1 Juil, 2014
Afrik.com est allé à la rencontre de la chanteuse Princess Erika, qui participait à une réunion d’information sur les femmes et le VIH à Paris. Elle revient avec nous sur les raisons de son engagement et sur la situation des femmes séropositives en France et en particulier des migrantes.
Afrik.com : Pouvez-vous revenir sur votre participation à une réunion d’information, la semaine dernière, sur le thème « Femmes et VIH en France : quelles réalités aujourd’hui ?
Princess Erika : On m’a demandé d’être la marraine de ce projet, j’ai accepté. J’ai été sensibilisé à la question du VIH quand j’ai participé à fonder l’association « Les voix de l’espoir ». J’ai pu rencontrer des femmes africaines et maliennes qui m’ont notamment sensibilisé aux problématiques du VIH et des femmes. J’ai découvert beaucoup de choses sur la situation des femmes séropositives et en particulier les migrantes. Leur détresse, l’omerta autour de cette question m’a beaucoup surprise. Leur situation s’est dégradée en France. La communauté homosexuelle avait fait avancer la lutte contre cette maladie, mais elle a masqué les autres communautés.
« la caution humaine auprès des laboratoires »
Afrik.com : Qui a organisé cette réunion ? Pour quelles raisons ?
Princess Erika : C’est l’association VI(H)E Pluri-elles dont je suis la marraine, la société LJ corporate, l’agence de communication ainsi que des laboratoires pharmaceutiques et des associations. J’en attendais la rencontre avec des femmes séropositives. Je pensais qu’elles allaient être présentes. Il n’y avait pas de femmes, mais quelques hommes à qui j’ai pu parler. Je vois mon rôle comme la caution humaine auprès des laboratoires, j’essaie de faire le lien avec le milieu associatif.
Afrik.com : Quel est votre engagement pour cette cause ? Comment avez-vous été amenée à vous intéresser à cette question ?
Princess Erika : Je suis très engagée dans l’associatif. Vers l’année 2000, j’ai participé à créer « Les voix de l’espoir ». Nous avons participé à plusieurs évènements, des chansons pour « La chaîne de l’espoir » qui rassemble des médecins. On a donné des fonds pour lutter contre le VIH.
Afrik.com Quel regard portez-vous sur la séropositivité des femmes en France ?
Princess Erika : C’est quelque chose de tabou. La femme donne la vie donc elle ne doit pas donner la mort. Souvent, c’est l’homme qui peut être perçu comme frivole. La femme a plus peur d’être accusée d’infidélité. Elles vont encore plus le cacher, mais les femmes sont plus facilement détectées.
« Faite votre coming out »
Afrik.com : Quelles actions concrètes mettez-vous en œuvre pour lutter contre ce phénomène ?
Princess Erika : J’essaie de participer à des conférence pour qu’elles s’expriment. J’ai préfacé un livre « Parole de femmes », qui va bientôt sortir. J’essaie de mettre ces femmes en relation, afin de les identifier pour identifier leurs problématiques, fédérer les associations. Je connais beaucoup d’artistes séropositifs, je veux leur dire : « faite votre coming out », c’est un acte de résistance, car quand on est malade, on est mis à l’écart. Il s’agit de montrer aux gens que ce n’est pas une fatalité. On peut arriver à une pandémie presque nulle si on identifie les cas et on met en place des traitements en fonction des cas.
Afrik.com : Un des axes de la réunion portait sur la vulnérabilité des femmes séropositives migrantes. En quoi les femmes migrantes sont-elles plus vulnérables que les autres ?
Princess Erika : Les femmes migrantes sont abandonnées par leur famille, c’est très tabou. Ce sont des choses qui ne se disent pas. J’ai été beaucoup sensibilisée, j’ai même écrit une chanson. Elles ont des situations de famille très compliquées, elles sont parfois mis à la porte. On associe ces situations à la précarité. Elles vont aussi souvent mal se traiter et fuir le regard des gens pour ne pas qu’ils sachent.
Afrik.com : Quelle est votre actualité par ailleurs ?
Princess Erika : A côté, je sors un single, « Sur la route du reggae », ainsi qu’un album en fin d’année. C’est une chanson d’espoir pour que ces femmes se sentent moins seules, pour dire que l’on peut vivre avec la maladie.
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