16 Juin, 2014
Dans cet ouvrage aussi autobiographique que le précédent est retracé en cinq chapitres, la personnalisation de l’auteur en « yeux, oreille et bouche de la population » tant pendant ses vacances parlementaires de décembre 1975 et janvier 1976, qu’en sa défense de la jeunesse lors de l’audience accordé par le Président de la République à la JMPR/CVK le 05/02/1976 et enfin en l’exigence avec ses collègues parlementaire du bon comportement des autorités des forces armées dans le district de Tanganyika.
INTRODUCTION
Dans cet ouvrage je décris la manière dont j’avais passé mon premier mandat parlementaire de 1975 à 1977.
En effet, ma candidature ayant été retenue par le Bureau Politique, j’avais été proclamé Commissaire du Peuple de la Circonscription de Tanganika.
Un mois seulement après la validation de mon mandat, je m’y étais rendu en vacances parlementaires pour remplir mon obligation d’être la bouche, les yeux et les oreilles de la population.
Ayant quitté Kinshasa, le 29 décembre 1975, j’avais atteint Kongolo, le 1er janvier 1976. La tournée dans ma circonscription électorale avait pris tout le mois de janvier 1976 et m’avait donné l’occasion de me trouver aux côtés de la population de plusieurs collectivités de la Zone de Kongolo.
J’avais commencé d’abord par prendre contact avec les autorités de la zone ainsi qu’avec certains responsables au chef lieu de la zone avant de me rendre dans la collectivité de Lubunda à la rive gauche de Lualaba puis dans les collectivités de Yambula, Nkuvu, Mambwe, Nyembo et Baluba à la rive droite et enfin la cité de Kongolo m’accueillit.
Le mauvais état de routes ou le manque de moyens de locomotion ne me permirent pas d’atteindre dans la zone de Kongolo, les collectivités de Munono, Muhona et Basonge.
En dehors de la zone de Kongolo, j’avais eu l’occasion de séjourner dans la zone de Nyunzu, à la localité de Lengwe pour y rencontrer le colonel Munganga, Commandant de la zone opérationnelle mais aussi à Kalemie et Kabalo autres chefs lieux de zones de la sous région de Tanganika. Seules les zones de Moba et de Manono faisant aussi parties de la circonscription éléctorale de Tanganika n’avaient pas connues ma visite.
A peine de retour à Kinshasa, j’avais été invité à rencontrer le Président de la République en compagnie de mes collègues étudiants, membres du comité sectionnaire de la JMPR/Campus Universitaire de Kinshasa.
A la convocation de la session parlementaire, j’avais présenté mon rapport et fis partie des Commissions spéciales de Tanganika et du Shaba. Cette dernière avait présenté à la plénière du Conseil Législatif, un rapporrt régional synthétique dont le contenu avait fait vibrer la salle surtout à son point concernant l’insécurité et l’arrestation à Kalemie du Commissaire du Peuple Maloba Kasongo, le Commissaire du Peuple Suppléant Munganga Makanyaka et le Commissaire du peuple Honoraire Kabwe Muzinga.
Mon mandat avait été interrompu par le discours présidentiel du 2 juillet 1977 prônant la démocratisation du pays.
Chapitre 1er MON ACQUISITION DU STATUT DE PARLEMENTAIRE.
La veille de mon examen de droit administratif devant le jury, alors que j’étudiais à l’auditoire, j’appris que le Bureau Politique allait finalement rendre publique la liste des candidats retenus pour les élections législatives. Quittant l’auditoire, je me mis ce soir à la recherche d’un poste de radio que je trouvais au home 4. Le Directeur du Bureau Politique, le Citoyen NGUNZ A KARL I BOND qui avait déclaré que les candidatures avaient été passées au peigne fin, se mit à citer la longue liste par Région et Sous-Région. La Région du Shaba était la dernière et la Sous-région du Tanganika venait après toutes les autres.. Mon nom fut cité avec ceux de KENGO WA DONDO (Chef de liste pour notre Sous-Région), SHABANI wa KALENGA, MBUYU WA NGOIE, MALOBA KASONGO, LUMBU MALOBA, KABWE MUYENGA et MWENGE SANGO.
Je me maîtrisais cependant et rentrai à l’auditoire préparer mon dernier examen de la session, malgré les diverses idées qui scrutaient mon esprit.
C’est tôt le matin que le jury composé des Professeurs NDESHO, BOUTEILLE et VUNDUAWE m’interrogea.
Dès après l’examen, j’emballai mes bagages et rentrai à la maison où tous les membres de ma famille m’accueillirent avec joie.
Le 2 novembre 1975, date retenue pour l’approbation de la liste de candidats par la population, je me rendis avec mon épouse au Vélodrome de Kintambo. La distance et mes obligations d’étudiant ne m’avaient pas permis de regagner la Sous-région de Tanganika où la liste contenant mon nom était présentée au public. La discipline du Parti primant, je me rendis compte que dès la publication de la liste des candidats retenus par le Bureau Politique, je devenais Commissaire du Peuple, tout le reste n’étant devenu que pur formalisme.
Après l’approbation des listes j’attendais impatiemment la convocation du Conseil Législatif et malgré la réouverture de l’année académique, je ne me rendais pas aux cours.
C’est à la deuxième quinzaine du mois de novembre que le parlement fut convoqué. Athanase me donna pour la circonstance ses deux abas-cost et une vieille paire de souliers rouges. A l’ouverture officielle de la session à la cité du Parti de N’sele, il m’accompagna dans sa voiture.
Le faste était grandiose. Le Président-Fondateur avait répondu lui-même au rendez-vous. Les dignitaires s’y étaient rendus en général abord de leurs Mercedes dernier cri, Jaguar ou toutes autres voitures opulantes. Les bus O.T.C.Z. portant mention Conseil Législatif étaient aussi prévus pour transporter les Commissaires du Peuple sans véhicule mais ils étaient presque vides.
Le 18 novembre 1975 avait eu lieu la séance dont l’ordre du jour était la validation des pouvoirs des élus et la formation du bureau permanent du Conseil Législatif.
La présidence du bureau provisoire avait été assurée par le Citoyen NGUZ-a-KAR I BOND, Secrétaire Permanent du Bureau Politique agissant par délégation du bureau politique.
Il était 13 heures lorsque la séance fut ouverte dans la salle du Congrès du Parti à N’Sele.
En ce qui concerne le premier point de l’ordre du jour, c’est le Citoyen NZONDOMYO qui donna lecture des résultats des élections législatives du 2 novembre 1975 par la lecture de la lettre du Commissaire d’Etat aux Affaires Politiques du 15 novembre 1975 dont voici la teneur telle que reprise dans le compte rendu analytique de ce jour, de la page 226 BIS à la page 226(12ème ):
« Les élections législatives se sont déroulées, comme prévu, le dimanche 2 novembre 1975 sur toute l’étendue de la République.
« Tôt le matin, les électeurs et électrices se sont rendus spontanément massivement et avec enthousiasme sur les lieux où devaient se tenir les rassemblements populaires au cours desquels les listes des candidats arrêtées par le Bureau Politique devaient être présentées à l’approbation du peuple.
« Dans toutes les circonscriptions électorales, les militantes et militants admis au vote ont approuvé totalement et par acclamation les listes des candidats Commissaires du Peuple et de leurs Suppléants proposés par le Bureau Politique.
« Il n’a été enregistré dans aucune des collectivités un rejet de listes.
« Les divers rassemblements populaires qui ont été tenus sur toute l’étendue du pays le jour du scrutin se sont déroulés dans l’ordre et la discipline. Aucun incident n’a été déploré ».
« En conséquence, conformément aux dispositions de l’article 28 de la loi n° 75-009 du 2 avril 1975 portant organisation des élections législatives, les Citoyens et les Citoyennes qui avaient été retenus par le Bureau Politique comme candidats effectifs et suppléants et dont les listes ont été approuvées par les électeurs sont proclamés respectivement Commissaires du Peuple et Commissaires du Peuple Suppléants.
« Ce résultat très positif traduit sans équivoque l’attachement indéfectible du peuple à la personne du Guide MOBUTU SESE SEKO KUKU NGBENDU WA ZA BANGA et constitue le témoignage le plus expressif du haut degré de conscience révolutionnaire et de maturité politique qu’il a atteint sous sa direction éclairée ».
Kinshasa, le 15 novembre 1975.
LE COMMISSAIRE D’ETAT AUX AFFAIRES POLITIQUES,
Sé/ENGULU BAANGAMPONGO BAKOKELE LOKANGA
Membre Permanent du Bureau Politique.
LISTE DES CANDIDATS COMMISSAIRES DU PEUPLE RETENUS PAR LE BUREAU POLITIQUE.
VILLE DE KINSHASA :
– Citoyenne BAGBENI ASSUMANI USU
– Citoyen KAPWASA KILISHINDA
– Citoyen KABANGI KAUMBU SHIDIKA
– Citoyen TUMBA TUKADI
– Citoyen ALI RISASI KITENGE
– Citoyen LANDU PEMBA
– Citoyen KANDE DZAMBULATE KATAMBWE
– Citoyen PAULUSI KABONG
– Citoyen DIOMI NDONGALA MUDIETU
– Citoyen GHONDA MBEY BOVIEE
– Citoyen KALAMBAY KANGOLE
– Citoyen KASHALE NTOYI
– Citoyen LOKWA BOBANDJOLA
– Citoyen NGALULA MPANDANJILA
– Citoyen SHIFELE MWATHANGUYA
– Citoyen IPOLI AZEBO
– Citoyen NZEZA N’LANDU N’DOFUNSU
Cit. NGUZ a KARL I BOND (Secrétaire Permanent du Bureau Politique) : Vous venez d’entendre la lecture de la liste des candidats élus de la Ville de Kinshasa. Quelqu’un a-t-il une objection à formuler à ce sujet ? (NON). Pouvons-nous considérer les pouvoirs des élus de la Ville de Kinshasa comme validés ? (OUI) (Applaudissements).
Je déclare validés les pouvoirs des élus de la Ville de Kinshasa. (Applaudissements)
Il avait été procédé de la même façon concernant des différentes listes suivantes regroupées aussi par région:
REGION DE BANDUNDU
a) Circonscription électorale de Bandundu :
– Citoyen MONSHEMVULA IZIASUMA KESAZO.
b) Circonscription électorale de Kikwit :
Est élu : Citoyen KAPAY MIKODI.
c) Circonscription électorale du Kwango :
– Citoyen LOMPONDA wa BOTENDE
– Citoyen MIDEDA KIZOLA
– Citoyen MAFUTA KIKULANDA
– Citoyenne MUJNGA FUMUASENDJI
– Citoyen INAMA PANZU
– Citoyen KAMOSI LULUNGU TAYANA TALAMASIS
– Citoyen MUSEY KAVUKA
– Citoyen CHATULA IKUZUMB
d) Circonscription électorale de Kwilu :
– Citoyen MABI MULUMBA
– Citoyenne LUTAY KANZA
– Citoyenne MAFUTA MINGI MAIMONA BUNTAKIENSA
– Citoyen NAKASILA BONGO KIBOKU
– Citoyen MUKUAKANI GAHUNGU
– Citoyenne ELAKA YANKAYA
– Citoyen MUKELENGE TAMBU
– Citoyen MANZILA LUBUNU
– Citoyen KWILU LUKANAU
– Citoyen KASENDE MAVU
– Citoyen NGALASI
– Citoyen DIA ONKEN AMBEL
– Citoyen MUNGANGA KAITA DAKWE
– Citoyen LENGELO MUYANGANDO
– Citoyen MEYA KITETEI LUMENGU
– Citoyen KASONGO NYEMBO.
e) Circonscription électorale de Mai-Ndombe :
– Citoyen KITHIMA BIN RAMAZANI
– Citoyen MPASE NSELENGE MPETI
– Citoyen MONSENGWO MBO a PUEBI
– Citoyen MANDEFU BONGONGO
– Citoyenne BANDELE wa EKILA.
REGION DU BAS-ZAIRE
a) Circonscription électorale de Matadi :
Est élu : Citoyen MBENGO NKALA KINSALA.
b) Circonscription électorale de Boma
– Est élu : Citoyen TONA MASESA.
c) Circonscription électorale du Bas-Fleuve :
– Citoyen ILEO SONGO AMBA
– Citoyen MBENZA THUBI
– Citoyen NSASI BENDO
– Citoyen LELO di TSAKALA
– Citoyen BUANGA PAMBU MAVUNGU.
d) Circonscription électorale des Cataractes :
-Citoyenne BANGULA TSHIBOLA TSHIFUNDA MUTSHAUDI
– Citoyen ZOLA di MALUNGA
– Citoyen KOMBO NKISI
– Citoyen NSONA KUKABUSU
– Citoyen LUYEYE NSITA-zi-LUMENE
– Citoyen SIWA DIO BANZA
– Citoyen DIATEZULUA NSIKU
– Citoyen MVUATU MBEKO MUNKASA
– Citoyenne BAFUNDISHA KAMUNA
– Citoyen WANONO wa KUYELA.
REGION DU HAUT-ZAIRE
a) Circonscription électorale de Kisangani
Sont élus : – Citoyen LENGEMA DULIA YUBASA MAKANGA
– Citoyen BWETA SOMBO
– Citoyen ALAMUZANI ATIKWELE.
b) Circonscription électorale de la Tshopo
Sont élus :
-Citoyen ENGULU BAANGAMPONGO BAKOKELE LOKANGA
– Citoyen KAMBILI ABASA ADUMANZI
– Citoyen ISIA AMUNDALA
– Citoyen KIRONGOZI FALIALA
– Citoyen MOKILI BITIMASI
– Citoyen ISAMENE KAPURUTA
– Citoyen KIMENGELE KIMODE
– Citoyen HONOKO LOOLO OLONGA.
c) Circonscription électorale de la Haut-Uélé
Sont élus :
– Citoyen MPINGA KASENDA
– Citoyen MUPANDA GBADI
– Citoyen NEMBUZU BALA ZEZEKULE BALA-ne-BELE
– Citoyen PAYTIYO WILI GBADI
– Citoyen KUPA MADUGALA
– Citoyen BAYAA MUKOKO
– Citoyen AMEGIMDRA ASEKA MUNGAKI
– Citoyenne DRABUA TANZI
e) Circonscription électorale d’Ituri :
Sont élus :
– Citoyen MOZAGBA NG’BUKA
– Citoyen KAZADI NDUBA wa DILE
– Citoyen BWANALONGBA wo TSATSI GODUTSI
– Citoyen NGITY BYARUFU TIGALYOMA
– Citoyen AVO OMELE DEMA LIYA
– Citoyenne MANSUBI NGUMBA
– Citoyen PAY DHEMBA
– Citoyen SHATCHU DYTSHI.
– Citoyen UKOKO UPIDHKIC WOD UNENITHO
– Citoyen BASAONGO MABIANGA BIN ABENA
– Citoyen BEDROKPA BALUFUBA
– Citoyen ABBE UDAGA KETHA.
REGION DU KASAI OCCIDENTAL :
a) Circonscription électorale de Kananga :
Sont élus :
– Citoyen SINGA BOYENGE MOSAMBAYI
– Citoyenne KAYEMBE LUSAMBO KAHINGA WAMBA wa LUSAMBO
– Citoyen TSHIBWABWA ASHILA PASHI wa BA-LO-BO
– Citoyen MUKENGE SHABANTU
– Citoyen MULENDA BADIBANGA.
b) Circonscription électorale du Kasaï :
Sont élus :
– Citoyen GAMBEMBO FUMU wa UTADI
– Citoyen MINGA MBENGELE
– Citoyen KATSHIAK wa KATEW
– Citoyen MALUMBA MBANGULA
– Citoyen MUTOMBO TSHAMALA
– Citoyen MANENG’ma-KONG
– Citoyen MBAYA NGANG
– Citoyen BOMBO LONA.
c) Circonscription électorale de la Lulua :
Sont élus :
– Citoyen KIWEWA FUMU KOY
– Citoyen ILUNGA DIBWE LWAKAMANYABO
– Citoyen MUZODI MULAMBA
– Citoyen NYME wa YAMBA
– Citoyen KALAMBA MWANANGANA
– Citoyen DITU SININ MIDEMB
– Citoyen KABANGE NTABALA
– Citoyen MUTOMBO TSHIBAY
– Citoyen NKONGOLO MALAYA
– Citoyen MULUMBA KATSHI
– Citoyen MAMPAKA DIALLO
– Citoyen ITAJI MUKONKI.
REGION DU KASAI ORIENTAL
a) Circonscription électorale du Mbuji-Mayi :
Sont élus :
– Citoyen KAZADI LUPELEKESE wa DUBOMBA KABONGO
– Citoyen LUKAMBA OMOKOKO ODIMBA
– Citoyenne MASENGU KANYINDA
b) Circonscription électorale de Kabinda :
Sont élus :
– Citoyen BUMBA MOASO DJOGI
– Citoyen TSHISEKEDI wa MULUMBA
– Citoyen BUKASA MBAMVU SEBANUILA
– Citoyen MUELA wa MUTOMBO KATSHI
– Citoyen MALANDALA KAYUMBA MPANYA
– Citoyen BASHALA KANTU wa MILANDU
– Citoyen TSHITEYA MUTSHIPULA wa KANYINDA
– Citoyenne KANKOLONGO wa BONDO
– Citoyen MUKADI LUSAALA
– Citoyen MUNKANZA KAMUNDA AP KUM
– Citoyen MPINDU BWABWA.
c) Circonscription électorale de Sankuru :
Sont élus :
– Citoyen NZONDOMYO a’DOKPE LINGO
– Citoyen OKUKA wa KATAKO LOKOHO
– Citoyen LUNDULA OLEKA
– Citoyenne MBOMBO LUPANTSHILA
– Citoyen DIAMASUMBU OMOTE LENA
– Citoyen KASONGO MUKUNDJI.
d) Page non retrouvéé
e) Page non retrouvée
REGION DE L EQUATEUR
a) Page non retrouvée
b) Page non retrouvée
c) Page non retrouvée
d) Page non retrouvée
– Citoyen ABONGWANA
– Citoyen EGBULA SODU.
f) Circonscription électorale de Zongo :
Elu : – Citoyen MPANU PANU BI BANDA
REGION DU KIVU
a) Circonscription électorale de Bukavu :
Elu : Citoyen BIRERE MABANO.
b) Circonscription électorale du Sud-Kivu
– Citoyen KINGONGI-di-MWINSA LEKULA
– Citoyen ZAMUNDU ANGENONG’HA KASONGO
– Citoyen MIRUHO BAHYA MPARAGAMARA
– Citoyen KYEMBWA WALUMONA
– Citoyen LUBULA KIBALA MWATI
– Citoyen MALAGO KAHUMBAGWANA KIOYO
– Citoyenne MAHAMBA BAGUNDA BIBI
– Citoyen SANGARA TABARO
– Citoyen KALIMBIRIRO CHIKUTA
– Citoyen MASUMBUKO MACHOZI
– Citoyen RAMAZANI MWENE MALUNGU
– Citoyen BISHERERA WABURHANZI
– Citoyen KAJIBWANI
c) Circonscription électorale du Nord-Kivu :
– Citoyen SAMPASSA KAWETA MILOMBE
– Citoyen BAYONA BAMEYA
– Citoyen BISUKIRO TABARO wa KAMONYI
– Citoyen MAGAZINI KAMBALE SIKWAYA
– Citoyen MIDIBURO NDANGANA BUGAMBA
– Citoyen PALUKU SIVIRWA
– Citoyen RWAKABUBA SHINGA
– Citoyen NDEZE NDAZI.
