEHU SELEMANI : 1 canard ; 3 bassins de manioc ; 6 bouteilles d’huile  de palme.

11°) KINDENGA : 1 canard ; 13 poules, 1 chèvre, 3 bassins de manioc, 3 bouteilles   d’huile de palme

12°) KASEGELYA : 15 poules, 1 canard, 8 bouteilles d’huile de palme ; 3 bassins de manioc ; 3 calebasses de vin de palme.

 ILUNGA MWENGE : TOTAL :

9 poules, 1 canard ; 3 chèvres, 3 bassins de manioc, 3 bouteilles d’huile de palme, calebasse de vin de palme.

             Les gens avaient été mobilisés pour les corvées d’eau potable ainsi que du bois mort, c’était un désordre flagrant et ça existe encore même aujourd’hui.

 Paragraphe 4      MON SEJOUR A MBULULA.

            Il faisait déjà sombre lorsque je quittais Kangunga pour Mbulula. Je m’arrêtais à la résidence du chef de poste, où, un rafraîchissement me fit servi et aussi une chambre m’avait été présentée.

Je me rappelais d’innombrables avertissements reçus de différents membres de famille et même de la population au sujet des mauvaises intentions du chef de collectivité de Nyembo à mon égard.

Je décidai de me rendre à la maison de mes parents pour les saluer avant de m’endormir. Je trouvais une foule dense de gens venus de Kayanza et qui m’attendaient depuis des nombreuses heures. Pour entrer dans la maison, les soldats et les éléments de la brigade disciplinaire qui m’escortaient se mirent à bousculer la foule pour se frayer un passage. Ce passage rapide mécontenta plusieurs personnes qui réclamaient de me voir dehors.

             Et c’est tard la nuit que je partis dormir à la paroisse où le Curé Simon KABEZYA m’avait préparé une chambre.

 a)       LE PROGRAMME DE MON SEJOUR A MBULULA

            Le programme de travail à Mbulula se présentait de la manière suivante :

Mbulula 21/01/1976 :

7 heures30’ : Mobilisation de toute la population de Mbulula à une place qui sera déterminée par les autorités locales (Rond-Point).

8 heures : Animation par le groupe choc

9 heures : Arrivée du Commissaire du Peuple à la tribune

                        -Suite de l’animation

9 heures 45’ : Présentation par le chef

10 heures : Animation

10 heures 30’ : -Visite des écoles

                            -Séance de travail avec les enseignants de l’école SAIDIA

12 heures 30’ : -Visite au cycle d’orientation MUHUNGANO

                            -Séance de travail avec le corps profesoral.

14 heures : -Séance de travail avec les notables chez le chef de collectivité

15 heures : Séance de travail avec les policiers

15 heures 30’ : Séance de travail avec les commerçants

17 heures : Audience avec la population – cas particuliers.

Le 22 janvier 1976 :

8 heures 30’ : Visite du champ du Parti

9 heures : Départ pour Lengwe

Le 23 janvier 1976

A Mbulula à 14 heures : Audience, cas particuliers chez le chef de poste.

                 Tenant à respecter ce programme, je m’étais présenté le lendemain au rond point à l’heure prévue sans y trouver le chef de collectivité, les animateurs et la population, ce qui fit que je me rendis à l’école primaire Saidia où je devais m’entretenir avec les enseignants.

 b)  MA VISITE A L’ECOLE PRIMAIRE SAIDIA

-L’ACCUEIL PAR LE DIRECTEUR ET MON ADRESSE

DIRECTEUR : Je vous présente le plan de construction. On prévoit construire 4 bâtiments et deux bâtiments pour l’internat, dimension bâtiment scolaire prévus 33,60 m x 6,60 m chacun. Les bâtiments de l’internat doivent mesurer respectivement  50 m x 7  et  20 x 7 m.

 Difficultés : manque de personnel enseignant, malheureusement on ne nous permet pas d’engager les sous-qualifiés. Je manque 8 enseignants.

Manque de frais de fonctionnement pour terminer les bâtiments déjà construits et construire d’autres bâtiments vu le nombre croissant des élèves

COMPEUPLE : Faites un état de besoin dans lequel vous allez me détailler ce que vous avez déjà, ce qui vous manque et vos projets.

ANIMATION par les élèves de l’école primaire SAIDIA.  D’après la coutume, les élèves chantent une chanson qui oblige à celui qui est à l’honneur de donner l’argent. Ainsi le Commissaire du Peuple leur donne 100 K. l’animation continue.

LE CHEF DE POSTE : je vous présente le Citoyen LUMBU MALOBA NDIBA, Commissaire du Peuple. Il est venu aujourd’hui nous rendre visite. Il travaille en collaboration avec le Président de la République et vit à ses côtés.

COMPEUPLE : Mes chers frères, comme vient de vous le dire le citoyen chef de poste, nous sommes votre bouche, vos yeux et vos oreilles. C’est dans ce cadre que le Président de la République nous a envoyés pour nous rendre personnellement compte de vos difficultés et de vos soucis. J’aurais pu rentrer à Kinshasa à partir de Kalemie, mais j’ai estimé qu’il était opportun de venir vous rendre visite et connaître vos problèmes, pour que je puisse dresser un rapport sérieux.

C’est pour cela que je suis venu vous rendre visite à vous les jeunes qui constituent le Zaïre de demain. Nous devons travailler dans l’intérêt commun. Je m’entretiendrai avec les élèves de la 6è année et pour ce qui est des problèmes capitaux, je m’entretiendrai avec vos enseignants. Je vous remercie.

DIRECTEUR : Au nom de toute l’école, je vous remercie pour votre visite, ce geste est un encouragement car s’il n’y a personne qui peut prendre défense de nos intérêts auprès des autorités supérieures du pays, la jeunesse ne pourra pas progresser. Vous avez dit vous-même que la jeunesse constituait le Zaïre de demain. C’est vrai et aujourd’hui vous qui avez étudié ici vous venez nous rendre visite, nous vous en remercions citoyen Commissaire du Peuple.

 – MON ENTRETIEN AVEC LES ENSEIGNANTS

COMPEUPLE : Partout où je suis passé, je dois voir les enseignants et m’entretenir avec eux, car ils sont mieux renseignés que les autres sur le développement du pays. C’est la raison pour laquelle je tenais à vous voir et causer avec vous dans cette séance de travail. Je suis membre du Conseil Législatif, je demande que tous ceux qui viennent me soumettre leurs problèmes n’hésitent pas à me dire toute la vérité. Dans notre révolution actuelle, plusieurs sont ceux qui travaillent de façon à démontrer que le père de la Nation n’aime pas son peuple or qu’il n’en est rien. Ce sont les actes de ce genre qui freinent le développement de notre pays. D’autre part, dans la population aussi on trouve des gens qui ne veulent pas se soumettre aux lois du pays, ceux là aussi ne travaillent pas pour le développement de notre pays

             (ARRIVEE DU CHEF DE COLLECTIVITE)

CHEF DE COLL. : Il y a une heure que nous sommes arrivés à la place d’honneur mais nous n’avons trouvé personne et nous sommes descendus par ici.

CHEF DE POSTE : Nous y avons été nous-mêmes avec le Commissaire du Peuple et n’avons trouvé personne. Nous avons attendu en vain

COMPEUPLE : J’ai pris la décision de surseoir le meeting à la population car je constate que le M.P.R. est par terre à Mbulula.

DIRECTEUR : Il y a une hausse de prix intolérable qui ne tient pas compte du revenu de l’habitant. On nous a promis une augmentation de salaire, mais rien n’a été fait jusqu’à ce jour. Il faut savoir que si nous nous plaignons  c’est pire pour une autre catégorie de la population !

COMPEUPLE : Je vous demande d’être vigilants, parce que tous ceux qui ont des magasins, sont pour la plupart des gens qui occupent des positions telles qu’il est difficile de contrôler les prix. A Kinshasa, c’est le même cas, soyez vigilants. Nous connaissons des personnes qui suivent la ligne droite du parti et les autres vont de côté. Certains vont jusqu’à corrompre pour occuper certaines positions qui leur permettent d’écraser les faibles économiquement. La crise  est mondiale pour le moment et le Zaïre, notre pays, est très éprouvé.

Le Guide est entouré des collaborateurs. Parmi ces collaborateurs, il y a ceux qui sont là uniquement dans le but d’enrichir leurs poches.

DIRECTEUR : Il n’y a pas de réclamation à introduire lorsqu’un enseignant n’a pas touché son salaire de deux mois, exemple le cas des enseignants : KALUMBA MULUMBI, YUNGWE ASSANI, et autres pensionnés KIHUYA KATALU. J’ai introduit une réclamation mais l’on m’a répondu que si je répétais la chose, je serai révoqué.

MBANZA : (Enseignant). C’est ce que vient de dire le Citoyen Commissaire du Peuple, il y a des collaborateurs de notre Guide de la Révolution qui sont intouchables.

DIRECTEUR : En ce qui concerne notre paiement, nous n’avons pas un comptable pour notre paie.  Ici il y a un Directeur qui est chargé d’aller chercher l’argent et venir nous payer sous peine pour chaque enseignant de cotiser 20 K à remettre au citoyen IHUNA MUNDALA pour ses frais de transport, de loyer et autres…

COMPEUPLE : Soyons dans la réalité des choses, quand vous désignez vous-mêmes quelqu’un pour aller chercher vos salaires, vous devez être capables de supporter tous ces frais.

MUTATI Vincent (Enseignant) : Nous voulons que le Gouvernement désigne quelqu’un qui sera payé par lui pour ce genre de travail, un comptable par exemple plutôt que de nous demander de cotiser chacun 20 kuta.

MALOTA ILDEPHONSE (Enseignant) : Nous cotisons jusqu’à 140 Zaïres par mois pour tous ses frais relatifs à son déplacement. Ce qui est plus que son traitement mensuel !

CHEF DE POSTE : Mais vous faites tout cela pour maintenir la régularité de votre paiement de salaires.

MALOTA : L’Etat connaît très bien qu’il y a un comptable qui paye les enseignants et celui-là ne travaille plus.

DIRECTEUR : Pour le développement de notre collectivité, il manque à Mbulula le logement pour les professeurs ainsi qu’un moteur pour aspirer l’eau.

COMPEUPLE : Je cherche à être informé clairement. Le chef de poste aurait donné une maison d’habitation, à qui appartient-elle, à l’école ?

TAMBWE MWAYENGA Théodose  (Enseignant). L’entrepreneur ILUNGA a promis de construire les logements des professeurs mais depuis qu’il est parti nous apprenons qu’il s’occupe à faire ses propres constructions.

COMPEUPLE : En ce qui concerne l’eau, le Commissaire de zone m’a laissé entendre qu’il y a un moteur chez AMIRO.

CHEF DE POSTE : AMIRO avait demandé une somme de 2.000 Zaïres pour ce moteur qui n’existe d’ailleurs nulle part. Quand je posais la question, on m’a répondu qu’AMIRO nous trompait. On lui  a remis 1.000 Zaïres pour apporter ce moteur mais ce moteur n’est toujours pas là.

TAMBWE M. : Si nous devons attendre jusqu’à ce que nous ayons de l’argent nécessaire pour acheter ce moteur, nous serons incapables et nous attendrons longtemps. Nous demandons que l’Etat nous donne ce moteur et nous allons rembourser le prix progressivement.

COMPEUPLE : Mais si vous réunnissez l’argent que vous avez déjà cotisé, ce ne sera pas suffisant pour acheter un moteur ?

CHEF DE POSTE : Si, mais j’ai une population très mauvaise. Ils m’ont accusé au Commissaire de Zone comme quoi je leur avais volé 4.000 Zaïres, le Commissaire de zone est venu me trouver mais a constaté qu’il n’y avait dans la caisse que 360 Zaïres ! Nos frères se comportent très mal ici.

DIRECTEUR : Les biens de la population ne sont pas protégés, respectés par ceux qui sont appelés à protéger la population et ses biens. Quand on envoie des éléments du M.P.R. et de la J.M.P.R. ou les policiers arrêter quelqu’un dans un village, eux s’attaquent aux chèvres et poules.

COMPEUPLE: Au Mambwe, j’ai eu les mêmes plaintes. Le capitaine a affirmé qu’en aucun cas, la population ne lui a dit qu’elle avait été volée.

J’ai parlé dans le cadre du M.P.R. que ces actes constituaient un vol flagrant et qu’il y avait lieu de tout faire pour que cesse à jamais ce genre de vol. Je suis arrivé jusqu’à Massanza pour répéter la même chose aux militaires. A Zola l’on m’a dit la même chose et j’ai tenu un meeting à ce sujet, en demandant que la population soit vigilente. Demain j’irai porter la chose à la connaissance du colonel.  Je vous assure que c’est très grave pour vous citoyens Chef de collectivité et Chef de poste si vos éléments du M.P.R. et les policiers se livrent à déposséder la population. Il ne faut plus que ces actes soient encore faits, car un jour il faudra des sacrifices parfois pour mettre fin à ces actes. Au lieu de rester à Kalemie ou Kongolo, je me sacrifie de venir vous rendre visite. Je suis même en train de payer personnellement le carburant pour ne pas arrêter mon programme. Nous commençons une nouvelle vie.

CHEF POSTE : Je suis nouvellement arrivé et je n’ai pas encore enregistré ce cas

DIRIGEANT/Z : Je suis informé dans mes tournées à ce sujet. Les éléments de la J.M.PR se livrent à beaucoup de choses, ils sont devenus des collecteurs alors que ce n’est pas cela leur travail, ils ne sont pas des agents administratifs. Nous savons déjà tout cela. D’ailleurs, il y a une preuve, depuis l’arrivée du Commissaire du Peuple, il n’y a aucun élément de la JMPR. Quand nous ne serons plus là,  c’est alors qu’ils vont s’amener.

CHEF DE COLL. : Nous sommes aussi dans des difficultés nous autres. Le colonel avait demandé d’être ravitaillé en vivres, j’ai fait demander une chèvre dans chaque localité et un peu de farine ; j’ai eu ainsi 12 chèvres et 8 sacs de farine. Mais j’apprends qu’ils attrapent des chèvres à Bigobo, Mahundu et finalement ils sont arrivés jusqu’à Lunga. Je me suis amené sur les lieux avec quelques éléments de la JMPR qui ont pu récupérer 13 chèvres ! Mais lorsque j’ai décidé d’entendre la population, elle était incapable de se défendre car elle a affirmé qu’elle avait elle-même donné ces chèvres aux militaires. J’ai arrêté le dirigeant de Lunga. Maintenant ce sont les militaires qui ont le pouvoir ici, nous autres nous n’y pouvons rien, c’est vous qui devez prendre la défense de nos intérêts. Le Citoyen KASEGELYA a été tué à cause de son enfant. J’ai été ici avec les éléments de la JMPR tous originaires de Nyembo et il n’y avait pas tous ces désordres, mais la zone a estimé qu’il était opportun d’envoyer ceux de Kongolo ici, mais ils ne sont là que pour boire du matin au soir, et fréquenter les militaires partout. J’ai fait arrêter aussi un policier et un élément de la JMPR qui faisaient tout ce qu’ils voulaient à la population de Kundu en mon nom.

COMPEUPLE : Je répète encore une fois de plus, soyez vigilants !

TAMBWE MWAY. : Cela c’est vrai mais il y a aussi quelque chose qui ne va pas, c’est lorsque vous amenez quelqu’un, un voleur par exemple, chez le juge, il ne fera même pas une heure aux arrêts et il est relâché.

COMPEUPLE : Je viens de rappeler tout de suite que vous devez être vigilents.

DIRECTEUR : Je profite de cette occasion pour vous informer le Dirigeant/Zone que le dirigeant/MPR Collectivité s’est permis d’arrêter un enseignant dans mon établissement sans m’avoir averti.

Il oublie même que dans l’établissement je suis aussi dirigeant de la jeunesse pionnière.

DIRIGEANT : Vous avez raison, mais il faut savoir que vous avez à faire là à des dirigeants non rôdés, il y a un peu d’amélioration dans notre cadre. Vous ne vivrez plus de cas pareils.

DIRECTEUR : La population demande à ce qu’il y ait un dispensaire ici ou un hôpital. Les cultivateurs demandent à ce que leur agriculture soit mécanisée. La population souffre beaucoup, les produits de leurs champs ne sont pas achetés, le coton notamment, la population a même décidé de ne plus cultiver le coton.

