Protais Lumbu Maloba Ndiba se souvient des moments difficiles passés aux côtés de son ainé et collègue du groupe de 13 Parlementaires et Fondateurs de l’UDPS (Partie 3)

Protais Lumbu Maloba  Ndiba se souvient des moments difficiles passés aux côtés de son ainé et collègue du groupe de 13 Parlementaires et Fondateurs de l’UDPS (Partie 3)

13 Sep, 2021

Chapitre 9.  De la comparution devant la  cour de la sureté  de l’Etat,

La comparution devant la Cour de la Sûreté de l’Etat eut lieu le 19 juin 1982 mais pour  raison de non saisi de certains fondateurs et de l’absence des avocats, elle avait été remise au 28 juin 1982,

A l’audience du 28 juin 1982, contrairement au 19 juin, c’est vers midi seulement que le bus vint nous chercher à la prison et au lieu des gendarmes mobiles, l’entrée de la prison était infestée par des bérets verts de la garde présidentielle. L’escorte même était intimidante. Au lieu de pénétrer à l’Assanef par l’entrée normale, l’autobus suivit une voie secondaire.

A la descente du bus qui nous avait amenés jusqu’à la porte d’entrée de la salle, nous n’entrâmes pas dans la salle à la vue de la garde présidentielle qui chargeait la foule venue manifester son soutien à notre démarche politique. Ci et là, les gens étaient battus et escortés vers les lieux de détention et c’est malgré le passage en ce moment du cortège de Kirk Patrick, la représentante des Etats Unis à l’ONU.

Chapitre 10. De la condamnation

 Comme prévu, le jour du jugement, on vint nous chercher à la prison mais tous nous refusions de nous rendre à l’Assanef. La Cour de Sûreté de l’Etat siégeant en matière répressive en premier et dernier ressort avait rendu l’arrêt  RMP 3833  RP 2322  Audience Publique du jeudi premier juillet dix-neuf cent quatre-vingt-deux dont la teneur suit :

C’EST POURQUOI

          La Cour,

Statuant contradictoirement à l’égard des prévenus KIBASSA MALIBA, NGALULA, DIA, KYUNGU, KASALA, NGOY MOUKENDI, LUMBU, LUSANGA, KAPITA, TSHISEKEDI, KANANA, MAKANDA, BIRINDWA, SAMBWE, META, KABULE, MANGABU et KATOMPA et par défaut de  BIRINGANINE ;

R.M.P. 3833.                                                                        – vingtième feuillet –       R.P. 2322.

 Vu le code de l’organisation et de la compétence judiciaires ;

Vu le Code de procédure pénale ;

Vu le Code pénal dans ses articles 22, 23, 295, 196, 213 et 216 ;

 Oui le Ministère public représenté par le citoyen BOKUMA ETIKE, Procureur Général de la République dans son réquisitoire ;

Dit établie à la charge des prévenus KIBASSA, NGALULA, DIA, KYUNGU, LUMBU, KASALA, NGOY MOUKENDI, LUSANGA, KAPITA, TSHISEKEDI, KANANA, MAKANDA et BIRINGANINE  l’infraction de complot mise à leur charge et les condamne de ce chef à 15 ans de servitude pénale principale chacun.

Dit établie à la charge du prévenu KYUNGU, l’infraction de manifestation de l’aversion de la haine tribale ou régionale dit que cette infraction entre en concours idéal avec celle du complot en raison de l’unité d’intention et que la peine y attachée sera absorbée par la peine la plus forte, c’est-à-dire celle de 15 ans de servitude pénale principale ;

Dit établie à la charge du prévenu BIRINDWA, l’infraction de recel mis à sa charge et le condamne de ce chef à 5 ans de servitude pénale principale ;

Dit également établie à la charge des prévenus SAMBWE DIANDA, META MUTOMBO, MANGABU  FWAMBA et KABULE bin KAWANGA l’infraction mise à leur charge ;

Condamne les prévenus META MUTOMBO et MANGABU à 12 mois de Servitude pénale principale ;

Dit qu’il sera sursis à l’exécution de la peine pendant un délai de deux ans prenant cours à la date du présent arrêt ;

Condamne le prévenu SAMBWE DIANDA à 24 mois de servitude pénale principale ;

Condamne le prévenu KABULE bin KAWANGA à une peine de 12 mois de servitude pénale principale ;

Constate que les treize premiers ont déjà été déchus de tous leurs droits politiques et civiques ;

Dit non établie dans le chef du prévenu KATOMPA les faits mis à sa charge, l’en acquitte et le renvoie de fins de poursuites ;

R.M.P. 3833.                                                                     – vingt-unième feuillet       R.P. 2322.

