Chapitre 13. De mon rappel urgent  de  Kayanza à cause de la visite des parlementaires américains à Kinshasa

Chapitre 13. De mon rappel urgent  de  Kayanza à cause de la visite des parlementaires américains à Kinshasa

10 Nov, 2015

Protais-Lumbu

Texte tiré de l’ouvrage : PROTAIS LUMBU 4. «Mon apport dans le Triomphe de la démocratie multipartiste’ »

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Protais LUMBU MALOBA NDIBA, Président de l’UDPS. Ph. « femmefortes.com »

 

Ayant décidé de rejoindre mon village d’origine de Kayanza, après la dure épreuve d’emprisonnement, je pris avec moi mes deux premiers enfants Baby et Maman afin d’éviter à mon épouse le dérangement par des nombreux enfants.

A Lubumbashi, je logeai comme d’habitude à la résidence de mon oncle paternel Ilonda ya Mbundu au Bel air. Comme il n’y avait pas un vol  d’avion programmé dans l’immédiat, je pris le train. Lors de mon attente de la correspondance à Kabalo, j’avais logé chez le Commissaire du peuple Kakudji et avais visité l’hôpital général pour réconforter mon oncle paternel Kachoma qui y était soigné. Je rencontrai la bas, le docteur Mwilambwe Blaise, un de mes anciens collègues du Collège Saint François de Sales à Elisabethville. Celui-ci qui avait été son docteur m’apprit la nouvelle de son décès récent. Je partis m’incliner à sa tombe.  A mon arrivée à Kongolo, la population  me transporta en tipoy.

Gilbert Ilunga, le gérant du guest house Bouger et Faire Bouger mit tout en œuvre pour mon accueil à Mbulula.

A la veille de mon départ pour Mbulula, alors que les Ets Mali ya Butoto, avait accepté de mettre leur véhicule à ma disposition, le membre du Comité Central du MPR Nyembo Mwana Ngongo qui séjournait à Kongolo les intimida en soutenant que je n’étais pas autorisé de quitter Kongolo. Je pris malgré tout ce véhicule le 03/08/1983, comme tout autre voyageur sur la route principale alors qu’il devait venir me chercher en toute dignité à ma résidence. Le danseur « Mulubwilo » Katumbwe fit partie de ma suite.

Avant d’arriver au sommet de la montagne “ Mbombo Sumba, ” lieu ou généralement on accueille les hôtes de marque, la population de Mbulula  m’y attendait avec le tipoy. Je priais le chauffeur Mwenda de continuer la route jusqu’à l’endroit où je vis mon père, son petit frère Sixte et mon oncle maternel Mayani. C’est de là que je montai sur le tipoy pendant que “ le mulimba de Babanzi ” le tam tam tonnait.

Au fur et à mesure que nous nous approchions des magasins, la population devenait de plus en plus dense. C’est en triomphe que je descendis du tipoy à la résidence de mon père.

Le lendemain le 4 août 1983, la population de Kayanza me réserva un accueil haut en couleurs. En effet, cette fois-ci, dès après Lubovya je vis les footballeurs. Peu avant le sommet du mont Kagela, je trouvai les anciens de la famille Mbundu entourés de leurs enfants. Papa Sixte qui m’avait accompagné me présenta à eux. Papa Charles prit la parole pour me demander de monter sur le tipoy. J’hésitai un peu en jetant mes regards vers papa Sixte qui disait qu’il souhaitait que je marche avec les autres. Papa Charles insista et je montai sur le tipoy. Le danseur mulubwila Katumbwe monta quant à lui au dessus de la carrosserie du gros véhicule et émerveilla la population par ses innombrables numéros de magie.

A l’entrée du village Kayanza, je trouvai les danseurs mbuli qui prirent la charge de me transporter. Ils battaient leurs tambours et mulimba en chantant.

Un vent violent souffla lorsque nous atteignîmes le centre du village. Les danseurs mbuli continuèrent à me transporter majestueusement jusqu’au moment où ils me déposèrent dans le quartier de ma famille mbundu à la résidence de Michel Bulongomoto et directement il se mit à pleuvoir.

Le 5 août 1983, je passai mon temps au deuil du papa Kachoma et expliquai les circonstances de sa mort par cirrhose de foie tel que le docteur me l’avait dit, lorsque  je vis venir Lipu Kanyoge, qui m’avait tendu un message télégraphique par lequel, il m’était prié de rejoindre Kinshasa d’urgence.

Quittant Kayanza, je passais la nuit à Mbulula avant de repartir le matin à Kongolo, d’où je pris le vol programmé de la semaine en compagnie de mes deux enfants et mon petit frère Martin.

De l’aéroport de la Luano à Lubumbashi  je rejoignis la résidence du citoyen Kyungu wa ku Mwanza qui venait de rentrer de Kinshasa.

Il s’y était rendu à l’occasion de la visite des congressistes américains. Il m’informa au sujet des graves incidents qui avaient lieu après l’entretien à l’hôtel Intercontinental entre les congressistes et les dirigeants de l’UDPS.