CHEF DE COLL. : Oui, j’ai demandé moi-même à la population de ne plus cultiver le coton puisqu’il n’est pas acheté à temps ou n’est pas acheté du tout.J’ai demandé à ce qu’ils se consacrent à la culture de maïs et autres arachides qui peuvent leur apporter l’argent à temps.

CHEF DE POSTE. : Je pense que le budget de l’agriculture a déjà été quadruplé ou même quintiplé. Le Nord-Shaba est une région agricole. Plusieurs offices ont déjà été mis sur place par l’Etat, mais les gens travaillent de la même façon. Pourquoi faut-il que l’agent réceptionnaire pour le coton soit corrompu, qu’on prépare une femme et qu’on lui donne de la boisson ?

MBAYO FALUZI : En ce qui concerne nos filles qui sont à l’internat de Sola, il faut avouer qu’elles souffrent beaucoup, elles mangent très mal, et quelqu’un qui essaie de prendre la défense de leurs intérêts est mal vu.

SHINDANO  (Prosper) : Le problème de Sola, les prêtres sont mauvais. Pour que le préfet achète de la farine, les prêtres l’obligent de suivre à Kongolo.

COMPEUPLE : J’étais à Sola et j’ai eu l’occasion de visiter l’internat et le préfet m’a mis au courant de ses difficultés dont celles dû au manque des frais de fonctionnement pour l’établissement.

LUBINGA ITUNGWA (Narcisse) : Je reviens sur le problème de la justice. En ce qui concerne les litiges pour lesquels je me suis … où j’ai été convoqué et me suis rendu avec les témoins. A la comparution, le plaignant ne s’était pas présenté et depuis qu’on nous a demandé d’attendre les témoins de la partie adverse, ces derniers n’arrivent pas. J’ai été à Kalemie m’acquérir de la situation et on me demande toujours d’attendre, et j’attends toujours.

COMPEUPLE : En droit, il y a à distinguer le procès-civil du procès-pénal et quand il s’agit du procès-civil, il y a lieu à ce qu’une partie exige à ce qu’il soit appliqué la procédure du défaut congé. Et tout cela pour permettre quand même à ce qu’un litige connaisse son aboutissement.

NDUMBA KAHITE : Ici chez-nous, il n’y a plus de convocation. Il n’existe que de mandat d’amener (250 K). Nous constatons que cela c’est du commerce parce que nous payons l’amende avant que la faute soit établie.

DIR. ADJ. : Ce mandat n’a de valeur que pour un jour.

CHEF DE COLL. : Nous les Bena-Nyembo nous ne nous aimons pas encore les uns les autres. J’ai appelé les enseignants pour leur signifier qu’aucun enseignant ne pourrait être arrêté sans que le Directur ne soit informé, qu’aucun commerçant ne pourrait être arrêté sans que le président de commerçants ne soit informé. Le problème qui se pose c’est celui du manque de charité. Au lieu de comparaître d’abord au tribunal de la localité, les plaignants viennent directement exiger un mandat et quand l’accusé est arrêté le plaignant ne se présente plus. A Kanyono tout le monde a fui en brousse pour une bataille qui avait eu lieu et pour essayer de mettre un terme à ce genre des batailles dans une localité, j’avais décidé la pratique suivante : qui que ce soit, homme ou  femme qui a un litige avec quelqu’un d’autre et qui préfère régler cela par la bataille dans la localité, nous avons donné l’autorisation à ce que dans ce village au moins deux chèvres ou plus soient attrapées parce qu’on a fait couler  le sang et que nous n’aimons pas la bataille, les troubles. Maintenant les gens de Kanyono sont aux arrêts, j’attends à ce qu’ils soient soignés. Un prisonnier est allé accuser qu’il est allé prendre les chèvres et d’autres biens. Les mêmes personnes sont parties pour Kongolo et je pense qu’un mandat sera envoyé de là pour qu’on vienne arrêter des gens sans que je sois informé.

MALOTA : La justice, je pense qu’elle n’existe qu’à Kinshasa et non ici chez-nous et même quand nous écrivons pour dénoncer cela, nos lettres ne vont pas loin.

COMPEUPLE : J’ai déjà enregistré tous vos rapports et d’habitude je ne réponds pas directement aux questions qui me sont posées parce que j’examine d’abord, je vous prie d’être vigilents, de vous réveiller, parce que si vous optez pour la résignation, on vous volera davantage et ce sont vos enfants qui paieront de plus les pôts cassés, qui souffriront beaucoup plus, je connais beaucoup sur les problèmes que vous venez de me soumettre, je vous remercie beaucoup.

DIRECTEUR : En ce qui concerne la pension, les enseignants retraités n’ont pas eu leurs allocations de fin de carrière.

COMPEUPLE : Il doit y avoir une irrégularité depuis Kinshasa et pour de tels cas, je pense qu’on continue à leur payer mensuellement (Oui dans les rangs).

            Après la séance de travail avec les enseignants, le directeur me remit une lettre dont la teneur suit pour résumer les doléances de l’école :

 EP. SAIDIA MBULULA

B.P. 275 KONGOLO.

 DIFFICULTES DE LA DIRECTION DE L’ECOLE SAIDA EXPOSEES AU CITOYEN LE COMMISSAIRE DU PEUPLE CE 21/01/1976.

1°) L’école primaire SAIDIA ne dispose pas de personnel enseignant en quantité suffisante. Il s’agit du personnel qualifié. Vu que les enseignants qualifiés ne veulent pas travailler à l’intérieur du pays, nous demandons une dérogation pour engager les sous/qualifiés. Il me manque huit enseignants à l’école SAIDIA de Mbulula ;

2°) Le frais de fonctionnement nous fait défaut ;

A cet effet les fournitures de bureau et classique de première nécessité nous manquent (craies, papiers pour correspondances etc.).

Des constructions de bâtiments scolaires demeurent inachevées. La direction de l’école primaire SAIDIA a fait un rapport adressé à la S/Division de l’Education Nationale sur ce sujet. Dans sa réponse le chef de S/Division lui a demandé de rédiger un devis estimatif accompagné d’un état de besoin. Le directeur de l’école primaire SAIDIA a envoyé les documents demandés, il cherche appui : c’est à dire quelqu’un pour appuyer la demande (devis estimatif).

3°) Il faut des bâtiments nouveaux pour abriter convenablement tous les élèves.

                                                                       Fait à Mbulula, le 20 janvier 1976.

                                                                       Le Directeur d’école

                                                                       Sé/SANGWA LAYLAY.

            Du bureau de l’école primaire où s’était tenue la séance de travail avec les enseignants, je rejoignis une salle de classe où m’attendaient les élèves de la 6ème année pour suivre la conférence que je devais tenir à leur intention ayant pour titre l’historique de la J.M.P.R.

            Après la conférence, je rejoignis le C.O. MUUNGANO mais je n’y trouvais personne, il était 14 heures et tout le monde était déjà parti, je rejoignis alors la résidence du chef de poste où un dîner était préparé en mon honneur, dîner au cours duquel nous échangions des points de vue avec les autorités de la collectivité.

c)DINER DU TRAVAIL AVEC LES AUTORITES DE LA COLLECTIVITE A LA RESIDENCE DU CHEF DE POSTE.

DIRIGEANT DE COLLECTIVITE : Le jour où vous êtes arrivé, il y a eu une réunion tenue par quelqu’un qui s’attend à devenir chef de collectivité et qui a décidé de semer le désordre avant le 25 février 1976.

CHEF DE COLL. : Je n’ai pas négligé votre arrivée, nous avons tout fait pour mettre de l’ordre, faire venir les danseurs de tout  genre, malheureusement, la population est incompréhensive.

COMPEUPLE : Moi je rentre à Kongolo, vous m’avez négligé et je ferai mon rapport dans lequel je préciserai qu’à Mbulula le M.P.R. n’est pas complètement implanté ainsi que dans toute la collectivité de Nyembo.

CHEF DE COLL. : Nous nous excusons, Citoyen Commissaire du Peuple, vous voyez ces gens sont incompréhensifs où est-ce que nous allons vous voir encore.

CHEF DE POSTE : Si vous partez sans voir cette population, je prendrai des mesures qui s’imposent pour sa correction. C’est la première fois que vous nous visitez. Dans l’avenir nous allons nous corriger.

CHEF DE COLL. : C’est ce que nous vous demandons. Les gens sont allés dire à MARTIN (un enseignant, père du COMPEUPLE) comme quoi le chef demande à la population de ne pas applaudir l’arrivée du Commissaire du Peuple. Mais tout cela est faux.

COMPEUPLE : Bien, je laisse tomber tout cela, j’allais rentrer à Kongolo sans continuer ma tournée dans la collectivité de Nyembo. Mais je ne peux pas m’adresser à cette population de Mbulula, je continue ma tournée dans la collectivité de Nyembo.

CHEF DE COLL. : Ces gens sont vraiment incompréhensifs mais vous, en qualité de leur représentant, oubliez tout cela, adressez-vous à la population. Le secrétaire du M.P.R. a trouvé tout un groupe de gens en train de tenir une réunion et les a dispersé.

COMPEUPLE : (S’adressant au Secrétaire du M.P.R.). C’est donc vous qui vous déplacez avec les vélos d’autrui dans le but d’arracher les chèvres à Lunga ?

SECR. MPR : Ce n’est pas moi. Je ne suis qu’un subordonné et quand je suis à l’intérieur de la collectivité j’exécute les ordres de mes supérieurs. J’adresse mes rapports au chef de collectivité et à d’autres autorités.

CHEF DE COLL. : Nous avons tellement des difficultés ici. Dans un village où les militaires se sont rendus sous prétexte qu’il y avait un fusil, ils ont demandé à chacun de payer 5 chèvres plus l’argent. Pour éviter que les habitants ne soient pas amenés à Kongolo, je leur avais demandé de faire les travaux dans mon champ. Après un certain moment, j’ai appris que Kongolo avait envoyé des militaires pour que ces gens soient envoyés au camp chez le S.2  Je suis allé voir le S.2 en personne mais celui-ci me laissa entendre qu’il les enverra à Kalemie à l’auditorat militaire. Un autre parmi eux avait déjà payé une somme de 50 Zaïres.

DIRIGEANT : Qui est-ce qui informe les militaires qu’il y a des fusils ?

CHEF DE COLL. :C’est le secrétaire du M.P.R. qui a ses informateurs, moi je n’en sais rien.

SEC. MPR : En ce qui concerne Lunga, le chef avait envoyé des collecteurs puisqu’il y avait des récalcitrants qui ne voulaient pas s’acquitter de leurs obligations civiques (CPM) mais ce dernier nous écrit comme quoi la population se trouvait en brousse. C’est ainsi que nous avons réquisitionné un vélo pour nous rendre en vitesse avec les militaires. Quand nous y sommes arrivés nous avons profité pour attraper 12 chèvres.

CHEF DE COLL. : Ce sont vos enfants, veuillez leur pardonner puisqu’ils ont avoué devant vous sans rien vous cacher. Voyez comme ils sont assis sous la pluie, ils attendent votre pardon.

            De la résidence du chef de poste, j’avais déjà envoyé certaines personnes de ma suite pour chercher mes biens qui se trouvaient tant à la paroisse que chez mes parents. Pour la bonne raison que je tenais à regagner Kongolo. Ma mère m’avait même suivi pour m’implorer afin que je ne prenne pas une décision si grave. C’est alors que j’avais voulu continuer ma tournée sans tenir un rassemblement à Mbulula l’heure prévue étant déjà dépassée. N’allais-je pas empiéter sur mon horaire où d’autres charges avaient déjà été prévues ? Entre temps la foule devenait de plus en plus compacte, une averse venait même de la mouiller et imperturbable elle est restée sur place réclamant que je tienne un rassemblement. C’est alors que me disant que la voix du peuple c’est la voix de Dieu, je sortis malgré moi de la résidence pour m’adresser à elle.

d)     LE RASSEMBLEMENT POPULAIRE A MBULULA.

-L’INTERVENTION DU CHEF DE POSTE :

 Mes chers frères de Mbulula, c’est ainsi que nous allons pouvoir travailler, nos amis avancent mais nous autres en train de reculer ? Vous refusez de recevoir votre Commissaire du Peuple, chez qui allez-vous maintenant m’accuser ? J’ai dit ouvertement que quiconque avait un problème, il pouvait le soumettre au Commisaire du Peuple ici présent. Il est arrivé aujourd’hui, mais vous refusez de le recevoir. C’est lui qui voit le père de la nation et qui est capable de lui raconter vos difficultés.

A Mbulula il n’y a qu’un seul puit plein de microbes, et nous n’avons aucun médecin pour exterminer ces microbes, chez qui allez-vous raconter tout cela ? Vous vous contentez de rester chez-vous en train de parler palmiers et sultanat etc. C’est très honteux ! Le commissaire du Peuple allait interrompre sa tournée mais je viens d’implorer sa bonne volonté en votre nom. Il est revenu sur sa décision, mais tous ses objets sont déjà chargés dans le véhicule prêt à partir. Il faut savoir que l’Etat devrait continuer à lui payer ses émoluments même s’il était resté à Kinshasa, mais il a accepté de faire un sacrifice en venant vous voir. Il a abandonné tout le bonheur de la capitale pour vous rendre visite et faire un rapport sur vos difficultés, vos soucis, etc. Il est le mandataire du père de la Nation, vous devez entendre le message du Président de la République à travers lui.

-MA PRESENTATION PAR LE CHEF DE COLLECTIVITE

 Ecoutez, il y a beaucoup de problèmes qui se posent ici parce qu’il y a manque de collaboration. Nous recevons aujourd’hui le citoyen Commissaire du Peuple d’ici chez-nous. Avez-vous déjà reçu la visite d’un Commissaire du Peuple ici ? Non ! Donc le Commissaire du Peuple ne s’était pas fâché pour rien, nous devrions être présents lors de son arrivée. Il faut savoir que par amour pour sa population, il s’est sacrifié de la sorte. Il était sur le point de partir à cause de votre comportement, n’eut été notre intervention. Puisqu’il a accepté de rester parmi nous, je vous le présente, Citoyen LUMBU MALOBA NDIBA, Commissaire du Peuple.

-MON ADRESSE

 Je déplore beaucoup de comportement de tous les Bena-Nyembo. Je pourrais m’arrêter à Kalemie mais j’ai préféré visiter Kongolo et toutes ses collectivités, pour me rendre compte des conditions dans lesquelles vous viviez. Quand je n’ai plus d’essence je paye de ma propre poche, et j’étais bien accueilli partout où je suis arrivé. A Makutano j’étais bien accueilli à telle enseigne que j’ai passé la nuit parce que j’y ai trouvé une population qui m’attendait. Lors de mon passage ici, j’ai demandé à ce que la population m’attende pourle 20 janvier 1976. Je suis passé dans tous les villages, la population m’a soumis tous ses problèmes et difficultés ; Je suis arrivé jusqu’à la frontière pour m’entretenir avec les militaires de leur comportement vis-à-vis de la population qu’ils sont appelés à défendre. J’ai accepté une chèvre qui m’a été présentée par le Capitaine au nom de tous les militaires.

Je suis arrivé à Kasawa je fus aussi bien accueilli et la population me soumit ses difficultés dans les chansons qu’elle avait préparées à mon intention. Le capitaine s’était plaint du fait que la population n’a accusé que les militaires au sujet des chèvres mais non les complices des rebelles. Il a insisté sur le fait que les militaires qui se  comportent mal  sont ceux qui sont indisciplinés et parfois même difficiles à contrôler. Ce sont ceux-là qui attrapent ou volent les chèvres de la population.

Moi qui croyais être très bien accueilli chez-nous, voilà que 15 personnes seulement se sont montrées intéressées de mon arrivée ! J’ai été et je suis encore honteux devant la suite qui m’accompagne. Les Bena-Nyembo ont un mauvais cœur ! Un cœur dur ! J’ai décidé et j’étais sur le point de rentrer à Kongolo parce que la population que je représente est une population non encadrée. A Kinshasa on m’a tout dit, j’ai raconté le tout au Commissaire de Zone en précisant que mes frères de Nyembo étaient des personnes brutales et qu’un jour elles peuvent se révolter. Les militaires ne doivent pas continuer à maltraiter la population en s’emparant de ses biens, chèvres, canards, poules, etc. Le chef de collectivité doit tout faire pour mettre fin à cet état de choses qui risque de lui coûter cher un jour.

Si j’étais rentré à Kinshasa et affirmer que la population de Mbulula n’était pas dans le M.P.R. ce serait bien ?