– Citoyen MBURANUMWA BIRERESHA
– Citoyen MWIBIRITSA wa BANYUNGU
– Citoyen KALINDA MUPFUKI
– Citoyen BUHUNDA BIRERESHA
– Citoyen SARUTI UVA YIRAMUKWE
– Citoyen MUSUBAO KIBAMBI
– Citoyen GATARIKI NTWALE
– Citoyen TWAFURAHA
– Citoyen KANIHI MUHIMA wa SHANGANI
– Citoyen BAMWISHO.
d) Circonscription électorale de Maniema
– Citoyen KABIMBI NGOY KANGONGWE KITUMBA
– Citoyen KISANGA KABONGELO
– Citoyen LUEMBE KABIANGA K’ILIMU
– Citoyen ELONGO ALIMASI
– Citoyen TSHOMBA FARIALA
– Citoyen BINDIMONO OLIMBAKO DJIMUANGO.
REGION DU SHABA
a) Circonscription électorale de Lubumbashi
– Citoyen BO-BOLIKO LOKONGA MONSE MIHONO
– Citoyenne KALUNGA MPUNDU
– Citoyen KIBASA MALIBA
– Citoyen MWANDO SIMBA
– Citoyenne KIKONTWE TUMBWE AMANI.
b) Circonscription électorale de Likasi
– Citoyen TSHIMPUKI MBUYI
– Citoyen ILUNGA KATWETEBA wa MUKETO.
c) Circonscription électorale de Kolwezi :
– Citoyen KAWANGU SAYLELI
d) Circonscription électorale du Haut-Shaba :
– Citoyen UMBA-di-LUTETE
– Citoyen KISHIBA KASANGULA NKEKE
– Citoyen KITAMBO LOBE
– Citoyen PANDE KYALA
– Citoyen KAFWAYA MUNDU.
e) Circonscription électorale du Haut-Lomami :
– Citoyen TSHIBANGU MUYEMBE KANZA
– Citoyen TSHIBANGU TSHITAMBU
– Citoyen NGOY wa BUTA
– Citoyen SIMBI KALUMBE
– Citoyen MONGA wa NZAZI
– Citoyen NGOY YINGO.
f) Circonscription électorale de Lualaba :
– Citoyen SAKOMBI INONGO
– Citoyen MUHONA na LUMBU
– Citoyen YAV a MUNUNG
– Citoyen KASHOBA MWENDA M’SIRI
– Citoyen MBUNDJ MULOL.
g) Circonscription électorale de Tanganika :
– Citoyen KENGO wa DONDO
– Citoyen SHABANI wa KALENGA
– Citoyenne MBUYU wa NGOIE
– Citoyen LUMBU MALOBA NDIBA
– Citoyen MWENGE SANGO
– Citoyen KABWE MUYENGA KANGO.
En ce qui concerne la constitution du bureau du Conseil Législatif, le Citoyen NGUZ A KARL I BOND, représentant le Président-Fondateur, proposa le Citoyen BOBOLIKO LOKONGA à la présidence, les Citoyens KAPWASSA et TSHISEKEDI à la 1ère et 2ème vice-présidences, le Citoyen BOMANDEKE et la Citoyenne KALUNGA MPUNDU au secrétariat.
Le Citoyen BOBOLIKO nous entretint ce jour là de nos avantages. Il nous précisa que des comptes en banque avaient été ouverts pour nous à l’agence de la Banque de Kinshasa se trouvant au Palais de la Nation. Les écritures ne furent malheureusement pas passées avant le 24 novembre.
Alors qu’un défilé avait été organisé au Boulevard du 30 juin, je sortis avec Athanase qui était accompagné de son amie Mayala et un couple composé de la petite sœur de Mayala et un frère pour Maluku.
Le lendemain, le compte m’attribué au Parlement portant le n° 0200.681.2 fut ravitaillé. Je retirai mes indemnités et m’installai à Lemba où dans le quartier du Camp des étudiants mariés ex-Lovanium, une maison m’avait été réservée depuis le 8 août 1975.
Chapitre 2 MA DECISION DE PASSER MES VACANCES PARLEMENTAIRES DANS MACIRCONSCRIPTION ELECTORALE.
La session extraordinaire du Conseil Législatif devait prendre fin peu avant les festivités du nouvel an et dans le cadre de la constitution révisée de 1974 ayant proclamé la plénitude en faveur du Président-Fondateur, le Président du Conseil Législatif n’assumait ses prérogatives que par délégation. On l’appelait désormais : Président du Bureau Permanent du Conseil Législatif.
On ne pouvait plus distinguer les sessions extraordinaires de sessions ordinaires étant donné que seul le Président du MPR avait la compétence de convoquer l’assemblée et c’est quelque soit la période.
Je jugeais nécessaire conformément à la recommandation contenue dans le vade mecum du Commissaire du Peuple de passer un mois des vacances parlementaires dans ma circonscription.
Avant de quitter Kinshasa, je reçus chez moi le comité des Etudiants originaires de Kongolo avec lequel je débattis le problème de mon voyage et assistai à une rencontre des jeunes intellectuels originaires de Kongolo chez la Citoyenne Mamvua Sango Justine.
Au cours de la première réunion un échange de vue entre participants se deroula autour des points suivants tels que rapportés par MBAYO MUHIYA:
Possibilité de recycler les enseignants qui sont sur place, malheureusement comprenant plusieurs instituteurs jeunes et de degré 6 (6 ans secondaires). Pour le collège, il faut des gradués et licenciés. Au niveau de l’école primaire, il n’y a pas de problème mais au niveau du secondaire il y a de problèmes cuisants. Directeurs étrangers, professeurs insuffisants.
En ce qui concerne l’école de KASEYA, il y a le problème du directeur. Il faut un ingénieur agronome au cas où on aura la possibilité d’instaurer un cycle long.
Existence d’un problème au niveau de la Sous-Région : le chef de Division de la Sous-Région PALATA est fauteur de troubles à Kongolo. Il supprime toutes les écoles non subsidiées sans tenir compte du problème social. Nomination arbitraire moyennant une poule ou une chèvre. Il faut trouver quelqu’un à mettre au niveau de la Sous-Région ou bien se charger à modifier ses positions, il a l’appui du Commissaire de Zone Adjoint et du colonel qui sont tous de chez lui (Bakongo). Si le Commissaire de Zone a été déchargé, cela n’a été que l’aboutissement des démarches entamées par son Adjoint, entouré de ses frères. Le Citoyen Palata est parvenu à nommer des directeurs sans élèves et sans école. Il faudra exercer une influence politique efficace.
Rechercher des volontaires qui peuvent bien donner cours même pendant deux ans. (Un médecin, un juriste, peuvent bien donner certains cours). Conscientiser ces gens et avoir un noyau d’au moins 5 à 6 professeurs. Insister surtout sur les finalistes de l’IPN.
Pour des tels problèmes, il faut consentir des sacrifices (ne pas prendre des résolutions inapplicables comme à l’ONU). Lutter contre les tendances séparatistes des aînés. Il y a manque d’esprit de risque comme chez les Bakongo, Baluba, etc.
Avant 1972, on répartissait les gens en leur demandant d’aller manger chez un tel ou chez un tel autre, peu importe l’origine. Cela était dû à l’influence de l’Abbé Pierre KISIMBA qui pouvait être reçu partout. Pour le moment, référence à LUMBU.
Souvent on est découragé par les commentaires, si on invite les gens à investir, ils acceptent en votre présence mais après votre passage, ils vous critiquent.
Il faudrait que LUMBU lutte pour faire maintenir les écoles privées de Kongolo YENGE et TCHONDO.
En cas de recyclage, demandez à Monseigneur de rendre la vie de ces professeurs temporaires plus ou moins agréable (logement par exemple). On peut très bien contacter MALULA de manière à ce qu’il fasse des injonctions auprès de NDAYE.
Pour appliquer tous ces projets d’ici l’année prochaine, il faudrait d’abord recueillir l’avis de tout le monde.
Au sein du groupe, on se pose de questions ? Pourquoi cette rencontre a eu lieu là bas et non pas ici ? Il nous faudrait compter sur les services de LUMBU parce que pour lui, les contacts sont plus faciles avec les grands. Les faire raisonner de manière qu’ils abandonnent leur esprit séparatiste. Mépris de l’étudiant parce qu’il est là pour mendier, pour cette année, réunion entre nous, compte tenu de la déception de l’année écoulée. Les vieux seront pour cette réunion écartés. Il serait souhaitable que la cotisation soit renforcée de manière à ce que chaque mois il soit versé dans la caisse commune une certaine somme.
L’an passé, nous avions « l’autorité morale » Pour cette année, il faudrait un comité de 3 à 4 personnes. Conséquences : risque d’irresponsabilité.
Pour cette année, les ainés ne vont pas cotiser. Ils seront invités. Mais nous allons instaurer un système qui les oblige à cotiser. Leur présenter à l’entrée, une feuille sur laquelle ils devront indiquer leur nom ainsi que leur participation.
PLAN D’ACTION du Commissaire du Peuple :
1. Domaine politique : contact avec le Commissaire Sous/Régional, le Commissaire de Zone, les chefs des Collectivités. Meetings suivis par des réunions. Analyse des problèmes généraux et particuliers. Présentation des doléances. Lutte contre l’exploitation des populations par les autorités. Conscientiser la population. Problème de la jeunesse. Conférences dans les collèges pour mieux soutenir cette jeunesse. Causerie morale aux éducateurs. Assister au cours de civisme devenu mobutisme, contact avec les autorités nationales pour avoir une documentation à distribuer aux jeunes.
2. Domaine économique : Encourager la population pour les travaux de champs. Culture de subsistance et de commercialisation. Contact avec ONACER et ONAFITEX. Demasquer les mauvais commerçants. Que les autorités ne gênent pas les travaux des champs. Construire de hangars dans les villages pour permettre la conservation des récoltes. Diversification de cultures, installation des minoteries, des concasseurs de noix palmistes. Intéresser CEROTEX à la Zone. Ouverture d’une agence financière (commerciale), une caisse d’épargne, une agence de PETRO-ZAIRE.
SUGGESTIONS : Il faudrait renseigner les élèves qui sont en 5ème et 6ème littéraire parce que souvent ils ignorent les modalités d’inscription, leur envoyer des formulaires, les convaincre d’abandonner le raisonnement des gens du village étant donné le matraquage psychologique des vieux leur faisant croire que 6 ans post-primaires suffisent.
SOLUTION PRECONISEE : Envoyer à ces jeunes gens des formulaires, voir aux valves s’ils sont inscrits, ensuite leur envoyer un télégramme en cas d’inscription pour qu’ils viennent.
PROBLEME DES MILITAIRES : Ils agacent les gens pour le transport de leurs munitions. Tous ces méfaits sont dus par la passivité justifiée des autorités locales (exploitation de l’or), comme les militaires sont du M.P.R., des contacts devront être pris avec eux. Ils rendent la population pauvre, ils violent les femmes, ils volent les chèvres. Un chef de collectivité parvient même à disposer de la vie des hommes.
Conséquences : dépérissement de toute une jeunesse, émigration des villages vers Kongolo, les écoles fermées. Les champs abandonnés. La population est au passive. Même pour des problèmes entre familles, on recourt au chef et à la corruption. Problème de transfert de chefs effectué au Shaba nuit au bien-être de cette population. Ce ne sont plus des chefs coutumiers, mais des administratifs. La populaton trouve facilité à la révolte.
PROBLEME DU SOL ET DES PALMIERS : A la suite de la corruption, les clans ne parviennent pas à se mettre d’accord. Ils trouvent la solution dans la bataille, de là, on taxe les bahemba de barbares.
LA PROCEDURE A SUIVRE :
Avant un meeting : recevoir les pétitions de la population. Elle-même suggérera leurs solutions. Par la suite, tenir un meeting dans lequel vous suggérerez des solutions réalistes. Bien sûr, il faudra présenter à Kongolo, le plan d’action au Commissaire de zone, au Colonel et à l’Evêque et solliciter leur concours pour sa réalisation.
Il faudra constituer dans de grands centres des bureaux d’études qui pourront vous exposer les problèmes qui s’y posent.
Au lieu de faire un meeting dans chaque village, il y aura moyen de tenir un meeting qui réunit 2 ou 3 villages d’un rayon de dix kilomètres par exemple.
Problème de regroupement de villages, de palmiers, de remise en question de certains chefs coutumiers et de carence des populations.
Lancer l’appel à tous les intellectuels originaires de la Zone de prendre conscience du problème de l’affectation actuelle de l’Etat, on n’envoie pas quelqu’un dans sa région d’origine, trouver la possibilité d’orienter les réquisitions, problèmes d’avoir d’abord des volontaires.
Aux parents qui ont des enfants qui chôment dans les villes, qu’ils lancent des appels de manière à ce qu’ils rentrent au village.
Que les médecins stagiaires aillent à Kongolo, si on n’a pas de parents là bas, il y a lieu de sensibiliser les prêtres de manière à ce qu’ils logent les stagiaires (problèmes d’accueil que le Commissaire du.Peuple s’en charge).
Problème de structures d’accueil pour les jeunes terminant leur C.O. à Mbulula-Makutano-Sola et qui viennent à Kongolo : Que le Commissaire du Peuple expose à l’assemblée nationale les besoins en enseignement, le nombre d’écoles complètes, de cycle court, nombre de bâtiments disponibles, ainsi que les possibilités d’extension et de construction d’internats.
Le Nord-Shaba est pauvre en écoles. Il n’y a que 2 écoles d’infirmières pour le Shaba. Bientôt il y aura un cycle long à Kalemie.
Il faudra voir la capacité de l’hôpital de Kongolo. Conditions malpropres parce que les malades couchent sur la mousse (matelas dépouillé). Où sont partis les fonds pour la construction de l’hôpital de Kongolo au nom des prêtres morts à Kongolo. Où sont les 40 tracteurs envoyés pour Kongolo ?
A la deuxième réunion présidée par Nyembo Amumba, il avait été donné aux personnes qui n’avaient pas été à la réunion du 22/12/1975, notamment, n’étant plus étudiants l’occasion de s’exprimer aussi sur les questions de développement de Kongolo tel que repris ci-dessous :
KAHOZI : Enseignement : s’adresser aux Instituts Supérieurs et au Campus de Lubumbashi.
Objection : N’importe qui peut enseigner. Même un médecin peut donner cours.
KAUMBA : il propose qu’on remette par écrit les suggestions à son retour. Ce problème nous regarde mais seulement au niveau de la sensibilisation nous n’y avons rien fait pour le moment.
NYEMBO : On a déjà discuté sur ce problème mais on voudrait corriger les lacunes.
MASHINI : Le problème est très capital. On peut rejeter la responsabilité sur Lubumbashi.
KAUMBA : Sur ceux qui sont sur le marché, le problème nous concerne. Il faut des volontaires. Pas d’objection là-dessus.
MUSINDE : On a centré la réflexion sur l’enseignement. Quels sont les problèmes. Assez ou pas ? (Ecole) agréée ou non ( !).
Enseignants qualifiés, réponse négative. Un finaliste de la 6ème pédagogique qui donne cours en 5è péda. C’est le premier problème. Il faut un assez grand nombre pour élever le problème.
Solution : Les finalistes plus les aînés, il faut utiliser les aînés pour que les noms de certains puissent être introduits dans l’Education pour être affectés à Kongolo.
Il faut pour cela des volontaires. Y-a-t-il parmi nous des volontaires ? Si oui, LUMBU peut faire des démarches pour affectation, exemple LWAMBA médecin va donner cours.
Y en-a-t-il qui seront d’accord d’aller à Kongolo ? La question s’adresse aux finalistes et préfinalistes. Avant Lubumbashi, il faut d’abord que nous soyons nous-mêmes sensibilisés.
KAHOZI : On doit attendre.
Com. Peuple : Il ne faut pas fuir la responsabilité. Il ne s’agit pas seulement de finalistes. Parmi nous certains peuvent ne pas réussir. Est-ce que personne dans ce cas ne peut se sacrifier pour aller donner cours à Kongolo ? Nous devons tous réfléchir. Sinon le Collège MWAMBA risque de tomber ! Est-ce que certains peuvent interrompre les études ?
NYEMBO OD. : Le problème est d’ampleur nationale et non régionale, tout le monde fuit l’enseignement. Il s’agit de faire un sacrifice. Le problème est brutalement posé. Il faut y aller par étape.
On avait pensé à ce problème et on avait proposé un système de recyclage, il faut que les aînés contribuent pour payer les billets aux volontaires pour l’organisation des séminaires de recyclages. Ex. : CIDEP – Il faut un sacrifice.
MUSINDE : Précisons / Système de relais, les finalistes n’y vont pas pour de bon. Les aînés doivent faire embaucher certains de nos frères qui se sont sacrifiés pendant deux ans.
La solution d’Odéric peut secréter une solution à long terme. Au Collège MWAMBA, les professeurs ayant fait 6 ans P.P. donnent cours en 6è année PP. Comment recycler ces gens qui n’auront pas à assimiler l’enseignement reçu au séminaire ?
