24 Sep, 2016
Le destin de la République Démocratique du Congo préoccupe au plus haut niveau les pays membres du Conseil de sécurité des Nations-Unies. Ces derniers pensent qu’il est important de diligenter une enquête sur les violences qui ont eu lieu les 19 et 20 septembre dernier, à Kinshasa, de suite de la marche pacifique du Rassemblement des forces acquises au changement. Le Conseil veut voir clair et tient à déférer toutes les personnes concernées devant les cours et tribunaux pour que la justice soit faite. Le juriste-politiste rd-congolais Oliver Lumbu Muyenga a prêté sa voix à notre rédaction pour éclairer nos internautes sur cette démarche des Nations-Unies qui renferme plusieurs faces cachées. Lisez attentivement cet entretien :
Le Conseil de sécurité des Nations-Unies venait d’annoncer, ce mercredi 21 septembre de la mise en place d’un comité pour enquêter sur les morts du lundi 19 et mardi 20 septembre 2016, à Kinshasa. Comment avez-vous accueilli cette nouvelle ?
C’est tout à fait normal. De nos jours, la société humaine n’est pas une jungle dans laquelle à l’état de la nature, c’est la force qui fait la loi. Les Nations-Unies ont pour vocation de maintenir la paix et la sécurité. La RDC étant membre de cette organisation ne trouve pas cette démarche étrange. C’est normal que cette organisation se prononce lorsque la paix est menacée dans l’un de ses pays membres. L’État congolais en vertu de ses missions régaliennes est aujourd’hui incapable de s’en sortir face à des questions de paix et de sécurité. Il est donc important qu’il soutienne ces genres d’initiatives.
Avant-hier, à l’ouverture de la 71ème session de l’Assemblée Générale annuelle de l’ONU, le Président français François Hollande avait haussé le ton vis-à-vis des autorités rd-congolaises alors présentes à New-York. N’a-t-il pas exagéré dans son discours ?
Exagérer par rapport à quoi ? La planète entière a vu une population non armée tomber à coup de balle réelle sur instruction du pouvoir sensé la protéger et cela à conduit à la révolte. C’est qui signifie que la paix et la sécurité sont menacées en RDC. C’est la France qui s’est exprimée comme membre permanent du Conseil de sécurité. Lequel conseil à pour principales responsabilités de maintenir la paix et la sécurité internationale. Je suis un progressiste et je milite pour le changement. Les propos du président français sur les violences et exactions du 19 et 20 septembre 2016 ainsi que son inquiétude sur le respect de la Constitution sont dignes de ses responsabilités.
Concernant les rd-congolais morts à l’Est de la RDC, les Nations-Unies ne se sont jamais mobilisées autant et n’ont pas encore décidé de traduire ces auteurs en justice. Pourquoi sont-elles pressées pour le cas de Kinshasa ?
La question de l’Est relève de la souveraineté de l’État et le principe de non ingérence est l’un des principes fondamentaux des relations internationales qui permet à une nation de résoudre seule, certains problèmes liés à son fonctionnement.
L’État congolais a montré ses limites face aux réalités de l’Est. Il a failli. C’est pourquoi le changement s’impose! Nous ne pouvons pas penser que les Nations-Unies sont pressées face aux cas du 19 et 20 septembre 2016. C’est une position normale étant donné que la paix et la sécurité sont menacées. La RDC court aujourd’hui les risques de replonger dans le cycle de violences à cause du contrat social qui est rompu.
En tant que juriste, les personnes impliquées ou concernées seront-elles jugées en Rd-C ou dans un tribunal international ?
Cela dépendra de la qualification des faits. Les cours et tribunaux congolais sont compétents pour connaître des cas pareils, mais si les faits sont qualifiés comme étant des crimes relevant de la compétence des juridictions internationales, lesdites juridictions sont donc compétentes pour juger et trancher.
Que retenez-vous de toutes ses pressions internationales au moment où se tient le Dialogue National Inclusif ?
Je retiens de ces pressions que le régime est finissant comme à la chute du régime du Maréchal Mobutu. C’est clair que ce dialogue est un échec, un canular …
Un conseil à la classe politique rd-congolaise ?
Nous devons privilégier le contrat social, l’esprit de l’accord global et inclusif de Sun City (Afrique du Sud) incarné par la Constitution en vigueur dans notre pays afin de sauvegarder la paix chèrement acquise au prix de nombreux sacrifices et de mettre de côté nos ambitions personnelles au profit de l’intérêt de la communauté pour garantir le vivre ensemble .
CINARDO KIVUILA/eventsrdc.com