Je demande à tous ceux qui ont de problèmes à me soumettre de venir le faire sans aucune crainte.

ANIMATION

-LES INTERVENTIONS DE LA POPULATION

LWAMBA NONGOLOLA  (Cultivateur) : Citoyen Commissaire du Peuple, je prends la parole devant vous au nom de tous les cultivateurs de notre collectivité. Nous souffrons beaucoup de difficultés pour nos produits de champs qui ne sont pas achetés, notamment le coton. Nous avons soumis le problème aux autorités, mais aucune solution n’est intervenue. Les planteurs ont le coton, mais le coton ne nous rapporte rien puisque les réceptionnaires nous volent en truquant leurs pesons.

Le système instauré pour nous demander de nous acquitter de nos obligations civiques est loin d’être humain. A une heure du matin, on boucle le village, on vous fait sortir de la maison, si vous sortez habillé, on vous déshabille de force et vous faire marcher 12 kms durant, à pieds. En plus il n’y a plus moyen de nous occuper de nos propres travaux de champs parce qu’on nous impose les travaux de réfection des routes. Nous ne sommes pas payés pour ces travaux, comment allons-nous avoir l’argent pour nous acquitter du C.P.M.

En 1973, l’agronome nous attribuait de grains de maïs pour planter. A la récolte nous lui avons remis une quantité de maïs qu’il devait vendre, mais cet argent n’est pas rentré dans la caisse ! Nous ne sommes pas contrôlés lorsque nous cultivons mais pourquoi le sommes-nous quand nous mettons nos produits en vente ? Lorsqu’on truque les pesons et achète mal nos produits, personne ne dit mot, pour nous défendre.

Encore à Mbulula, il y a un moteur pour aspirer l’eau mais qui ne fonctionne pas !

Nous avions des tracteurs pour mécaniser nos cultures, mais ces tracteurs viennent d’être envoyés au Kasaï, n’y a-t-il pas moyen de réclamer leur retour et nous envoyer d’autres ? Auparavant, les policiers ou les militaires  n’entraient pas dans des villages pour voler les biens à la population, mais pourquoi le font-ils maintenant ? Les militaires sont-ils autorisés de s’emparer des chèvres de la population ? Quand une personne n’a pas payé l’impôt, c’est elle qu’il faut poursuivre, mais pourquoi se contentent-ils d’attraper les chèvres ? Il n’y a plus de justice ! Ici à Nyembo il n’y a pas des troubles pourquoi nous envoie-t-on des militaires sous prétexte de nous défendre ? Nous déféndre contre quoi ?

Le 19 décembre 1975, malgré la présence de notre chef de poste, de notre chef de collectivité et des policiers, les militaires se sont emparés de 35 chèvres, 135 poules, canards etc ! Il faut que la zone trouve le moyen de mettre fin à ce fléau immédiatement.

TWITE MWEHU KISANGANI : D’abord nous tenons à vous remercier beaucoup de votre arrivée malgré les multiples difficultés que vous avez rencontrées. Nous remercions à travers vous, le Président de la République qui a bien voulu prendre ces mesures combien salutaires pour la population. Ici chez-nous à Nyembo il n’y a jamais eu des troubles, mais on appelle cette collectivité une zone d’opération. Nous ne sommes pas dans la zone de troubles des mulélistes. Nous les avons chassés depuis 1964, ils ne sont plus ici. Mais les  militaires, les éléments de la J.M.P.R nous arrachent nos chèvres et travaillent d’une façon dispersée. Nous avons trois prisons dans notre collectivité, l’une de la J.M.P.R., l’autre de la collectivité et celle du chef de poste. J’ai fait arrêter des militaires en 1967 parce qu’ils opéraient sans en avoir averti le chef de collectivité. Maintenant c’est pire, les militaires volent dans les villages. Quand vous allez vous plaindre, on ne vous écoute même pas et on vous chasse. Les habitants de la collectivité ne circulent plus librement. Aujourd’hui vous vous plaignez vous-même du fait que la population ne vous a pas bien accueilli, la faute incombe aux deux chefs qui n’ont pas mobilisé la population. Comment pouvions-nous savoir que vous avez passé la nuit ici ? Les autorités qui nous dirigent nous prennent pour leurs esclaves. A Zimba les militaires ont attrapé 20 chèvres sous prétexte qu’il y avait un fusil dans cette localité. Vous n’avez pas été accueilli par la population parce que les autorités de la collectivité n’ont pas annoncé votre arrivée à la population. Mais nous remercions quand même le chef de poste et le chef de collectivité qui ont tout fait pour vous faire revenir sur votre décision de partir sans que vous vous adressiez à votre population.

NYEMBO MALEKANI : (Chef de quartier). Ecoutez, Citoyen Commissaire du Peuple, je vais vous dire une seule chose, quant en ce qui concerne les chèvres et huile, ce sont là des choses qui ne me  regardent pas. Ce matin je suis passé dans tout le village pour annoncer votre arrivée ou la confirmer puisque hier à 6 heures du matin j’avais fait la même chose, mais la population ne faisait que crier.

SUMBA KASALA : Nous nous sommes rendus à Kayumba où nous nous sommes fait arrêter. Mais après de vives insistances, on nous a relâchés. Nous avons fait quatre mois de travail de porteurs qui n’ont pas été payés.

            J’avais reçus aussi des lettres dont la teneur suit :

 -LES LETTRES RECEPTIONNEES :

 DU CHEF DE COLLECTIVITE

 

Objet : DOLEANCES

COLLECTIVITE NYEMBO.            Mbulula, le 21 janvier 1976.

                                                                       Au Citoyen Commissaire du Peuple

                                                                           en mission officielle à MBULULA.

Citoyen Commissaire du Peuple,

            Nous sommes très heureux et avons grand honneur de recevoir votre personnalité de marque dans notre Zone de Kongolo en général et plus particulièrement dans la collectivité des bena-Nyembo, dont vous êtes natif et originaire.

            Il y a des années que vous nous avez quitté pour aller continuer vos études d’où vous étiez parvenu à être dirigeant de JMPR de campus de Kinshasa.

            Fidèle, progressiste et très révolutionnaire, surtout très éminent militant que vous aviez témoigné au sein du M.P.R. vous avez été promu avec fierté comme notre Commissaire du Peuple.

            Nous rendons hommage au Citoyen Président du M.P.R., éclairé, notre Guide alpha et l’Oméga de toute notre action de développement entreprise de pouvoir songer vous confier votre propre tâche noble qui mérite certainement la foi profonde et fondamentale.

            Mais nous félicitons de ce geste nostalgique combien patriotique de votre élevation à la dignité des honorables Commissaires du Peuple.

            En outre, la population et moi-même présentons nos meilleurs vœux de nouvel an de prospérité et de longévité.

            Il faut que cette année, soit l’année de progrès pour notre Zone en général et de notre collectivité en particulier.

            Un nouveau Commissaire du Peuple, une nouvelle méthode, c’est-à-dire écartez-vous de la jalousie, la calomnie et l’hypocrisie qui règnent dans cette collectivité.

            Citoyen Commissaire du Peuple votre tournée n’est pas du tout des affaires, mais moins de votre présentation et devous faire connaissance à votre peuple que vous représentez.

            Seulement, il y a des problèmes qui demandent l’urgence.

            Nous remercions chaleureusement le Président de la République de se souvenir de nous en envoyant des militaires pour notre sécurité ce que nous insistons de nos militaires qu’ils aient un esprit du travail de sauver et de l’hiérarchie de tout ce qu’on leur demande comme secours en étroite collaboration avec moi, qui suis Chef pour leur itinéraire.

            Moi-même et les autochtones comme les travailleurs ne vivons pas à l’aise par suite aux bruits qui courent de temps en temps sans fondement de hors-la-loi qui ne nous permettent de travailler sérieusement, ainsi la tranquillité nous serait très utile.

            La collectivité de Bena-Nyembo se débat dans une attaque de verminose que vous n’ignorez pas, le moteur à eau nous serait nécessaire de recevoir par votre médiation pour sauvegarder la population.

            Pour certaines maladies et ainsi que pour des verminoses précitées pour leur guérison nous manquons des produits pharmaceutiques pour que nous puissions mettre fin à ce fléau, et cela malgré la présence de notre dispensaire.

            Votre aide nous suffirait. La collectivité souffre d’autant plus de la carence de la farine pour des travailleurs.

            Ceci par suite de notre moulin qui est depuis longtemps en panne, pourtant les pièces de rechange qui sont recherchées restent introuvables.

            Ne serait-il pas possible de nous aider d’en trouver ? Ou un moulin à crédit ? La collectivité de Nyembo a un potentiel agricole très élevé et de la Sous-Région du Tanganika, il nous serait parfois encourageant de nous servir avec un tracteur agricole, comme par le passé.

            Nous remercions davantage de ce que vous pourriez et voudriez faire de votre collectivité.

            Veuillez agréer, Citoyen Commissaire du Peuple, l’expression de notre haute considération et très révolutionnaire.

                                                                       Le Chef de Collectivité

                                               Sé/IBAMBA MUYUMBA GWA MALUNGA.

DU PREFET DE L’INSTITUT NYUNDO.

SIMBI MANZENZE

Préfet de l’Institut

NYUNDO de et à                                         Mbulula, le 21 janvier 1976

MBULULA.                          

                                                                       Au Citoyen Honorable Commissaire

                                                                         du Peuple en tournée officielle

                                                                       à  MBULULA.

Citoyen Honorable,

            Soyez le BIENVENU !!!

            Avant tout, nos vives félicitations de votre réussite éclatante et vivement souhaitée, d’être élevé brillamment aux rangs des honorables, Commissaires du Peuple, donc de représenter dignement et légalement votre zone en général et de votre collectivité en particulier.

            En plus, au nom de mes élèves non visités et au nom de moi-même, nous vous présentons nos meilleurs vœux de bonheur, de prospérité et de longévité. Que Dieu vous bénisse dans votre noble et lourd travail du délégué du peuple. Pourque  le principe de notre parti soit votre épée tranchante pour la réussite de votre tâche ; MPR = SERVIR ! SERVIR = CHARITE !

            L’amour bien ordonné commence par soi-même.

            Citoyen Commissaire, retenez.

            La collectivité de Bena-Nyembo est le Royaume des anti-natifs ou un étranger est Roi. Cela veut dire que la collectivité est la toute dernière de toutes les collectivités de la zone, que l’on pourrait dire morte, sur tous les domaines. Pas des hommes d’initiations, pas d’union entre eux et ils n’ont jamais été solidaires. Comment vouloir édifier ou progresser là où règne la dislocation ?

            Ayez la volonté de guider et soyez digne et ferme dans vos décisions.

            Profitons de l’occasion de votre arrivée de tracer en grosso-modo la substance de l’Institut NYUNDO. L’Institut NYUNDO est implanté ici à Mb ulula au niveau privé depuis l’année 1974/1975, en reconnaissance de la S/Division à l’Education Nationale à Kalemie, ensemble avec l’Institut YENGE, en octobre 1974. NYUNDO a trois classes, la 1ère année, du C.O., la 2ème année du C.O. et la 3 ème année pédagogique, que l’on compterait ouvrir aussi l’année prochaine la 4ème année pédagogique. Le nombre d’élèves est de cent vingt (120) presque correspondant au C.O. MUNGANO agréé à Mbulula. Les professeus qui y donnent les cours sont ceux du C.O. MUNGANO, c’est la raison pour laquelle les enfants étudient dans l’après-midi pour les permettre leur participation pleinement.

            Citoyen Honorable, ici chez-nous nous menons une vie d’exploitation. Le 30 novembre 1974, le Chef de l’Etat a fait sortir l’ordonnance-loi de la récupération des écoles privées par l’Etat, qui n’a aucun effet. Sauf, le Chef de S/division à l’Education Nationale à Kalemie, il a, lors de sa tournée en octobre 1975, semé le chaos entre nous-mêmes les responsables des écoles privées et aussi entre les autorités territoriales de la place, par ses dires de fermer ces écoles que l’ordre a été verbalement laissé.            Entre autre, il nous a privé de ne pas lui faire un rapport scolaire. Mon école subsiste par force.

            Etant que digne de votre personnalité, je vous prierais de me conseiller, comment peut-on faire pour agréer cette école ou par votre intermédiaire. Mon courage nostalgique de ce sacrifice révolutionnaire et patriotique commence à sombrer. Votre geste m’encouragerait.

            Je vous prie, Citoyen Honorable, de croire à mes sentiments les  plus dévoués et progressistes.

                                                           Sé/SIMBI MANZENZE (ex-Grégoire).

 DE MON PERE LUMBU KITCHWANYOKA

                                                                       Mbulula, le 15 juilet 1973.

            Le Chef MULOKO a ordonné que les policiers me frappent pour le motif suivant : En 1973 au mois de juin, j’avais préparé des briques pour la construction de ma maison. En juillet de la même année je commençais à classer les briques à l’endroit prévu pour la construction de ladite maison, etles pailles que j’avais achetées pour ce faire, étaient posées sur les briques. Le 13 juillet 1973, quand je me rendais cultiver et nettoyer l’endroit de construction, je  croisais des gens qui transportaient de la paille, je crus alors que la paille leur appartenait et je continuais mon chemin mais quand je suis arrivé à l’endroit dont question, je trouvais des gens qui se chargaient des colis de paille. Je leur demandais de déposer le tout car cette paille m’appartenait leur disais-je. Mais j’entendis de la brousse une voix qui disait : amenez cette paille, cet homme est un voleur, la voix était celle du Chef MULOKO. C’est alors que je répondis que si j’étais voleur, je serais accusé devant un tribunal. La voix demanda encore à ce que les gens se saisissent de moi et me tapent. Les policiers se saisirent de moi et prirent ma machette.

            Je me suis débattu et leur précisais que je ne suis pas venu ici pour me battre, je suis venu travailler et je leur remettais la machette et pris le chemin de retour. Le chef ne cessait de leur ordonner de me battre mais les policiers même ceux qui venaient à notre rencontre, ne m’ont pas battu. Je suis allé me rendre compte de l’endroit où étaient déposé mes pailles.

            Quand je suis rentré, je contactais le Directeur LAYLAY à qui je racontais tout devant son assistant et ils m’ont conseillé d’aller contacter le prêtre. Nous nous sommes rendus chez les prêtres où nous avons contacté le Père MABRUKI à qui je devais encore tout raconter.

            Le directeur LAYLAY et citoyen MUSUYU demandèrent au pr^tre de convoquer le chef et lui exposer le problème pour qu’il accepte de remettre les pailles. Le soir je me rendis chez le prêtre pour m’enquérir de leur entretien avec le chef. Le prêtre me répondit qu’il avait fait appeler le chef qui a bien voulu répondre à son appel et qui a dit que vous, citoyen LUMBU KITCHWANYOKA, avez volé les pailles en question. A ma question de savoir quelle sera sa position lorsque citoyen LUMBU fera venir la personne qui lui a vendu ces pailles ? Il est sorti en me disant que je prenais la défense d’un enseignant.

            Je demandais au prêtre ce que je devais faire dans ce cas ?

Il me dit va le matin chez le chef réclamer le retour de vos pailles. Le lendemain à 8 heures, accompagné de ma femme, je me rendis chez le chef où je rencontrais le brigadier et lui demandais d’aller dire au chef que je venais récupérer les pailles et ma machette.

Le brigadier PANDEMOYA KATOMBE me répondit qu’ils avaient passé une très mauvaise journée hier à cause de leur comportement devant l’enseignant KITCHWANYOKA, (moi-même) qu’ils ont refusé de battre. Ils avaient été insultés, menacés de licenciement mais que le chef a décidé de les muter pour un mois à l’intérieur de la collectivité et nous a traités d’imbéciles en vous laissant sans vous avoir battu et sans vous avoir mis au cachot. A ce propos MAYANI et muté pour Mahundu, KATULUZI et FILIPO à Ilunga, KAMILI et LUMBU à Luika. Et maintenant vous venez me dire que vous voulez que j’aille dire au chef que vous êtes venus réclamer les pailles ? Etes-vous muni d’une lettre de votre direteur ou du prêtre ? Sans cela je n’irai pas voir le chef qui est encore fâché.