Deuxième partie : Nos aînés enseignants ; s’il y en a qui peuvent être mutés de là où ils sont et aller chez-nous, on peut les sensibiliser pour aller occuper un poste chez-nous, ainsi ils peuvent être affectés grâce à LUMBU et d’autres aînés
CHENGE : Ne faisons pas de discussions académiques. La plupart de jeunes veulent aller du village à la ville, de la ville au village, c’est un sacrifice. Le cas du Collège MWAMBA, le Directeur : Kasaïen a chassé certains de nos compatriotes de 6è année (corruption). Les professeurs canadiens et français sont partis avec les missionnaires. Chacun de nous évitera d’y aller (problème familial). Il faut un groupe pour deux ans.
Chez-nous on est pauvre. Le coton n’est pas acheté. Pour le minerval, c’est un problème. Il doit en tenir compte (Lumbu), il faut chercher à ce que les cultivateurs puissent avoir des sous.
Aspect médico-social : hôpital avec quelques dispensaires. Si certains médecins vont y travailler, ils seront catalyseurs et permettront aux jeunes d’être aussi sensibilisés. Il faut voir le problème dans tous ses aspects qui sont intimement liés : économique, sanitaire, enseignement. On n’a pas beaucoup d’argent. Il faut encourager les cultivateurs (région essentiellement).
Chapitre 3 MES VACANCES PARLEMENTAIRES DANS MA CIRCONSCRIPTION ELECTORALE DE TANGANIKA.
Tôt le matin du 29 décembre 1975 mon épouse prit ma valise et nous nous dirigeâmes vers la route bye pass en face du quartier Salongo,où je pris un taxi qui m’amena à l’aéroport. Le protocole du Conseil Législatif s’occupa des formalités de voyage avant mon embarquement dans l’avion à destination de Kalemie.
Section 1ère MON SEJOUR A KALEMIE.
Arrivé à Kalemie, je me logeais à l’hôtel du Lac où j’ai eu le plaisir de rencontrer Edmond KANUNU, en qualité de gérant : En effet l’hôtel était zaïrianisé et c’est le Commissaire du Peuple MWENGE SANGO François qui en était devenu l’acquéreur.
Le lendemain, je partis rendre visite de courtoisie au Commissaire sous-régional et son adjoint et avec chacun nous fîmes le tour d’horizon de la situation de Kalemie et de toutes les zones et plus particulièrement de la zone de Kongolo.
Sur le chemin de retour je visitais le parquet de sous-région où je m’entretins avec le 1er Substitut et le Substitut MPINDA sur leurs difficultés tel que le manque de moyen de déplacement pouvant leur permettre de se rendre sur les lieux où se commettent les infractions. La sous-région étant vaste, ils n’avaient pas la possibilité de sortir de Kalemie. Le 1er substitut me parla des gens de Kongolo qui, à cause de leur boisson Lumay-May en viennent souvent aux mains et s’entretuent parfois. Comment en finir avec cette conduite ? Avec ces anciens de la faculté de droit, nous échangeâmes nos idées.
Il était 15h30’ quand je regagnai l’hôtel du Lac où le soir je revis dans la salle du cinéma les magistrats avec lesquels nous nous entretenions du Campus et de la faculté de droit.
PASSAGER A BORD DE L’AUTORAIL DE KALEMIE A KONGOLO VIA KABALO.
Avant de quitter Kalemie pour Kongolo, je me vis avec Mulunda, Muhiya et Muteba agents de la RVA et anciens collègues de l’internat de Sola qui m’accompagnèrent chez le citoyen Mukulumoya Chata, chef du personnel du S.N.C.Z. et père de l’étudiant Salumu de l’ISTM/ Campus Universitaire de Kinshasa. Je remis à ce Papa la note lui envoyée par son fils et fus invité à sa maison au quartier Kindu N° 29 à mon retour de Kongolo. Me dirigeant à la gare S.N.C.Z. je pris place à bord du train autorail (voiture 1ère classe).
De temps à temps je sortis de ma voiture pour admirer le contrôle de la gendarmerie et des brigadiers. Contrôle que j’avais jugé superficiel. En effet la fouille n’existait que de nom et l’emplacement même où elle s’effectuait n’était pas convenable.
Section 2. LE REVEILLON DE NOUVEL AN 1976 A KABALO.
Parti de Kalemie à 12 heures, c’est à 19 heures 30’ que nous atteignîmes Kabalo où des passagers furent tous débarqués de voitures et même renvoyés hors des installations de la S.N.C.Z. et priés de se débrouiller sous pretexte d’éviter le vol. Je les vis se coucher au sol à la merci des moustiques et des intempéries. Touché, je demandais qu’on me mette en contact avec le chef de gare. Que faisaient alors les éléments de la Police que je vis circuler si nombreux ? Cette question je la posai à un surveillant Mutombo Ngoy qui me répondit que leur incapacité à retenir les malfaiteurs était dûe à la fatigue. Ils étaient seuls à surveiller de 7 heures jusqu’à 16 heures ou de 16 heures à 7 heures. Cela cassait un peu leur vigilance.
Pour le chef de gare il y avait moyen d’améliorer les conditions de voyageurs si les salles d’attente étaient entretenues, or depuis les tristes événements de 1960 la gare de Kabalo n’avait pas encore été réparée. Les traces de la guerre étaient encore remarquées en cette année 1975.
Quelles étaient alors les causes qui nécessitaient l’arrêt du voyage pendant 12 heures du temps. A cette question on me répondit que c’était pour permettre aux machines de l’autorail de se refroidir et mieux continuer le voyage le lendemain.
Le Citoyen Mutombo Ngoy me mit au courant de l’existence de couvre-feu à Kabalo et l’exigence faite par les éléments de la J.M.P.R., les policiers du centre et les gendarmes à toute personne qui oublie une carte, même un écolier à payer 5 zaïres. Ces éléments se placaient à des endroits suivants :- Route ville-Mingazi Kapulo jusqu’à Socolo, cité habitée par les Sœurs et aussi à Kapulo même.
Il m’avait été aussi rapporté que les aliments malgré leur abondance coûtaient cher et qu’il en avait été de même des articles des magasins. Ainsi par exemple le prix d’une coupe de pantalon était passé de 5 zaïres à 50 zaïres. Que les passagers de Kindu étaient brutaux. Que les allocations familiales des enfants se trouvant encore à l’école n’étaient pas payées et que le payement du minerval était exagéré alors que la population elle-même avait construit des écoles.
Section 3. MA TOURNEE DANS LA ZONE DE KONGOLO.
Sous section 1ere MON ARRIVEE A KONGOLO.
Parti de Kabalo à 7 heures, nous atteignîmes Kongolo à 9 heures. C’est le jour de nouvel an, la gare ne connaît pas son ambiance ordinaire et inconnu j’étais perdu dans la foule jusqu’au moment où je vis venir un véhicule appelé PASOPO, appartenant à un commerçant exploitant la ligne KONGOLO-MBULULA.
Ayant embarqué dans ce véhicule, le chauffeur devait me conduire d’abord chez le Commissaire de Zone à qui je devais manifester ma présence mais ne connaissant pas la maison du Commissaire de Zone titulaire, il m’avait amené chez le Commissaire de Zone Assistant, le Citoyen ILUNGA. Je toquai à la porte mais personne n’y répondit d’où je passai derrière la maison où je rencontrais son épouse qui m’informa que le Citoyen Ilunga était en promenade.
Je donnais ordre au chauffeur de démarrer et de passer par la résidence car selon les informations recueillies, ladite résidence était juste la maison du Commissaire de Zone titulaire.
Arrivé au rond point situé près du corps de garde du camp militaire j’aperçus le Citoyen Ilunga en moto se diriger vers la Regideso, il était accompagné du Secrétaire de zone.
Ayant rempli le devoir de me présenter auprès de l’autorité locale, je promis de repasser à Kongolo le lundi, étant donné que la possibilité d’une séance de travail ce jour de fête de nouvel an était nulle. Je priai au chauffeur de quitter Kongolo pour Mbulula. Le chauffeur se dirigea d’abord chez son patron où il devait prendre d’autres clients mais hélas ! Il n’y en avait pas ! Je connaissais cet homme d’affaires qui avait une résidence et une société de transport à Kolwezi ce qui nous amèna à nous entretenir sur ma ferme de Kolwezi. Le voyage de Mbulula ayant été supprimé je lui demandai de mettre son véhicule à ma disposition pour me conduire chez le Commissaire de Zone titulaire où je devais chercher un logement.
Paragraphe 1er. MES ENTRETIENS A KONGOLO AVEC LE COMMISSAIRE DE ZONE TITULAIRE ET CERTAINS RESPONSABLES.
Le Commissaire de Zone titulaire venait à peine de se mettre au lit après le réveillon de nouvel an mais dès qu’il avait entendu que j’étais là, il m’avait accueilli.Toute la journée il resta à ma disposition et notre causerie eut pour objet la situation de la zone de Kongolo.
a) LE RAPPORT FAIT PAR LE COMMISSAIRE DE ZONE.
Parlant de ses rapports avec les Commissaires de zone assistants, le titulaire m’informa qu’il était souvent indigné par la conduite scandaleuse qu’ils adoptaient au lieu de servir la population. Certains responsables préfèraient afficher leur appartenance tribale et nuire à la population.
Des fois ilavait été obligé de donner des remarques en public à certains de ses collaborateurs.
Au point de vue économique, le Commissaire de zone avait souligné que la zone de Kongolo était agricole, que la production en céréales ne faisait que monter, mais une seule chose, l’ONACER achètait toute la production à tel point que le chef-lieu de la zone était menacé par la famine.
Les responsables de l’ONACER/Kongolo au lieu d’acheminer les céréales vers le Sud-Shaba les revendaient à un prix exorbitant aux commerçants du Kasaï en s’égarant ainsi de la finalité même assignée à cet office.
Pour les fibres textiles, ONAFITEX était lui-même la cause de la baisse de la production. Dans les villages on trouvait facilement les paniers de fibres textiles remontant des années antérieures pour n’avoir pas été achetées.
Comment voulez-vous alors que la population puisse cultiver beaucoup si elle n’était pas sûre d’écouler ce qu’elle avait produit. En ce qui concerne l’élevage, la population était appelée à être pauvre parce qu’elle nourrissait les militaires.
« J’ai des fois été en difficultés avec les militaires à cause de cela. » avait martelé mon interlocuteur.
« En ce qui concerne l’administration, c’est dans des collectivités qu’existent des difficultés :
– A Mbulula il y a le problème de sultanat.
– A Mambwe, il y a le problème des enlèvements et quand on pose la question au chef, il ignore complètement le tout.
– A Nkuvu, le chef est un jeune homme plein de sang et par surcroît ex-militaire, les conseils lui sont souvent prodigués mais il fait souvent juste le contraire.
– A Muhona, le chef, c’est un vieux type, qui en fait ne gouverne même plus, on sent qu’un désordre règne.
D’ailleurs Muhona est une collectivité non viable.
– A Lubunda, le chef, un citoyen très sympathique qui embrasse même ses hôtes. »
– Pour l’instant avait poursuivi le Commissaire de zone. « A Mbulula, le chef c’est quelqu’un qui est dans le qui-vive, parce que selon lui, il lui manque des appuis. Il faut y aller avec soin car vous êtes le père de nous tous. Contesté par les enfants de notables, ce chef se sert de la brutalité.
– A Makutano, suite au dernier enlèvement de 5 personnes, déjà rentrées d’ailleurs, le colonel a arrêté le chef et pour pourvoir à la vacance nous y avons envoyé un jeune homme très actif qui travaillait à la cité. Mais hélas, ce jeune homme ne peut pas être investi chef, étant donné qu’il est fils de Risasi ex-chef de Bena-Mambwe. En l’investissant chef, nous risquons de mécontenter une portion de la population. D’ailleurs, il est dit que dès qu’une collectivité perd son chef traditionnel elle devient une entité administrative et c’est alors par des procédures administratives qu’elle aura un autre chef.
– A Nkuvu le chef est actuellement suspendu, voire révoqué, mais nous attendons un document officiel pour lui signifier sa révocation. Il se conduisait mal depuis longtemps mais en dernier lieu, il s’agissait d’une confiscation de 800 zaïres et d’une moto à un blanc, acheteur de statuettes qui a suscité sa chute.
Ce chef pouvait bien refuser la livraison de la statuette achetée par le blanc étant donné que cette statuette était un bien de la famille au trône mais il devait remettre à un O.P.J. des biens confisqués (argent et la moto) et puis lorsque le Commissaire sous-régional devait l’interroger, le chef de Nkuvu répondait sans courtoisie. »
En ce qui concerne la santé. Le Commissaire de zone m’avait assuré, « il existe un médecin, mais le manque de médicaments, d’ailleurs aussi a-t-il enchaîné, heureusement que la plus part de maladies qui sévissent dans la zone ne demandent pas qu’il y ait opération, sinon ça serait catastrophique avec les difficultés que connaissent la Regideso en ce jour. Pas d’eau pas de courant. »
Après notre entretien, le commissaire de zone titulaire SHINDANO NDUWA me fit loger à la maison du passage où étaient aussi logés un troisième commissaire de zone assistant, nouvellement affecté à Kongolo et l’ingénieur Shukuru.
Après le congé de nouvel an, je me mis au travail. Le 4 janvier 1976 en recevant une délégation des commerçants de Kongolo à la résidence du Commissaire de Zone. Notez que cette délégation m’avait vu la veille avec des cadeaux comprenant deux casiers de la bière, une chèvre et une quantité du riz. Tous ces biens ayant été amenés à la résidence du Commissaire de Zone sur ma demande avaient été servis au cours de notre dîner de travail.
b) LE DINER DE TRAVAIL AVEC LA DELEGATION DE L’ANEZA/KONGOLO.
A ce dîner, j’avais invité le citoyen Ilunga Mukubo Lubambula pour m’assister depuis ce jour en qualité de secrétaire.
MBAYO MOKET : Nous venons vous exposer les problèmes importants qui nous tiennent à cœur dans notre zone, pour l’intérêt général de la population et des commerçants en particulier.
La ville de Kongolo est une ville stratégique au point de vue agricole pour l’économie du Shaba particulièrement.
La production des produits agricoles est très importante et elle est chaque année croissante.
Maintenant un danger menace la zone. Les dirigeants de la S.N.C.Z. ont jugé que la gare de Kongolo n’est pas très importante que celle de Samba. Ainsi Kongolo restera une halte plutôt qu’une station ou gare. Si Kongolo reste une halte nous n’aurons pas la possibilité d’expédier nos produits agricoles vers d’autres villes importantes du pays.
L’ONAFITEX aura une tâche difficile pour écouler le coton usiné vers les usines de fibres. Il faudra plusieurs jours de magasinage des produits avant l’expédition ce qui causera la détérioration de ces produits. Nous voulons que les autorités compétentes examinent de près ce cas et empêchent l’exécution de cette décision prise par les dirigeants de la S.N.C.Z.
Que la gare de Kongolo garde son importance pour éviter de décourager ceux qui ont l’intention d’investir à Kongolo : ceux qui ont déjà leurs affaires sur place et même la population quand elle verra que personne n’achète ses produits de champs à cause de difficultés d’expédition vers les grands centres de consommation.
MUTOMBO M. : L’effectif de travailleurs qui était de plus de 300 du temps de l’Office de Chemin de Fer de Grands Lacs (CFL) est réduit à 30 travailleurs seulement et la pluspart de ces 30 personnes regagneront d’autres villes bientôt. La machine la plus importante qui a alimenté la ville en électricité sera aussi déplacée.
De ce fait Kongolo sera une ville morte car cette machine nous sert à beaucoup de choses (électricité, soudure, distribution d’eau, etc.), le vieux groupe de la Regideso ne peut pas subvenir aux besoins de la ville. Voici que depuis deux mois la ville est dépourvue d’eau et de l’électricité.
COMPEUPLE : Qu’est-ce que vous pourriez demander si vous étiez devant le Commissaire d’Etat au transport ou le Chef de l’Etat ?
MUTOMBO : Laissez sur place ce qui se trouve à Kongolo depuis des années, cherchez des solutions pour le bon fonctionnement de la gare de Kongolo car son importance n’est pas négligeable.
MOKET M. : Si la gare est supprimée il n’y a rien qui va marcher, la zone fera un recul considérable.
COMPEUPLE : Ma propre volonté m’a poussé de venir poser ma candidature ici, partout où j’ai combattu, mes idées ont triomphé et mes rapports étaient toujours pris en considération.
De ce fait, j’ai voulu aussi défendre les intérêts d’ici chez-nous. J’utiliserai les moyens à ma possession pour persuader les responsables de la S.N.C.Z. et du pays du sens profond de vos plaintes. Dans tout problème il y a plusieurs méthodes pour le résoudre
On essayera d’abord par l’une et si ça ne marche pas on peut employer une autre.
MUTOMBO M. : Nous oublions quelque chose. Dans le domaine médical, à l’hôpital il n’y a pas de médicaments. Le médecin est très méchant envers les malades. Il paraît qu’il est responsable de la crise de médicaments.
MULIMBWA : Le médecin refuse avec la clinique même à ceux qui ont le droit d’y entrer. Tout le monde est obligé d’avoir les soins à l’hôpital général malgré son rang.
COMPEUPLE : A part le problème de la gare et celui que vous venez d’exposer il n’y a pas d’autres ennuis et difficultés ?
MOKET : Il n’y a pas d’autres. Sauf l’enseignement. Nous ne sommes pas sûrs de nos enfants qui étudient dans les écoles d’aujourd’hui. Les enseignants sont corrompus à tel point qu’un élève intelligent risque d’être surpassé par son collègue moins intelligent si ce dernier donne quelque chose à l’enseignant ou professeur. Pour les filles, les jeunes professeurs pour donne à une fille ses points, elle doit coucher avec le professeur, autrement elle est purement et simplement coulée.
COMPEUPLE : Les autorités administratives sont bien avec la population ?
MUTOMBO : Très bien, ici nous n’avons pas tellement de problèmes.
Surtout le titulaire est très bien, il accueille à n’importe quel moment. Ses collaborateurs commencent à suivre son exemple. Car avant l’arrivée de l’actuel Commissaire de Zone tous ses subordonnés et l’ancien Commissaire de Zone nous mettaient mal à l’aise. Surtout dans les périodes de fêtes. On nous demandait n’importe quoi. Dans le passé on connaissait ces blagues d’escroquerie. D’ailleurs nous souhaitons que l’actuel Commissaire de Zone reste plusieurs années ici.