En effet, à cette occasion, la garde présidentielle s’était attaqué aux dirigeants de l’UDPS et en avait blessé plusieurs dont les fondateurs Kibassa, Tshisekedi, Lusanga et Birindwa.

Voulant utiliser son téléphone, le collègue Kyungu, ne me l’autorisa pas et ne semblait plus se réjouir de ma présence chez lui. Je quittai sa résidence pour le Bel air à mon endroit habituel.

Je profitai de ma présence à Lubumbashi pour régulariser le dossier de mon immeuble de Kongolo. Ansi faisant confiance des informations obtenues du collègue Kyungu sur le montant d’argent dont les fondateurs s’étaient partagés à Kinshasa, je donnai à Etienne l’argent de mon collègue Lusanga que sa famille  m’avait remis pour le lui apporter à Kinshasa.

Je n’arrivai pas à quitter facilement Lubumbashi par manque de place dans les avions air-zaïre et que malgré mon insistance, je  restai bredouille à l’aéroport de Luano.

Le jour que j’avais eu des places avec ma suite, j’avais regagné Kinshasa

Dès mon arrivée, tout le monde m’apprenait la grande nouvelle. D’aucuns disaient que ma barbe allait m’être enlevée.

En effet, l’occasion de l’arrivée des congressistes américains, le programme avait retenu qu’ils allaient s’entretenir avec les leaders de l’UDPS. Pour cela, ces derniers s’étaient préparés en conséquence. Un document avait été préparé pour leur être remis et l’habillement à porter était le costume avec cravate.

Si le jour de leur arrivée, les leaders les accueillirent à l’aéroport de Ndjili sans qu’il n’y ait eu un grave incident, c’est plutôt après l’entretien qui leur avait été accordé, que la garde présidentielle les avait brutalisés.

C’est de  9 h à 15 h que ce 12 août 1983, les congressistes américains, après avoir reçu brièvement le citoyen Kalume Mwana Kahambwe, 2è Vice-Président du Conseil Législatif accompagné de quelques Commissaires du peuple, avaient discuté avec les Dirigeants de l’UDPS à l’hôtel Intercontinental. Après avoir entendu les exposés du Président Kibassa et du 1er vice président Ngalula ils avaient appréhendés que les déclarations du Président Mobutu selon lesquelles l’UDPS était un parti communiste des Balubas du Kasai n’étaient pas fondées !

Le doyen Ngalula leur avait  parlé de son passé de journaliste du « Courrier africain » qui était proche du milieu capitaliste pendant que l’autre journaliste, Mobutu, écrivait dans le journal « Avenir » ! Qui était alors communiste ? D’autre part, les congressistes américains étaient très étonnés de constater que le Président de l’UDPS était shabien et qu’il y avait parmi les fondateurs les originaires d’autres régions du Zaïre et non pas seulement les baluba du Kasai.

Dans le hall de l’hôtel Intercontinental, les combattants de l’UDPS avaient étalées des banderoles qui réclamaient la démocratie au Zaïre. La garde présidentielle ne voyant pas cela sous un bon œil se mit à les traquer. Le directeur du bureau d’étude, le fondateur Bossasse, avait été arrêté dans les ascenseurs et les documents qu’il détenait avaient été arrachés.

A la sortie de l’hôtel Intercontinental les fondateurs furent agressés. La voiture Mercedes de Birindwa fut endommagée et la carcasse transportée dans la cour de l’AND située sur l’avenue 3 Z à Gombe, afin qu’elle ne soit pas photographiée ou filmée, pendant que lui-même se retrouvait agonisant dans le cachot du camp Tshatshi en compagnie du fondateur Lusanga, après que l’AND, ait refusé de les garder chez-elle.

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Les fondateurs Tshisekedi, Kibassa et Kapita avaient aussi reçu des coups de matraques et des cordelettes.

Il avait fallu l’intervention du Département d’Etat américain mis rapidement au courant de la situation, étant donné qu’un congressiste noir avait été confondu et avait été maltraité, pour que la libération des leaders de l’UDPS intervienne la nuit même.

Reçus le lendemain par le Président Mobutu, les congressistes épinglèrent cet incident et ne quittèrent le pays qu’après s’être rassurés de la santé des leaders de l’UDPS qu’ils avaient reçus de nouveau.

Témoins privilégiés de la violation par le Zaïre des droits de l’homme, les congressistes parmi lesquels se trouvaient messieurs WOLPY et  SOLARTZ devinrent des véritables ambassadeurs de l’UDPS.

Si les fondateurs parlementaires de l’UDPS avaient été tous libérés, il n’en avait pas été de même de fondateurs non parlementaires, des cadres et combattants. Ainsi le fondateur Bossassi avait continué à être détenu à l’AND/Gombe.