            Je faisais demi-tour et rentrais exposer la nouvelle situation à mon directeur et au prêtre qui me conseillèrent de faire venir la personne qui m’avait vendu les pailles pour mettre fin à ce litige. Je marquais mon accord. Mais le 15 juillet 1973, à la hauteur du village Lyuba il y a eu un accident  qui a causé la mort d’une personne. Je remarquais alors que les gens n’empruntaient pas le chemin sur lequel il y a eu cet accident. Je m’informais mais les gens m’affirmèrent quela route était libre. Je l’empruntais pour me rendre à mon village natal visiter ma tante paternelle qui était malade, jusqu’au moment où je suis arrivé à l’endroit dont les policiers avaient mis un signe qui demandait aux cyclistes de descendre et passer à pieds. Je marchais alors à pieds et arrivé à l’endroit où était le cadavre je demandais au policier MAYANGA qui montait la garde à cet endroit : qui est cet homme, d’où est-il ? Il me répondit qu’ils n’avaient pas encore eu le temps de l’identifier pour connaître de quel village il est.

            Nous attendons encore les autorités de Kongolo qui viendront constater le décès. Je montais sur ma bicyclette et suivais les autres qui étaient devant moi, après avoir dépassé près de 15 personnes j’entendis une voix qui me rappelait et m’ordonna de faire demi-tour. Je revins sur mes pas et constatais que le chef se trouvait au milieu de la route. Il me posa la question de savoir par où je suis passé ? Je lui répondis que je suis passé par ici-même. Où sont les traces de votre vélo me demanda-t-il encore, je lui répondis que les traces de mon vélo sont ici même mais qu’il n’y avait plus moyen de les distinguer des autres parce qu’il n’y a pas eu seulement mon vélo qui est passé par ici. Le chef commença directement à m’insulter. Je lui demandais pourquoi il m’insultait, qu’ai-je fait ? Je lui faisais remarquer qu’avant hier c’était la même chose, encore aujourd’hui ? Je tournais mon vélo pour partir, mais il ordonna à son policier de se saisir de moi ; c’est alors que les policiers MASUMBUKI PACHANGA, NYEMBO BILAMBA se saisirent de moi et m’arrachèrent mon vélo. Je tentais de répartir mais il ordonna encore une fois les policiers de me battre. Je demandais ce que j’ai fait pour être battu ? mais le chef ne m’entendait plus, lui-même, ses policiers et ses enfants NYEMBO MULOKO et son juge MWANAVITA MAYIBWE me jetèrent par terre et après m’avoir ligoté les bras au dos, ils me frappèrent tellement que je sentis que j’avais les douleurs un peu partout.  Après je faisais tout pour me remettre assis. Les mains me faisaient déjà très mal. Je leur demandais de me mettre debout ils n’ont pas voulu. Je faisais encore tout mon possible pour me remettre debout. Je suis resté ligoté pendant trois heures du temps et après m’avoir libéré de mes liens, le chef prit mon vélo ainsi que ma montre. Quand ma femme et mes enfants apprirent que j’étais battu par les polciers, ils me suivirent et quand le chef les apperçut, il ordonna aux policiers de battre ma femme et mes enfants Ma femme fut frappée par le juge NDALAZYA ABUNAMBOKA à tel point qu’elle a eu les yeux gonflés pendant toute une semaine. Le chef et le policier MAYANGA ainsi que le commis MULUMBA étaient de la partie. Je fus mis au cachot avec ma femme ainsi que mes enfants dans une même cellule. Vers 19 heures, le chef de poste et le commandant sont arrivés.

            A leur arrivée, ils me posèrent cette question : LUMBU avez-vous fait un accident de vélo ? Je répondis : comment peut-on faire un accident de circulation et qu’on vous demande seulement apr où vous êtes passé et où sont les traces de votre vélo ? Je n’ai fait aucun accident. Et ils sont repartis

            Après un certain temps, 10 enseignants sont venus se faire emprisonner à cause de moi et ce fut mon salut. Le matin on nous fit sortir pour être entendus devant le tribunal qui était composé du chef de poste, commandant et le chef de collectivité. Avaient pris part aussi le prêtre SIMON, le directeur, NGOY WA NGOY le dirigeant du M.P.R. Le tribunal me demanda de parler le premier et je répondis qu’avant que moi je parle, il faut d’abord que vous demandiez au chef ce que je lui ai fait pour qu’il soit fâché contre moi Le tribunal affirma avoir déjà entendu le chef et voulait que moi je parle à mon tour. Je demandais alors qu’on fit venir les juges MAYIBWE et ABUNAMBOKA pour qu’ils entendent eux aussi, mais les juges refusèrent.

            Je commençais à parler depuis l’affaire des pailles jusqu’au jour  où je fus battu avec toute ma famille. Les juges me demandèrent ce que je voulais maintenant ? Je répondis que je voulais d’abord que le chef me remette mon vélo, ma montre et ma machette ainsi que mes pailles. Le commandant devait rentrer à Kongolo et sortit dehors avec tous les enseignants et leur dit : un enseignant puni un élève sans raison valable est-ce que le directeur peut-il donner  directement raison à l’élève devant les enseignants ? C’est le cas d’espèce, et le comandant répartit pour Kongolo. Après le chef de poste  nous appela, fit payer 2 zaïres à chaque enseignant qui est venu pour mon salut et 5 zaïres à moi-même soit disant que je me suis mal comporté vis-à-vis du chef.

            Je refusais de payer ces 5 zaïres alléguant que c’est à moi qu’on a volé les pailles, j’ai été battu et ligoté sans raison valable, je ne peux pas.

Je constatais alors que les côtes me faisaient de plus en plus mal et je décidais de me rendre au dispensaire pour les soins médicaux, on me prescrit des médicaments que j’achetais et me faisais soigner. Les côtes  me faisaient de plus en plus mal, c’est alors que le docteur ZACHARIAS ainsi que le chef de poste me délivrèrent un billet m’autorisant de me faire examiner à Kongolo. Le 27 juilet 1973 je consultais le docteur qui, après m’avoir osculté, me demanda de ne pas travailler avec le bras du côté où j’ai mal. Mais les douleurs devenaient très graves à telle enseigne que le docteur me délivra à son tour un billet qui m’autorisait de me faire examiner aux rayons « X ». Je partais pour Kasongo où je fus examiné à la radio où on me remit le cliché en me disant que mon cœur avait gonflé. Je suivis quelques soins chez l’assistant BONE qui me dit que j’avais seulement l’autorisation de me faire examiner à Kasongo tandis que les soins je devais les recevoir à Kongolo. Je ne pouvais repartir à Kasongo qu’au cas où la maladie s’aggraverait. Je rentrais à Kongolo le 30 août 1973 et montrais le cliché de la radio obtenu après mon examen. Après l’avoir examiné, le docteur me dit qu’une de mes côtes était fêlée et c’est la raison pour laquelle vous avez tellement mal. Il me demanda de continuer à suivre les soins mais je lui dis que je n’avais plus de l’argent mais qu’il pouvait me prescrire seulement les médicaments et je vais continuer à suivre les soins à Mbulula.

            Il me conseilla alors de me faire d’abord soigner avant de poursuivre l’affaire car, d’après ses affirmations, tout le mal que j’avais, venait des coups que j’avais reçus. Je revins à Mbulula où je trouvai que ma seconde bicyclette avait été volée. Je partis chez le chef de poste réclamer qu’on me remette mon vélo. Mais je trouvais que le vélo était aussi dans un état très piteux. Le chef de poste me dit pour sa part qu’il était prudent que je reçoive ce vélo dans l’état où il était.

            Je dis au chef de poste qu’il faut qu’on me remette mon vélo dans l’état où il était lorsqu’on me l’avait arraché, ma montre, ma machette ainsi que la somme de 550 zaïres qui représentait l’argent que j’avais dépensé pour les travaux de construction de briques, pailles, frais de déplacement, nourriture ainsi que l’achat de produits pharmacéutiques. Tout ceci est à charge du chef MULOKO. J’arrivais presque souvent chez le chef de poste rappeler cette affaire mais ce dernier me disait toujours : attendez ! Après il a été remplacé par le citoyen MUGANZA.

Quand j’exposais mon problème au nouveau chef de poste, celui-ci me dit qu’il était en très mauvais termes avec le chef MULOKO et qu’il me conseilla seulement d’écrire à Kongolo à la Zone, avec copie à lui-même et au chef pour un  nouveau  procès.

            Tout ceci se résume en ce sens que je réclame mon vélo, ma montre de marque SEIKO 21 Rubis, ma machette ainsi que la somme de Zaïres 550 (CINQ CENT CINQUANTE) que le chef de collectivité doit me remettre.

                                                                       Sé/LUMBU KITCHWANYOKA.

DU CITOYEN NYEMBO NGONGO

            Le nombre des personnes qui ont volé plusieurs objets à Nyanga :

1°) Dirigeant KASONGO ; 2°) KABUZI (César) ; 3°) Secrétaire Permanent SHINDANO ; 4°) MAHANGAIKO KASALA ; 5°) BUSUMA (Jean) ; 6°) SALITO AFUTA ; 7°) Policier KATULUZI ; 8°) Policier MANDEFU ; 9°) Policier KINDU ; 10°) KITWANGA RAMAZANI ; 12°) LANZINYELA BILAMBA ; 13°) OSENI MATALATALA ; 14°) KITENGE WA KANGUNGA et plusieurs autres personnes dont nous ignorons les noms. Les militaires étaient au nombre de 5.

                                                           Sé/NYEMBO NYANGA.

 DU CITOYEN MUSUYU MAYINDO

KILOYWE

On m’a volé mes biens, et ces biens sont les suivants :

1°) 3 chèvres ; 2°) 2 canards ; 3°) 6 poules ; 4°) 2 sacs de maïs. Tous ces objets ont été volés par le chef MULOKO car c’est lui qui a envoyé les gens pour venir me piller.

            La journée du 22 janvier 1976 était réservée à ma visite à Mahundu et Lengwe. Mais tôt le matin avant de quitter,  je fus envahi à la paroisse par des personnes qui m’avaient remis des lettres dans lesquelles elles se plaignaient des divers problèmes.

 DU CIYOYEN NYEMBO KACHELEWA

Citoyen Commissaire du Peuple,

1°) Nous souffrons beaucoup ici chez-nous. Nous entretenons les routes et construisons des maisons mais nous ne sommes pas payés pour tous ces travaux. Nous avons également des difficultés au sujet de la C.P.M., on nous arrête la nuit, on nous déshabille et on nous frappe sauvagement et en plus de cela on nous vole encore.

2°) Nous sommes des cultivateurs. Le coton n’est pas acheté ou avant qu’on l’achète, il faut corrompre l’acheteur avec une chèvre, canards ou poules. En ce qui concerne le maïs c’est la même chose, c’est que les cultivateurs ne sont pas indépendants comme le reste des zaïrois qui travaillent ? Les militaires aussi nous arrachent les chèvres sans autorisation.

3°) Au tribunal de la collectivité quand on vous envoie un mandat d’amener avec un policier, il faut payer une poule ou un canard à ce policier. Notre collectivité est vraiment par terre à cause de tous ces vols qui restent impunis malgré nos multiples plaintes.

                                                           Fait à Lyuba, le 21 janvier 1976.

                                                           Sé/NYEMBO KACHELEWA.

 DU CITOYEN SIMBI MASKINI

                                                                       Minanga, le 09 décembre 1975.

            Aux Autorités de KINSHASA.

            Je vous envoie ici le rapport sur mes biens qui ont été volés ici dans la localité de Minanga. En effet, en date du 15 août 1975 le Commissaire de Zone et ses collaborateurs sont arrivés à Mbulula. Directement, le chef MULOKO envoya ses policiers pour venir m’arrêter.

            Ces policiers, lors de mon arrestation ont aussi attrapé 22 chèvres, 8 canards, 18 poules et quand je suis arrivé à Mbulula on m’infligea une amende de 10 Zaïres, plus 30 jours en prison.       

                                                                       Sé/SIMBI MASKINI à Minanga.

DU CITOYEN SANGWA MUTEBA

Citoyen Commissaire du Peuple,

            Nous sommes très contents ettristes pour nous avoir envoyé des militaires en vue de nous déposséder de nos chèvres, nos canards et nos poules.

Il n’existe plus le système de convocation dans notre collectivité de Mbulula. Pour vous arrêter, le tribunal vous envoie un policier muni d’un mandat d’amener et quand celui-ci arrive dans le village, il en profite pour saisir des chèvres, canards et poules avant même que le tribunal vous ait entendu !

            Depuis le temps colonial, on ne bouclait pas un village pour l’acquittement du C.P.M. mais aujourd’hui c’est triste, on vous arrête la nuit dans les maisons, on vous déshabille, on vous ligote les mains derrière et l’on vous tabasse, c’est vraiment très triste ! L’indépendance du Zaïre a-t-elle des frointières ? Même si nous ne payons pas l’impôt, cela nous attriste beaucoup et nous pousse à la volonté de nous révolter un jour.

                                                           Fait à Lubovia, le 21 janvier 1976.

                                                           Sé/SANGWA MUTEBA.

 DU CITOYEN SANGWA KAPELA.

                                                                       Kigumba, le 20 avril 1975.

RAPPORT AUX AUTORITES DE PASSAGE DANS LA LOCALITE DE KIGUMBA.

1°) Nous vous informons que les militaires se comportent très mal ici dans le village KIGUMBA. On nous fait cultiver les routes depuis le 20 avril 1975 jusque le 11 novembre 1975.Nous souffrons beaucoup depuis l’année dernière. Nous ne savons même plus que nous sommes indépendants !

2°) Le chef de collectivité, les éléments de la J.M.P.R. ainsi que les militaires sont tous des voleurs.

3°) Le Commissaire de Zone, le chef de collectivité, le chef de poste, les éléments de la J.M.P.R. ainsi que les militaires se comportent très mal vis-à-vis de la population. Les militaires sont venus quatre fois à Kigumba s’emparer des chèvres de la population,  26 chèvres au total, canards et poules n’étaient pas comptés et étaient considérés comme des oiseaux. Ils se sont emparés de tous ces biens comme si le village n’était pas habité.

4°) Dans le village de Kanyono le chef de collectivité avait envoyé des militaires pour s’emparer des chèvres et tabasser la population comme s’ils étaient des animaux et de là sans motif valable. Tout cela n’est pas du tout normal dans lepays qui se dit indépendant !

5°) Le chef MULOKO avait envoyé des policiers dans le village de Kayanza le 18 avril 1974 en leur ordonnant de tabasser les gens. Il a même demandé le concours des militaires comme s’il y avait des troubles dans ce village. Et quand les militaires sont arrivés sur les lieux, ils ont pris chèvres, canards, poules et taper les gens !

            Nous demandons aux autorités compétentes pour que cessent ces actes de brigandage. Quand on vient vous arrêter on vous déshabille. On vous tabasse et on vous vole chèvres, canards, poules, maïs et manioc !

            Les cultivateurs sont déjà très pauvres mais que vont-ils devenir lorsqu’on leur vole leurs biens ?

                                                                       Sé/SANGWA KAPELA et ALBATI.

           Comme prévu dans le programme, le 22 janvier 1976, de Mbulula je me déplaçai en compagnie du chef de poste, du représentant du chef de collectivité(TWITE CHEKO) qui est en fait son Premier Ministre, du dirigeant de la JMPR/Zone chargé des brigades disciplinaires, de mon secrétaire particulier, du citoyen Masimango,  de deux gendarmes et deux brigadiers pour visiter Mahundu et passer la nuit  à Bigobo.

Paragraphe 5   LE  RASSEMBLEMENT POPULAIRE A MUZYUNDA.

            Je croyais atteindre le village MAHUNDU dans la matinée mais c’était sans compter sur les intentions de la population. En effet, à notre arrivée à Muzyunda, les femmes du village avaient barré complètement la route, nous obligeant de descendre de notre véhicule. Un rassemblement populaire non prévu avait ainsi eu lieu à la maison du chef de localité MUZYUNDA MULOWE SANGWA, où, nous avions trouvé un groupe folklorique d’animation composé des enfants de 8 à 15 ans et des élèves de l’école primaire encadré notamment par l’enseignant NYEMBO LUNGA

           Prenant en premier lieu la parole, le chef de poste dit : Nous sommes très contents de votre accueil et comme vous l’avez voulu, je vous présente le citoyen LUMBU MALOBA NDIBA, Commissaire du Peuple. C’est à lui que vous pouvez exposer tous vos problèmes. C’est lui votre père.