COMPEUPLE : Et quels sont leurs agissements à l’intérieur de la Zone, dans les collectivités avec les chefs et la population ?
MOKET : Je crois qu’il appartient à ceux qui vivent à l’intérieur de vous donner les renseignements sur leur comportement.
COMPEUPLE : Quel est le comportement des militaires envers la population en général ici à Kongolo ?
MOKET : Il paraît qu’il y a une discipline, surtout une discipline de fer depuis l’arrivée du capitaine Nyembo. Sur l’étendue de la ville de Kongolo nous nous sentons en sécurité. Nous ne connaissons plus de vols autrefois montés par quelques éléments de l’armée. C’est fini. A l’intérieur de la Zone, comme vous ferez une tournée, là bas on peut vous donner peut-être les informations contraires car la couche la plus déshéritée de la population a aussi ses problèmes plus graves que les nôtres.
COMPEUPLE : Je vous remercie beaucoup de tout ce que vous êtes venus me dire. Moi j’habiterai avec vous ici. On arrangera un logement pour moi ici à Kongolo. Je connaîtrai mieux vos problèmes, avec les solutions que vous allez me proposer nous les traiterons avec qui de droit. Ceux au niveau de la zone avec les autorités de la zone, au niveau de la sous-région avec les autorités de Kalemie, ainsi de suite. Merci.
Paragraphe 2. MA PROPOSITION DU PROGRAMME DE LA TOURNEE DANS LA ZONE.
Je fis parvenir au Commissaire de Zone la note sur mon séjour dans la zone de Kongolo et ma proposition du programme de tournée dont la teneur ci-dessous :
Kongolo, le 4 janvier 1976.
Objet : MON SEJOUR DANS LA ZONE DE KONGOLO.
Au Citoyen Commissaire de Zone
de et à KONGOLO.-
Citoyen Commissaire de Zone,
Au cours de la dernière session extraordinaire du Conseil Législatif et surtout à la dernière réunion, le Président du Bureau Permanent du Conseil Législatif a insisté sur l’obligation de tous les Commissaires du Peuple de se rendre dans leur circonscription électorale pendant une durée d’au moins un mois et de rédiger un rapport des vacances.
Me trouvant à Kongolo depuis le 1er janvier 1976, je vous informe que j’aimerais mieux faire une tournée à travers toute la Zone enfin que « bouche, yeux et oreilles du peuple » je puisse remplir comme il faut mon obligation parlementaire. Il faut que la zone puisse prendre ses dispositions afin de me permettre de remplir mon devoir.
Je vous informe en outre qu’après ma tournée dans les collectivités qui doit durer un mois, en tant que membre de la Jeunesse, j’aimerais tenir une conférence en l’intention des élèves des humanités sur l’organisation de la JMPR.
Telles sont les grandes lignes de mon programme. Que la territoriale, possédant des services techniques, puisse examiner dans quelle mesure il est réalisable, quel est le meilleur horaire que je devais suivre et comment dois-je répartir les jours par collectivités compte tenu bien sûr de l’étendue de chacune.
Voici en annexe ma proposition.
Veuillez agréer, Citoyen Commissaire de Zone, l’expression de mes sentiments très révolutionnaires.
Le Commissaire du Peuple,
Sé/LUMBU MALOBA NDIBA.
La proposition de mon programme de tournée était la suivante :
Le 5 janvier 1976 : journée réservée à la zone de Kongolo (chef-lieu)
Le 6 janvier 1976 : Journée réservée à la population de la collectivité de Basonge avec étape à Kateya.
Le 7 janvier 1976 : Journée réservée à la collectivité de Baluba avec Kaseya comme point de rassemblement ; retour à Kongolo.
Le 8 janvier 1976 : Journée réservée à la collectivité de Lubunda étape à Lubunda.
Le 9 janvier 1976 : Retour à Kongolo ; audience à Kongolo.
Le 10 janvier 1976 : Journée réservée à la collectivité de Bayashi avec Tchenge comme point de rassemblement.
Le 11 janvier 1976 : Journée réservée aux réceptions à Kongolo
Le 12 janvier 1976 : Journée réservée à la collectivité de Yambula rassemblement à Keba.
Le 13 janvier 1976 : Départ de Nonge pour Sola ; journée réservée à la population du long de route Kakunde avec rassemblement à Sola.
Le 16 janvier 1976 : Retour à Kilubi dans la collectivité des Bena Nkuvu.
Le 17 janvier 1976 : Journée réservée à la population de Nkuvu et de Mambwe du long de la route Kilubi-Kateba-Yenga-Makutano. Rassemblement à Makutano.
Le 18 janvier 1976 : Rassemblement à Kasawa dans la collectivité de Mambwe.
Le 19 janvier 1976 : Séances de travail à Makutano chef-lieu de la collectivité de Mambwe.
Le 20 janvier 1976 : Départ pour Mbulula : Rassemblement à Kangunga dans la collectivité de Nyembo.
Le 21 janvier 1976 : Rassemblement à Mbulula chef-lieu de la collectivité de Nyembo.
Le 22 janvier 1976 : Journée réservée à la population de Nyembo avec rassemblement à Mahundu ; rencontre avec le Colonel à Lengwe ; étape à Bigobo.
Le 23 janvier 1976 : Rassemblement à Bigobo : retour à Mbulula
Le 24 janvier 1976 : Rassemblement à Kayanza.
Retour à Mbulula.
Le 25 janvier 1976 : Départ pour Kongolo ; rassemblement à Kasanga dans la collectivité des Baluba ; rassemblement à Ilunga dans le groupement de Honga, collectivité des Bena-Nyembo ; retour à Kongolo.
Le 26 janvier 1976 : Visites des écoles de la collectivité de Kongolo.
Conférence en l’intention de la Jeunesse Pionnière.
Le 27 janvier 1976 : Rassemblement populaire à Kongolo.
Le 28 janvier 1976 : Visite des entreprises de Kongolo et du Camp Militaire
Paragraphe 3. MA PRESENTATION AUX AUTORITES DE LA ZONE
Invité au Bureau de zone le 5 janvier 1976, je fus présenté aux autorités de la Zone et débutai une série de séances de travail avec les différentes catégories sociales.
COMMIZONE : Nous accueillons le Citoyen Commissaire du Peuple LUMBU MALOBA NDIBA à Kongolo. Il est arrivé le 1er janvier, le jour de la fête du nouvel an. Vous voyez vous-mêmes les circonstances dans lesquelles il est arrivé ne nous ont pas permis tous d’être au courant de sa présence. Rien n’empêche que maintenant nous puissions vivre avec lui. Ce n’est pas parce que celui-ci est élu ici qu’il vient se reposer comme certains l’ont laissé entendre mais pour remplir son devoir, vivre avec ses électeurs, travailler avec eux. En ce qui concerne son logement, il a un logement provisoire à la résidence officielle. Grâce à quelques membres de sa famille on n’a pas eu de difficultés pour lui assurer la nourriture. Actuellement nous devons aussi contribuer. J’ai tenu à vous le présenter officiellement aujourd’hui.
Au cours de cette rencontre un tour d’horizon général de la situation sur l’étendue de la Zone pendant la période de nouvel an et plus particulièrement à Nkuvu où il s’était rendu avait été passé en revue par le Commissaire de Zone assistant chargé des collectivités, le Citoyen Ilunga. L’assurance de la présence de militaires à Makutano sous le commandement du Capitaine Swana avait aussi été donnée avant la reprise de parole par le Commissaire de Zone titulaire..
COMMIZONE : Le Citoyen Commissaire du Peuple pourra nous donner son programme et je demande le concours de chaque autorité pour faciliter son déplacement à l’intérieur
COMPEUPLE : Comme vient de vous dire le Citoyen Commissaire de Zone, j’ai quitté Kinshasa depuis le 29 décembre 1975 après l’escale de Lubumbashi, je suis arrivé à Kalemie le 30 décembre 1975 et le 1er janvier 1976 c’était mon arrivée à Kongolo. Le but de mon voyage est de vivre avec mes électeurs car mes obligations parlementaires l’exigent. Voici d’ailleurs mon programme. Lecture du programme. Je demande votre concours, comme je l’ai dit dans ma lettre qui a accompagné le programme, pour faciliter mes déplacements à l’intérieur de la zone.
Notre rôle est de légiférer, je représente non pas seulement la population que vous administrez mais aussi vous-mêmes car vous rencontrez aussi les difficultés dans l’exercice de vos fonctions. La population a ses difficultés vous aussi.
C’est pourquoi j’aimerais que vous me disiez tout ce qui vous empêche de mieux travailler et proposer aussi de solutions, alors nous verrons dans quelle mesure, nous pouvons les résoudre.
COMIZONE : Nous ferons tout ce qui est à notre pouvoir pour mettre à votre disposition le moyen de déplacement et garantir vote sécurité. Pour KASEYA, la 2ème étape de votre tournée, il y a lieu d’y aller aujourd’hui mais KATEA la 1ère étape, ce n’est pas possible pour aujourd’hui car il faut demander le concours de l’ONAFITEX. Pour Mbulula et Makutano le problème ne se pose pas, il y a toujours des camions de ce côté-là.
Mais à Nkuvu, Muhona et Munono, il faut trouver du carburant. La sécurité vous sera garantie, on mettra un peloton de la gendarmerie à votre disposition.
COMIZONE ASSIS. : Je crois qu’il faut aviser les Chefs de collectivités qui sont sur place à Kongolo pour le rapport annuel. Les mettre au courant de l’arrivée du Commissaire du Peuple et son programme de la tournée dans les collectivités.
COMIZONE : Effectivement ce ne pas tous les chefs qui sont ici mais rien n’empêche que le groupe qui est déjà à Kongolo soit averti.
Citoyen Commissaire ILUNGA vous pourrez les réunir et étudier les moyens pour les déplacements du Commissaire du Peuple. Il est dit aussi dans sa lettre d’accompagnement, que la territoriale peut modifier le programme pourvu qu’on respecte le temps, les jours prévus.
COMIZONE ASSIS. : Parle de la situation de Nkuvu (Kakunde) les événements du jour de nouvel an. Il parle aussi de la rivalité de gens de Mukoko et leurs amis d’un village voisin.
Le mardi 6 janvier 1976, je fus présenté au bureau de la zone aux autorités des collectivités.
COMIZONE : La zone de Kongolo compte 11 collectivités, nous avons voulu Citoyen Commissaire du Peuple, vous présenter les chefs qui sont présents à Kongolo pour qu’ils puissent vous connaître : Chef de Yambula, chef de Kaseya, Chef de Katea, Chef de Nkuvu et Chef de la cité de Kongolo. Puis, je vais lire l’ordre du jour de la réunion.
1°) Présentation aux chefs de notre Commissaire du Peuple.
2°) Son déplacement à l’intérieur de la Zone,
Le 3ème point regarde le comité restreint du MPR zone. Ce point consiste à examiner la conduite du dirigeant de zone, le Citoyen KINTENTE. Le Commissaire du Peuple n’assistera pas au débat de ce 3è point.
COMIZONE : Il présente le Commissaire du Peuple aux chefs.
Le Commissaire du Peuple est présenté. Je vous demande de respecter son programme comme il vous le donnera lui-même.
COMPEUPLE : Je demande la lecture de mon programme que je vous ai envoyé.
COMIZONE ASS Ilunga lit le programme : Vous avez entendu tout le programme.
Nous sommes le 6 janvier 1976, on devrait le mettre en exécution depuis hier, donc le programme devrait débuter hier par la visite de la collectivité des Basonge, malheureusement nous n’avons pas du carburant.
Dans la tournée, le Commissaire du Peuple sera accompagné par le Commissaire de Zone Assistant chargé des collectivités. Je demande à vous tous, chefs ici présents de préparer son arrivée, de faciliter ses visites dans vos collectivités respectives. Si vous avez un mot à dire là-dessus, Citoyen Commissaire du Peuple s.v.p.
COMPEUPLE : Ce que je pourrais ajouter c’est remercier les autorités de la Zone, de tout ce qu’elles ont fait depuis mon arrivée. Je demande aux Chefs de prendre les dispositions nécessaires pour alléger ma tâche, notre tâche à tous. Nous devons travailler en collaboration. Vous devrez mobiliser la population qui habite loin, afin qu’elle vienne dans les villages où je passerai pour qu’elle puisse aussi me parler de ses problèmes. Au besoin vous mettrez à ma disposition le moyen de déplacement pour aller moi-même voir, entendre, parler avec elle, car je suis les yeux, les oreilles et la bouche de mon peuple. Il faut que j’aille vivre comme elle. Ca me permettra mieux de faire mon rapport sur sa souffrance et pourquoi pas sur son bonheur.
DIRIGEANT DU MPR/ZONE : Il est dit dans votre programme que vous tiendrez une conférence à l’intention de la Jeunesse. S’agit-il de tous les éléments de la JMPR (pionnière, ouvrière et désœuvrée ?).
COMPEUPLE : D’ailleurs le titre de ma conférence le dit : Historique de la JMPR. Je voudrais mieux que toutes les branches de la JMPR soient représentées, mais lors de l’entretien que j’ai eu avec le préfet de l’Institut MWAMBA, ce dernier m’a dit qu’il n’y a pas une grande salle de conférence, c’est pourquoi j’ai voulu le lieu de la conférence soit le tribunal de la Cité.
CHEF DE COLLECT NKUVU ad interim: Pour ma collectivité, il y a des localités éloignées de la route où vous passerez et des grandes localités, il n’y aura même pas moyen d’arriver dans ces localités.
COMPEUPLE : J’ai besoin de voir cette population, j’utiliserai les moyens qu’utilise cette population. En cas d’impossibilité, je la rencontrerai le long des routes. Merci.
Sous section 2. MON EMPECHEMENT DE VISITER LE SECTEUR DES BASONGE.
Il manquait toujours un véhicule pour me permettre de rencontrer la population des collectivités des Basonge à Katea et des Baluba à Kaseya les 6 et 7 janvier 1976.
Mon séjour kongolien se prolongeait par le fait même et tenant à le rentabiliser, je m’installai dans la résidence du Commissaire de Zone titulaire où, j’accordai des audiences à certains responsables de la Zone et aux personnes qui en avaient exprimé le desir.
Sous Section 3 LES AUDIENCES ACCORDEES A KONGOLO A CERTAINS RESPONSABLES.
a) L’AUDIENCE ACCORDEE AU CITOYEN MUGANZA CHEF DE POSTE A MBULULA.
MUGANZA : Je suis ici il y a trois jours, on m’a parlé que vous étiez arrivé depuis le jour de nouvel an, mais je suis allé vous voir à la résidence où je n’étais pas reçu. Ce matin on m’a dit aussi que vous n’étiez pas là. Voilà les difficultés qui m’ont empêché de vous voir le plus tôt possible.
COMPEUPLE : Enchanté de vous voir et vous connaître, j’arrive à Mbulula vers le 20 janvier 1976. Je commence ma tournée à la rive gauche. C’est le 12 seulement que je vais entamer la rive droite.
Nous avons eu l’ordre au parlement de venir chaque fois dans nos circonscriptions respectives vivre avec la population que nous représentons pour mieux connaître ses problèmes. Ceci nous facilitera d’autant plus à rédiger nos rapports car nous aurons déjà, vu, entendu, et parlé avec la population.
Je devrais être à Katea aujourd’hui mais il y a ce problème de manque de carburant.
MUGANZA : Je suis muté, maintenant je resterai ici à Kongolo en remplacement de Papa Kasongo, pensionné, qui était Chef de Personnel, c’est le Citoyen Mulimbi qui vous accueillera à Mbulula.
COMPEUPLE : Il est déjà à Mbulula, votre remplaçant ?
MUGANZA : Non, nous n’avons pas encore fait la remise et reprise. C’est encore moi qui assume les affaires courantes.
COMPEUPLE : Aussi longtemps que vous assumerez les affaires courantes, vous m’accueillerez. A Kinshasa, je suis convaincu que la conscience s’est éveillée pour le développement de notre zone. Surtout dans le milieu de la jeunesse et celui des intellectuels. C’est pourquoi j’aimerais vous demander votre point de vue personnel pour les problèmes qui ont trait au développement de la zone dans tous les domaines.
MUGANZA : Puis-je connaître votre programme après Mbulula ?
COMPEUPLE : (Lit quelques passages de programme). Je crois que le chef de poste de Mbulula contrôle aussi la collectivité de MAMBWE.
Comment expliquez-vous les enlèvements dans cette collectivité et les événements récents, l’infiltration des hors la loi.
MUGANZA : Oui, je contrôle Mbulula, aussi Makutano, Nkuvu, Munono, etc.
Le problème de ces hors la loi est très difficile d’abord par la situation géographique de la collectivité de Mambwe.
Les Bahombo passent par la brousse, ils contournent les villages pour arriver finalement à Makutano, piller, brûler, enlever et rentrer. D’ailleurs, ils n’arrivent pas très nombreux. La solution c’est le changement de chefs (mutation) et des employés de bureau des collectivités. Car dans l’ancienne structure les parentés de chefs sont compromises.
COMPEUPLE : Qu’en est-il en ce qui concerne le développement ?
MUGANZA : Mon programme d’érection du marché à Mbulula n’est pas appuyé par le Chef qui emploie la population pour ses champs.
Le moteur pour aspirer l’eau manque des pièces de rechange. On a trouvé un moteur chez Amiro. Les commerçants, enseignants et le personnel administratif ont été d’accord pour cotiser afin d’acheter ce moteur.
Le chef a donné la garantie mais actuellement il ne veut pas. Le Receveur a refusé de donner 500 zaïres, il voulait acheter un moteur à Lubumbashi pour 500 zaïres mais il rentre les mains vides et ne dit rien. Le découragement de gens de bonne volonté a été entraîné par le comportement de ce dernier. Pour le développement de Mbulula, c’est le chef qui l’handicape avec son Receveur. La collectivité parviendra à changer la figure si les chefs et ses collaborateurs changent.
COMPEUPLE : Les problèmes que vous me soumettez sont importants. Ils dépendent de nous-mêmes. Ce qui est du découragement pour le moment c’est l’infiltration de hors la loi qui peuvent causer la méfiance aux investisseurs.