Je ne remis l’argent de Lusanga utilisé à Lubumbashi que tard, parce que c’était auprès du fondateur Birindwa que je devais retirer ma part. Ce dernier ayant vendu sa maison située à Gombe près du fleuve parce que menacé par la famille présidentielle qui n’en voulait pas d’un voisin opposant, avait partagé le fruit de cette vente à mes collègues pour acheter le costume à porter lors de l’accueil de la délégation des congressistes américains à l’aéroport de Ndjili tout comme  à l’audience à l’hôtel intercontinental. Birindwa ne me remit pas ma part. Il avait soutenu que l’événement avait déjà passé,  que le costume  qu’il avait acheté était mis en lambeaux par la police politique à l’hôtel intercontinental et qu’il en avait été de même de ceux des fondateurs  Lusanga et Kapita.

Comme en 1982 après la résidence surveillée de 1981, plusieurs manifestations avaient été organisées en faveur de certains collègues par leurs parents, connaissances ou sympathisants et j’y avais été invité. Invité à mon tour par Odéric Nyembo et la Mifa représentée par Modeste MWEHU MAHUNDU et Félicien KITUNGWA (mutuelle familiale des jeunes hemba), j’acceptai d’y répondre sous condition d’être accompagné par mes collègues fondateurs. La Mifa n’ayant pas trouvé d’inconvénient, me reçut avec certains de mes collègues, tels que Kibassa et Tshisekedi qui étaient habillés en costume avec cravate, à la résidence de Justin SANGO, située à la zone de Kintambo.

Du côté de la famille, le docteur Nyembo et son épouse Christine nous avaient invités à dîner à leur résidence située au camp Mimosa à Ngaliema pendant que mamans Feza et Euphrose nous avaient apportés des cadeaux.

Je n’avais pas traîné encore chez Nicostrate et rejoignis la maison que le fondateur Anaclet Makanda avait mise à ma disposition au numéro 263 de l’avenue Lufira à Lemba-Foire.

Mon empressement se justifiait d’une part, par les bruits qui me parvenaient selon lesquels, les proches parents de Me Nyembo avaient peur de visites que me rendaient les fondateurs Tshisekedi, Kibassa, Makanda et autres cadres de l’UDPS qui pouvaient occasionner des difficultés à leur frère !  Ils se plaignaient du fait que j’étais mwina nyembo et que j’avais laissé tranquillement les autres Bena nyembo, pour exposer Nicostrate.

A une fête, où je l’avais accompagné chez Ifutu, je fus humilié par Kalunga Zola, pourtant un de mes collègues d’enfance au collège Saint François de Sales, qui disait que s’il était Mobutu il allait me tuer et que quelqu’un d’autre se mit à réprimander son épouse parce qu’elle m’avait salué.

D’autre part le fondateur Ngoy Moukendi avait commencé à envier la maison qui m’était proposée.

Le jour de mon déménagement, ma fille Tantine contemplait la lumière de la bougie dans notre nouvelle résidence lorsque les flammes attaquèrent sa robe et son corps avant que je n’intervienne en compagnie de Nico.

Mon appartement avait trois chambres et une salle de bain en haut. En bas, il y avait le salon, la cuisine, un bureau et une toilette.

Je recommençai la vie à Kinshasa étant donné que mes biens d’avant mon arrestation étaient soit pris par mon oncle et autres connaissances soit vendus. Il fallait acquérir d’urgence les matelas, les ustensiles de la cuisine, une plaque, un frigo et un téléviseur.

Ma source de revenu par excellence fut une fois de plus le guest-house de Kongolo. Ainsi, je me rendais régulièrement à la procure des missions à Sainte Anne pour entrer en communication avec Kongolo.

Mon salon reçut les meubles en provenance d’une de mes vieilles connaissances et ami d’enfance, le citoyen Mwenge Mulaya Kalukula.

J’inscrivis mes enfants Baby et Maman à l’école Malula respectivement en 2è et en 1 ère, grâce au concours des jeunes cadres, membres du bureau d’études de l’UDPS, qu’étaient entre autres les Omer KAMBA, MULAJA Matthieu et KANKONDE Gilbert.

Pour aller à l’école le matin, leur maman les faisait traverser la route et autant elle allait les chercher à midi de l’autre côté de la route.

Quant à mon petit frère Martin, avec le concours du Commissaire du Peuple Nyembo Kakazi, il prit son inscription à une école kimbanguiste de Matete, appelée  “ Institut Ngilima. ”

 

Mon père m’avait écrit une lettre dans laquelle, il me demanda les raisons pour lesquelles j’étais venu avec Martin à Kinshasa. Il insinua même que c’est peut être pour qu’il me serve comme domestique. Je lui répondis fermement que sa réaction n’était pas de nature à solidifier mes liens de famille avec mon jeune frère mais plutôt de les affaiblir.

Martin connut régulièrement des problèmes avec ses enseignants ou des autorités religieuses. Des sanctions allant jusqu’au renvoi lui furent signifiées. Il se mit à sortir régulièrement la nuit pour boire principalement à Matonge dans le bar Mayaza en compagnie de Jean Mali ya Butoto qui était venu de Kongolo dans le cadre de son commerce et qui logeait chez nous.

Mon voisin de gauche avait un projecteur qui effrayait beaucoup certains de mes visiteurs qui prétendaient qu’il y avait une caméra qui filmait tous ceux qui entraient chez moi.

A suivre