COMPEUPLE : Je vous remercie vous tous. Peu à peu, je commence à me rendre compte qu’il y a encore des gens dans notre collectivité. Je suis venu savoir vos difficultés, vos problèmes. Je n’ai pas voulu arrêter ma tournée à Kalemie ou à Kongolo, j’ai souhaité arriver même dans les villages. J’ai déjà été à Lubunda, N’kuvu, Makutano. On ne me parle que du problème des chèvres et autres canards, poules, etc. C’est pourquoi je vous demande de me parler très clairement pour mettre fin à ce problème. Je croyais que je vous trouverais à Mbulula, mais quand j’y suis arrivé je n’avais pas été accueilli comme je devais l’être ou comme je l’avais été ailleurs, mais ici chez-vous, les mamans m’ont même barré la route.

MUZYUNDA MULOWE SANGWA (CHEF LOC) : Je vous demande une chose celle de savoir si le chef de collectivité ainsi que les militaires sont-ils payés ? Nous les chefs de localité nous ne sommes pas payés. Nous sommes sur le même pied d’égalité avec les cultivateurs, on nous demande de nourrir les militaires, nous gardons les C.R. (Centre de Rassemblement) et nous ne sommes pas payés.

         Après Muyzunda nous fîmes aussi escale à Say où nous avions visité une école primaire dont le bâtiment était le long de la route :

5è année : sans tableau, un bâtiment en paille dont le toit est à demi-ouvert ;

4è année : sans murs, bâtiment rudimentaire,

1ère, 2ème et 3ème :Nous avons constaté que depuis le retour de Kiswahili, il y a un peu de progrès nous avait déclaré un enseignant.

            De Say nous nous arretâmes à Bigobo à la residence de mon oncle paternel, l’enseignant  ILUNGA SIXTE, où, nous avions trouvé, planté devant sa maison un bananier et n’avions atteint Mahundu que dans l’après-midi.

Paragraphe 6       MA VISITE  A  MAHUNDU.

a)       LE RASSEMBLEMENT POPULAIRE

Accueil par les mamans sous le rythme d’un xylophone.

Prenant la parole devant la maison du chef de localité, où, avait été rassemblé la population le Dirigeant de la JMPR dit :

 Avant tout, je vous présente notre actuel chef de poste.

CHEF DE POSTE : Nous sommes très étonnés de constater que vous nous avez attendus depuis longtemps et que vous êtes fatigués. Je ne peux pas être long dans mes paroles ; je vous présente le Citoyen LUMBU MALOBA NDIBA, notre Commissaire du Peuple, il est ici pour voir, entendre de ses propres oreilles vos difficultés ainsi que vos problèmes. Ne lui cachez rien car il doit faire un rapport de tout ce que vous allez lui exposer et le soumettre à Kinshasa.

COMPEUPLE : Vous venez d’entendre ce que vous dit le Chef de poste. Je suis votre serviteur, je suis envoyé pour vous servir, écouter, voir et parler tous vos problèmes ; Je n’ai pas voulu m’arrêter à Kalemie ou à Kongolo mais j’ai décidé de venir vous voir dans les coins les plus reculés de la Zone, pour que je connaisse vos difficultés. J’ai déjà été à MAMBWE où l’on m’a raconté beaucoup de choses. Les chèvres sont extorquées par les miltiaires et pourtant le capitaine m’avait affirmé qu’aucun civil ne s’était plaint auprès de lu à ce sujet.

A Kangunga et à Mbulula, c’est le même problème. C’est ainsi que j’ai décidé de venir vous entendre avant de passer à Lengwe rencontrer le coonel..

KOYA MUTEMBEZI : (Chef de localité). Nous sommes contents pour tout ce que vous nous dites, tout cela est vrai. Il y a encore plus pire que cela ici chez-nous : le problème de coton. Le coton n’est pas acheté ou quand il faut qu’on l’achète, les réceptionnaires demandent à être corrompu et les kgs nous sont coupés. Quand vous voulez discuter, les militaires sont là pour vous arrêter et vous malmener. Nous souffrons beaucoup parce que nous travaillons beaucoup, mais on nous vole aussi beaucoup. Nous partageons les revenus de nos champs avec les acheteurs, le coton surtout. Actuellement par exemple, les champs ont déjà été préparés mais les graines de coton ne nous sont pas encore envoyés et quand on va les envoyer elles seront déjà pourries. C’est ainsi que nous sommes décidés à planter le maïs. En ce qui concerne le problème de C.P.M., les militaires viennent entourer les villages pendant la nuit et pendant ce temps on arrête les gens, en les déshabillant, on les tabasse et on vole les poules etc. En ce qui concerne l’école, pendant la période des prêtres, les élèves recevaient ardoise, cahiers et autres fournitures scolaires, mais maintenant que nous achètons tout cela, on nous demande de payer le minerval.

Chaque fois que l’on veut acheter nos produits agricoles, vous pouvez demander cela au chef de poste, on nous exige de remettre une chèvre. Avant l’Etat engageait des cantonniers qui entretenaient les routes, actuellement il faut tabasser la population et  la pousser aux travaux d’entretien des routes, travaux pour lesquels elle n’est jamais payée ?

Quand vous donnez volontairement une poule aux militaires, l’on vous dit que ce n’est pas suffisant et qu’il faut une chèvre à la place de la poule ! Tout cela est inhumain. Nous vous demandons d’être notre interprète auprès des autorités compétentes pour que nous puissions recouvrer la paix.

Nous demandons aussi un hôpital et un médecin à Bigobo.

Animation par les élèves de l’école primaire et leurs enseignants.

MUTEBA LUMBU : (Chef de localité et cultivateur). Nous vous remercions beaucoup de votre arrivée ici chez-nous car depuis 1960 nous n’avons jamais eu une visite semblable. La culture n’est plus protégée. On nous réclame de payer l’impôt, le minerval des enfants à l’école, les soins médicaux, comment pouvons-nous arriver à payer tout cela si nous ne cultivons pas et si tous nos biens nous sont extorqués ?

Le chef de collectivité ne rédige plus de convocations, on envoie un policier, on vous arrête, ligoté et battu, quand il y a des chèvres ou poules on les prend aussi. A cause de tout cela, nous ne vivons plus en paix. Les articles du magasin sont devenus très cher, nous reculons au lieu d’avancer. Nous avons les mêmes maisons que les belges ont laissées. Quand on ne donne pas une chèvre, le coton ou le maïs ne sont pas achetés. Voilà nos problèmes, nous avons moyen d’avoir beaucoup d’argent mais on nous freine. Quand les éléments de JMPR viennent arrêter quelqu’un, ils sont munis de cordes pour ligoter leur « victime » et pour vous délier on vous demande combien vous avez, entendez, l’argent !

 NYEMBO NYEMBO  (Dirigeant MPR, Mahundu) : Il est vrai que nous sommes les éléments de la JMPR et quand nous arrêtons quelqu’un nousl’amenons devant le chef de poste. Ces arrestations sont faites parfois loin, très loin de notre lieu de travail, ce qui nous met parfois absent à nos travaux de champs. Mais malgré cela, l’Etat ne nous paye pas. A    Nyunzu, nos collègues bénéficient d’une réduction sur l’impôt. Nous avons aussi des difficultés dans le cadre du M.P.R. Pour payer l’impôt, on vient vous arrêter la nuit,  comme toutes les autres personnes et l’on vous fait circuler dans le village torse nue, où est l’indépendance ? C’est trop de souffrances à la fois.

REPONSE DU CHEF DE POSTE : Au nom du Commissaire du Peuple, je réponds comme il me l’a demandé ; il a pris bonne note de tout ce que vous venez de lui dire. Les solutions viendront après. Ce n’est pas aujourd’hui, ce n’est pas ici même qu’il va prendre telle ou telle décision. Il va faire un rapport de tout ce que vous lui aviez dit et ce rapport sera transmis aux autorités compétentes, il prendra alors la défense de vos intérêts, les solutions interviendront.

REPONSE DU DIRIGEANT/ZONE : Nous répétons donc ce que le Commissaire du Peuple lui-même vous a déjà dit : il est notre bouche, nos yeux ainsi que nos oreilles. Il doit continuer sa tournée jusqu’à Lengwe pour voir le colonel. Partout où nous sommes passés, nous n’avons enregistré que des plaintes à propos des chèvres. La JMPR est au service de toute la population, mais comme vous le savez on trouve toujours un détraqué dans une famille, c’est pour cela que le Commissaire du Peuple a voulu vous ouvrir les oreilles sur ce problème en vous disant que ces gens qui viennent vous voler chèvres et poules ne viennent pas au nom de leurs supérieurs. Ouvrez vos yeux, vous devez être vigilents, vérifiez s’il s’agit d’un vrai élément de la J.M.P.R., nous devons mettre un terme depuis aujourd’hui au problème d’extorsion des biens à la population.

 Réponse du COMPEUPLE : Je vous ai dit que je suis votre bouche,vos yeux et vos oreilles. Je fais tout pour mettre de l’ordre partout. Je fais mon rapport et je le soumets avec des suggestions à qui de droit.Je vous demande d’être tous vigilents, j’insiste sur la vigilance. Ouvrez grands vos yeux, parce que ceux qui viennent vous voler ne le font pas au nom de l’Etat. Vous avez trop peur, quand on vous vole les chèvres et que l’on vous demande de justifier cela devant les autorités, vous dites le contraire en affirmant que vous avez donné les chèvres de votre propre gré, tout cela parce que vous avez peur ! Il faut dénoncer les gens qui travaillent pour leur propre intérêt. Tous ceux qui viennent vous voler les chèvres sont des brigands. Les chèvres qu’ils attrapent dans les villages ne sont pas présentées au chef !

              Je reçus aussi une lettre dont le contenu est le suivant avant de m’entretenir avec certains groupes professionnels :

b)        NOTE DE LA POPULATION

                                                                       Localité de Mahundu, le 22/01/1976.

            NOS DIFFICUTLES ET NOS SUGGESTIONS SUR NOTRE RICHESSE : COTON, MAÏS, CHEVRES, POULES ET CANARDS.

1°) COTON :

            Nous avons constaté que le coton est acheté avec un grand retard. De même, les réceptionnaires nous tranchent beaucoup de poids, par exemple auparavant pour un « MUSANDA » vide on retranchait 2 kilos mais actuellement on retranche 5 kilos, nous ne savons pas pourquoi. Les prix qui nous sont proposés avant la récolte ne sont plus respectés lors des réceptions ! Depuis l’époque coloniale, les militaires n’assistaient pas aux réceptions de coton, mais aujourd’hui on les voit réclamant le coton de la 2è qualité ! S’ils venaient pour surveiller la caisse ce serait normal

2°) MAÏS

            Nous savons que le maïs est notre nourriture à nous tous et quand on récolte beaucoup, il nous appartient de mettre le surplus en vente. Mais nous éprouvons beaucoup de difficultés pour la mise en vente de nos produits, nous ne savons même pas qui achète et qui vend, ar avant qu’on vous achète, on vous demande soit une chèvre, soit un canard. Ceci nous décourage beaucoup pour le moment.

3°) CHEVRES, POULES, CANARDS.

            Citoyen Commissaire du Peuple, nous regrettons nos biens qui sont volés !

Il faut savoir que chaque individu, même celui qui travaille dans le Gouvernement se nourrit assez difficilement. Quand deux personnes se battent, on vient prendre les chèvres de la population. Quand quelqu’un manque tel ou tel outil, on vient prendre chèvres, canards ou poules. Est-ce que les autorités ne sont-elles plus payées par l’Etat ? Il faut que la population les nourrisse.

4°) TRAVAUX :

            Nous exécutons certains travaux par force, nous payons l’impôt mais nous ne voyons pas à quoi sert cela ? Nous avons des malades dans notre collectivité, pour les soigner,il faut des médicaments, même quand on n’a pas de l’argent ? Nous pensons que si nous avons été soignés auparavant gratuitement c’était grâce à l’impôt.

5°) ECOLE :

            Nous n’avons pas beaucoup à vous dire là-dessus, mais nous regrettons pour nos enfants qui payent le minerval et sont contraints de s’acheter eux-mêmes cahiers etfournitures scolaires. Il faudra que l’Etat nous aide en fournissant à nos efnants les cahiers, livres, etc.

6°) IMPOTS

            Nous avons une même S/Région, pourquoi ailleurs un célibataire paye-t-il 240 K mais ici chez-nous un célibataire paye 300 K ?

7°) Ailleurs, les éléments de la J.M.P.R. ont une uniforme, pourquoi cela n’est-il pas le cas ici chez-nous ? Pour avoir une carte pour Citoyen c’est aussi un problème, même quand vous payez 30 K ou 50 K on ne vous donne pas un timbre, où est le progrès ?

NOS SUGGESTIONS

            Nous souffrons beaucoup avec des maladies parce que nous n’avons pas un dispensaire ici chez-nous. Mbulula est trop loin d’ici.

            Nous  vous demandons, Citoyen Commissaire du Peuple, de faire quelque chose en souvenir de ce village de Mahundu.

                                                                       Sé/La population de Mahundu.

c)  MON ENTRETIEN AVEC LES ENSEIGNANTS

COMPEUPLE : Vous les enseignants, vous êtes au courant de beaucoup de problèmes sur le pays, c’est pour cela que j’ai tenu à avoir une séance de travail avec vous.

KIBONGE KALUNGA : Nous pensons que la population vous a déjà tout dit.

LUGOMA NYEMBO : Le pays est libre ou indépendant si la population ou la devise sont respectées. Nous n’avons pas de documents politiques pour nous permettre de donner le cours de civisme (Manifeste de la N’SELE), discours présidentiel).

KIBONGE KALUNGA : Nous regrettons beaucoup de constater qu’il n’y a pas d’école du côté de la collectivité de Nyembo-Nord (MULINDILWA). Il y a seulement une première année pour l’ensemble des villages de ce côté-là.

COMPEUPLE : Est-ce par manque de documents politiques quevous ne donnez pas le cours de civisme ?

LUGOMA NYEMBO : Nous manquons d’endroit pour avoir les renseignements nécessaires.

d)  MON ENTRETIEN AVEC LES COMMERÇANTS.

MUGOGWA KITUNGWA (Médard) : Comme vous avez entendu de la part de la population en ce qui concerne l’agriculture, cela est vrai, et la situation est aggravée à cause de la peur. Celui qui exploite les paysans c’est le gouvernement. Si les paysans voudraient contrôler les pesons ils seront tabassés et même arrêtés. Beaucoup de gens ne sont pas faibles pour cultiver mais ils sont faibles pour parler. Les gens aiment travailler mais nos autorités sont aussi sévères que de lions ! J’aimerais aussi savoir pourquoi un  célibataire paye 360 K ? Pour le C.P.M. à Kongolo alors que dans d’autres zones il doit payer 240 K pourquoi cette différence ? Nous les commerçants nous avons beaucoup de difficultés, nous payons une taxe de 500 K pour la parcelle. Alors qu’à Lengwe, dans d’autres zones, on paye moins cher.

Il en est de même en ce qui concerne la plaque pour vélo. Dans notre pays, certaines personnes abandonnent le commerce. Lorsqu’il y a une fête on nous demande de contribuer plus que d’autres habitants mais quand il y a une réception, nous ne sommes pas invités. On nous ridiculise devant les habitants. Il n’y a plus de convocation dans notre collectivité pour tous les cas on emploie les mandats et quand bien même vous accusez un débiteur vous êtes obligé de débourser plus que lui. Citoyen Commissaire du Peuple, on a demandé à chacun 120 K par la collectivité pour construire un monument et jusqu’à ce jour le monument n’est pas construit. Quand nous posons la question de savoir qu’a-t-on fait avec tout cet argent, le chef de collectivité nous répond que cela ne nous regarde pas. La J.M.P.R. qu’on dit qu’elle doit servir, nous avons l’impression que c’est plutôt des pièges que le Gouvernement nous a placés partout. Pour une simple faute ou un passage, au lieu d’être conseillé par un agent de l’ordre, vous vous voyez plutôt accablé. On vous demande même de donner l’argent sur place pour se faire libérer.

SANGWA KIBAGI (Bernard) : Depuis six ans je n’ai rien dans mon magasin, je ne suis plus considéré comme commerçant. N’est-il pas possible que le Gouvernement m’alloue un crédit ?

COMPEUPLE : L’Etat aide souvent dans de tels cas lorsqu’il s’agit plutôt du dédommagement bien sûr  qu’on pourrait aussi accorder un crédit à quelqu’un qui a des garanties.

MUGOGWA : Je voudrais aussi mentionner le problème du manque de dispensaire s’il n’est pas possible d’en construire un ici chez-nous.