MUGANZA : Nous regrettons le comportement de nos frères de Kivu.
COMPEUPLE : Nous risquons de nous accuser nous-mêmes puisqu’il paraît qu’on a découvert un groupe de nos frères dans la forêt ?
MUGANZA : Ce n’est pas vrai !
COMPEUPLE : Qu’en est-il de viol des femmes par les militaires ?
MUGANZA : Je n’ai pas eu une plainte durant tout mon séjour à Mbulula.
Normalement il y a le consentement de ces femmes, les veuves et les femmes libres. On peut citer l’exemple à Kangunga de la fille de Mupenda.
COMPEUPLE : Les militaires envahissent-ils les villages pour arracher les chèvres ?
MUGANZA : Oui. SHINDANO, Secrétaire permanent du M.P.R. conduit de telles opérations, et puis quand il y a la disparition d’une chèvre de chef on boucle le village et on attrape toutes les chèvres de village, ainsi pour une disparition de 2 chèvres dans un village, on amène 17 chèvres.
COMPEUPLE : Les gens boivent, se battent et s’entretuent, est-ce vrai ?
MUGANZA : Oui, on boit quand on n’a plus de travail. La question de s’ente tuer c’est surtout au sujet de limites de champs occasionnées par la croissance de la population qui cherche le terrain pour cultiver. Partout on trouve un village après 5 kms. Ce qui n’est pas le cas à la rive gauche où on peut parcourir 15 ou 20 kms sans villages.
COMPEUPLE : Les gens cultivent beaucoup ?
MUGANZA : Oui, les gens cultivent beaucoup, surtout le maïs, car la population a la précision qu’avec autant de sacs de maïs on a autant d’argent. Le coton est plutôt négligé.
COMPEUPLE : Avez-vous un autre problème à ajouter ?
MUGANZA : La politique et l’exécution se mêlent, on nous met les bâtons dans les roues. Il paraît que l’administration est dirigée par les cadres exécutants et politiques malgré la fusion qui existe. Par exemple : le Commissaire de Zone et ses assistants.
En ce qui concerne l’agriculture n’y a-t-il pas moyen qu’on puisse aider la population par le tracteur ?
Quant au domaine social, les cantonniers qui ont été affiliés à l’I.N.S.S. et qui sont réaffiliés, cela n’est-il pas anormal ?
Les cantonniers touchent un solde de 10 zaïres pour deux mois, selon l’ingénieur, leur salaire est de 3,60 zaïres n’est-ce pas des irrégularités ?
A Mbulula, une troisième année secondaire sera ouverte cette année et si le problème de professeurs pourrait trouver une solution, il en est de même du problème de logement.
COMPEUPLE : Ces gens qui s’infiltrent à Makutano sont-ils nombreux ?
MUGANZA : Non ? Ils ne sont pas très nombreux.
COMPEUPLE : On manque la vigilance à vrai dire de la part de la population.
MUGANZA : On mettait l’espoir aux militaires qui se trouvent là bas, hélas ! Ces derniers se donnent beaucoup à la boisson (lumay-may).
Maintenant toute la population est éveillée, mobilisée pour se défendre. Le nouveau dirigeant, le fils de SIMUKO est un homme sur qui repose notre espoir. Il a alerté tout le monde pour faire la garde toute la nuit. On monte la garde toujours pour se défendre. La fois dernière cette infiltration s’est opérée et avait réussi grâce aux militaires. Disent-ils, ils n’avaient pas des munitions au moment où les hors la loi étaient à Makutano, c’est pourquoi ils n’ont pas eu la peine de les poursuivre. Ce fait nous a étonné les militaires qui sont au front manquent des munitions. On pouvait dire que leur présence n’est pas nécessaire.
b) L’AUDIENCE ACCORDEE AUX PERSONNES ENLEVEES A MAKUTANO, LE 10/10/75 A 23 HEURES ET RELACHEES LE 24/12/1975.
COMPEUPLE : Je vous ai demandé de venir me voir personnellement quand on m’a parlé de vous. J’ai avisé le Commissaire de Zone qui s’est étonné de votre présence vous qui étiez prisonniers.
MUKUBWE MULEMBO M. (Mari de la Citoyenne MWANGE KINGOMBE, l’une des enlevés) présente les enlevés : Mwange Kingombe et son enfant né le 26 octobre, Sangwa Iyuga Mambwe, Luvungu Mwange, Pombo Lumbu et Kasenzi Lumbu.
COMPEUPLE : Comment vous avez été attrapés ?
MWANGE K. : Nous ne savions pas quand les hors la loi étaient venus.
Nous avons été surpris la nuit dans la maison. Ils ont ouvert nos valises, retiré les habits qu’ils nous ont donnés pour les emporter avec nous. Ils étaient au nombre de 27 dont 17 armés. Et c’est vers Kasenzi que nous sommes partis. Nous sommes passés à travers la brousse, avons passé la nuit quelque part pour continuer le voyage le lendemain. Puis le surlendemain jusqu’à l’arrivée à un endroit appelé Mutupeke. Là nous avons entendu des gens qui parlaient en lingala (soldats des F.A.Z.). Puis nous avons traversé la Luika et avons encore passé des nuits en cours de route avant d’arriver à la destination.
COMPEUPLE : Etiez-vous dans un gros village ?
MWANGE K. : Oui, nous étions à ROSSA. Là leur chef nous a demandé les nouvelles sur nos militaires, il s’appelle MPOLO Jean-MASUMBUKO. Puis ils ont écrit une lettre qu’ils ont envoyée chez leur chef KABILA à Hewabora pour lui informer.
COMPEUPLE : Ces gens sont-ils nombreux ?
MWANGE K. : Oui, ils sont nombreux, ils peuvent atteindre le chiffre de 70 à ROSSA mais leur base se trouve à Hewabora.
COMPEUPLE : De Luika à Rossa, y a-t-il une grande distance ?
MWANGE K. : Il y a à peu près 200 kms.
COMPEUPLE : Qu’avez-vous mangé en cours de route ?
MWANGE K. : Nous avons mangé le Bukali et les fretins.
COMPEUPLE : N’avez-vous pas vu des blancs ?
MWANGE K. : Non.
COMPEUPLE : N’avez-vous pas vu les frères d’ici chez nous
MWANGE K. : On nous a montré seulement quelqu’un qui s’appelle MUGALU Faustin.
COMPEUPLE : Là dans leur village, vous ont-ils dit pourquoi viennent-ils à Makutano ?
MWANGE K. : Ils viennent pour les médicaments.
COMPEUPLE : N’avez-vous pas vu des soldats des F.A.Z. à Luika ?
MWANGE K. : Non.
COMPEUPLE : A part les médicaments, ne vous ont-ils pas dit qu’est-ce qu’ils cherchent encore ?
MWANGE K. : Ils voudraient atteindre Kongolo, Kabalo, Kamina et Lubumbashi.
POMBO : Ils injurient MOBUTU qu’ils disent être exploiteur du peuple.
COMPEUPLE : Y a-t-il des jours où ils vous donnaient cours ?
POMBO : Non, mais nous assistions chaque jeudi aux séances d’animation.
Leur drapeau est rouge, et au milieu se trouvent une machette, une hache et une étoile.
COMPEUPLE : S’adressant à Jean (KASENZI). Est-ce que toi on t’apprenait à tirer quel fusil ?
KASENZI : Ils ne m’apprenaient pas à tirer mais ils ont des FAL, des Points 30’ et des MOSER.
COMPEUPLE : Y a-t-il des jeunes gens de votre âge là bas ?
KASENZI : Oui. On est en train de leur apprendre de la gymnastique et même des cours.
COMPEUPLE : Cite-t-on là bas les noms des Chefs d’ici chez nous ? Et qu’est-ce qu’ils disent ?
KASENZI : Ils disent que le jour où LUMUMBA était décédé, le Congo avait tremblé et disent aussi que Mobutu exploite la population.
COMPEUPLE : Quelles émissions captent-ils ?
KASENZI : Ils écoutent la radio Tanzanie, la Voix d’Allemagne.
COMPEUPLE : Quelle est la monnaie qu’ils utilisent ?
KASENZI : Ils utilisent le lingot et l’argent du Zaïre.
COMPEUPLE : Vous prépariez vous-mêmes quelle nourriture ?
KASENZI : Les « MAKOLWELO » du manioc et la viande. Il n’y a pas du sel et il n’y a pas d’autres choses.
MUKUBWE MULEMBO : Les hors la loi dérangent surtout les parties de Kabambare et de BAKALANGA, d’ailleurs ils se sont battus une fois contre la J.M.P.R. « MOTO ».
KABILA c’est un ancien député du Nord-Katanga, il est originaire de Kabalo, il a fait son stage en U.R.S.S. pendant la politicaille. A Hewabora il y a la négligence de la part de nos militaires qui ne sont pas originaires d’ici. Ces militaires disent que les Bahemba sont restés intacts pendant les guerres de l’indépendance.
Quand la famille était arrivée, les rebelles l’avaient lâchée à quelques kilomètres des militaires, mais aucun militaire n’avait osé suivre leurs traces.
c) L’AUDIENCE ACCORDEE AU CITOYEN MUTEMBEZI IHOYA, SECRETAIRE ADMINISTRATIF DE LA COLLECTIVITE DE NYEMBO.
COMPEUPLE : Vous pouvez donner vos suggestions, nous sommes là pour ça.
Nous pouvions poser notre candidature ailleurs mais nous avons plutôt choisi de travailler pour les nôtres.
MUTEMBEZI : Les difficultés des agents de la collectivité, non-paiement, cela entraîne l’inconscience professionnelle des agents.
7 sur 12 sont payés les 5 autres non. Que le gouvernement prenne en charge les agents de la collectivité, et tout l’argent de la perception doit être versé à la caisse de l’Etat. Sur d’autres plans, en ce qui concerne les écoles dans notre collectivité, les missionnaires n’ont pas construit.
Les établissements ne sont pas en matériaux durables. Ça entraîne la souffrance à la population qui doit reconstruire les bâtiments chaque année.
En ce qui concerne la santé, il n’y a pas un dispensaire équipé, le personnel non qualifié. Pour 35 mille âmes, pas de maternité.
En ce qui concerne l’agriculture, Citoyen Commissairte du Peuple, il faudrait la mécanisation. Nous gaspillons trop d’efforts. Nous nous débattons pour avoir des machines, alléger ainsi le travail de champs.
Les routes sont impraticables, il n’y a pas de pont à Kahesha où on travaille, on produit 2.500 tonnes de maïs par an.
COMPEUPLE : Vous vous plaignez de non-paiement, or la collectivité produit assez. Qu’est-ce qu’on fait avec cet argent ?
MUTEMBEZI : La collectivité peut se suffire avec la perception qu’elle réalise. Vous savez 70% des recettes proviennent de C.P.M.
La difficulté est que les gens ne payent pas la C.P.M. il faut beaucoup expliquer aux habitants (la fuite en brousse). Les autorités de la zone pouvaient nous aider par de meetings pour faire comprendre à la population.
COMPEUPLE : Alors que faites-vous avec ce que vous percevez ?
MUTEMBEZI : Avec ça, on paie le personnel de la collectivité : bureau, 20 policiers, 10 cantonniers, 4 monitrices pour l’école maternelle.
COMPEUPLE : Vous avez souhaité la centralisation. Le gouvernement doit percevoir et payer le personnel ?
MUTEMBEZI : Oui.
COMPEUPLE : Dans les structures, on préfère la décentralisation plus tôt que la centralisation car votre souci provient du fait que les fonds recueillis ne sont pas bien gérés.
MUTEMBEZI : Les fonds recueillis même si c’est bien géré ne peuvent pas suffire à payer le personnel 12 mois sur 12.
Notre collectivité est la plus riche mais elle ne parviendra pas à payer tout son personnel.
COMPEUPLE : Vous, en tant que Secrétaire Administratif, connaissez-vous le nombre d’habitants ?
MUTEMBEZI : 32.000 habitants. La C.P.M. varie : célibataire : 360 K, marié 1 et à 2 : 3,20 Z, marié 3 et 4 : 280 K, marié 5 etc. 240 K.
COMPEUPLE : 32.000 habitants combien qui payent parmi les redevables ?
MUTEMBEZI : Il y a 3.500 redevables mais 1.500 seulement s’acquittent.
D’autres sources de revenu à part la C.P.M. il y a les amendes et le Tribunal qui font 30% de recettes.
COMPEUPLE : Pour le tribunal vous faites de bonnes affaires.
MUTEMBEZI : Non, ça dépend de cas. On paye normalement 300 K par cas, le maximum est de 500. Cette année on nous a permis d’atteindre 1.000 K de maximum pour les cas graves.
COMPEUPLE : Vous avez autre chose à ajouter ?
MUTEMBEZI : Si, j’ai autre chose c’est à Mbulula que je vous le dirai parce qu’il y a 5 mois que je ne suis pas là.
COMPEUPLE : Merci beaucoup de ce que vous m’avez dit. Je parlerai avec d’autres personnes, je chercherai ce qu’il y a au juste. Pourquoi il y a manque de conscience professionnelle; on confond le fonds de la collectivité au salaire. Quand d’autres entités administratives demandent la décentralisation, vous, vous demandez la centralisation.
d) L’AUDIENCE ACCORDEE AUX CITOYENS MUYUMBA KITUTA ET MAKANZA, DIRECTEURS D’ECOLE PRIMAIRE, ACCOMPAGNES DE L’ENSEIGNANT SIKUMBILI.
COMPEUPLE : Mes obligations parlementaires de séjourner au moins pendant un mois dans ma circonscription justifient ma présence ici.
SIKUMBILI : Vous êtes combien sur la liste ?
COMPEUPLE : Sept personnes. La zone de Moba n’a cependant pas un de ses originaires sur la liste.
SIKUMBILI : La Zone de Nyunzu remplit-elle les conditions pour avoir un représentant ?
COMPEUPLE : Le système de circonscription électorale que nous appliquons n’oblige pas qu’il y ait un représentant par zone.
MAKANZA : Dans votre tournée vous découvrirez pas mal de chose, la vie semble difficile. Les agents réceptionnaires, du côté coton, sont envoyés ces jours seulement.
Nous sommes très contents de vous voir, hier nous avons cherché partout où vous logiez, aujourd’hui comme nous sommes avec vous, nous avons la satisfaction.
SIKUMBILI : Nous vous félicitons pour votre programme de la tournée, vous découvrirez la vie intime de la population et connaîtrez ses difficultés causées par les militaires. Dans le temps ce n’était pas comme ça. Grâce à notre frère, le capitaine, les difficultés de la population sont allégées. Un type d’Uvira m’a juré qu’il ne sera jamais de passage à Kongolo, à cause de bêtises commises par certains dirigeants (taxes voirie, permis de séjour).
COMPEUPLE : Je voudrais bien d’abord inventorier tous les cas. Au niveau de la zone, j’exposerai les cas qui peuvent trouver la solution ici. Chaque problème à son niveau.
SIKUMBILI : Dans notre collectivité ça ne va pas. Le chef collabore avec les militaires pour piller des villages et se distribuer les biens.
COMPEUPLE : Je ne saurais pas comment protéger ma population si je reste loin. J’aurai une habitation ici et facilement avec les solutions que vous proposerez, on étudiera et essayera de résoudre plusieurs problèmes.
Il paraît qu’il y a un grand nombre de gens de Kasawa dans le groupe de hors la loi.
Est-ce vrai que la fois dernière ceux qui se sont infiltrés ont promis de revenir ? Quand on a suivi des traces, on a trouvé beaucoup des gens de Kasawa dans le coup.
MAKANZA : C’est sûr.
COMPEUPLE : A cause de cette insécurité qui règne à Makutano, les sœurs restent ici et le dispensaire déplacé.
SIKUMBILI : Comment se fait-il que les militaires sont sur place, ces gens réussissent de piller Makutano ?
COMPEUPLE : Combien de fois ces pillards sont ils arrivés ?
MAKANZA : Deux fois à Makutano et une fois à Kayunge.
SIKUMBILI : J’aimerais rester à la campagne qu’ici au centre.
COMPEUPLE : Pourquoi est-ce que vous préférez la campagne au centre ?
SIKUMBILI : La vie est plus dure dans les centres d’une petite importance que la campagne ou les grands centres.
e) L’AUDIENCE ACCORDEE AU CITOYEN JULES KAYOMBO, DEPUTE, CHEF DE CABINET AU MINISTERE PROVINCIAL ET ADMINISTRATEUR DU TERRITOIRE HONORAIRE.
JULES: J’ai déjà contracté toutes les couches des frères, nous voulons connaître votre programme pour que nous puissions vous accueillir en frère.
COMPEUPLE : Quelques explications sur le programme. J’aimerais vous informer que vous n’êtes pas oublié, Athanase et Kilanga se préoccupent de votre situation professionnelle.
JULES: Vous voyez vous-même, depuis votre arrivée, la tâche était d’abord de rassembler les nôtres pour vous dire officiellement bonjour. Pour ce qui me concerne, je ne sais que vous remercier et remercier tous les frères des efforts qu’ils déploient pour moi.
f) L’AUDIENCE ACCORDEE AUX CITOYENS KIBANGULA ET MUKUTA, PROMOTEUR DE L’INSTITUT TCHONDO ET PREFET DE DISCIPLINE DE L’INSTITUT YENGE.
KIBANGULA : J’ai eu de l’aide pour créer l’Institut Tchondo. Je suis appuyé par les professeurs de l’Institut MWAMBA et j’ai les élèves en abondance. Seulement MUYUMBA nous accuse chez PALATA.
J’ai même été arrêté. PALATA dérange. Il exige la fusion. Pourtant impossibilité de fusionner 800 élèves de Tchondo et 400 de Yenge. Puis nous avons reçu une lettre de Muyumba pour s’imposer sur nous grâce au Commissaire de Zone, Inspecteur etc. Vous qui êtes ailleurs, que proposez-vous avec la croissance des enfants ? Comment pouvons-nous contribuer au développement du pays ? Muyumba divise la jeunesse de Kongolo avec son esprit de domination.