 Condamne tous les prévenus sauf KATOMPA, chacun à 1/19ième des frais, taxés à la somme de ………………………… Zaïres ;

 Fixe à 7 jours la durée de la C.P.C. à subir en cas de non-paiement dans le délai légal ;

 Met 1/19ième des frais à la charge du Trésor ;

 Ainsi arrêté et prononcé à l’audience publique du 1er juillet 1982 à laquelle siégeaient les citoyens : MATONDO BWENTA, Premier Président ; IKOLO OKITO, Président et LUNYANGU KANKU Conseiller ; en présence de BOKUMA ETIKE, Procureur Général de la République et avec le concours du citoyen NGANKOY NESE MAKASSA, Greffier du siège.

 LE CONSEILLER                     LE PREMIER PRESIDENT                         LE PRESIDENT

LUNYANGU KANKU                MATONDO BWENTA                                    IKOLO OKITO

                                                               LE GREFFIER DU SIEGE

                                                               NGANKOY NESE MAKASSA.

                                                              POUR COPIE CERTIFIEE CONFORME

                                                                      KINSHASA, LE 15 JUILLET 1992.

                                                                                  = KALOMBO BUDIMBWA =

                                                                                                 DIRECTEUR.

                                                                                                          Signé

 Les citoyens Birindwa et Sambwa qui avaient été adoptés fondateurs s’intégrèrent complètement à notre groupe. De temps à autre cependant on pouvait apercevoir un peu de tristesse chez Sambwa. Haut cadre de la SNCZ, il devait rentrer en Europe à cette période-là pour raisons de soins médicaux. En plus il risquait de perdre son emploi sans contrepartie ! Le groupe l’éleva aux fonctions de gouverneur de pavillon 8, en remplacement de citoyen Kyoni.

L’homme qui était tout malheureux et maudissait le Président Kibassa était le Président de Sampa, citoyen Kabule : commerçant de son état et sans famille à Kinshasa. Il disait s’être vu condamné avec les politiciens auprès desquels il n’était pas sûr de tirer un quelconque bénéfice.

La préparation de colis en vue de notre éloignement de Kinshasa se poursuivit. On nous fit parvenir des biens et même de l’argent en prison par les personnes de bonne volonté. J’achetai personnellement un poste de radio et une mousse facile à transporter.

Les bruits de notre dispersion à travers les différentes prisons de la République étaient fondés et notre préparation à cette séparation s’était justifiée. En effet, une semaine après le jugement nous fûmes informés de différents centres qui devraient nous accueillir.

Etienne Tshisekedi devrait réellement être emprisonné à Belingo dans le Bandundu. Kasala, dans la même région de Bandundu mais à Feshi. Kanana, Kibassa, Ngalula, Kyungu, Makanda, Kapita furent envoyés respectivement pour les quatre premiers à la prison d’Osio dans le Haut Zaïre et à Djungu et  Dungu pour Makanda et Kapita. Dia Onken fut envoyé à la prison de Buluo au Shaba et moi-même à la prison de Luiza au Kasaï occidental.

Ngoy,  Mukendi et Lusanga étaient allés au Bas Zaïre à Luzumu, tandis que Kabule, Sambwe et Birindwa étaient gardés à la prison centrale de Makala.

Je fis le constat qu’il avait fallu une tournée au Shaba pour que l’UDPS existe, autrement il serait un mort-né comme l’avaient été le MNC/KIWEWA, le MNUR de MBEKA ou d’autres partis qui avaient été créés par les citoyens KAPWASA, MBWAKIEM ou LIHAU en vertu de l’article 4 de la Constitution de 1967. En effet, à Kinshasa, les intimidations de la police politique obligeaient aux forces politiques autres que le MPR, à ne se produire que dans la clandestinité et voilà que la vulgarisation de l’UDPS au Shaba par ses quatre fondateurs qu’étaient un de deux Commissaire Politique élus au Shaba et membre du Comité Central, le citoyen KIBASSA MALIBA et les Commissaires du Peuple KYUNGU wa ku MWANZA, élu de la ville de Lubumbashi, LUSANGA NGIELE, élu de la ville de Likasi et moi-même LUMBU MALOBA NDIBA, élu de district de Tanganika avait été une surprise pour le pouvoir et un débarras de la peur pour la population.

L’arrestation au Shaba et le transfert à Kinshasa qui s’en suivit, d’abord de quatre fondateurs, puis des parents de ces fondateurs, des femmes, de certains cadres du MPR, des commerçants, des cadres des sociétés, des universitaires et autres sympathisants, puis de neuf autres fondateurs à Kinshasa et enfin la poursuite et la condamnation de tous les fondateurs et leurs complices et leur transfert dans diverses prisons du Pays avait été un FAIT SOCIAL qui avait consacré l’existence de fait de l’UDPS.

 Extrait le 8 juillet de la prison centrale de Makala, je m’étais trouvé avec plusieurs de mes collègues dans le véhicule qui nous avait amenés à l’aéroport. Il n’y avait pas d’escorte avec sirène et l’atmosphère était morne.

A l’aéroport de Ndjili, seuls les collègues en partance pour Kisangani furent embarqués dans un avion spécial

Textes tirés de l’ouvrage ‘’Protais LUMBU IV’ ou de www.femmefortes.com