KACHELEWA MUYUMBA : J’ai travaillé comme moniteur agricole depuis 1953 pendant treize ans. On nous avait dit que nous n’étions pas licenciés mais qu’il s’agissait seulement d’une suspension parce que nous n’avions pas abandonné le travail de nous-même puis nous apprîmes que nous avons réintégré le service. Jusqu’alors nous ne sommes pas convoqués. Qu’en est-il ?

COMPEUPLE : Je poserai cette question à Mbulula ou à Kongolo pour être informé de la suite réservée, mais vous êtes-vous présenté individuellement à votre service ?

KACHELEWA M. : Non.  J’ai travaillé en qualité de moniteur agricole de 1947 à 1966 et je voudrais réintégrer ce service et j’ai même posé ce problème à Bruno MUYUMBA.

e) MON ADRESSE DE SEPARATION.

            Je crus avoir terminé mon entretien avec la population de Mahundu et sortis de la case pour prendre mon véhicule. Beaucoup de cadeaux m’avaient été présentés par la population, notamment une chèvre, des racines de manioc, dela farine. Je m’adressais à la population en leur disant que j’étais très content de leur accueil et que je leur remerciais beaucoup. Mahundu était le village de mon enfance, j’y avais en effet été tout le temps de passage de 1954  à 1970 alors que mon père y donnait cours.

Je demandais à la population de ne pas tant se tracasser pour moi lors des prochaines visites ! N’était-il pas mieux que je mange même le sombe comme la population ? Je remerciais surtout la population pour la grande mobilisation et pensant surtout à l’utilisation du grand tam-tam appelé communément « MULIMBA » faite pour faire venir le plus du monde possible à mon accueil, une bonne impression marquait mon esprit.

              C’est alors qu’un militant insista qu’il voulait se faire recevoir par moi et respectueux, je regagnais la case. De prime à bord il me présenta une lettre, dont le contenu ci-dessous dans laquelle il résumait ses doléances.

f) LE RAPPORT DE NYEMBO MULAGE BULULI

                                                                                  Mahundu, le 22 janvier 1976.

NYEMBO MULAGE BULULI

Chef de Route et Conseil

Routier de la Chefferie

B.P. 275 Zone de Kongolo

MBULULA.

RAPPORT SUR LES DIFFICULTES CONNUES ET NON CONNUES DE LA POPULATION.

1°) Nous demandons que nous soyons payés pour les travaux dont nous avons  exéutés. Je demande aux autorités de l’Etat leur concours dans ce domaine pour que je sois payé ainsi que mes cantonniers. Le commissaire sous-Régional du Tanganika m’a remis une lettre dans laquelle il demandait que je sois payé par la caisse de collectivité de Bena-Nyembo. On ne m’a pas payé la totalité.

2°) La population de Nyembo s’occupe des travaux du canton mais elle n’est pas payée, nous nous demandons à quoi sert l’argent de la collectivité. Qu’on mette les cantonniers engagés et payés par l’Etat et que la population s’occupe de ses travaux de champs.

3°) Les militaires nous gênent beaucoup trop. Ils prennent nos chèvres, canards, poules sans les acheter. C’est l’esclavage comme nous l’avons été chez les arabes. Egorger nos chèvres, nos canards et poules et même vendre les autres, quand vous voulez protester, on vous tabasse et on vous fait arrêter par le chef de collectivité, nous n’avons pas de paix dans notre collectivité de Bena-Nyembo. Nous demandons qu’on interdise aux militaires de s’emparer de nos biens, c’est cela notre richesse.

4°) Nous voudrions nous enquérir sur le travail de caoutchouc qui avait été fait au profit de KITULE. Les dirigeants de ces travaux ne seront-ils pas récompensés ? Ici à Mahundu,  le chef MAHUNDU MWEHU, son père MUTEBA et sa mère KIUNA avaient dirigé ces travaux parce que nous constatons que ceux qui avaient été boys pendant cette même période, avaient été récompensés.

5°) Nous voudrons avoir un médecin car la mortalité est trop élevée à cause du manque d’un dispensaire dans le voisinage. Se faire soigner à Bigobo et à Mbulula nous coûte et ne nous est pas facile car le trajet est long.

                                                                                  Votre serviteur

                                                                                  Candidat Chef

                                                                                  Sé/MAHUNDU NYEMBO.

            Après la lecture de cette note, le Citoyen NYEMBO BULULI me posa d’autres problèmes :

NYEMBO M.B. : Tout ce que la population vous a dit est vrai. En ce qui me concerne, j’ai été chef de route pour le tronçon Mbulula-Lengwe, dans la chefferie de Nyembo et j’ai travaillé pendant la période des troubles mais hélas après les troubles on ne voudrait pas nous payer. Le Commissaire Sous-Régional a cependant declaré que c’est la collectivité de Nyembo qui devra me payer. Nous sommes très étonnés de remarquer que dans la Zone de Kongolo pour nommer un chef de collectivité on ne choisit pas dans la famille qui en a le droit.

Ce que la population a dit est vrai, ce sont des représentants de l’Etat qui occasionnent des torts mais quand la population se plaint auprès des autorités c’est elle qui est sanctionnée. Les gens payent l’impôt pourquoi sont-ils encore exploités ? Partout on comparaît pour réclamer un droit quelconque mais ici chez-nous ce n’est pas le cas. Ce que vous avez dit est vrai, les gens sont trop peureux.

g) LE PARCOURS MAHUNDU-LENGWE-BIGOBO

            Après cet entretien je quittais Mahundu pour rejoindre Lengwe où mon programme prévoyait une séance de travail avec le colonel.

Je m’arrêtais cependant à Biyombo pour visiter l’école.

C’est tard la nuit que j’avais quitté la localité Lengwe pour passer ma nuit à Bigobo.

f)       MON SEJOUR A BIGOBO.

            A mon arrivée à Bigobo je me présentai chez le chef de localité mais hélas, le vieux chef de localité n’avait pris aucune disposition pour mon séjour. Je décidais de rejoindre la résidence de mon oncle paternel. Une autre surprise me fut réservée cette fois-ci. Le bananier que j’avais rencontré à mon passage vers Mahundu et Lengwe portait déjà des fruits mûrs. Je compris que ce bananier  signifiait quelque chose. En effet, mon oncle paternel voulait me communiquer que je ne devais plus me comporter en jeune, que j’avais grandi et  mûri à tel point que la famille attendait se nourrir des fruits de mon travail. Il fut arrangé que je passe la nuit dans le gîte d’étape des missionnaires adventistes mais mon oncle paternel s’opposa et me loga chez-lui.

            Déjà cette nuit, je recevais le Citoyen SHINDANO PONYO WA MUTEBA qui me rappelait la note qu’il m’avait déposées à Mbulula dont le contenu était le suivant :

a)  LA NOTE DU CITOYEN SHINDANO PONYO WA MUTEBA

                                                                                  Bigobo, le 21 janvier 1976.

            Etant nommé Directeur à l’école ex-Adventiste de Bigobo, surnommé IMARA-B, j’éprouve les difficultés suivantes :

1°) Pas être reçu par le Pasteur ;

2°) Refus de me donner un logement ;

3°) Refus catégorique de me céder le bâtiment (école) ;

4°) Propagande de me refuser comme Directeur à cette école ;

5°) Refus de faire la remise et reprise avec moi, malgré la lettre n° 1009/Sous-Région/01/1993/75 émanant de Kalemie ;

6°) Impolitesse de l’ex-directeur à mon retour, c’est le Pasteur qui fait cette campagne.

            Les doléances du directeur de l’école IMARA-B (ex-adventistes) de Bigobo.

                                                                       Sé /SHINDANO PONYO wa MUTEBA.

            Je promis de répondre à ce militant à l’occasion de la séance du travail du lendemain.

b) LE PROGRAMME

            La journée du 23 janvier 1976 prévoyait le programme suivant :

8 heures : Rassemblement – animation, présentation à la population ;

  – adresse du Commissaire du Peuple à la population.

9 heures : Visite des écoles primaires et le cycle d’orientation ;

10 heures : Séance de travail avec tous les enseignants et professeurs ;

11 heures : Conférence en l’intention des élèves de 6è et C.O. ;

11 heures 45’ : Cas individuels

12 heures 30’ : Départ à Mbulula.

 Mais au cours de la journée plusieurs retouches furent faites.

             Les gendarmes avaient retardé le programme de 30 minutes parce qu’ils étaient allés se laver à la rivière et qu’il fallait les attendre.

 c)  MA VISITE D’ECOLES ET DU DISPENSAIRE

-L’ECOLE PRIMAIRE CATHOLIQUE IMARA.

           Cette visite avait commencé par le Salut au drapeau, suivi par une séance d’animation.Après ma présentation par le chef de poste, je m’adressai aux élèves par les mots suivants :

             Le chef de poste vient de vous démontrer pourquoi je suis ici. Avant de m’entretenir avec les adultes, j’ai préféré m’entretenir avec les jeunes d’abord parce que la jeunesse est le Zaïre de demain. Le père de la Nation Zaïroise préfère que la jeunesse soit bien instruite. C’est pour cela qu’il demande que la jeunesse soit si vigilente en dénonçant les mauvais individus se trouvant parmi vos supérieurs ou parmi vous-mêmes………

             Le constat de la visite était le suivant : 1ère année, 53 élèves, 2ème année : 43 élèves.

Le bâtiment  en paille encore tout nouveau avait été construit par le concours des habitants sans l’intervention des militaires. La calligraphie se fait en 2ème et les élèves savent bien écrire. Il y a des tableaux faits par les élèves avec de la terre.

Manque de manuel pour le cours de civisme. Le minerval est payé par la moitié d’élèves seulement par manque de moyen. La direction de Bigobo supervise Mahundu et Biyombo. Très peu d’élèves en 5ème  et en 6ème   soit 36 élèves.

            En général, il faut l’amélioration. Cette école a besoin d’un bâtiment digne de son nom au lieu de son toit en paille, le pavé non cimenté et des morceaux des branches servant de bancs !

          – LE DISPENSAIREADVENTISTE

COMPEUPLE : Combien les malades paient-ils pour se faire soigner ?

INFIRMIER : Cela dépend des médicaments et varie entre 30 et 50 K. C’est avec cet argent que nous achètons les médicaments. Les fenêtres de notre dispensaire manquent des vitres qui ont été cassées. Notre laboratoire n’est pas très fourni. Les maladies fréquentes sont : La malaria, la bilarzhiose, la verminose surtout.

COMPEUPLE : Combien des malades recevez-vous par jour ?

INFIRMIER : En moyenne 12, mais ceux qui sont déjà inscrits sur des fiches, le nombre varie entre 50, 60 voire 80. Aujourd’hui nous avons soigné ceux qui étaient là, les autres ne sont pas encore arrivés parce qu’ils viennent des villages éloignés d’ici.

COMPEUPLE : Où trouvez-vous des médicaments (Kamina ou Songa) ?

INFIRMIER : Le dispensaire dépend encore de l’Eglise. L’Etat ne nous fournit pas de médicaments.

            Après la visite, le délégué me remit la note dont le contenu repris ci-dessous :

 

KAMUND NAWEJ                                                   Bigobo, le 23 janvier 1976.

INFIRMIER RESPONSABLE

DE DISPENSAIRE

MISSION ADVENTISTE

BIGOBO – DS- KONGOLO.

 ETAT DE BESOINS REMIS AU COMMISSAIRE DU PEUPLE.

 1°) Une maison de 9 chambres pour les malades

2°) 4 matelas pour les lits de la maternité

3°) 21 vitres des fenêtres du dispensaire.

4°) Le dispensaire manque de plafond.

                                                                        Fait à Bigobo, le 23 janvier 1976.

       -L’ECOLE PRIMAIRE  ADVENTISTE IMARA B ouMWANGAZA

 ACCUEIL PAR LE DIRECTEUR.

Animation par les élèves ; le groupe d’animation n’est pas très formé. Manque d’entraînement. Les enseignants ne savent pas animer.

LE MOT DU CHEF DE POSTE ET MON ADRESSE

CHEF DE POSTE : Vous n’avez pas de groupe choc ici ! Vous n’avez même pas été capables de suivre la chanson du Parti que je viens d’entonner. Cela prouve que vous n’apprenez pas les chansons du Parti, mais malgré tout, le Commissaire du Peuple vient vous rendre visite.

COMPEUPLE : En premier lieu, je vous salue au nom du Président-Fondateur du Mouvement Populaire de la Révolution, Président de la République, le Citoyen MOBUTU S.S. Les enfants c’est le Zaïre de demain et pour cela bouche, yeux et oreilles de la population, je ne manque pas de les visiter. Comme devise de notre pays : Paix, Justice et Travail, le chef de poste vous a informé de l’importance de salongo pour vous signifier que le Zaïre veut le travail. Mais nous ne pouvons travailler convenablement que si nous sommes dans la paix et ceux qui n’aiment pas la paix doivent être jetés hors de notre Révolution au nom du MPR.

Dans la paix, il y a aussi la justice, et la justice occasionne le progrès du pays. Je vous remercie beaucoup pour votre accueil si chaleureux et je vous informe qu’après une séance de travail que j’aurai avec les enseignants je tiendrai une conférence à l’intention des élèves de 6ème et du cycle d’orientation.

LE CONSTAT DE L’ETABLISSEMENT SCOLAIRE : Une classe de 6ème  avec 30 élèves dont 4 filles, une classe de 5ème avec 25 élèves, la 4ème  avec 44 élèves , la 3ème ave 32 et  la 2ème avec 43 élèves.

PASTEUR : Le projet était de bâtir jusqu’à l’autre bâtiment que vous venez de visiter.

COMPEUPLE : Quand est-ce que la construction de ce bâtiment sera terminée ?

PASTEUR : Nous construisons seulement avec les fonds de la mission et cela fait traîner le travail.

COMPEUPLE : Qui est le directeur de l’école

PASTEUR : Dans le temps c’était SHINDANO, mais actuellement c’est un autre citoyen dont le dossier traîne à la Sous-Division.

-LE CYCLE D’ORIENTATION

PASTEUR : Ce bâtiment servait pour l’internat des filles, 1ère : 21 élèves, 2ème 15 élèves, deux professeurs sur les trois sont présents, le préfet est absent. 26 élèves sont présents pour toutes les deux classes, les professeurs sont payés par l’Eglise. Il en est aussi des enseignants de l’école primaire IMARA B et quand il y a un manque de matériel, c’est le pasteur qui fournit.

 Après une brève séance d’animation le chef de poste me présenta en ces termes :

Vous avez la joie aujourd’hui d’accueillir le Commissaire du Peuple LUMBU MALOBA NDIBA, qui est les yeux, la bouche et les oreilles de la population.

COMPEUPLE : Pour les élèves du cycle d’orientation on peut s’adresser en français. Je vous salue chaleureusement et vous informe qu’après la séance de travail avec les enseignants, je tiendrai une conférence en votre intention.

 d) LA SEANCE DE TRAVAIL AVEC LES ENSEIGNANTS.

COMPEUPLE : Dans mon travail de bouche, yeux et oreilles de la population, j’étais envoyé ici pour vous voir, entendre vos doléances et vos suggestions, et vos désirs. Membre de la Sous-Commission chargée de la jeunesse, j’ai tenu à m’entretenir aussi avec les élèves. Je sais bien que les enseignants connaissent mieux la situation du pays, qu’ils ont beaucoup d’idées, des suggestions pour la meilleure construction de notre pays. Je vous cède alors très vite la parole et voudrais que vous me parliez sans crainte, sans cacher quoi que ce soit, car lorsdqu’un problème est exposé, il devient facile d’y trouver la solution.

SHINDANO PONYO : (Direcole Imara B). Je suis dans d’énormes difficultés car envoyé ici depuis le 22 octobre 1975, je n’ai pas été reçu, je n’ai pas un bureau et le pasteur a caché tout le matériel, il se permet même d’entrer dans des classes pour me chasser. Les adventistes pensent que moi je suis venu ici pour faire des querelles à caractère religieux alors que réellement je suis porteur de lettre officielle qui m’y envoie. Il voudrait faire d’un fils d’un pasteur un directeur d’école et mon prédécesseur ne veut pas m’obéir. La population se mêle et m’injurie et je voudrais que vous arrangiez ce problème. J’ai fait une mise en place et le Pasteur s’est permis de chasser les enseignants que j’ai retenus. Je ne suis pas originaire d’ici et mon traitement est bloqué.