COMPEUPLE : Voilà, Citoyen MUKUTA dans son introduction pour vous présenter, il a dit, si vous avez entendu parler de l’Institut Tchondo, voici son préfet. Je suis enchanté de vous connaître. A Kinshasa, nous sommes unis. Je suis envoyé par nos frères pour voir comment vous vous débrouillez ici. Aujourd’hui je ne peux pas répondre d’une façon convaincante à vos questions car je dois d’abord terminer ma tournée à travers les collectivités et le 25 janvier je tiendrai une conférence et ensuite j’aurai quelques causeries avec la jeunesse. Combien de classez avez-vous ?
KIBANGULA : 5 premières, 4 deuxièmes, 3 troisièmes et 2 quatrièmes, 16 professeurs. Nous manquons cependant des fournitures scolaires et ne savons pas dans quelle mesure vous pouvez nous aider.
COMPEUPLE : J’ai reçu les professeurs de Mbulula, Kaseya, etc. et les directeurs. Pour les fournitures, faites l’état de besoin. Nous sommes convaincus que pour le développement de notre zone, nous devons êtres unis. De l’autre côté, pourquoi est-ce que Muyumba et vous, vous êtes en désaccord ?
KIBANGULA : D’après moi, je ne vois pas qu’il y a un motif de ce désaccord. C’est mon grand-frère, je souhaite que nous travaillions en collaboration, il doit m’encourager.
COMPEUPLE : Vous connaissez MASHINI ?
KIBANGULA : Oui.
COMPEUPLE : C’est de lui que j’ai appris et entendu parler de l’Institut Tchondo.
KIBANGULA : Je demande de nous conseiller, mon frère Muyumba et moi pour que nous puissions mieux secourir nos frères. Notre frère ne se comporte pas bien, mésentente avec tout le monde.
COMPEUPLE : Pourquoi ce caractère ?
KIBANGULA : Il aime trop l’autorité, dominer ses frères.
COMPEUPLE : Vous êtes créateur de l’Institut Tchondo, qui est votre préfet ? KIBANGULA : MAYANGA.
COMPEUPLE : Quels sont vos projets d’études, vos études propres ?
KIBANGULA : Je les continuerai à Kinshasa, mais je voudrais d’abord voir l’évolution de l’école que je viens de créer.
COMPEUPLE : Vous dites votre corps professoral est complet, vous ne souhaitez pas qu’on vous envoie d’autres pour vous épauler ?
KIBANGULA : Pour le moment, je suis complet, dans l’avenir oui.
COMPEUPLE : Comme le bureau politique a décidé que toutes les écoles appartiennent à l’Etat, vous avez le numéro de code de votre école ?
KIBANGULA : Non, mon école comme l’Institut Yenge n’est pas codifiée.
Palata nous vole pourtant trop d’argent.
COMPEUPLE : Il est très corruptible ?
KIBANGULA : Très corruptible, quand il n’a plus d’argent, il suspend les directeurs (quelques-uns), pour reprendre chacun devrait le corrompre avec 50Z, 100 Z voire 200 zaïres. L’argent des enseignants qui abandonnent ou licenciés c’est lui qui se le paye.
MUKUTA : Il y a eu une affaire d’une fille monitrice que PALATA voulait courtiser en se servant de son autorité et défendue par son directeur. Ce dernier fut suspendu pour motif impolitesse et il devait corrompre pour qu’il reprenne.
KIBANGULA : A part cette situation, je vous informe que le docteur est inconscient. Pour le voir, il faut 100 K de consultation. En outre, les chefs de collectivités ne sont pas au service de la population mais pour leur intérêt propre et du Commissaire de Zone qui les désigne.
A l’éventuelle arrivée du Chef de l’Etat, du Commissaire de Région ou sous-région, on demande aux chefs, à chacun, 2, 3 ou 5 chèvres. Nous avons 11 collectivités, ça fait tout un village de chèvres. Celui qui arrive mange une seule chèvre, les autorités de la place se distribuent le reste.
COMPEUPLE : Il existe un litige à Mukoko. En avez-vous les échos ?
KIBANGULA : Il s’agit du cas Mukoko et Buseba ; Ces gens de Buseba habitaient la brousse. Au moment où on a vu que ces gens souffraient … on leur a donné une terre tout près de la route. Mais ils veulent rester dans la parcelle où se trouvent les champs de Mukoko plus tôt que l’endroit qu’on leur a donné. Alors ceux de Mukoko ne savent pas comment faire de leurs champs. Les habitants de Buseba trouvent leur appui en leur frère qui travaille au parquet.
Sous Section 4. MA VISITE DANS LA COLLECTIVITE DE LUBUNDA (8 et 9 janvier 1976).
Paragraphe 1er VOYAGE PROGRAMME EN FONCTION DE L HORAIRE DU TRAIN.
Mon voyage pour Lubunda avait été programmé en fonction de l’horaire de l’auto-rail desservant la ligne Kalemie/Kindu.
L’ayant confirmé la veille à une délégation qui m’avait été envoyée de Lubunda, je me présentais à la gare de Kongolo en compagnie de mon collaborateur ILUNGA MUKUBO LUBAMBULA.
Le Commissaire de Zone assistant chargé des collectivités ayant été empêché suite aux travaux de rapport annuel, c’est le dirigeant adjoint de la J.M.P.R./ZONE de Kongolo, le Citoyen KALUKULA qui fit partie de ma suite..
Tôt le matin, Lubunda avait été rassuré par le canal de téléphone de la S.N.C.Z. du respect de notre programme qui avait été présenté et toutes les notabilités étaient invitées de nous attendre à la gare.
Une heure de voyage nous avait suffi pour rejoindre Lubunda et c’est sous le rythme du groupe choc d’animation que nous descendions de l’auto-rail à 15h 3O. Nous serrâmes la main du vieux chef de collectivité KATUMBU et celles des notables avant de prendre place à l’endroit préparé pour la circonstance où je m’entretins d’abord avec la foule avant d’entendre la délégation de la collectivité de Lubunda :
Paragraphe 2. L’ENTRETIEN AVEC LA FOULE.
MULIMBI M.(Travailleur de la SNCZ) : Nous travaillons, nous touchons peu, 14 zaïres, un verre du sel coûte 20 K, la farine 360 K, coupe pantalon 12 zaïres.
Voilà les difficultés que nous avons nous les travailleurs ici à la campagne. Nous n’avons pas moyen de surmonter le coût de vie actuel.
COMPEUPLE : Merci. Le Secrétaire note, j’écoute tout ce que vous dites, moi je vais soumettre mon rapport sur tout ce que vous me communiquez. Je voudrais aussi entendre vos suggestions pour remédier à cette situation.
MULIMBI : Le prix est très cher malgré l’effort que nous faisons dans la collectivité pour l’agriculture.
SADITIKI T (Policier de la collectivité). : Pour nous les policiers nous avons honte devant vous et devant notre chef. On reconnaît le policier par son habillement. Nous n’avons pas de tenues nous autres, comment va-t-on reconnaître que nous sommes des policiers ?. Nous pouvons être nombreux mais sans tenue nous ne serons pas reconnus et il nous sera très difficile d’arrêter les gens.
COMPEUPLE : Voilà, nous sommes tous des frères, mon travail c’est de vous entendre pour connaître tous les problèmes qui se posent. N’ayez pas peur de moi. Dites-moi dans la franchise, je ne suis pas venu pour arrêter qui que ce soit.
KITENGE : Nous les agents des collectivités nous n’avons pas les livrets de travail.
COMPEUPLE : Merci, on a pris note.
TUMBA T.P. (Chef de Localité) : Nous avons beaucoup de difficultés, Citoyen Commissaire du Peuple dans les collectivités de Basonge et Lubunda.
MWALI : Nous avions une grande école. Depuis l’indépendance cette école n’existe plus (école primaire). Le dispensaire n’existe plus comme auparavant. Les routes sont impraticables. Nous souffrons pour mettre en vente nos produits. Nous vivons de l’agriculture. Nous avons 6 cantonniers S.N.C.Z. et quelques enseignants, ils n’achètent pas beaucoup. Nos produits pourrissent. Ce phénomène pousse à la jeunesse de fuir notre collectivité pour les centres.
COMPEUPLE : Vous avez parlé des problèmes qui touchent l’intérêt général de notre pays. Mais je vous informe que j’ai déjà eu un rapport à ce sujet depuis Kongolo, Kinshasa. Le problème des champs et de vos produits est très important. A Kinshasa il y a parfois les produits qui manquent alors qu’ici les produits pourrissent. Ne vous découragez pas. Continuez à cultiver, je crois dans quelques jours, dans quelques mois ou années, vous manquerez des produits à vendre. Vous allez aussi suivre ce que le Guide nous conseille. Plantez un arbre fruitier pour chaque naissance.
POPULATION : Oui.
DIRIGEANT A/Z : Pour ce qui concerne la route, les chefs doivent conjuguer leurs efforts Bayashi une partie, Bangongwe et vous, vous aurez la possibilité d’avoir une route quand vous allez terminer votre partie. Le mot d’ordre est déjà donné. Les jeunes doivent s’intéresser à l’agriculture. C’est très important au lieu de fuir leur responsabilité.
TUMBAT.P. : Le problème de ce village de Lubunda où il y a deux chefs ensemble quand on arrête un garçon ici à la collectivité de Katumbu, il dit qu’il est de Mulongo. S’il est arrêté à Mulongo il se dit être de Katumbu.Cela crée la confusion.
DIRIGEANT A/Z : Arrangez-vous de sorte que quand vous arrêtez quelqu’un qui se dit de Mulongo, amenez-le à Mulongo pour qu’il soit puni ou qu’il s’acquitte des amendes lui imposées.
TUMBAT.P. : Cela entraîne de querelles entre les chefs et ça peut entraîner des conséquences graves.
DIRIGEANT A/Z : C’est la question de vous arranger. Nous vous avons écrit une fois. Je crois depuis la Sous/Région.
T.T.P. : Les habitants Songe de Lubunda refusent de construire avec nous l’école maternelle tout comme ils refusent de contribuer au travail de champs du Parti que nous leur proposons.
DIRIGEANT A/Z : Eux font partie du groupement Bangongwe, ils ont leur champ dans leur collectivité des Basonge.
Vous travaillez seuls pour votre collectivité. N’espérez pas au concours de gens d’une autre collectivité.
T.T.P. : Les chefs de localités de Maniema sont payés. Comment nous de Shaba nous ne sommes pas payés ? Nous faisons tout, surveiller les champs, l’entretien des routes parfois. Quand il y a une autorité administrative qui arrive nous contribuons à son séjour. Pourquoi le gouvernement ne pense pas à nous ?
DIRIGEANT A/Z : Ce que vous demandez tout de suite. Notre Shaba est très grand, on a demandé le dossier pour que les agents de la collectivité soient payés par Kinshasa. La lenteur dans l’administration cause ces difficultés.
Paragraphe 3.L’ENTRETIEN AVEC LE CHEF DE COLLECTIVITE KATUMBU RACHIDI, SON FILS KATUMBU MUKENGE, LE SECRETAIRE ADMINISTRATIF MWANAHAMBA ET CERTAINS NOTABLES.
LE SEC. ADM. : Les difficultés que nous avons dans la collectivité de Lubunda, c’est que depuis la localité de Mahole jusqu’à Kongolo, il y avait une route, cette route n’existe pas à cause de manque de cantonniers. Aussi trois ponts (Kietshe, Mukususu, Miofu) manquent. Dans la localité de Mahole il y avait un enseignant et un magasin, maintenant comme il n’y a plus de routes le chef de collectivité fait ses revendications parce que dans le temps à Lubunda, il y avait un blanc scieur, un blanc fermier, un blanc s’occupant de transport de toutes les marchandises. Il voudrait donc le retour de toutes ces activités. Dans la collectivité il y a un groupement considéré comme quartier, mais de village (avenue) ces agents n’ont pas constitué les dossiers.
NGONGO ASS. : C’est-à-dire moi je suis chef et non Capita. Si votre ami était notre capita et que le chef ait commis une faute, on lui enlève le trône et on le donne au capita ? Vous demeurez chef ou pas ? interroge le Dirigeant. Même aujourd’hui j’ai les livrets de mon père PYANA MUBANGA, mes villages étaient Kaningwe, Kilolo Sangwa, Kalambi, Kabeya et Kitumba. Ce chef qui était capita ne peut pas me laisser quelque chose ? Pour que moi aussi je sois satisfait (la coutume) ?. Me changer dans la localité, je n’ai plus le pouvoir. M’arracher mes localités, je ne participe même pas au tribunal. Maintenant, je veux ceci : la gare et la mission doivent rester sous mon autorité. J’ai déjà quitté la brousse et je reste ici à la gare pour contrôler moi-même les affaires de la coutume. Mon ami m’a déjà dépossédé.
Après l’entretien les autorités de la collectivité nous avaient dirigées à la résidence épiscopale située à presque 2 kms de la gare pour y passer la nuit. Nous y trouvâmes Monseigneur BOUVE.
Paragraphe 4. MON LOGEMENT AUX COTES DE MONSEIGNEUR BOUVE
J’occupais une chambre à l’étage en bois et la Sœur KABONDO assistante de Monseigneur me servit un plat délicieux sous l’éclairage d’une lampe tempête. Avant de m’endormir, je composais dans un silence remarquable ma conférence à l’intention de la J.M.P.R.
C’est lorsque me levant le matin que m’apercevant du nombre de bâtiments endommagés qui entouraient ma résidence que j’eus l’idée de visiter cette ancienne école normale, abri des mulâtres. Peu avant la visite, je m’entretenais avec Mgr. BOUVE sur les possibilités de la réfection de Lubunda et lui exprimais mon souhait d’y voir créée une école secondaire avec internat. Mon interlocuteur me répondit que les chances de réussite étaient minces, car dans les environs il n’y avait pas beaucoup d’enfants et même si on voulait ouvrir un internat, il manquerait des vivres suite au mauvais état des routes.
Je trouvai la concession missionnaire dans l’état décrit ci-dessous :
DISPENSAIRE.
Un vieux bâtiment sans portes ni fenêtres, toiture en bon état.
INTERNAT DES FILLES
Bâtiment sans fenêtres ni portes mais toit en bon état. Monseigneur aurait amené des portes à Kongolo. Ce bâtiment comprend : 2 dortoirs plus un réfectoire.
COUVENT DES SŒURS(8 chambres, salon et salle à manger). Portes et fenêtres existantes.
UN CLAPIER
UN BATIMENT DE FOYER SOCIAL : sans toit, le W.C. sans toit.
UNE PORCHERIE : sans toit, sans portes et sans fenêtres.
CHAMPS DES SŒURS ET JARDIN D’ORANGERS
NOVICIAT : 10 chambres.
DEPOT POUR LES SŒURS : toit en bon état. Quelques fenêtres mais sans portes.
UN BATIMENT SCOLAIRE DE 5 CLASSES ET 1 W.C. : toit en bon état.
L’ECOLE NORMALE DE LUBUNDA : Le bâtiment où étaient logés des professeurs, une partie sans toit, sans fenêtres ni portes. Quelques fenêtres et portes disparues, toit en bon état. 6 classes réservées pour l’école primaire, sans fenêtres ni portes mais toit en bon état, un château d’eau 3 m3, un magasin pour outils, le bâtiment où était installé le groupe électrogène, portes et fenêtres emportées, la douche et le W.C. portes et fenêtres et toit emportés, la salle de promotions plus 2 chambres, deux dortoirs, un local contenant 21 fenêtres et 23 portes qu’on a enlevées au bâtiment.
Notons que dans la salle de promotions nous avons trouvé aussi des tuiles et des fenêtres.
Un bâtiment, une grande salle réfectoire avec fenêtres et portes complètes, une buanderie et une cuisine + magasin de vivres avec toit mais sans portes et fenêtres.
DEUX BATIMENTS DORTOIRS : sans toit, ni fenêtres ni portes.
DISPENSAIRE (dialogue avec l’infirmier Citoyen AMISI KITENGE).
COMPEUPLE : Quels sont les médicaments recherchés ?
INFIRMIER : Nivaquine et les verminoses
COMPEUPLE : N’y a-t-il pas la maladie du sommeil ?
INFIRMIER : Non.
COMPEUPLE : Quelles sont d’autres maladies les plus soignées ?
INFIRMIER : Les plaies, bilharzioses.
COMPEUPLE : Combien paye-t-on pour se faire soigner ?
INFIRMIER : 10 K. Pour une piqûre, 5 K pour un examen, 1 K pour 1 aspirine.
COMPEUPLE : N’y-a-t-il pas des cas de tuberculose ?
INFIRMIER : Non.
COMPEUPLE : Quelles sont d’autres difficultés que vous avez ?
INFIRMIER : Il n’y a pas.
COMPEUPLE : Le dispensaire appartient-il à Monseigneur BOUVE ?
INFIRMIER : Oui.
COMPEUPLE : Où trouviez-vous des médicaments ?
INFIRMIER : de Caritas.
COMPEUPLE : Combien des malades recevez-vous par jour ?
INFIRMIER : 15 à 17, parfois 25 quand il y a beaucoup des cas.
COMPEUPLE : Avez-vous combien de seringues ?
INFIRMIER : A peu près 150.
COMPEUPLE : Que désirez-vous encore ?
INFIRMIER : Il faut une école, une école supérieure.
Un collaborateur du chef m’apprit cependant que Mgr. BOUVE avait choisi Lubunda comme son lieu de repos pour ses derniers jours et qu’il ne supporterait pas l’existence d’une école avec les bruits des enfants à côté de sa résidence car il adorait le silence.
Peu avant de quitter l’ancienne école normale, je reçus le dirigeant de la JMPR/Collectivité, le citoyen Tundula Ramazani et des enseignants Ongenye Mwana Ngongo et Kibondo Mutamba.
Pargraphe 5. LES AUDIENCES ACCORDEES A CERTAINES PERSONNES.
a) L’AUDIENCE ACCORDEE AU CITOYEN TUNDULA RAMAZANI, DIRIGEANT DE LA J.M.P.R. COLLECTIVITE.
TUNDULA : Citoyen Commissaire du Peuple, j’ai commencé le travail depuis longtemps, mais il y a un certain temps le chef m’a envoyé une lettre me signifiant ma révocation, pourtant aucune faute n’est retenue à ma charge. Le dirigeant de Zone me connaît bien et le receveur comptable de la collectivité était au courant de mes activités (il montre une lettre n° 222/CAB/D.I./JMPR/KOC/75 signée par KITENTA, Dirigeant de la JMPR/Zone).
COMPEUPLE : (S’adressant au Dirigeant adjoint de la JMPR). Dans votre lettre il est dit qu’il ne travaille pas comme il faut pour le Parti, qu’est-ce qu’il y a au juste
TUNDULA : Nous ne sommes pas payés qu’on nous donne alors notre argent car nous sommes toujours des militants de la JMPR.
DIRIGEANT : Au juste ce dont nous lui reprochons est l’irrégularité aux réunions mensuelles. On nous a dit que celui qui sera deux ou trois fois absent devra être révoqué.
b) L’AUDIENCE ACCORDEE AUX ENSEIGNANTS ONGENYE MWANANGONGO ET KIBONDO MUTAMBA.
COMPEUPLE : Je regrette de votre désintéressement ? J’ai visité les écoles tout à l’heure et ne vis personne de vous. Hier déjà à mon arrivée, je n’ai pas remarqué la présence des enseignants.
ENSEIGNANTS : Cela est dû à la période des vacances.
COMPEUPLE : J’ai appris que la population scolaire est très insuffisante. Quelle est la cause ?
ENSEIGNANTS : Il n’y a pas assez de gens ici.
COMPEUPLE : Qu’est-ce que vous proposez pour remédier à cette situation ?
ENSEIGNANTS : Le regroupement des villages.
COMPEUPLE : Pourquoi assistez vous passivement à la destruction des bâtiments ?
ENSEIGNANTS : C’est le désespoir peut-être. Nous vigilons quand même. D’ailleurs, les portes de nos W.C. ont été volées, ensuite nous avons fait tout pour les trouver. Nous les avons retrouvées chez les villageois. Les tôles des W.C. sont mises quelque part où elles sont gardées pour éviter d’être volées.
COMPEUPLE : N’assistez pas les bras croisés à la destruction de Lubunda. A propos, avez-vous les matériels didactiques ?
ENSEIGNANTS : Non, nous manquons même des cartes, de ce côté là ça ne va pas, nous sommes obligés de fabriquer nous-mêmes quelques matériels.
COMPEUPLE : Donnez-vous les cours de civisme ? Les enfants connaissent-ils le nom du Chef de l’Etat ? Savent-ils le rôle d’un Commissaire du Peuple ?
ENSEIGNANTS : Oui.
COMPEUPLE : Avez-vous des suggestions à me faire ?
ENSEIGNANTS : Nous vous demandons pour que cette école reprenne, il faut aussi qu’une école secondaire soit sur place, et puis Citoyen Commissaire du Peuple, dans cette collectivité il n’y a pas des routes, toutes les routes qui y existaient sont perdues dans la brousse, on y pense plus.
COMPEUPLE : Ce problème m’avait déjà été exposé hier, mais, s’agit-il des routes d’intérêt national ou local ? S’il s’agit des routes d’intérêt national, la Brigade routière s’en occupera mais si ces routes sont d’intérêt local, la collectivité devra s’en charger.
ENSEIGNANTS+SEC. COLL. : C’est une route d’intérêt général, elle va à Kongolo, Kasongo etc.
ENSEIGNANTS : Est-ce que le salongo peut se faire à 2 ou 3 kms d’école ? Car nous avons 30 minutes par jour de salongo et nous risquons de perdre des leçons si nous devons parcourir des longues distances.
MULONGOY N. : (Un pygmé, joignant le groupe des interlocuteurs du Commissaire du Peuple s’adresse à celui-ci en disant) : il s’agit du problème de nos enfants qui ne vont pas à l’école, ils vont seulement un jour ou un mois et sont renvoyés. Les responsables d’école ne veulent pas que nos enfants étudient. Nous ne savons pas si c’est parce que nous sommes des pygmés. En ce qui concerne la J.M.P.R, nous, nous travaillons dur.
DIRIGEANT ADJ/JMPR ZONE : Abandonnez cette habitude d’aller en brousse, vous autres vous commencez bien les cours mais arrivés au mois d’avril, vous partez tous en brousse.
COMPEUPLE : Ne pensez pas qu’on refuse à vos enfants d’entrer à l’école, voyez la réponse que le Dirigeant vient de vous donner.
ENSEIGNANTS : A cause de leur déplacement au mois d’avril, Citoyen Commissaire du Peuple, ils quittent les bancs d’école pour la brousse à la chasse. C’est pourquoi le directeur a décidé de ne pas les accepter.
De la concession missionnaire, je visitais les bureaux de la collectivité et gardai une impression lugubre à cause de l’abandon de ces bureaux. J’appris aussi que la collectivité n’avait pas une prison, il n’y avait donc pas des prisonniers dans la collectivité de Lubunda. Je visitai aussi le champ de la J.M.P.R. dont la superficie était d’un hectare mais à cause de la négligence la semance était tardive. Les efforts de la population ne seront pas récompensés.
Longeant le long du rail, je rencontrai un groupe des travailleurs de la S.N.C.Z. et m’adressai à eux, les invitant de travailler dur non pas pour une contrepartie certes très négligeable mais plutôt à cause de l’importance d’un chemin de fer dans un pays. Tôt ou tard pourrait intervenir la récompense directement ou indirectement. Quant aux problèmes qu’ils m’avaient posé la veille, je promettai d’être leur fidèle interprète.
Chemin faisant, je visitai les bâtiments en construction pour l’école maternelle, une forge et la maison du chef de collectivité. Ce dernier après m’avoir informé que Mgr. BOUVE était le destructeur de Lubunda parce qu’il envoyait tous les matériels détruits à Manono profita de l’occasion pour me présenter sa fille handicapée pour laquelle il demanda qu’on lui envoie un vélo pour handicapés.
Comme le temps avait fort avancé, je ne rentrai plus à la mission et m’installai dans une maison proche de la gare pour attendre l’autorail de retour de Kindu. Dans cette maison, j’accordai audience à tous ceux qui avaient formulé une demande.
c) L’AUDIENCE ACCORDEE AU CITOYEN MWANAHAMBA, SECRETAIRE ADMINISTRATIF ET RECEVEUR DE LA COLLECTIVITE.
MWANAHAMBA : les habitants des localités Mahole et Bilongo demandent aux autorités du pays la reconstruction des trois ponts. Qu’elles s’entendent avec la population qui pourra dédommager après la réparation, l’organisme qui va s’en occuper. Par exemple : s’il s’agit de l’ONAFITEX, on s’arrangera lors du marché de coton. Ceci pour ne pas laisser notre collectivité se mourir. La population de la collectivité de Lubunda demande au Commissaire du Peuple d’aller plaider ce cas. Pour le bureau de la collectivité nous n’avons absolument rien, même pas les papiers de travail.
DIRIGEANT : C’est votre faute, vous ne faites rien. Vous avez 100 % de recettes. Dans le temps, les recettes de la collectivité étaient divisées 40 % à la zone et 60% à la caisse, c’est pourquoi vous étiez aidées. Actuellement on vous donne les 100%, vous ne faites rien. La collectivité de Nyembo est très riche à cause de son personnel compétent qui se débrouille. Ils ont déjà les plaques pour 1976, ce n’est pas la zone qui peut s’en occuper.
COMPEUPLE : A Lubunda, y a-t-il deux collectivités ?
MWANAHAMBA : Non. C’est le problème qui vous a été soumis hier par un notable. Il y a deux villages. Il y a un problème de limites entre Mulongo et Katumbu. La mission était louée par Muhonga.
La terre était donnée à Mubanga qui avait épousé la sœur de KATUMBU. Ce dernier permit à sa sœur de jouir de tous les fruits de cette contrée. Malheureusement, lorsque MUBANGA fut destitué, le capita MULONGO qui l’avait remplacé s’empara de cette contrée aussi.
d) L’AUDIENCE ACCORDEE AUX REPRESENTANTS DES PYGMEES KITWANGA TAMBWE, TAMBWE TUMBA, KASANGA MIKABA.
COMPEUPLE : Quelle nouvelle, avez-vous une vie meilleure ?
PYGMEES : Oui (ils exhibent une lettre écrite en swahili au Commissaire du Peuple).
« Salamu sana kwako Chef, Niko na maneno moya nauzikia sana kwa sababu KAPITA KATUMBA MAPAPELA alikuya na wa soldat ne fuyo anakamatisha kuku yangu, pasipo ruhusa kwangu, Mimi peke pasipo kuyua anafunga safari ananifuata mpaka ku njia ya Makila anakamata nyama yote. Kuku 35, nyama 11. Mimi naomba Barua zipo. Matata. Mimi KAPITA Citoyens KITWANGA TAMBWE sina mengi ya kusema. LUBUNDA ».La traduction en français est la suivante :
Nos salutations. J’ai un problème qui m’attriste, parce que le capita KATUMBA MAPAPELA est venu avec les soldats semer le désordre. Il a fait attraper mes poules sans mon autorisation. Sans que je ne le sache, il m’a suivi en brousse auprès de mes nasses prendre toutes les bêtes. 35 poules, 11 animaux, j’ai toutes les autorisations. C’est moi capita KITWANGA TAMBWE, je n’ai pas beaucoup
à vous dire.
COMPEUPLE : Vos enfants vont-ils à l’école ?
KITUNGWA : Non, les enfants eux-mêmes refusent de fréquenter l’école.
COMPEUPLE : (S’adressant au Secrétaire Adm). Vous entendez-vous ce que ce père dit ?
SECR. ADM. : Non ? Eux habitent loin de l’école et ne ménagent aucun effort pour envoyer leurs enfants à l’école.
COMPEUPLE : Maintenant, il n’y a plus rien à craindre, vous devez réfléchir sur votre développement. Vous savez que nous avons tous un seul Président. Quel est son nom ?
TAMBWE : C’est MOBUTU.
COMPEUPLE : Alors le Pape, quel est son nom ?
TAMBWE T : Je ne connais pas son nom.
COMPEUPLE : J’ai appris que vous chassez beaucoup.
SECR. ADM. : Oui.
COMPEUPLE s’adressant au Sec adm. : Pourquoi vous leur saisissez la viande ?
SECR. ADM. : Non, ce sont les soldats venus pour une enquête des fusils qui leur avaient saisi quelques 20 morceaux de viande et 11 poules.
COMPEUPLE : Vous devez être vigilants contre les fauteurs de troubles, les brigands etc. Ce sont nos frères, si vous admettez qu’on les traite de cette façon et si vous ne leur garantissez pas la sécurité, ils vont tous s’enfuir en brousse.
Vous avez un tribunal, je demande à ce que le chef qui aura encore agi de la sorte soit arrêté et que vous en avisiez Kongolo. (Notez que les pygmées m’avaient apporté une poule comme leur cadeau).
e) L’AUDIENCE ACCORDEE AU CITOYEN KASONGO MASUDI (vendeur)
COMPEUPLE : Quels articles avez-vous dans votre magasin ? Expliquez-moi les difficultés que vous rencontrez dans votre travail.
KASONGO : Moi je ne suis que capita vendeur, je ne connais donc rien sur les difficultés de ce travail. Mais dans le magasin, il y a : savon, wax zaïrois, coupes de tissus, bic, coupe tissort, savon de toilette, pétrole, kaki, assiettes, lames de rasoir.
COMPEUPLE : N’y a-t-il pas du sel ?
KASONGO : Seulement chez MAVENA, 20 K le verre.
COMPEUPLE : Y’a-t-il des articles qui manquent ?
KASONGO : Oui, souliers, casseroles etc. et beaucoup d’autres choses. Ce qui manque c’est surtout le sel qui n’arrive pas en abondance.
LE CHEF : Chez-moi la population souffre beaucoup, il n’y arrive rien. Il y a du maïs en abondance, nous avons cultivé loin dans la forêt.
f) L’AUDIENCE ACCORDEE AU CITOYEN NYEMBO KILUMBA, MONITEUR AGRICOLE.
MONITEUR AGR. : S’il y a hausse des prix du manioc, c’est parce que la popul-
ation prétend que les prix des articles du magasin ont aussi augmenté, tel que le sel, savon, etc.
DIRIGEANT : Les articles du magasin sont des articles industriels, appliquez pour les vivres les anciens prix connus officiellement.
MONIT. AGR. : Même les quittances données par l’Agronome de Zone pour faire payer les habitants qui vendent leurs produits vivriers, la population ne les accepte pas.
DIRIGEANT : Ces quittances sont défendues. Comment un éleveur ou un agriculteur qui travaille lui-même, doit payer ?
COMPEUPLE : Par qui est-ce que vous étiez payés ?
NYEMBO : Personne, je suis seul.
COMPEUPLE : A par l’animation, quelles sont les danses que vous pratiquez ?
NYEMBO : Il y a aussi le MUSOYE et LONGEA pour les jeunes, les adultes s’associent aussi à Lungela. Nous n’avons pas de graines de coton et nous sommes pourtant à la date des semences.
Nous en avons demandé à Kongolo mais nous n’avons toujours rien reçu. Les gens aiment bien cultiver, des adultes surtout car les jeunes détestent le travail des champs.
g) L’AUDIENCE ACCORDEE AU CITOYEN MWANA KASONGO ASSANI FILS PYANA LUBANGA.
MWANA KAS. : (Présente une lettre adressée à la S/Région pour demander la succession datée du 30 juillet 1973). Je demande que je reprenne la place de mon père qui était un grand chef.
COMPEUPLE : Avez-vous déjà porté cette affaire à la connaissance du Tribunal ?
ASSANI : L’actuel chef avait été confronté à mon père pendant son vivant.
Depuis la mort de mon père, c’est moi qui réponds à toutes les convocations adressées à ce sujet. On m’a déjà promis qu’une solution amiable allait être trouvée.
Les limites avaient déjà été vérifiées et l’on m’a demandé de patienter. C’était à l’époque du Commissaire de Zone KASHAMA.
COMPEUPLE : Comme vous le savez peut-être, il y a eu mutation des Commizones et je pense bien que cette affaire se trouve dans un dossier à la Zone. Je ferai le nécessaire pour rappeler la chose à la Zone afin qu’une conclusion soit tirée. Avez-vous autre chose ?
ASSANI : Non, mais nous souhaiterions vivement le retour de l’école supérieure. Plusieurs bâtiments vont s’écrouler.
Lorsque le train arriva, je m’embarquai avec ma suite pour Kongolo où j’arrivai le soir, une pensée scrutant tout le temps mon esprit : « Comment trouver une solution aux problèmes de Lubunda, détruit lors des guerres contre la sécession katangaise et par les prêtres qui l’ont pourtant construit ?
Sous Section 5. MON EMPECHEMENT DE VISITER LA COLLECTIVITE DES BAYASHI.
Je dormis paisiblement dans la villa que je partageais avec le nouveau Commissaire de Zone LOMBOTO EMPOMPO et l’ingénieur technicien de l’Office des Routes SHUKURU à côté des cliniques et me réveillant le lendemain, j’attendais le véhicule pour me rendre à Tchenge, chef-Lieu de la collectivité des Bayashi lorsque je connus la visite du Commissaire de zone titutlaire.
En effet, celui-ci vint me voir et m’interdit de me déplacer pour la collectivité des Bayashi, car il venait d’être informé de l’arrestation du Chef de collectivité MIHALI par les éléments des F.A.Z. Il ne connaissait pas encore exactement le motif de son acheminement au camp militaire du chef et faisait tout pour s’enquérir et dès qu’il serait édifié il m’en informerait m’avait-il dit.
Personne n’étant mieux placée à Tchenge pour m’accueillir, le commissaire de zone se proclamant responsable de ma sécurité n’admit pas de me laisser partir malgré mon insistance.
Au courant de la journé, Monsieur Shindani Nduwa obtint la libération du chef de collectivité dont le motif d’arrestation était son opposition à l’enlèvement de chèvres de sa collectivité par un militaire envoyé par ses supérieurs.
J’occupais mon temps à accorder des audiences et à répondre aux invitations.
Sous Section 6. LES ENTRETIENS ET INVITATIONS AU REPAS A KONGOLO, LE 1O ET 11/O1/1976
a) L’ENTRETIEN AVEC MUYUMBA MUTEMBEZI, AGRONOME REGIONAL DE L’ONAFITEX.
MUYUMBA M. : Un chef a.i. qui est à Makutano du nom de Tambwe sème la terreur dans la collectivité. Un jour mon agent que j’ai envoyé à Matata une localité de Mambwe a rencontré cet homme qui était allé avec les militaires. On ne sait pas ce qu’il y avait au juste mais ils ont ligoté les habitants bras derrière, chacun d’eux avec 2 ou 3 poules dans la main droite. Ils ont dépêché un homme à Kasawa, pour avertir le Chef de localité de faire préparer pour eux la nourriture (chèvres et poules) pour la pause de ces autorités.
Arrivés dans ce village tout était prêt. Les autorités qui dirigeaient la bande mangeaient et leurs prisonniers autour d’eux ligotés admiraient ceux qui mangeaient. Notre population est très méchante et passive. Il y a par exemple un dirigeant/MPR Bena Nyembo, SHINDANO qui dirige les opérations de pillage dans les villages avec la terreur de militaires. Quand ils arrivent, ils menacent les villageois. Ces derniers fuient et les militaires pillent le village. De ce côté là à la rive gauche, il n’y a pas des plaintes.
COMPEUPLE : Non, mais il y a des pygmées qui se sont plaints à Lubunda ?
MUYUMBA : C’est un cas tout à fait isolé parce qu’à la rive droite d’après les entretiens que j’ai eu avec le comptable de la collectivité Bena Nyembo. Il me parlait d’une loi adoptée par la collectivité, qui consiste en ceci « Quand il y a un villageois qui tue un autre… il faut aller dans ce village vider tout le village, piller le village etc. pour que tous les villageois soient contre cet homme ». Vous voyez que le problème ne se résout pas de cette façon.
COMPEUPLE : D’ailleurs, dans la collectivité il n’y a pas une loi qu’ils doivent imposer eux-mêmes, inconnue par les instances supérieures.
MUYUMBA : Puis à Mahundu, j’ai rencontré un militaire qui voulait par l’ivresse tirer sur la population. Il a été désarmé et amené à Mbulula au bureau du chef de poste … Il y a eu préparation d’un camion plein des militaires à Kongolo pour aller ravager le village de Mahundu.