COMPEUPLE : Je suis la bouche, les yeux et les oreilles et je sais que vous avez un chef de localité, un chef de collectivité, un Commissaire de zone tout comme dans le cadre de l’éducation, vous avez des chefs hiérarchiques à qui vous avez sans doute soumis le problème et j’aimerais connaître quelle a été la solution ?

LUHUNGA AHOZI : (Pasteur et Chef de Station). Le 22 octobre 1975, j’ai reçu le Citoyen SHINDANO et le Citoyen MULONGO qui m’ont présenté une lettre désignant le citoyen Shindano comme Directeur-adjoint, j’étais étonné parce qu’à cette école il y avait un autre directeur. J’ai alors appelé mon Directeur pour savoir ce qui s’était passé dans la réunion parce qu’on lui avait demandé de partir avec les dossiers des enseignants. Mon directeur m’informa qu’il ne connaissait pas le Citoyen Shindano. J’examinais le cas et constatais que le citoyen Shindano n’était pas envoyé dans mon école parce que sur sa lettre on y marque qu’il est envoyé pour l’école IMARA comme Directeur-adjoint. Et à côté de mot « IMARA » on y voit alors marqué en bic la lettre « B » or mon école porte le nom de MWANGAZA.

Le 31 octobre 1975. J’étais avec le citoyen MEZA à qui je résentais le bâtiment en construction, j’ai vu là-bas des militaires qui sont arrivés et m’ont demandé d’aller avec eux à l’école. Lorsque nous y sommes arrivés, avec un Adjudant en Chef, le citoyen Shindano tint un discours violent. L’adjudant en chef me dit qu’il est parti de Kinshasa, Lubumbashi, Kalemie, Kongolo et maintenant qu’il était à Bigobo pour voir les écoles. Je me réalisais que cela n’était pas possible car un militaire ne devrait pas visiter les écoles et cela m’a fait supposer que le citoyen Shindano n’était donc pas en ordre. J’étais très très mécontent d’avoir été escorté de cette façon alors que je ne m’occupais pas des écoles. Le lendemain, samedi, alors que j’étais à l’église j’ai de nouveau été convoqué par le chef de poste qui était en compagnie du citoyen Shindano.

J’étais choqué parce que c’est la mission qui avait créé cette école et nous n’avions pas refusé de la céder à l’Etat. Mais voilà que nous avons commencé à être fouetés. Je me suis dit qu’il s’agissait d’un autre problème parce que s’il s’agissait de l’école, nous allions nous entretenir à ce sujet. Mais comme on n’y amenait les militaires ce qu’on voulait me tuer. Je demandais aux militaires de tirer alors sur moi.

Quand je suis arrivé à Kongolo, l’Inspecteur me menaça, je me présentais alors chez le Commissaire de zone qui me dit qu’il ne connaissait pas la personne qui avait envoyé des militaires à mon école. Cet enfant (enseignant) n’avait pas encore ses pièces et il a occupé la 6ème. Nous avons dit au citoyen Shindano, sans crainte, que nous lui avons cédé  l’école mais nous ne lui céderons pas les livres parce que c’est la mission seule qui les avait achetés et qu’il fallait qu’il se débrouille. Après quelques jours, le Citoyen Shindano vint réclamer auprès de moi une maison d’habitation, je lui ai dit que je n’avais pas de maisons et que pour céder une maison il fallait une autorisation de mes supérieurs. Je suis arrivé un jour chez le Commissaire de Zone MWANA PANGA où son secrétaire m’informa que le directeur de mon école primaire avait dit qu’on lui avait refusé la maison et le bureau et qu’on avait interdit aux enfants d’entrer à l’école le samedi. Mais le Commissaire de zone lui-même Mwana Panga ne m’a pas dit un mot.

Lorsque je suis rentré ici à Bigobo, j’ai appelé le citoyen Shindano à qui j’ai dit que ce n’était pas dans ces conditions que nous allions travailler. Je pourrais lui céder le bureau, une table, et une chaise mais je n’avais pas d’autres objets. Je lui a informé aussi que le Citoyen MULONGO n’était pas mon ennemi. Le citoyen Shindano est un ivrogne et chaque fois qu’il est ivre, il se met à injurier. Il n’est pas directeur de mon école, il est venu pour être directeur-adjoint de l’école IMARA et mon école ne s’appelle pas IMARA mais bien MWANGAZA. Je reçus alors une lettre dans laquelle j’étais informé que toutes les écoles privées dépendraient désormais de l’Etat. Je ne supportais pas, car je trouvais que cela est une manœuvre contre les enseignants qui étaient sur place. L’école ne me regarde pas, je m’occupe du dispensaire qui appartient à la mission. Je n’ai jamais eu un entretien sérieux avec le citoyen Shindano, mais il m’a accusé à Lengwe comme quoi j’interdisais le M.P.R. à l’école et que je demande qu’on apprenne la religion aux élèves. Il prétend aussi que les enseignants sont menacés, comment peuvent-ils être menacés alors que c’est moi qui les avais engagés ?

J’ai porté la chose à la connaissance du Commissaire de zone notamment les menaces de mort.

Quant j’ai été convoqué chez le colonel, j’ai encore dit clairement, que Shindano a été envoyé pour l’école de Mulongo, ils font maintenant un complot pour s’emparer de cette école. Les professeurs viennent des milieux différents.

CHEF DE POSTE : Cette affaire est déjà entre les mains des autorités. Nous, nous voulons le progrès de nos enfants et ce progrès ne réside pas dans les discussions inutiles, les enfants souffrent. Vous, vous dites que vous ne connaissez pas le directeur Shindano et le citoyen Shindano affirme qu’il a été envoyé ici. Citoyen Shindano, avez-vous un document officiel par lequel vous êtes désigné ici par le Gouvernement ?

SHINDANO : J’ai une lettre d’agréation de nouvelles écoles et nouvelles classes (IMARA/BIGOBO ex-adventiste) n° 1007/S/REGED/021/1557/75 (il se retire pour aller chercher le document).

FULABANTU : Est-ce que vous vous réunissez seulement avec les intellectuels ? Alors le reste de la population ?

COMPEUPLE : Il y a un programme que nous devons respecter. Nous allons avoir contact avec toutes les couches de la population.

NYEMBO KIWAGA : J’aimerais que les intellectuels et le reste de la population se mêlent pour avoir une idée.

COMPEUPLE : ça c’est votre initiative, vous devrez faire ça vous-même, c’est mon secrétaire qui a élaboré même le programme. .

NYEMBO KIWANGA : Dans le temps, les déplacements étaient très faciles parce qu’il y avait beaucoup de moyens de transport, mais maintenant il n’y a plus de véhicules et en plus de cela, les routes ne sont pas entretenues. Nous demandons que l’Etat mette des véhicules de transport à notre disposition.

COMPEUPLE : C’est bien comme idée, mais c’est malheureux comme développement. Dans d’autres endroits, ce sont des hommes d’affaires. Ici il n’y a pas des hommes d’affaires ? Si les gens ne peuvent pas investir, c’est parce que la paix nous manque. Ce n’est pas seulement l’Etat, mais nous aussi, nous-mêmes, nous sommes appelés à bâtir notre pays. Il y a de faiblesses.

MUYUMBA MUGALU : Dans la zone de Kongolo, les choses ne marchent pas. Les prix des magasins montent à tout moment, la population ne sait rien faire parce que les prix de ses produits de champs restent stationnaires. Qu’allons-nous faire ?

COMPEUPLE : C’est la même situation qu’à Kinshasa. Les autorités prennent des mesures mais c’est au niveau de l’exécutif que ça ne va pas, pourquoi parce que les mêmes personnes qui ont de gros magasins sont celles-là mêmes qui sont chargées de faire le contrôle, ça ne va pas. Et même à Kinshasa, cela se fait de cette façon mais ceux qui ont été surpris ont été sanctionnés. Une autre raison, c’est celle de la crise économique qui frappe gravement notre pays. Ceux qui ont le monopole dans certains articles augmentent le prix parce qu’ils n’ont pas de concurrents. Soyez vigilants, dénoncer ceux qui vous volent parce que l’Etat n’a demandé à personne de voler les autres et quand même l’ONACER secomporte mal, il faut le dénoncer aussi, d’ailleurs, moi-même j’irai le dénoncer à Kinshasa. Vous vous plaignez aussi de vol de vos chèvres par les militaires mais vous ne dénoncez pas ces militaires à leurs supérieurs et quand même une commission de contrôle vous pose de questions vous répondez que vous avez fait des dons. Comment mettrons-nous fin à cette situation ? Comment allez-vous évoluer si vous êtes si peureux ? J’étais voir le colonel et je lui ai tout dit sur les vols commis. Il m’a répondu qu’aucune plainte n’avait été posée à charge d’un militaire, comment cela est possible, vous devez éduquer la population afin qu’elle se réveille. Nous nous votons les lois et c’est malheureux que ces lois ne soient pas appliquées ou suivies.

MWANA NGOY MUGIMBI : Pourquoi nous demande-t-on le permis de séjour à peine que nous arrivons à Kongolo ?

COMPEUPLE : J’irai m’enquérir de cette situation auprès du chef de centre de Kongolo.

LUNGA AHOZI : En ce qui concerne la santé, l’Etat nous accordait des subsides pour les dispensaires mais maintenant il ne donne rien. Les malades viennent des coins reculés mais ils n’ont pas de logement. L’Etat ne pourrait-il pas nous aider à construire des logements pour les malades

COMPEUPLE : J’ai déjà visité le dispensaire et constatais cette situation malheureuse.

MULONGO KAYOMBO : (Directeur école primaire IMARA). Citoyen Commissaire du Peuple, je suis content de m’entretenir avec vous. Nous avons de problèmes mais nous ne les exposons pas et nous ne dénonçons pas les auteurs, cela fait reculer le pays mais il y a des abus parce que certains auteurs sont couverts par leurs frères qui occupent des grades supérieurs.

COMPEUPLE : Je vous ai demandé de dénoncer même ceux qui couvrent les mauvais agents.

MEZA DYUBA : Dans son discours, le Président du M.P.R. a dit qu’on allait abolir les classes sociales mais ici cela n’est pas encore appliqué et puis l’Etat a dit qu’il donnera les uniformes et d’autres objets mais jusqu’alors nous ne voyons pas tout cela.

COMPEUPLE : Je prends bonne note.

KASONGO FULABANTU : On nous parle de l’I.M.K. voulez-vous nous dire les conditions d’admission, est-ce seulement pour les Kinois ? L’internat qui était dirigé par les religieux et très mal géré par le directeur actuel civil. Le problème de l’école IMARA B ici à Bigobo nous ne voudrions pas que vous laissiez ce litige persister.

COMPEUPLE : L’I.M.K. n’est pas un institut comme les autres, c’est une école du parti et le Président-Fondateur lui-même l’a définie comme une école de la vie. Son but est de former les cadres en leur informant des lignes importantes de la vie politique, économique et sociale de notre pays. Les cadres du Parti detout rang y sont convoqués pour y être formés. En ce qui concerne la mauvaise gestion des internats, veuillez dénoncer les abus cependant j’ai eu l’occasion de visiter des internats et j’ai constaté qu’ils ont aussi leurs difficultés. En ce qui concerne le problème de Bigobo, moi je suis Commissaire du Peuple et j’appartiens au Conseil Législatif, l’organe qui a pour mission de légiférer et contröler l’application des lois. Il y a des autorités judiciaires dont la mission est de trancher les litiges tout comme il y a des autorités de l’exécutif et dont la mission est d’appliquer, d’exécuter des mesures et des décisions prises. Or il y a une décision de Bureau Politique qui demande le contrôle des écoles par l’Etat, pourquoi à Bigobo cette décision n’a pas été exécutée ?

            De toute façon, de Kinshasa je sais que l’école de Bigobo revient à l’Etat mais je ne connais pas qui est le directeur de cette école. Sur base des documents que possèdent les intéressés, nous verrons comment mettre un terme à ce litige.

KASONGO FULABANTU : Le pasteur ne croit pas que le citoyen Shindano est venu pour travailler.

COMPEUPLE : C’est ça, ce n’est pas à cause de tout ce que vous venez de dire que moi je rendrai une décision

LUHUNGA : (Pasteur). Je n’ai pas refusé avec l’école mais la façon dont cette personne est venue ne m’a pas intéressée.  Les litiges nés du nom de l’école, car depuis toujours mon école ne dépend pas de celle de MULONGO ? Mon école ne s’appelle pas IMARA B mais plutôt MWANGAZA.

CHEF DE LOC. BIGOBO : Il n’y a jamais eu de problèmes ici autrefois entre l’école protestante et l’école catholique. Voilà que maintenant il y a de litiges. Ils sont partis pour Lengwe sans l’avoir souhaité car tous se craignaient. Maintenant vous êtes venu et c’est vous qu’on attendait, tranchez ce litige car si vous le laissez, les gens vont s’entretuer. Amener les fusils jusqu’à la mission, cela est très dangereux.

COMPEUPLE : C’est le chef de poste qui doit trancher.

SHINDANO : Voici mes documents.

COMPEUPLE : (Lisant le premier document). Citoyen SHINDANO PONYO, je porte à votre connaissance la nomination comme Directeur-Adjoint à l’école IMARA.

MULONGO : Moi j’ai eu un document m’informant que Bigobo adventiste avait connu un ajout de 3 classes, PALATA, S/Divisionnaire, m’a dit qu’il m’avait accordé les 3 classes. Puis il avait posé la question au directeur s’il avait reçu cette note et le directeur a répondu par l’affirmative.

On nous a dit aussi qu’on a ouvert aussi d’autres écoles dans toutes les zones mais ce dont me reproche le Pasteur c’est parce que Shindano est arrivé d’abord chez-moi et que j’avais commencé de l’accompagner ici.

TSHABALA PEYE : Quand le chef de S/Division est arrivé à Kongolo, il m’a amené une lettre qu’il m’a prié de communiquer puis il m’a demandé le nom de l’école primaire ex-adventiste et je lui ai cité le nom MWANGAZA en présence du citoyen Mulongo. Enfin, le S/divisionnaire m’a demandé d’amener les dossiers des enseignants. Je suis parti alors pour Kamina et ce fut après l’arrivée de Shindano.

LUHUNGA : Notre école n’avait pas été agréée, quand nous avons présenté cette école c’est alors que les problèmes ont surgi. Le cachet de mon école porte la mention « ECOLE MWANGAZA ».

SHINDANO : (Me présentant une lettre).

COMPEUPLE : Vous me présentez cette lettre pour prouver quoi ?

SHINDANO : Pour vous dire que le Pasteur m’a reconnu.

LUHUNGA : Je lui ai envoyé cette lettre pour lui permettre d’introduire les dossiers des enseignants et en ce qui concerne le cachet de mon école, c’est depuis le début qu’il porte le nom de mon école.

DIRIGEANT ADJ/COLL. : Depuis que vous avez présenté le nom de MWANGAZA, vous envoie-t-on des lettres à quel nom ?

LUHUNGA : C’est lui qui a présenté, a donné un autre nom avant que le nom que nous avions présenté sorte, IMARA A, B se voit comme une seule école parce que le secrétaire de Shindano était un enseignant d’IMARA.

COMPEUPLE : (S’adressant au citoyen MULONGO). Qui est le Directeur-Adjoint chez-vous ?

MULONGO : SHINDANO m’avait informé depuis Kongolo qu’il était devenu Directeur-Adjoint chez-moi mais à son arrivée ici à Bigobo il m’a dit que le problème avait changé.

COMPEUPLE : (S’adressant à SHINDANO). Avez-vous d’autres documents qui décident de votre changement et qui vous envoient à l’ex-école adventiste ?

SHINDANO : Non. J’ai seulement cette recommandation de faire la remise etla reprise avec le pasteur.

            Après toutes ces explications, je me retirais avec le chef de poste, le dirigeant de la J.M.P.R./Zone, le délégué du chef de collectivité, le dirigeant de la collectivité, le chef de localité Bigobo pour délibérer de ce cas. A l’unanimité, nous constations les grandes failles qu’il y avait dans ce problème.

COMPEUPLE : S’adressant à l’assemblée, vous savez puisqu’il s’agit d’un problème politique et qu’il y a des failles dans l’exécution après les mesures du Bureau Politique, le Chef de localité Bigobo, le dirigeant de collectivité, le délégué du chef de collectivité, le dirigeant-adjoint de la JMPR/Zone, le chef de poste et moi-même avons décidé :

 1°) la remise et reprise dans l’immédiat de l’école entre les missionnaires et l’Etat que nous représentons.