Je suis intervenu auprès du colonel pour faire annuler l’ordre d’envoi de ces militaires. Une autre fois, un gendarme était envoyé par l’OPJ pour une mission de service. Arrivé à Mbulula, cet homme était utilisé par le chef pour aller piller le village Nyanga. Je les ai rencontrés (cette bande) avec 38 chèvres, poules et canards. J’ai pleuré en voyant, comment on vole la population.
COMPEUPLE : On se jette la responsabilité entre les autorités militaires et administratives. Il paraît que certains éléments ne sont pas contrôlés.
MUYUMBA : Pour moi, ce sont des cas très graves et rares : 90% de vols de ce genre sont commandés par des individus. Certaines autorités qui demandent au colonel des militaires dans le cadre du travail. Celui-ci ne peut refuser mais l’autorité qui demande les militaires les utilise très mal. Voilà le problème.
COMPEUPLE : Ce serait une grande faiblesse d’utiliser les militaires contre la paix et la liberté de la population. Nous ferons tout pour empêcher cela. S’il s’agit de changer certains fonctionnaires nous le ferons.
b) L’ENTRETIEN AVEC LE CITOYEN LIPU KONYOGE.
LIPU : Le 19 décembre 1975 mon capita vendeur le Citoyen Alimbwa Amisi avait laissé son vélo devant le magasin du Citoyen Ignace Katala.
A la sortie du magasin, il n’a plus retrouvé son vélo et quand il a commencé à le chercher on lui apprit que c’est le Secrétaire du M.P.R. Shindani qui l’avait pris.
Mon capita vendeur se mit à la poursuite de Shindani et ce dernier donna ordre aux policiers de le taper. Arrivé chez le chef de collectivité, celui-ci dit ne pas être informé de ce problème. C’est alors que j’ai porté plainte contre ce type chez le chef.
Dans sa défense, le Citoyen Shindani a dit que le dirigeant de Nyanga avait informé le chef de collectivité qu’il allait y avoir des massacres des envoyés du chef dans son village.
Le chef a donné alors l’ordre à Shindani de s’y rendre, quand ce dernier répondit qu’il n’y avait pas un moyen de transport, le chef lui demanda de saisir le vélo de n’importe qui. Sept vélos furent ainsi saisis et envoyés à Nyanga pour assurer le transport des objets saisis soit 45 chèvres, 165 poules, 27 canards, les habits des villageois et 11 zaïres du Citoyen Sukari Kalilo.
COMPEUPLE : Pourquoi y a-t-il eu une telle saisie à Nyanga ?
LIPU : C’est parce qu’un habitant n’avait pas payé son impôt et quand on est allé pour l’arrêter, celui-ci s’opposa. Au lieu de l’amener, ils ont pillé tout le village. Je vous informe encore qu’avant la fête de Noël, le Dirigeant adjoint de la JMLPR, MUKALAY qui avait été envoyé en service à Mbulula était parti à Kasesa ou à Kahutu où il a arraché aux habitants 5 chèvres, 12 poules et 2 canards.
Le véritable problème dans notre pays est celui-ci : Ne soyez pas pressé dans un problème, faites d’abord vous-même de recherches pour connaître où est la vérité. Ne suivez pas la fraternité, d’abord votre service et le reste après.
Le problème de Sultanat ne doit pas vous préoccuper. Un oncle ou un papa pour lesquel on avait mal agi ne doive pas déterminer votre conduite en guise de réaction.
Dites-nous exactement quel est votre travail, parce que nous ne voulons pas vous charger inutilement.
COMPEUPLE : Je suis les yeux, les oreilles et la bouche de la population. Je représente au parlement la Sous-Région du Tanganika et je dois par conséquent me rendre compte de la situation de la Sous-Région pour rédiger un rapport approprié.
LIPU : (Présentant un document émanant d’un adjudant sur le cas des statuettes). Cet adjudant pour une affaire des statuettes était à Ilunga pour chercher les statuettes. Il a arrêté le chef Ilunga et l’obligea de donner les statuettes. Mais le chef a refusé, la population (un enfant Amisi) avait demandé une note pour l’arrestation du chef, c’est à cette occasion qu’il écrivit cette lettre que vous lisez en photocopie.
Il a quitté Ilunga pour Luhembwe où il a été aussi chassé.
Puis ils sont allés à Yenda où ils ont pris 7 statuettes. C’est l’adjudant S4 qui a conduit cette opération. A Nkuvu, ils ont été chassés par le chef Kayembe qui avait d’ailleurs arrêté une jeep des militaires.
A Munono, les gendarmes ont pillé le village. 40 chèvres et des poules ont été emportées. La gendarmerie aussi fait payer des amendes sans quittance. Conséquence, chaque policier fait payer à la population des amendes. Puis, quand ils arrêtent les gens ils demandent à ceux-ci de donner 100 K, 50 K, 200 K, 500K et on les libère suivant l’état de chacun.
COMPEUPLE : Quelle est l’autorité qui dérange trop les gens ? Le Commissaire de zone ou les militaires ?
LIPU : Ce sont les militaires. Ils opèrent des arrestations sans que la Zone le sache. Ils affaiblissent même l’autorité des tribunaux des collectivités, en amenant les « accusés » directement au camp militaire ou à la zone.
Concernant notre société la SOCAGRI. Nous avons tous les documents, nous avions 3 camions. En 1967, les militaires en ont réquisitionné pour les opérations militaires (lecture des documents par le COMPEUPLE). Vous voyez de tous ces documents que vous venez de lire, il y a quelque chose à retenir, c’est la corruption.
Il n’y a plus de justice et cela entraîne la corruption dans tous les services de l’Etat. Si la corruption est jugulée à partir de la justice, dans tous les autres services il n’y aura plus de corruption. Il faut donc chercher un remède contre la corruption. Et la corruption continue de Kinshasa jusqu’ici à la Zone. Pour chaque problème il faudrait que je m’y rende, pourquoi ils ne voudraient pas donner l’ordre au responsable d’ici pour qu’il me paye à partir d’ici ? (Lipu présentant un autre document).
Vous voyez, j’ai entretenu la route de Mbulula à Lengwe, qui était en très mauvais état et la Société SACAGRI a payé tous ces ouvriers mais jusqu’aujourd’hui on ne veut pas nous rembourser l’argent dépensé.
Après la dissolution de SOCAGRI, moi et le Citoyen KIBERITI nous avons rassemblé les cultivateurs et avons créé la Société MWALIZA.
Notre but est de faire en sorte que les cultivateurs vendent directement les produits de leurs champs dans les centres de consommation. Ainsi les habitants pourraient connaître un développement et un progrès considérable.
COMPEUPLE : Comment allez-vous vous prendre pour le transport de vos produits vivriers ?
LIPU : Les habitants vont louer les véhicules ou en acheter grâce à l’aide qu’ils vont obtenir des autorités sensibles à leurs problèmes (Lipu présente un document de MWALIZA et un document concernant l’affaire ZAKARIAS).
COMPEUPLE : Quand vous avez adressé ces lettres, Zakarias était encore au pays ?
LIPU : Oui, il était encore là.
COMPEUPLE : (Lisant un document). Vous devriez donc en principe acquérir ce magasin ? Est-ce qu’on avait déjà tranché ce problème ?
LIPU : Oui, la Cour d’Appel de Lubumbashi avait déjà tranché ce problème.
Le jugement demandait qu’on me paye 2.000 Zaïres seulement. Alors j’ai interjeté appel à la Cour Suprême de Justice à Kinshasa. La Cour Suprême de Justice m’a de nouveau renvoyé à la Cour d’Appel. (Il présente une lettre de la Cour suprême, signée par le Greffier de la Cour Suprême de Justice B. LUHEMBA et portant le numéro 221/69/GREFFE DIV. Du 29 septembre 1969.
c) LA RECEPTION CHEZ LA CITOYENNE TABU SALIMA.
Me présentant chez la Citoyenne TABU SALIMA, j’y avais rencontré le Commissaire de Zone titulaire, un agent de la Banque du Zaïre en mission, le représentant de la S.N.C.Z. le chef SIREX MULAMBA, le Commissaire de Zone assistant chargé des affaires politiques, le Citoyen MWANAMPANGA, le Citoyen MOKET MBAYO, président de l’ANEZA/Kongolo et tant d’autres invités.
Au cours de la réception, divers sujets de discussion furent abordés et notamment celui de la nécessité d’implantation de l’agence d’une institution bancaire quelconque à Kongolo et celui de l’opposition de la destruction de la gare de Kongolo. Si pour le premier sujet au nom de la population, je prononçais un long discours à l’intention du représentant de la banque du Zaïre le suppliant presque de faire un rapport convaincant en faveur de la Zone de Kongolo qui remplit toutes les conditions, pour le deuxième, le représentant de la S.N.C.Z. et le Commissaire de Zone s’efforcèrent de démentir les rumeurs dramatisant cette destruction. Selon le Chef SIREX, le problème de la gare est un faux problème.
Kongolo est un terminus pour le bief supérieur depuis longtemps. Après la construction du pont, le prestige de Kongolo n’avait fait que croître. Actuellement la S.N.C.Z. a décidé de diminuer l’effectif du personnel parce que Kongolo ne rapporte rien. Le moteur ne va pas être déplacé alors que le bief supérieur est encore exploité. On va diminuer l’effectif du personnel mais on ne va pas enlever le moteur. La gare restera au même emplacement car nous n’avons pas accepté son déplacement qui exigerait des frais énormes en installation (exemple, prévoir les W.C.). La population dramatise peut-être parce qu’ayant remarqué que les grues étaient déplacées pour Kindu, cela est dû une fois de plus à la diminution de l’importance du port de Kongolo.
En ce qui concerne la destruction ou la vente des maisons : en effet, une maison avait été vendue au père Daniel pour permettre la construction du collège et une autre à la sœur Juliette. C’étaient des maisons sans toit situées de l’autre côté du camp.
Le Commissaire de Zone assistant MWANAMPANGA prenant la parole à son tour promit de me faire un rapport sur cette situation. Les ports sont très négligés dit-il, c’est le cas de là où j’étais aussi (Bukama). On ne balise plus le fleuve et les gros bateaux ne sont plus en circulation malgré l’importance de cette voie fluviale qu’est le bief supérieur. Cette suppression a au point de vue social entraîné une forte mortalité car la population se déplace difficilement ou ne se déplace même plus. Il manque ainsi le long du fleuve des dispensaires, commerçants etc. vraiment la population est éprouvée.
d) LA RECEPTION ORGANISEE PAR LES INTELLECTUELS HEMBA
A la réception, organisée en mon honneur par les Hemba, au domicile de Muyumba MUTEMBEZI, Agronome Régional de l’ONAFITEX, je fus accueilli à l’entrée de la maison par son épouse et trouvais déjà installés sur des tables arrangées en prévision d’un débat, entre autres, les Citoyens : KAYOMBO (Jules), MUYUMBA (Bruno), BWANACHUYI, LWAMBA (Directeur E.P. Kaseya) KABEYA (Directeur E.P.A. Sola), MUYUMBA KABEMBE, MUGANZA (Barthélemy), KALUME NYEMBO RAMAZANI (Air Zaïre), MUKUTA, MUTEBA, NDANGI LUBAMBULA, MUNYATWA (E.P. Lengwe), NYEMBO, MAKUWA et MUZYANDA.
Une allocution dont la teneur suit avait été prononcée :
Citoyen Commissaire du Peuple,
Trop tard, n’est jamais l’expression des sages. Partant, tout en vous souhaitant le bienvenu et le bon séjour dans la zone de Kongolo, partie intégrante de votre circonscription électorale qu’est la Sous-Région du Tanganika, et plus particulièrement dans votre milieu d’origine qu’est le BUHEMBA. Nous profitons de cette occasion pour vous présenter nos très vives félicitations à l’occasion de votre élection au poste de Commissaire du Peuple. Nos souhaits les plus ardents ne sont autres que ceux de vous voir réussir pleinement dans votre lourde mission mais surtout de vous voir continuer cette tâche pendant un temps assez long.
Ces souhaits, nous amènent à vous assurer notre collaboration très sincère, franche et loyale. Aussi, notre concours sera pour vous un gage social de notre part. A vous-même, nous espérons que débutant trop jeune cette carrière combien lourde et riche en responsabilités, vous vous attèlerez à votre tâche avec rigueur voulue.
Cela vous permettra de vous affirmer valablement.
Inspirés par l’une des phrases de discours magistral prononcé par le Président de la République à l’O.N.U., nous citons : « Entre un frère et un ami le choix est claire ». Fin de citation. Nous nous permettons en conséquence à vous déclarer sans crainte d’être contredits que nous, vos frères Bahemba nous nous réjouissons que quiconque et nous sommes plus fiers, car non seulement vous faites partie des membres de l’institution législative de notre pays, mais parce que par cette position vous avez l’occasion de vous occuper des problèmes nous concernant.
Votre position politique et sociale actuelle vous font sortir de l’orbite des jeunes et vous placent dans celui des vieux. Conséquemment, nous vous demandons de vous comporter dignement en discernant l’âge et la responsabilité que vous portez. Vous allez ainsi concrétiser l’existence de l’âge physique et mental.
Citoyen Commissaire du Peuple,
L’objectivité consiste à voir les choses telles qu’elles sont et non qu’on veut qu’elles soient. Par ce principe, la sagesse vous recommande d’étudier objectivement tous les problèmes qui vous seront soumis afin de pouvoir les résoudre en connaissance de cause. Cela vous épargnera sûrement certains impératifs.
La compétence des problèmes politiques, économiques et sociaux revenant clairement qui de droit, nous nous réservons de pouvoir vous en parler. Néanmoins, puisque au cours de votre tournée vous allez palper vous-même la réalité de tous les problèmes qui se posent présentement, nous nous limiterons à vous expliciter certaines situations si tel sera votre désir.
Dores et déjà, nous sommes convaincus que votre présence est pour beaucoup, l’espoir du règlement général de certaines situations avec le concours des autorités au niveau de la compétence de chacune d’elles.
Compte tenu de l’expérience du passé, nous nous permettons à vous déclarer que nous allons considérer sans réserve ENNEMI de la Société HEMBA tous ceux qui d’une manière ou d’une autre, tenteront à vous écarter de certains en vue de tirer pour eux la corde devant entraîner toute la Société Hemba.
Nous ne voudrions pas terminer cette petite allocution sans vous demander d’être notre interprète auprès de vos collègues formant la famille Hemba et vous prions de leur transmettre nos félicitations et nos souhaits.
QUE VIVE LE MOUVEMENT POPULAIRE DE LA REVOLUTION !
QUE VIVE LA SOCIETE HEMBA,
QUE VIVE LE CITOYEN COMMISSAIRE DU PEUPLE LUMBU MALOBA NDIBA.
Fait à Kongolo, le 11 janvier 1976.
Après l’allocution, nous mangeâmes dans une grande joie, la bière Simba coulant à gogo puis à la fin, le débat fut ouvert.
LE DEBAT
KAYOMBO : La tribune est libre, nous ouvrons le débat comme nous l’avons demandé au Commissaire du Peuple et comme c’était son souhait. Que ce débat se déroule dans l’ordre et la discipline. Nous invitons chacun de poser des questions d’une façon intelligente et surtout des questions d’intérêt général.
MUZYANDA : Citoyen ComPeuple, le problème qui nous préoccupe est celui de militaires qui nous affaiblissent. A Lengwe comme à Makutano, nous ne savons pas ce qu’ils sont en train de faire. A Lengwe ils font cultiver leurs champs. A Makutano, il y a eu des infiltrations mulélistes, ils croisent les bras au lieu de poursuivre les hors la loi. Ils disent qu’ils n’ont pas de munitions.
Ensuite dans le même ordre d’idées, ces hors la loi, se trouvent en dehors de notre zone, de l’autre côté de la rivière Luika et Kabeya Mayi. Il ne serait pas possible que nos militaires restent de l’autre côté de Luika et au delà de Lengwe ?
COMPEUPLE : Hier j’ai parlé aux autorités de la Zone que la population va se défendre elle-même. Comme le Citoyen Muzyanda vient de le dire, si ces actes continuent, nos frères à Kinshasa et ailleurs n’accepteront pas de venir investir ici au risque d’être désappropriés par ces mulelistes un jour. Je tiens compte de toutes les suggestions qu’il vient de me faire. La situation est alarmante. Quiconque se permette d’exploiter la population, nous le combattrons. Prenons conscience pour mieux nous organiser, pour faire front à ces exploiteurs qui ruinent notre population.
BWANACHUY : Citoyen Commi.Peuple, depuis l’indépendance, je n’ai jamais vu un député qui a déjà fait une chose importante et inoubliable ici chez-nous. Dans notre Zone il n’y a ni ambulance ni corbillard. Nous amenons au cimetière les morts sur les épaules. Nous vous demandons qu’il nous soit accordé ces moyens de transport mortuaire. Par exemple il y a des collectivités qui se trouvent à des centaines de kilomètres de l’hôpital, il n’y a pas des véhicules, une ambulance peut nous être utile.
KAYOMBO : Comme l’a demandé le Commissaire du Peuple, l’ordre et la discipline sont de rigueur pour ce débat, même dans la façon de poser des questions et donner des suggestions et conseils. Deux problèmes viennent se poser spontanément : un problème politique par Muzyanda et un problème social par Bwanachuy. Je crois dans sa tournée le Commissaire du Peuple va constater la souffrance de la population. Voyons d’abord le problème de Muzyanda qui est un problème très important pour le moment. Les rebelles ne sont pas chez-nous. Ils sont hors de notre zone comme l’a dit Muzyanda, voire même de notre région. Les militaires nous asservissent à cause d’une ordonnance décrétée depuis Kinshasa qui considère la rive droite de Kongolo comme zone opérationnelle.
Pourtant dans la partie de la rive droite de la zone de Kongolo, il n’y a pas des rebelles. Nous vous demandons d’aller résoudre ce problème au niveau de la Nation qu’on abolisse d’abord cette ordonnance loi. Car les autorités de la place n’en peuvent rien. (Applaudissements).
Voulant une fois de plus répondre aux différents orateurs, il me fit demander de ne pas me faire de la peine, car ma mission devait consister simplement à enregistrer les différentes doléances et silencieux, je suivis le déroulement du débat jusqu’au moment où épuisé le sommeil me sollicitait.
A la clôture de la séance, j’embarquai dans un camion qui me ramena à la maison de passage.
A Suivre