 2°) Les documents en notre possession démontrent que le citoyen SHINDANO est directeur-adjoint de l’école primaire IMARA, par conséquent, nous demandons au citoyen Shindano de rentrer à l’école où il avait été affecté en attendant la désignation d’un directeur pour l’école ex-adventiste. L’ancien directeur de l’école primaire MWANGAZA assumera les affaires courantes.

            La remise et la reprise doivent intervenir sans tarder.

 e)LE PROCES-VERBAL DE REMISE ET REPRISE DES BIENS    APPARTENANT A L’ECOLE ADVENTISTE DE BIGOBO.

          A l’occasion de la remise et reprise intervenue entre le pasteur LUHUNGA AOZI et le citoyen CHABALA PWELA, le chef de poste avait dressé le procès verbal de constat dont la teneur suit :

-1 carte du Congo-Belge ; -1 carte politique de l’Afrique ; -1 carte du Monde ;

-1 carte physique du Zaïre ; -1carte physique de l’Afrique ; -2 cartes de Palestine ;-2 cartes planisphère ; -1 balance (péson) ; -1 globe terrestre ; -1 litre, décilitre, centilitre ; -2 équerres ; -1 livre the science of living things ; -1 kitabu cha walimu ; -1 cahier d’inscription ; -1 livre de science d’observation ; -1 résolvons nos problèmes ; -1 cours moderne calcul 5è ; -1 livre rédaction et français ; -1 physiologie and hygiène ; -1 grammaire nouvelle ; -1 cours moderne d’arithmétique 3 ; -1 Réfléchissons : exercices d’arithmétique 6è ; -1 orthographe vaincue ; -1 grammaire nouvelle et le français 4è ; -2 vademecum de maître ; -1è degré, 3è degré ; -1 livre unique de français de l’écolier africain 5è ; -1 notre Congo nouvelle géographie ; -1 observer pour comprendre ; -2 journaux declasse usagés ; -1 programme de la 3è année, 1 bars Afrika ; -1 Le Congo-Belge ; -1 calcul 4è (élément du calcul) ; -40 cahiers usagés ; -1 taille-crayon ; -1 carte du monde (mappemonde) ; -1 caisse ; -2 cachets (ancien et nouveau) ; -4 maisons d’habitation pour enseignants (en tôles) ; -2 maisons en paille ; -1 horloge ; -1 bâtiment avec 2 classes (l’église reste pour les missionnaires) ; -1 bâtiment en pailles avec 3 classes ; -1 bâtiment inachevé avec 3 classes et 2 bureaux.

L’INTERNAT (C.O. ACTUELLEMENT).

Le bâtiment avec deux salles, (le bâtiment annexe de l’internat),le bâtiment (8 lits doubles, 6 en bon état).

AU BUREAU : Deux chambres : école primaire et C.O., une carte, (4 nattes au plafo

A L’INTERNAT :

8 lits doubles, dont 6 en bon état, 5 tables de réfectoire en mauvais état + 5 bancs, (les élèves qui sont à l’internat 8), 7 matelas, trois armoires, étagères et un lit. 13 couvertures, une table, une lampe, trois seaux,3 casseroles, 2 mortiers, 24 plats

            Nous disons que cette remise et reprise est véritable et sincère donc nous laissons tous les objets à la responsabilité du Citoyen CHABABA PWELE, témoins : le délégué du chef de collectivité, le citoyen TWITE MBUNGU ya SONGA, chef delocalité, BIGOBO MWEHU.

 POUR LA REPRISE,                                               POUR LA REMISE,

Sé/CHABALA PWELA.                                         Sé/LUHUNGA AHOZI

 

                                               LE VERBALISANT,

                                       Signé/MULIMBI, Chef de poste

 f)   LA CONFERENCE A L’INTENTION DES ELEVES.

          Pendant que la remise et reprise se déroulait, je tenais ma conférence à l’intention des élèves. Après mon exposé, les élèves me posèrent les questions suivantes :

NYEMBO MUYUMBA : Nous de la Mission adventiste, nous manquons de fournitures scolaires, n’y a-t-il pas moyen pour que vous nous en envoyiez ?

KATUKU MILANGA : Nous vous prions d’augmenter des classes et puis nous manquons les documents de civisme.

 NYEMBO MULENDA :   Nous demandons un livre de « MOBUTISTE »

COMPEUPLE : Je prends bonne note de vos doléances.

LUHUNGA : (Pasteur). Je suis allé au C.O. MUUNGANO de Mbulula, il n’a pas de livres on attend l’arrivée de leur préfet.

Au nom de tous les élèves pour votre arrivée, nous vous remercions beaucoup, Citoyen Commissaire du Peuple.

 g)       LA RECEPTION ORGANISEE PAR LES ENSEIGNANTS.

           Il était donc impossible de rentrer à Mbulula à 12 heures 30’ comme nous l’avions souhaité et c’est à la résidence de mon oncle paternel que nous dînâmes.

Une chèvre nous avait en effet été offerte par les enseignants. Il était 16 heures 2°’ lorsque nous rejoignîmes la place publique où devait se dérouler le rassemblement populaire.

 h)      LE RASSEMBLEMENT POPULAIRE

CHEF DE POSTE : Nous vous remercions beaucoup d’être venus nombreux accueillir le Commissaire du Peuple. Nous avons déjà été à beaucoup d’endroits pour nous entretenir avec la population et aujourd’hui, le Commissaire du Peuple est parmi vous pour entendre vos doléances, pour être votre interprète auprès du Chef de l’Etat. BIGOBO c’est une localité réputée depuis longtemps. Aujourd’hui, ces problèmes seront examinés avant que les décisions soient prises.

COMPEUPLE : Je vous salue au nom du Chef de l’Etat. Le Chef de poste vient de vous dire le but de notre voyage et je compte vous parler seulement après vous avoir entendus. Je vous remercie beaucoup de la mobilisation, nous n’avons donc pas commis une erreur lorsque nous avons décidé de faire à Bigobo une étape Je suis les yeux, les oreilles et votre bouche. Informez-moi sans crainte et ne gardez pas de secrets car on arrange un problème que quand il est connu. Les personnes qui font partie de ma suite ne vous occasionneront pas de difficultés après mon départ. Je suis votre serviteur, je vous cède la parole.

KAYUMBA MOYO : Lisant une lettre au nom de la population dont le contenu suit :

                                                                        Bigobo, le 22 janvier 1976.

 Citoyen Commissaire du Peuple,

            Nous vous remercions beaucoup de votre arrivée parmi nous.

Depuis l’accession de notre pays à l’indépendance, nous n’avons jamais vu un Commissaire du Peuple alors appelé Député, se rendre dans les villages pour prendre contact avec la population dont il représente.

            Nous allons vous exposer nos difficultés, les difficultés de la population de Bigobo tout entière :

1°) Nous ne récoltons plus beaucoup parce que la population est occupée aux travaux d’entretien des routes juste au moment où elle devait faire des travaux des champs.

2°) Nous demandons que les constructions des bâtiments des écoles se fassent au mois de juillet pour nous permettre de nous occuper de nos champs.

3°) Il y a des cantonniers entre le tronçon de Kongolo à Kibeya, comment se fait-il qu’il n’y a pas des cantonniers dans le tronçon de Kibeya à Pende ?

4°) Nous regrettons aussi en ce qui concerne les prix de nos produits agricoles. Le coton est vendu avec un très grand retard mais à un autre prix que celui proposé lors de la culture. Or nous n’avons pas d’autres revenus pour faire face à nos besoins personnels, payer l’impôt, etc.

5°) Nous demandons qu’il y ait un dispensaire sous la dépendance de l’Etat qui nous fournira les médicaments.

6°) Nous demandons aussi une école, cycle d’orientation, et école supérieure pour nos enfants qui doivent se déplacer à Kongolo, Nyunzu, Kalemie en quête d’une école supérieure de leur choix.

                                                                       Sé/LA POPULATION DE BIGOBO.

 CHEF LOC. : Le chef monte la garde du hangar du coton, quand le coton est volé c’est lui qui paye les pôts cassés, mais il n’est jamais récompensé lorsque ce coton est bien gardé. En ce qui concerne le maïs, il faut remettre une chèvre ou plus au commerçant qui vient vous acheter le maïs, ici chez-nous nous avons remis une chèvre pour implorer les Ets. KIBWE SAKINA à nous acheter le maïs.

ANIMATION : Par un groupe d’enfants de 8 à 12 ans vêtus.

LUMBU  LUTETE : (Vendeur magasin). Nous avons aussi des problèmes avec les militaires qui attrapent des chèvres de la population sans autorisation et quand vous voulez protester on vous tape est-ce bien cela ? Et puis quand il y a un jeune qui est allé voler à Kongolo ou ailleurs, quand les militaires apprennent que ce jeune est du village tel, ce village est pillé par eux soit disant que nous sommes des voleurs !

MUYUMBA KABIONA : Nous avons beaucoup de difficultés ici chez-nous, vous êtes notre salut. En ce qui concerne la J.M.P.R. ici, pourquoi ne veut-on pas nous délivrer des attestations prouvant que nous sommes élements de la JMPR ? Quand les militaires vous arrêtent, ils ne demandent rien d’autres que les attestations !

Nous faisons la patrouille pendant la nuit, quand il y a une bataille entre deux personnes vous êtes obligé de les séparer, et quand vous les amenez à Mbulula, le chef MULOKO vous demande l’attestation et quand vous n’en avez pas, on vous traite tous d’ivrognes et vous demande de payer 5 Zaïres chacun, vous voilà puni alors que vous êtes dans l’exercice de vos fonctions. Il faudrait qu’on nous envoie aussi des tenues. Le coton aussi est mal acheté ici chez-nous, il coûte 8 K le kg alors qu’à Muguya, il est vendu à 10 K le kilo, nous nous demandons ce que cela signifie.

SANGWA KASENGELA : (Cultivateur). Il y a eu un problème au sujet des palmiers de mon père. Mon père après avoir porté plainte a eu raison après qu’un jugement ait été rendu. Mais la partie lesée est de nouveau allée porter plainte après avoir corrompu les autorités. Le premier jugement a été cassé et les palmiers leurs avaient été remis. Où est la justice ? Et puis quand votre femme est décédée, la collectivité vous exige de payer 60 Zaïres.

SANGWA MUHOYA : Avant l’indépendance, les Belges désinfectaient nos champs pour en tuer les insectes qui rongeaient les plantes. Maintenant ce produit n’existe plus ? Quand vous semez quelque chose, vous ne pouvez récolter que la moitié de ce qu’on a planté ? Nous avons demandé à l’agronome de nous amener ce produit (D.D.T.) mais rien n’est fait, nous vous prions d’être notre interprète à ce sujet.

AZIZA : Nous les vieilles mères nous ne pouvons pas aller à l’école en même temps que nos enfants. Nous demandons que le gouvernement prévoit la construction d’un foyer social ici chez-nous.

COMPEUPLE : C’est déjà le soir alors qu’à 14 heures je devais être à Mbulula. En ma qualité de votre bouche, oreilles et yeux, tout ce que vous m’aviez informé, je serai votre interprète de la collectivité, à la zone, la S/Région et hauts instances pour les problèmes les plus importants.

Dans beaucoup de localités, ce que j’avais retenu après les doléances de la population était le manque de vigilence. Nous devons nous réveiller, la révolution nous demande d’être vigilants. La devise de notre pays proclame la paix, la justice et le travail. Le Président du M.P.R. a beaucoup lutté pour le progrès de notre pays mais malheureusement parmi ses collaborateurs se trouvent ceux qui ne pensent qu’à leurs propres intérêts, ce sont ceux-là qu’il faudrait dénoncer. Ceux qui profitent pour acheter vos produits vivriers à un prix inférieur de celui pour lequel ils sont recommandés, la différence est leur gain qu’ils mettent dans leurs poches. A votre niveau, vous condamnez le gouvernement que vous croyez être mauvais alors que ce sont certains individus qui sont mauvais et que vous ne dénoncez pas. Dans la collectivité de Mambwe et partout ailleurs on se plaint d’extorsion de chèvres, j’en ai parlé aux militaires et leur chef m’a dit qu’il n’a jamais récolté des plaintes de la population à ce sujet. La population donne de temps à autre des chèvres et d’autres biens aux militaires comme cadeaux mais après le départ de ces derniers, la même population se plaint de s’être vu arracher ses biens. J’ai été à Mbulula où m’entretenant avec le chef de collectivité, je lui avais reproché du comportement des policiers. Le chef m’avait dit qu’il n’avait jamais envoyé les policiers arracher les biens de la population et que si au cas où certains policiers avaient arraché les biens de la population, c’était sans son autorisation et si quelqu’un se plaignait de cela il  sanctionnerait les mauvais policiers.

DIRIGEANT/JMPR/ZONE : Ceux de nos éléments qui sont envoyés pour arrêter quelqu’un dans un village, l’intéressé leur donne des chèvres et vous avez peur de les dénoncer à la zone ou auprès de ses supérieurs au cas où c’est lui-même qui a arraché certains biens. Le Commissaire du Peuple vous a dit tout clairement. Partout, nous de la J.M.P.R. nous sommes accusés et cela est vrai. Nos élements viennent vous intimider pour voir si vous êtes capables de résister et si jamais ils constatent que vous n’êtes pas vigilents, ils vous réclament alors des biens, des chèvres entre autres, c’est dommage que quelqu’un de la J.M.P.R. porte un chapeau, se met sur la route pour déranger la population, fasse appel à un militaire non en service pour aller réclamer des chèvres et d’autres biens à la population. Et tout ce qu’on vous fait vous ne dites rien, vous ne dénoncez rien. Très loin, où nous nous trouvons, nous pensons entre temps qu’à Bigobo, tout va bien. Nous vous exhortons de vous réveiller, ne vous faites plus tromper, et quand quelqu’un vient semer le désordre, ligotez-le et amenez-le auprès de ses chefs.

COMPEUPLE : Nous sommes décidés de faire réveiller la population mais quand on m’a informé de ce qui s’était passé à Lunga par le chef de collectivité, j’étais fort mécontent, je donne d’ailleurs la parole au délégué du chef.

TWITE : Vos difficultés sont réelles mais vous en êtes vous-mêmes les responsables. A Lunga, lorsque les militaires sont allés arracher des biens. Informé, le chef de collectivité a appelé les militaires et les habitants du village extorqués. Lorsqu’ils sont arrivés, ceux qui avaient été extorqués ont dit au chef en présence des militaires, qu’ils avaient volontairement donné leurs biens aux militaires. Que pouvait faire le chef de collectivité devant un tel cas

COMPEUPLE : La dot ici chez-nous consiste en chèvres. Les chèvres c’est notre richesse. J’ai préféré voir tous les responsables et hier j’étais à Lengwe voir le colonel. Celui-ci m’a dit que c’était la première fois qu’il avait reçu un tel rapport. Que d’ailleurs la justice militaire était tellement sévère que qui que ce soit des militaires qui se comporterait mal, qui volerait des chèvres, serait gravement sanctionné. Vous êtes donc dans un grand sommeil. Réveillez-vous !.

            Du lieu de rassemblement populaire, je rentrais à la résidence de mon oncle paternel où le Lumay-may était servi à gogo à toute ma suite mais entre temps je reçus de nouveau le pasteur LUHUNGA AHOZI qui m’entretint cette fois-ci de sa mission évangélique et de l’exemption de l’impôt qui lui semblait être nécessaire. Le pasteur me présenta sa lettre de créance où je retîns que la mission évangélique des adventistes du 7è jour, A.S.B.L. possède une personnalité civile reconnue par l’arrêté du 5 octobre 1926 (B.O. numéro 11, 1926 page 1071), par arrêté n° 166 du 23 juin 1967, l’ordonnance-loi n° 736/013 du 14 février 1973, modifiant la loi n° 71/012 du 12 décembre 1971.

 i)  LE RETOUR A MBULULA

            20 heures avaient déjà sonnées lorsque nous quittâmes Bigobo et dans une grande joie même les militaires chantaient la chanson fétiche des Bena Mambwe. Cette fois-ci en substituant le nom MOBUTU par mon nom et le nom Mambwe par Nyembo. « Maloba hii ; iii, eh ; eee, Batwe bena Nyembo, batwe baholi mulila », qui signifie Maloba, nous les bena nyembo sommes en train de pleurer !

            Après tant d’occupations au cours de la journée, nous ne tardâmes pas à rejoindre nos lits car le lendemain une autre visite importante nous attendait dans le grand village de Kayanza.

 

 A suivre